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Critique de Bernardbre


Le 27 mai 2010, quatorze auteurs, accompagnés d'artistes, de journalistes, d'interprètes et d'organisateurs du Transsibérien des écrivains (CulturesFrance et Années croisées France-Russie) embarquent dans un avion à destination de Moscou. Parmi eux, Sylvie Germain, Élisabeth Kapnist, Patrick Deville, Jean Echenoz, Mathias Énard, Dominique Fernandez, Ferrante Ferranti, Olivier Rolin, Eugène Savitzkaya et notre académicienne française qui publie aujourd'hui son récit-journal d'un voyage «officiel» en transsibérien («dix mille kilomètres et neuf fuseaux horaires [...] le train est la récompense supérieure, dans la mystérieuse façon qu'il a de vous faire couler dans le monde tout en gardant le corps immobile»). Généreuse, humaniste, modeste, attentive à autrui et d'une exemplaire honnêteté intellectuelle, ainsi connaît-on l'écrivaine ligérienne rassurée de ne pas rencontrer chez ses pairs ferroviaires «de surestimation de l'acte d'écrire». Ce «plus grand pays du monde [...] palimpseste mobile», Danièle Sallenave l'a déjà visité à plusieurs reprises, sous différents régimes, «mais aujourd'hui est un autre monde, j'ai pu le constater sur la place Rouge le soir même de notre arrivée».
"Sibir", c'est, en russe, Sibérie, soit : «froid inhumain, déportation, goulag, mort». Au fil des trois semaines dont témoignent ces pages toutes de précision et de simplicité – illustrées de photos presque exclusivement réalisées par elle-même –, l'invitée, perplexe quant à cette dépense publique, est, tour à tour bouleversée, déçue, ébranlée (quant à certaines idées préconçues), désenchantée. On ne peut ne pas penser ici à Gide (1936), bien légitimement cité en exergue, de même qu'à Dumas et Gautier (1858) ou Custine (1839) – ajoutons, transsibérien oblige, Cendrars (1905-1912). Dans ce témoignage s'exprime l'insatiable curiosité de Danièle Sallenave, pour les individus, célèbres ou anonymes, anciens ou contemporains – d'Antoine Vitez à Evguenia Guinzbourg en passant par Avvakoum, mais il y en aurait trop à citer – comme pour les paysages, les architectures, les «scénographies urbaines», les peuples, les civilisations, la politique, les modes ou les conditions de vie, la petite ou la grande Histoire. Un regard unique et pénétrant, personnel et précieux.

Critique parue dans "Encres de Loire" n° 59, page 34, printemps 2012

Lien : http://www.paysdelaloire.fr/..
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