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3,62

sur 186 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En 1859, deux ans après la mort d'Alfred de Musset, George Sand fait paraître Elle et lui, qui raconte leur histoire. Choqué par le rôle que Sand faisait jouer à son frère, Paul de Musset répond par Lui et elle - et Louise Colet, qui avait eu une liaison avec Musset, renchérit par un Lui.

Ecrit en 25 jours (!), ce roman en partie autobiographique est très intéressant par l'éclairage qu'il apporte concernant la liaison Sand-Musset. Laurent est clairement Musset, Thérèse est Sand. Ce roman s'attache non seulement à décrire leurs relations mais décortique surtout le caractère de Laurent, inconstant et tourmenté :

“Il s'était fait une vie de hauts et de bas perpétuels. Les brusques transitions de la rêverie à l'exaltation et de la nonchalance absolue aux excès bruyants étaient devenues un état normal dont il ne pouvait plus se passer.”

Ces hauts et ces bas rythment tout le roman : ils s'aiment, vivent 8 jours avec passion, se déchirent, reviennent ensemble ! On croirait lire l'histoire de stars d'aujourd'hui qui ne sont jamais deux semaines de suite avec la même personne ! Et ce va-et-vient finit par devenir fatigant. Finalement, ce sera Thérèse qui prend la responsabilité de rompre totalement, mais en abandonnant son rôle de femme, pour se concentrer sur sa figure de mère. “Elle ne pouvait plus croire au lendemain; et les attendrissements splendides qui les avaient tant de fois réconciliés n'étaient plus pour elle que les effrayants symptômes de la tempête et du naufrage.”

Car durant tout le roman, Thérèse est souvent caractérisée comme ayant des attitudes très maternelles, vis-à-vis de l'enfant que semble être parfois Laurent.

En effet, Laurent/Musset est décrit comme le type même du romantique, tel Lamartine ou d'autres de la même époque. Car comme Thérèse/Sand le dit : “L'aspiration au sublime était même une maladie du temps et du milieu où se trouvait Thérèse.”

Finalement, elle parle très peu de leur oeuvre, sauf quand il s'agit pour elle de gagner sa vie (par ailleurs, ce sont tous deux des peintres et non des écrivains, mais après tout, la littérature n'est-elle pas une peinture de la vie ?) Alors que Laurent se révèle souvent incapable de créer. Thérèse avance d'ailleurs une explication de son caractère tourmenté : “C'est à l'artiste que je parle : l'homme n'est malheureux en vous que parce que l'artiste n'est pas content de lui-même.” Alors que justement Laurent l'attaque souvent en lui reprochant d'être “son fléau, l'assassin de son génie et de sa gloire”.

Au final, est décrite une histoire d'amour dans ce qu'elle a de plus inachevée entre ces deux êtres qui s'entendent pourtant à la perfection quand il ne s'agit plus de sentiments : “C'est que, quand leurs coeurs se taisaient, leurs intelligences se convenaient et s'entendaient encore.”

Voilà pour le roman. Mais qu'en est-il de la partie autobiographique ? Tout d'abord, les noms, les activités, les lieux sont changés. Des personnages sont introduits, qui n'existent pas, comme le personnage important de Palmer ou le premier mari de Thérèse. Ensuite, il est bien évident que tout le roman est écrit du point de vue de Sand seulement. de bout en bout, d'une manière fine et insidieuse, elle se donne le beau rôle alors que Laurent endosse une grande partie des fautes qui ont conduit à leur séparation. Par exemple, lors du voyage en Italie où Laurent tombe malade, certes, Sand le soigne mais en profite pour convoler avec le médecin … (une inspiration pour une partie du rôle de Palmer ?)

Comme le dit bien André Maurois dans Lélia ou la vie de George Sand, “On a cherché qui avait eu les torts. Mais la réponse est simple : torts et griefs étaient réciproques. […] Musset, avec la traditionnelle indulgence des hommes pour eux-mêmes, aurait voulu que la femme à laquelle il était infidèle lui demeurât fidèle.”

