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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est un recueil de cinq nouvelles.
La première raconte la séduction d'une jeune fille de bonne famille par un bandit de grand chemin qui se fait passer pour un noble.
La deuxième relate l'histoire de Mlle de Florville,  engrossée par son frère, aimée par son fils et mariée à son propre père.
La troisième met en scène Dorgeville, brave âme qui se fait manipuler par une femme dans le but d'obtenir sa fortune.
La quatrième raconte les manipulations de Mme de Sancerre, jalouse de sa fille, qui séduit le prétendant de sa fille pour ne pas la laisser à celle-ci.
La cinquième raconte l'amour de Franval pour sa fille Eugénie, amour qui va amener l'opprobre sur la famille et va amener celle- ci au drame.
Le thème récurrent dans les nouvelles est l'inceste.
En le lisant au premier degré, comme Florville, on pourrait croire que Sade est un moraliste, la vertu, l'amour du Christ il n'y a que ça qui peut guider la vie humaine. Lorsqu'il débute Eugénie de Franval, il commence par dire «  Instruire l'homme et corriger ses moeurs, tel est le seul motif que nous nous proposons dans cette anecdote ». Bien sûr la correction des moeurs dans le sens amélioration n'est pas envisagé. En commençant une nouvelle de cette façon il se moque des religieux, alors à l'époque principaux préconisateurs de correction morale.  Mais les démonstrations faites le sont uniquement pour être mieux détruites.
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J'ai lu le recueil des Crimes de l'amour avec beaucoup d'appréhensions: lorsque j'étais en seconde, on m'avait donné une fois à étudier un extrait de la Philosophie dans le boudoir, lequel m'avait fait froid dans le dos! Je dois dire que j'ai été agréablement surpris de voir l'auteur nuancer sa plume. Dans la plupart de ses romans, le marquis de Sade n'est pas avare de descriptions explicites et sordides. Afin de bien comprendre cette oeuvre, nous devons réfléchir au concept de vertu que les Lumières ont beaucoup exploré. le terme vertu est issu d'un mot du grec ancien, qui signifie excellence. La vertu est le bien vers lequel tendent les hommes. Elle suppose que l'on veut accéder à une perfection morale. Toutefois, d'après le marquis de Sade, l'être vertueux est victime des êtres corrompus qui l'entraînent dans leurs vices. Après tout, La Rochefoucault a bien écrit ceci: "Nos vertus ne sont que nos vices déguisés".

Dans ce recueil, nous découvrons des personnages jeunes, innocents et aspirant à une existence paisible, harrassés par des scélérats sans scrupules. Les crimes de l'amour sont un questionnement subversif, voire pervers sur le rapport entre le corps et la création. L'oeuvre de Sade explore plus encore que le roman libertin le rapport entre Eros et Thanatos. Dans l'oeuvre de Sade, le fantasme de l'impulsion se déchaîne. Nous pourrions dire qu'il existe un lecteur "in fabula" dans les crimes de l'amour puisque Sade présente l'écriture sur un mode fantasmatique à un lecteur qu'il place non seulement dans une position de spectateur, mais également de juge, compte tenu de ce qui se déroule dans les récits que nous offre Sade. Dans cette oeuvre, Sade recourt au style de la retenue pour amener le lecteur à subodorer l'ampleur des horreurs qui vont se produire. L'auteur se livre à un jeu bien cruel dans ses nouvelles: les personnages initialement vertueux deviennent coupables malgré eux. Ce recueil abrite la défaite de la vertu face aux affres des vices, auxquels, d'après l'auteur, l'homme est destiné à succomber.
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3,5 étoiles.

