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Ayant effectué le même voyage organisé (un peu plus long Moscou-Vladivostok) que Maylis de Kerangal en Transsibérien dans le "cadre de l'Année France-Russie" en 2010 (avec écrivains,journalistes et personnalités) Sibir de Danièle Sallenave (de l'Académie française) n'a rien à voir avec Tangente vers l'est (plus romancé, bien que basé sur du réel et émotionnellement parlant) car il s'agit du récit autobiographique (illustré de photos) de cette aventure sibérienne entre reportage journalistique et promenade (guide touristique en main) relaté de façon très professorale par l'auteur.
Moscou "où l'histoire s'est retirée", triste vie des Russes,"choses dangereuses cachées",remontée dans le passé, visite de monuments, domination de la nature, "tristes symboles d'une utopie déçue", "dangers de l'immigration",promiscuité dans le train mais convivialité entre auteurs (charme de la "résidence sur roulettes" avec lectures mutuelles) et échanges intellectuels, valeurs,idéaux et principes... ce livre a (pour moi) valeur de témoignage sur la Russie actuelle "au charme inexprimable", entre "mafia multimillionnaire" et "simplicité sans chichis", une "idée" qui cherche diffuseur, une immensité entre Europe et Asie....
Un voyage aux temps forts et personnages hauts en couleurs qui incite à ...partir en Transibérien pour découvrir l'âme de la Taïga (entre autres) et bien sûr découvrir le "Baïkal-Amour" paysages vastes qui, je l'avoue m'attirent plus que les vestiges du goulag.
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Excellent récit du voyage que l'auteure fit en 2010 avec une dizaine d'autres écrivains français à bord du Transsibérien.

D'abord je me suis replongée dans la trop méconnue Sibérie, que je n'avais plus lue depuis l'enfance, avec Michel Strogoff et un autre roman à propos d'une sorcière sur le lac Baïkal (et dont j'ai oublié le titre). On s'arrête à chaque gare et on est accueilli par ces jeunes filles en costume traditionnel qui vous offrent le pain et le sel, et on replonge dans le temps, loin de notre modernité. Mais le temps est compté car déjà les enseignes commerciales mondiales se retrouvent dans les rues des mégalopoles sibériennes, les gens pressés et collés à leur smartphone vous bousculent.

Sibérie, entre lente agonie des petits villages abandonnés par les jeunes et construction de mégalopoles le long de la frontière chinoise, pour contrer toute velléité expansionniste du grouillant voisin du Sud. Sibérie, entre territoire immense, inviolé et inhospitalier et riches gisements pétroliers et miniers. Sibérie, pays coincé entre deux époques, entre le communisme qui n'en finit plus de mourir et le libéralisme moderne, synonyme de liberté – certes - mais aussi d'avidité et de recherche du profit au mépris des hommes et de la nature. Sibérie, pays coincé entre l'Europe et l'Asie. Et de s'interroger sur ce qui fait l'Europe … Question d'autant plus d'actualité à l'heure où certains ont choisi de quitter l'Europe, et où beaucoup ne croient plus dans le projet européen et préfèrent se replier sur eux-mêmes dans un réflexe nombriliste.
Excellent livre donc. Et pour plusieurs raisons : c'est d'abord un livre très intéressant, bourré d'informations historiques. C'est aussi un livre qui nous invite à découvrir les auteurs russes, la culture russe, l'histoire russe. Et surtout il nous incite à réfléchir sur nous-mêmes, Européens, sur notre identité, et sur le monde que l'on veut pour demain.

Le seul tout petit reproche que je ferai c'est l'absence d'une carte qui montrerait la route suivie, les villes traversées et les frontières de l'actuelle Russie. Cela m'aurait évité de quitter mon livre pour consulter la carte du dictionnaire …
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Revisiter le motif du voyage en Transsibérien est un défi qu'a relevé Danièle Sallenave
dans ce « Sibir » où elle relate la traversée en train de neuf fuseaux horaires en compagnie de quelques écrivains qui eux aussi ont tiré des livres de cette expérience.

Il faut lire entre autres Dominique Fernandez (Le Transsibérien), Maylis de Kerangal (Tangente vers l'est) ou Sylvie Germain (Le monde sans vous), le meilleur de tous ces récits.

Écrire est, pour Sallenave, une manière d'être au monde, de s'inscrire dans le réel et de le comprendre.

Ce voyage est le cinquième qu'elle effectue en trente ans. « Sibir » est un journal de bord, imprimé sur un papier légèrement ocré et illustré par quelques photos peu engageantes de l'auteur.

Y sont mêlés descriptions de paysages, souvenirs des séjours passés, réflexions sur l'évolution politique (Sallenave avait été tentée un temps par le communisme), et documentation ajoutée a posteriori et développée à partir de notes. Sans oublier les allusions littéraires et les notations plus prosaïques sur la vie à bord, la fatigue, les petits échanges entre amis, les rencontres avec des étudiants, l'accueil en musique à chaque gare.

Tout cela est très professoral, très didactique et manque de souffle. On tourne souvent les pages quand les descriptions d'architectures soviétiques s'éternisent.