Cependant, le va-et-vient et la conclusion sont fidèles, et c'est bien Sand qui rompt, épuisée, avant de se réfugier à Nohant. Au final, leur liaison dura seulement de juin 1833 à mars 1835, soit moins de deux ans.

Sans être réellement un chef d'oeuvre, Elle et Lui est surtout un parcours, comme une série d'indices nous mettant sur la voie de la relation tumultueuse entre ces deux géants littéraires. J'ai pris plaisir par la suite à chercher ressemblances et différences, et le livre a eu le mérite de me faire mieux connaître la vie de ces amants. Pour compléter, il ne faut apparemment pas hésiter à lire Confessions d'un enfant du siècle où Musset décrit également cette liaison !
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Laurent est jeune, Laurent aime les femmes, les fêtes et la peinture...Et Laurent aime aussi Thérèse, elle aussi peintre, sage Thérèse dont il sait si peu de choses. Il aurait bien mieux fait de la regarder réellement et seulement comme le bon camarade dont il parle au début, car leur amour n'est pas de ceux qui rendent heureux.
Égocentrique, facilement pris par l'ennui, Laurent n'est pas plus l'homme qui conviendrait à Thérèse qu'elle n'est celle qui conviendrait à son amant, qui voudrait une femme se réinventant tous les jours, et constamment prête à l'amuser. S'inspirant de sa liaison avec Musset, Sand n'a pas la plume tendre avec son amant dans cette représentation, il est facile de comprendre que ses proches à lui n'aient pas adoré!
Honnêtement, j'ai trouvé Laurent complètement insupportable, et Thérèse tellement bonne avec lui que ça en confine au masochisme. Ayant rarement lu les amours de deux individus plus mal assortis, Thérèse cherche plus un fils qu'un amant et Laurent plus une série de grisettes qu'une seule personne, j'ai tout de même apprécié le style de Sand, son talent, et un certain suspense, dans un livre qui s'il n'est pas mon roman préféré de l'auteur est cependant un roman de grande classe.
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George Sand se cache derrière Thérèse pour parler de sa liaison avec Alfred de Musset, qui est Laurent. Elle a écrit ce texte deux ans après la mort de ce dernier, et vingt-cinq après leur histoire d'amour.
Dans ce récit, ils sont peintres et rêvent tous les deux d'un amour infini, unique, magique. Elle est appliquée, calme, plaisante. Il est en phase, pas longtemps… Torturé, angoissé, c'est un homme qui se cherche, instable, inquiétant pour celle qui a besoin de sérénité.
Ils s'aiment …mal, se déchirent, se retrouvent jusqu'à la prochaine fois… Ils s'usent et se détruisent… Enfin, comme on n'a que l'approche féminine, on ne voit qu'un aspect de leurs relations. S'il avait pu répondre, qu'aurait-il dit ? (D'ailleurs son frère a écrit un livre pour contrebalancer « Elle et lui »….)
Quel avenir peut avoir un amour comme celui-ci (de nos jours, on parlerait de relation toxique), quelles décisions prendre pour continuer à avancer au risque d'être seul-e ?
Le style et l'écriture ne sont pas trop désuets, bien que certaines tournures de phrases et expressions soient d'époque et que tout soit écrit dans un français de qualité. C'est plus pour les dialogues que l'on peut ressentir un petit décalage dans la façon de parler.
Écrit en 1867, ce recueil ne m'a pas paru « vieux » et dépassé. Il m'a obligé à aller au-delà de mes lectures habituelles et je ne le regrette pas.
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Sans toujours faire l'unanimité me concernant, il est indéniable que George Sand écrit sur l'amour comme pas deux. Cette fois-ci et avec Elle et Lui, cette dernière revient avec passion et tragédie sur sa propre aventure en compagnie du poète Alfred de Musset et le résultat se veut fort étonnant.