L'édition que je possède contient l'ensemble des 11 nouvelles et des notes critiques très intéressantes, présentant une comparaison entre les passages du manuscrit des années 1780 et la version publiée en 1800. Celles-ci témoignent du désir de Sade de devenir un homme de lettres, mais également du changement d'état d'esprit général après la Révolution : le point commun des changements apportés est souvent d'édulcorer, voire supprimer, les scènes pornographiques et les passages anticléricaux et/ou attaquant la religion. En contrepartie, la cruauté reste très présente et parfois accentuée, qu'elle soit l'oeuvre du destin ou de personnages persécutant d'autres. Comme dans toutes les autres oeuvres du Marquis que j'ai lues, la vertu est malmenée, malgré quelques dénouements heureux. Ceux-ci me convainquent d'ailleurs rarement, tant la peinture du vice est davantage réussie et plus forte dans ces textes. Chacun est construit selon un schéma précis, renvoyant parfois les uns aux autres (l'inceste dans Eugénie de Franval et dans Florville et Courval, le parent rival dans La comtesse de Sancerre et Laurence et Antonio, etc.), où les éléments s'enchaînent de façon à piéger les vertueux, qu'importe leurs efforts. Nul ne peut échapper à la cruauté et au crime, tout est trop bien agencé pour les y faire tomber. Sade maîtrise ses situations avec brio, tel un habile metteur en scène, multipliant les annonces, les symétries, etc.
Je ne dirais pas qu'il s'agit du meilleur écrit de Sade (bien qu'Eugénie de Franval soit particulièrement réussi), mais c'est un chef-d'oeuvre de cruauté. Un bon texte pour commencer à découvrir cet auteur, je pense.
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Beaucoup d'analystes y voient la déchéance de la noblesse, qui n'est plus la classe dominante et donc, préfère consolider ses liens en interne. Encore que, les mariages entre cousins et cousines ne choquaient personne à l'époque, en ce qui concerne les liens sacrés de la royauté ! Disons que "ça reste dans la famille...". L'écriture tragique et clairement théâtrale de ce recueil de nouvelles est aussi un autre point négatif. Sade en fait tout simplement trop ! Trop d'exclamations, de grandiloquences, de terreurs, de dialogues sans fin, de phrases interminables et pas assez d'actions ! Pour ainsi dire, il ne se passe rien dans ce recueil. L'intrigue n'avance pas, les liens entre les personnages sont trop complexes et il devient difficile de suivre. À la fin, lorsque nous fermons l'ouvrage, nous réalisons que nous n'avons rien retenu et donc, rien appris !

Il n'y a donc pas d'érotisme, pas de scandales, pas de barbaries, pas ce grand frisson auquel nous nous attendions, ce que nous promettait d'ailleurs la quatrième de couverture ! - oui, le lecteur est aussi un peu pervers, quand on regarde bien... Il n'y a qu'un seul sujet scandaleux par lui-même, par sa seule évocation ; l'inceste. Rien qu'une immoralité, un coup porté à la religion. Pas d'actions qui tiennent en haleine le lecteur, pas de grands moments d'émotions ! Rien que des dialogues interminables, des exclamations sur jouées, des personnages tragiques, malsains et perdus. le trop-plein de l'écriture de Sade tente alors pathétiquement de masquer le rien, ce néant qui envahit tout le recueil...

"Les Crimes de l'Amour" s'offre donc comme un crime contre le roman libertin, un contre-coup érotique ! Parti d'un sujet immoral et monstrueux, cher à l'auteur, Sade a presque fait de l'inceste une banalité, une pratique répandue et acceptée. Heureusement, d'autres écrits de l'auteur sont assez vibrants pour nous faire encore frissonner d'interdits, nous faire regarder dans les trous de serrures de quelques libertins débauchés et de femmes faciles. Merci !
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Une seule nouvelle lu pour le moment "Eugénie de Franval", parfait epitome de la perversité sadienne.
Ce qui m'a frappé dans cette lecture, c'est que l'écriture du Marquis de Sade est très moderne pour son époque, et se lit encore bien de nos jours. Il maîtrise sa plume avec finesse et profondeur, il en va sans dire. En avance sur son temps, et à contre-courant des moeurs de son époque, qu'il corrompt sans vergogne, ce livre troublant et malsain apparait un peu comme une version sans concession des Liaisons dangereuses.
L'auteur y procède à un retournement totale des valeurs, mettant à mal la bienséance, et la piété religieuse de son temps (XVIIe-s).
Il est impensable de cautionner les actes qui y sont défendus comme "le bien" (l'inceste), cela va sans dire. Toutefois, les personnages méritent le détour, dans leur absence totale de moral et d'empathie (notamment Franval, qui cause tous les torts possible à sa femme, pour s'en débarrasser, tel un vulgaire obstacle à son amour).

Je ne pense pas être sorti moralement grandit de cette lecture, et le jeu avilissant auquel se prête les personnages (et leur condamnation par l'auteur parfois plus cruelle que le reste de l'histoire) a suscité en moi dégoût et hilarité. Il est étonnant de voir que la prose subtile de l'auteur parait étonnement pudique de nos jours, par rapport à ce qui s'est fait par la suite.
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Pas grand chose ne peut me choquer mais là c'est un peu trop : plusieurs nouvelles sir l'inceste plutôt bien écrites ce qui fait passer la pilule
L'inceste sous presque toutes ses formes, surtout les plus cruelles, les plus avilissantes, voilà ce que nous présente Sade dans les onze petites nouvelles de ce recueil. le dénouement injuste, cruel à chaque fois, est parfois attendu, mais est toujours plus monstreux, plus troublant encore que ce que l'on aurait pu supposer (je crois !). le style est sûr, clair, jovial et féroce. On ne peut qu'admirer le talent de conteur du marquis...mais malgré le côté historique je n'ai pu m'empêcher d'être écoeurée.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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