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EAN : 9782701189437
608 pages
Editions Belin (09/01/2015)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Jamais roi de France n'a été mieux obéi ni aussi craint que Louis XI à la veille de sa mort, en 1483. Le domaine royal s'est agrandi de moitié, aux dépens des grands fiefs et des apanages. Les frontières du royaume ont été repoussées vers le Nord, l'Est et le Sud. Que d'épreuves, cependant, pour en arriver là ! Louis XI dut sa victoire à sa volonté, qui lui permit de triompher de tous et d'abord de lui-même. Loin d'avoir été une machine froide et efficace, au servic... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je croyais avoir tout lu- et le meilleur- sur Louis XI avec Pierre Champion, Paul Murray Kendall, Pierre-Roger Gaussin, Jean Favier, Sophie Cassagnes-Brouquet et Joël Blanchard, quand est venu entre mes mains le plus que remarquable Louis XI, le joueur inquiet d'Amable Sablon du Corail.
Une fois le livre ouvert, je ne l'ai plus lâché, et, avec lui, j'ai fait ma "révolution copernicienne" en ce qui concerne le sixième roi de la dynastie des Valois. Là où tous les historiens, à la suite de la "redécouverte" de ce roi par Paul Murray Kendall, voyaient un monarque en génial constructeur d'un État moderne et donc, à cause de cela, un précurseur de ce que cet État allait devenir au fil du temps, Amable Sablon du Corail, sans nier cet aspect, nous dessine un portrait à la fois plus simple et plus complexe, entre ombre, étrangeté, audace et lumière. Et, analysant sobrement chaque point, il arrive à nous démontrer que l'on peut finalement savoir qui était vraiment Louis XI, de la plus simple des manières, en nous le donnant à voir dans l'action, au travers des méthodes employées. Mais, mieux encore, il ne s'attache pas qu'au personnage, il livre un exposé rapide mais immédiatement compréhensible des situations, des institutions et une présentation des différents acteurs par ordre d'importance et d'entrée dans l'histoire.
Et là où la thématique de Jean Favier devient confuse, à force de surcharges et de détails qui peuvent noyer le lecteur, la ligne adoptée par Amable Sablon du Corail et son propos sont limpides et précis, et donc tout à fait éclairants, tout comme ses digressions qui permettent d'entrer dans le vif du sujet mieux que ne l'ont fait de doctes ouvrages (ce qu'il dit de la gouvernance du Dauphiné, sa manière d'expliquer les différends avec son père, sa rapide et amusante description du sacre de Louis XI, ses remarques sur les "lieutenants généraux" qui représentaient le roi en telle ou telle région, l'épuration du personnel administratif et étatique à la mort de Charles VII en faisant fi d'un principe d'inamovibilité des grands officiers du royaume pourtant déjà bien affirmé, leur remplacement par des fidèles qui avaient tenu compagnie à Louis et qui avaient servi le futur monarque dans le Dauphiné et à Genappe pendant l'exil en terre bourguignonne, la manière de dire à quoi correspondait l'office de connétable-remplacé par un grand-maître de France sous Louis XI- et la charge de chancelier, son refus de rompre avec la politique d'imposition permanente et avec le maintien d'une armée elle aussi permanente alors même que la menace anglaise semblait s'éloigner, la définition fine de ce que furent les "aides" fiscales et de ce qu'elles allaient devenir, l'art de se compliquer la vie avec Aragonais, Castillans et Catalans, la volonté du roi de doter chaque région d'une administration propre, l'envoi des plaignants vers des Parlements locaux, la constitution de la Ligue du Bien Public avec le duc de Bretagne, avec Charles de France, avec d'anciens serviteurs de Charles VII évincés par Louis XI, avec beaucoup d'autres grands seigneurs et avec Charles de Charolais, le futur Téméraire, la description bien conduite de la bataille de Montlhéry, et tant et tant d'autres éléments lumineusement enchâssés dans le magnifique récit d'Amable Sablon du Corail nous révèlent chez ce dernier un parfait connaisseur de la fin du Moyen Âge en même temps qu'un excellent pédagogue, aidé par une érudition qui n'a rien de pédante, montrant au passage que l'art d'expliquer une discipline comme L Histoire peut être un plaisir autant pour celui qui écrit que pour celui qui lit).
Au fond, un savoir qui se transmet ainsi, avec naturel, et sans l'alourdissement d'un formidable appareil de notes qui veulent éblouir le profane, nous apprend que les plus grands des spécialistes gagnent à se faire les amis de tous leurs lecteurs. D'autant que, derrière cette narration chronologique continue et l'analyse des comportements et des faits, se devine, chez Amable Sablon du Corail, une rigueur irréprochable, doublée de qualités humaines où la simplicité le dispute à la science.
Le sous-titre donné à ce livre a surpris certains commentateurs, alors qu'au contraire il est totalement justifié et bien choisi : oui, Louis XI fut bien un "joueur inquiet" : la bataille incertaine de Montlhéry et le fait de se jeter dans la gueule du loup à Péronne en sont deux preuves irréfutables, et elles ne sont pas les seules. À chaque fois, Louis aurait pu tout perdre, mais il ne savait quoi faire d'autre que s'exposer avec les peurs et inquiétudes qui étaient les siennes. le joueur ne gagna pas à tout coup, mais il savait relever les défis d'une façon qui n'appartenait qu'à lui et il fit plus qu'apporter sa pierre à l'édifice de renforcement du pouvoir souverain. Il en construisit lui-même toute une partie.