En effet, l'exercice du roman autobiographique réussi à merveille à George Sand tant ce roman est baigné d'une extrême sensibilité, de tendres sentiments mais aussi d'une forte passion. L'auteure revient avec fougue sur son histoire d'amour aussi endiablée que mouvementée et je ne m'attendais pas découvrir une romance aussi tumultueuse que passionnante. Cette dernière dépeint une tragique histoire d'amour et de haine à la fois que j'ai fortement apprécié découvrir tant l'étude décortiquée des sentiments est parfaitement et minutieusement réalisée. La richesse des sentiments dévoilés est incroyable et offre une dimension quasiment palpable à toutes ces effluves et tous ces sens. Néanmoins, il n'aurait pas été désavantageux de découvrir une plume un léger plus pondérée et nuancée que celle présentée avec Elle et Lui. George Sand se livre et écrit à coeur ouvert et cela se ressent fortement. Ainsi, les émotions dévoilées sont à leur paroxysme et qu'il s'agisse de l'amour, la passion ou bien encore la déchirure, chacune d'elles se dévoile exacerbée tout en se voulant sublimée. La courte durée de cette oeuvre n'est d'ailleurs pas innocente dans cette exacerbation des sens et apporte un certain rythme de lecture assez intense.

Pour autant et malgré toute la minutie et le soin apportés à son oeuvre, George Sand n'est pas parvenue à me faire vibrer plus que cela. La faute à des personnages bien trop autodestructeurs et parfois néfastes l'un pour l'autre. La différence de caractère qu'oppose Thérèse à Laurent se démontre au premier abord intéressante et pertinente mais finit par entacher plus que raison leur relation. La curiosité laisse ainsi place à l'admiration puis à l'incompréhension et enfin à la déchirure. Ainsi et bien que suivre cette déchéance s'est révélée passionnante par moments, par d'autres celle-ci m'a semblé bien trop tiraillée et étayée apportant son lot de longueurs et ses incompréhensions. D'autant plus que les vifs et intrépides caractères de chacun n'aident que trop peu à s'attacher aux personnages de ce classique même si la dimension autobiographique offre une toute autre vison de ces derniers. Il est vrai que j'ai pris plaisir à chercher le caractère authentique de certains faits et même si cette étude a légèrement pu freiner mon attachement, elle a davantage nourrit mon intérêt et ma curiosité quant à ma lecture.

C'est pourquoi, Elle et Lui m'a davantage convaincu dans sa forme que dans son fond. J'ai adoré découvrir la passionnante et mouvementée relation établie entre George Sand et Alfred de Musset à travers des personnages mis a nus et écorchés qui auraient, cependant, gagné à être bien plus nuancés dans leurs sentiments.
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« Cette curiosité dépravée pour tout ce qui touche à la vie privée des gens célèbres »
« N'excitons point ce goût des scandales littéraires qui a remplacé le goût de la littérature » (journal le Siècle en 1859)
Eh bien si, excitons-nous avec une curiosité malsaine sur cette relation George-Sand - Alfred de Musset.
Ce devait être le plus incommode des amants : une âme ardente, coeur inconstant, plein de caprices, de bizarreries, intelligence à éclairs, créant dans l'orage ; caractère ombrageux, susceptible, tendre quelquefois, plus souvent amer et ricaneur, cherchant l'amour et ne croyant pas aux femmes, désenchanté, dédaigneux parfois…
Aucune femme ne pouvait lui convenir, tout attachement se transformait tôt ou tard en une malédiction.
Il n'y avait que le détachement des courtisanes, femmes légères ou de peu d'esprits qui pouvaient apaiser sans risques les nerfs d'Alfred de Musset. Toutes liaisons sérieuses tentées postérieurement à l'épisode George Sand ont d'ailleurs été courtes.
Ce n'est pas tant la supériorité d'esprit de George Sand qui l'effrayait que cet attachement souvent maternel qui révoltait la bête sauvage et libre du poète débauché.
C'est cet attachement maternel et intrusif qui est la cause des crises répétées. En bonne logique de coeur et de raison, George Sand aurait dû laisser aller au vent cet être insaisissable après la première crise.
Pourquoi insiste-elle donc tant, crise après crise, lesquelles se ressemblent toutes ?
C'était son Victor Hugo à elle - et voir ce divin talent noyé dans la débauche, l'alcool, l'abêtissement, sous ses propres yeux, cela lui donnait envie de se dire « Ah quel gâchis ! Si seulement il pouvait arrêter la débauche, calmer ses nerfs… Je ne peux pas l'abandonner dans cet état ! »
C'est aussi les opposés qui s'attirent : le feu imprévisible et égoïste et cette glace de sagesse et de bonté.
Les eaux fraiches apaisaient le feu en surface du poète enflammé et inversement ce bloc de glace aimait réveiller son propre feu intérieur.
C'est un échec, rien n'a pu tempérer ce feu. Peut-être peut-on lui reprocher un trop grande délicatesse : quitte à vouloir l'aider, s'ingérer et violer son indépendance, il ne faut pas y aller par quatre chemins.
George Sand au contraire, pérore, se fait prier, le culpabilise, et ne le sauve qu'après l'avoir laissé crier longtemps pour le sermonner longuement bien après. Elle souffle sur les braises sans le vouloir quand il aurait fallu jeter un sceau d'eau d'un seul coup - mais c'est facile à dire me direz-vous.
Il y a donc dans cet amour complexe une moitié d'admiration sincère pour son génie et son feu et une autre moitié de faux amour maternel maladroitement protecteur. Elle l'aime par conséquent qu'à moitié et avec moins d'intensité qu'Alfred de Musset.
C'est d'une lourde tristesse que ce va-et-vient sentimental où chaque aller-retour accentue des blessures déjà profondes. On pressent assez vite la fatalité de leur liaison et les éclairs d'espoirs ne sont que le calme avant une tempête de plus en plus violente.