Mais il y a le lac Baïkal et des fleuves, la Volga et l'« Amour » qui veut dire « le boueux », et la « perception de l'immensité » et finalement de quoi nourrir ses propres rêves si on est patient.
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Prendre le temps de le lire, à la manière de ce voyage à travers l'immense Russie.
Une véritable dégustation littéraire.
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A l'occasion de l'année France-Russie, en 2010, une quinzaine d'écrivains français ont été invités, aux frais de la princesse, à effectuer le trajet Moscou-Vladivostok par le train transibérien, en échange de conférences, de réunions, de séances de questions/réponses avec des étudiants russes, dans les différentes villes de passage. Danièle Sallenave était de ceux-là, et a rapporté ce récit (d'autres écrivains, également du voyage, auront fait aussi, chacun avec sa vision, le même exercice). Il faut être clair: nous sommes en présence d'une femme extrêmement cultivée, fine et sensible, et la lecture de son récit est un très bon moment. Revenue des erreurs de ses pairs, les intellectuels de gauche, qui ont durant des décennies nié, contre toutes les évidences, les crimes du stalinisme, D.Sallenave n'est pas de ceux-là: observatrice attentive, elle sait être tour à tour, et à bon escient, ou sévère, ou indulgente, ou enthousiaste. Disons qu'elle est objective. Touchée par la "grandeur", dans tous les sens du terme, du pays qu'elle traverse, émue par les traits de caractère divers de chacune des personnes, même la plus humble, quelle rencontrera, elle décrit pour nous avec précision et vivacité chaque chose vue ou sentie. Compte tenu du champ si large de ses connaissances et de ses références, elle nous écrase un peu, et nous montre l'étendue de notre ignorance dès qu'elle aborde un fait historique, la description d'un lieu, d'un monument, d'un personnage qui compte, d'un musée visité..... Elle reste toutefois modeste, d'une manière générale, et compte tenu de la dimension gigantesque d'un sujet qu'elle sait seulement effleurer: la Russie, son peuple, son histoire. Elle sait ce que ce pays - qui n'est vraiment pas sans défaut - recèle de mystères, combien se posent à son sujet des questions non réglées... Toujours est-il que ce livre dense peut représenter pour le lecteur un parcours initiatique, et qu'il lui donne follement l'envie d'approfondir le sujet (en commençant par relire Michel Strogoff par exemple?). Mais nous sommes prévenus: il est inépuisable, et nous en avons déjà le vertige.
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Le 27 mai 2010, quatorze auteurs, accompagnés d'artistes, de journalistes, d'interprètes et d'organisateurs du Transsibérien des écrivains (CulturesFrance et Années croisées France-Russie) embarquent dans un avion à destination de Moscou. Parmi eux, Sylvie Germain, Élisabeth Kapnist, Patrick Deville, Jean Echenoz, Mathias Énard, Dominique Fernandez, Ferrante Ferranti, Olivier Rolin, Eugène Savitzkaya et notre académicienne française qui publie aujourd'hui son récit-journal d'un voyage «officiel» en transsibérien («dix mille kilomètres et neuf fuseaux horaires [...] le train est la récompense supérieure, dans la mystérieuse façon qu'il a de vous faire couler dans le monde tout en gardant le corps immobile»). Généreuse, humaniste, modeste, attentive à autrui et d'une exemplaire honnêteté intellectuelle, ainsi connaît-on l'écrivaine ligérienne rassurée de ne pas rencontrer chez ses pairs ferroviaires «de surestimation de l'acte d'écrire». Ce «plus grand pays du monde [...] palimpseste mobile», Danièle Sallenave l'a déjà visité à plusieurs reprises, sous différents régimes, «mais aujourd'hui est un autre monde, j'ai pu le constater sur la place Rouge le soir même de notre arrivée».
"Sibir", c'est, en russe, Sibérie, soit : «froid inhumain, déportation, goulag, mort». Au fil des trois semaines dont témoignent ces pages toutes de précision et de simplicité – illustrées de photos presque exclusivement réalisées par elle-même –, l'invitée, perplexe quant à cette dépense publique, est, tour à tour bouleversée, déçue, ébranlée (quant à certaines idées préconçues), désenchantée. On ne peut ne pas penser ici à Gide (1936), bien légitimement cité en exergue, de même qu'à Dumas et Gautier (1858) ou Custine (1839) – ajoutons, transsibérien oblige, Cendrars (1905-1912). Dans ce témoignage s'exprime l'insatiable curiosité de Danièle Sallenave, pour les individus, célèbres ou anonymes, anciens ou contemporains – d'Antoine Vitez à Evguenia Guinzbourg en passant par Avvakoum, mais il y en aurait trop à citer – comme pour les paysages, les architectures, les «scénographies urbaines», les peuples, les civilisations, la politique, les modes ou les conditions de vie, la petite ou la grande Histoire. Un regard unique et pénétrant, personnel et précieux.

Critique parue dans "Encres de Loire" n° 59, page 34, printemps 2012

Lien : http://www.paysdelaloire.fr/..
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