François Sarindar, auteur de Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (1338-1358)
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Cette biographie de Louis XI est un ouvrage de référence sur la vie de ce monarque autant manipulateur qu'inconstant dont le règne marqua la fin du moyen age. le tout est très détaillé et nécessite un intérêt marqué pour l'histoire pour venir à bout des 600 pages qui le compose. Pour autant, j'ai pris plaisir (à petites doses) à découvrir comment Louis XI a réussi en vingt années de règne à agrandir de moitié le domaine royal, augurant ainsi la conformité des contours de la métropole actuelle.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Certains considèrent la biographie comme un genre non historique, voire antihistorique. Ne crée-t-elle pas une proximité trompeuse entre le lecteur et le personnage ? Ne relève-t-elle pas plutôt de la fiction et de la littérature ? Ne contient-elle pas en germe l'anachronisme et un sentimentalisme de mauvais aloi ? Comment le biographe peut-il s'empêcher d'appliquer la grille d'analyse morale de son époque à un personnage qui est trop souvent son héros ? Comme il est aisé de succomber à certaines facilités pour attirer le lecteur ! À ces objections, on peut répondre que la plupart d'entre elles s'appliquent à la science historique dans son ensemble, et non uniquement au genre biographique. Il n'est pas plus présomptueux de vouloir retracer le parcours d'un individu que de prétendre livrer une interprétation globale de la société féodale.
Page 6
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La Bourgogne tirait son épingle du jeu et s'étendait de tous les côtés, en particulier dans les actuels Pays-Bas dont les principautés jusqu'alors indépendantes, tombaient l'une après l'autre dans l'escarcelle du duc Philippe le Bon : le duché de Brabant en 1430, la Hollande, la Zélande et le Hainaut en 1433, le Luxembourg en 1443. Avec la Flandre et l'Artois, possessions du duc de Bourgogne depuis 1384, les Pays- Bas bourguignons constituaient un ensemble cohérent et prospère. Îlot de richesse et de paix au milieu d'une Europe déchirée par les guerres, ils apparaissaient, selon les mots de Philippe de Commynes, comme une "terre de promission", une terre promise.

Page 14
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Le Dauphin supportait de plus en plus mal son père, pour qui il éprouvait un profond mépris. Impatient de prouver sa valeur, il se demandait combien de temps il devrait attendre que son père, qui n'avait que trente-six ans, lui laisse la place.
C'était une proie rêvée pour les seigneurs rebelles, au premier rang desquels figuraient le duc de Bourbon, le duc d'Alençon et le comte de Dunois. En décembre 1439, Charles VII dépêcha son fils en Poitou, le chargeant d'y rétablir l'ordre comme il venait de le faire en Languedoc. En février 1440, alors que le Dauphin se trouvait à Niort, Jean d'Alençon s'y rendit et l'incita à prendre la tête de la ligue des princes. Nul doute qu'il fut aisé de convaincre Louis, que son ambition et sa jeunesse rendaient très influençable.

(Page 33, La Praguerie, Dieppe et les Suisses)
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Rongé par l'inaction, le dauphin retomba dans ses errements, multiplia les conciliabules avec les adversaires de Pierre de Brézé, et au bout du compte, se fâcha avec tout le monde ; Louis se querella en public avec Agnès Sorel, complota une nouvelle fois contre son père, qu'il projeta de faire enlever. Dénoncé par Antoine de Chabannes, un moment mêlé à l'affaire, le Dauphin fut sévèrement rappelé à l'ordre par Charles VII en décembre 1446. Il l'envoya en Dauphiné, le condamnant à un semi-exil qui ne devait cependant durer que quelques mois, à l'image des lieutenances générales qu'il avait exercées par le passé. Il y resta près de dix ans, et ne revit plus jamais son père.
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[Où l'on voit qu'Amable Sablon du Corail sait faire parler les archives anciennes et peu exploitées, lui qui les manie avec un savoir parfait, quand, expliquant que l'on a pas mal de matière disponible mais finalement peu utilisée en ce qui concerne Louis XI, on pourrait si l'on écrit sur ce roi ou sur d'autres personnages se référer à ce propos prêté à Frédéric II de Hohenstaufen concernant des recherches qu'il faisait à son époque (le XIIIe siècle) en affirmant qu'il serait de bonne méthode et que ce serait un sage conseil de recommander aux historiens d'aller :]

"PUISER UNE EAU NOUVELLE AUX PUITS ANCIENS".
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Vidéo de Amable Sablon du Corail
Amable Sablon du Corail - 1515 Marignan (Librairie Mollat)
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