Que dire maintenant de ces personnages fictifs déguisant les deux écrivains ? Je ne dirais pas que ce roman est exclusivement à charge contre le poète perverti. Elle aussi est lucide et se reconnait certaines faiblesses.
Ce qui m'amuse sans m'étonner, c'est qu'au lieu de tromper le poète à Florence, lors de leur voyage en Italie par hasard en tombant sous les charmes de son médecin, elle invente une liaison avec un ami d'enfance présentant de belles qualités et un coeur solide. Elle se ménage un peu les circonstances les plus favorables dans son roman…

Elle le présente aussi souvent, dans ses crises de tendresse affectueuse, par cette façon ridicule dont il se jette à ses pieds en la suppliant à chaudes larmes quand elle reste de marbre avec une sainte compassion, tout juste lui caresse-elle les cheveux comme à un enfant et le rassure. Cela semble un peu trop disproportionné pour sonner tout à fait vrai.

Ce roman aurait pu être habilement condensé sans rien perdre de sa substance. George Sand répète un peu les choses car on est plongé dans son intimidé la plus profonde et que les pensées de souffrance sont souvent répétitives. Rien de bien traumatisant pour le lecteur non plus, à mon avis, les deux écrivains ont aimé inconsciemment leur expérience tumultueuse, cela n'a pu que renforcer leur caractère et leur talent respectif.
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"L'amant de Thérèse ! je ne le serai certainement jamais. Dieu m'en préserve ! une femme qui a cinq ans de plus que moi, peut-être davantage !

Qui sait l'âge d'une femme, et de celle-là précisément dont personne ne sait rien ? Un passé si mystérieux doit couvrir quelque énorme sottise, peut-être une honte bien conditionnée.

Et avec cela, elle est prude, ou dévote, ou philosophe, qui peut savoir ? Elle parle de tout avec une impartialité, ou une tolérance, ou un détachement...

Sait-on ce qu'elle croit, ce qu'elle ne croit pas, ce qu'elle veut, ce qu'elle aime, et si seulement elle est capable d'aimer ?"


En quelques mots :
- roman autobiographique publié en 1859
- l'histoire d'amour tumultueuse et passionnée entre George Sand et Alfred de Musset
- la quête d'un amour absolu
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