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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est le troisième livre que je lis de cet auteur après le Village de l'Allemand et 2084. Toujours avec la même délectation. Boualem Sansal sait tisser une histoire très complexe et avec des racines historiques bien profondes.
L'auteur nous conduit sur les traces du narrateur, Yazid, dans l'Algérie ancienne (enfin pas trop quand même – juste 50 ans auparavant au moment de la décolonisation) pour y puiser ses souvenirs de la Rue Darwin dans le quartier Belcourt à Alger en particulier où il a passé la plupart de son enfance. Avant, si j'ai bien compris, il était dans le bled.
L'ouvrage commence par la mort de sa mère dans un hôpital à Paris et il finit par la mort de sa mère, sauf que ce n'est pas la même.
Sa peinture de l'Algérie d'autrefois est envoûtante. Bien meilleure que dans « Angélique et le Sultan » d'Anne et Serge Golon. Boualem Sansal a un talent indéniable de conteur tel Shéhérazade , il dévide l'écheveau de ses souvenirs d'enfance dans un pays magnifique, troublé mais troublant aussi. Un régal de lecture.
Quand on pense qu'Albert Camus a vécu lui aussi à Belcourt, on ne peut qu'approuver la réflexion page 147 de l'auteur : « Il y a autant de lieux que de regards, chacun voit son Belcourt à lui ».
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Yazid accompagne sa mère à Paris à l'hôpital, elle est mourante. Ses nombreux enfants éparpillés aux quatre coins du monde se retrouvent à son chevet. elle vit en Algérie seule avec Yazid et elle lui demande de retourner « rue Darwin» ; il y retournera à la mort de celle-ci. Des questions se posent, est-elle sa mère? ses frères et soeurs sont ils de la même famille? C'est ce qu'il va tenter de découvrir en nous emmenant dans son passé... Il était le prince héritier d'une des femmes les plus riches d'Algérie qui régissait un clan puissant dont les revenus venaient de maisons closes, de nombreux enfants de ces femmes gravitent dans cette maison... A ses 9ans, il fut enlevé pour rejoindre soi-disant sa vraie mère... il vivra la guerre d'Algérie: "La guerre est finalement une sacrée machine à écourter l'enfance. En quelques mois d'une animosité qui a abasourdi l'humanité nous fûmes métamorphosés, brûlés au cinquième degré, nous avons perdu nos ailes et nos petits ergots turgescents, nous étions dorénavant de vieux routiers de la guerre, blets et tristes, cabossés et couturés de partout. p111. C'est une quête d'identité... Un très beau livre Un vrai coup de coeur, une belle écriture, émouvante. A découvrir absolument.
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Voilà une histoire foisonnante de personnages qui se croisent ou s'évitent sur une période qui va du début des années 50 jusqu'à nos jours. Sans cesse, Boualem Sansal nous transporte d'un lieu à l'autre, d'une époque à l'autre avec certaines redites nécessaires pour démêler les fils de ce passé qui ne cesse de ressurgir.

La mère de Yazid, le narrateur, va mourir d'un cancer et son fils décide de l'amener à Paris, depuis Alger, pour tenter une dernière chance de guérison. C'est aussi une dernière chance pour elle de revoir ses enfants dispersés sur plusieurs continents. Ainsi, la jeunesse algérienne part se former à l'étranger, décrocher des diplômes et…ne revient pas.
La mort de celle qui l'a élevé ramène Yazid dans le quartier Belcourt et dans cette rue Darwin où il retrouve ses souvenirs d'enfance, bien que les noms des rues et des places aient changé. Tout au long de ce roman, l'auteur n'a de cesse de remonter dans ce passé, retrouvant le bled, à Borj Dakin où Lalla Sadia, dite Djéda, règne sur un bordel qui lui permet de développer une fortune qui va s'étendre des deux côtés de la Méditerranée.
Petit à petit, les fils se démêlent mais la quête de Yazid n'aboutira qu'au terme de longues recherches. L'auteur décrit bien l'engrenage qui amène ces filles, parfois mineures, à se réfugier auprès de Djéda qui fait office de grand-mère, entre autres, pour Yazid, Daoud et Faïza qui est légèrement plus âgée que le narrateur. Elle s'affirmera plus tard comme un personnage important.
Tout au long de ce livre, nous croisons puis retrouvons ainsi plusieurs personnages dont la vie permet de suivre l'évolution de l'Algérie durant la seconde moitié du XXe siècle et le début des années 2000.

"Rue Darwin" est une fresque très dense, écrite avec beaucoup de sensibilité et d'humanité. Ce roman met en scène beaucoup de mystères, de sous-entendus et quantité de vies brisées…jusqu'à la mise au point finale.


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Avec Rue Darwin Boualem Sansal entraîne le lecteur dans l'histoire d'une famille algérienne, celle de Yazid, le narrateur, qui découvre à la mort de sa mère, en retournant dans le quartier Belcourt à Alger, que son parcours d'enfance est très compliqué. L'histoire est dominée par le personnage d'une femme, Djéda, la grand-mère, à la tête de la tribu des " Kadri ", et d'une immense fortune qui provient du bordel qu'elle tenait et qui jouxtait son domicile. Yazid y fut élevé, avant d'en sortir avec sa mère adoptive et de s'installer à Belcourt. A cause de l'histoire tourmentée de l'Algérie depuis la guerre d'indépendance jusqu'à nos jours, la famille déjà atypique dès ses origines est disséminée à travers le monde. La distance qui se crée dans les liens familiaux entre les frères et les soeurs partis faire leur vie à l'étranger, qui parfois ont modifiés leur prénom pour mieux se fondre dans les pays d'accueil et ceux qui sont restés au pays natal et ont été victimes de tous les bouleversements qu'il a subi, est magnifiquement traitée. L'auteur montre la souffrance du peuple qui vit pratiquement en état de guerre permanent depuis des décennies, il dénonce la corruption qui gangrène les régimes successifs de L'Algérie. Il explique à travers le parcours du plus jeune frère Hédi, le processus de recrutement et d'endoctrinement des islamistes intégristes et rappelle avec force son rejet. En faisant d'un rabbin, le personnage de sagesse, chez lequel Yazid se réfugiait, il fait la preuve de sa tolérance et de son refus de l'opposition entre les religions. Avec le personnage de Daoud, un des frères du narrateur, qui intègre une communauté juive, change son prénom en David, il aborde également le thème de l'homosexualité dans la religion musulmane. le roman est très fort, il aborde des sujets souvent difficiles, mais il emporte le lecteur, par son sérieux, par sa truculence, par son foisonnement. Les prises de positions de Boualem Sansal, en tant que écrivain algérien sont très courageuses, il refuse l'extrémisme, prône le rapprochement entre les religions, l'acceptation des différences, milite pour une vraie démocratie dans son pays. J'ai eu le plaisir d'assister à une rencontre d'écrivain dont il était l'invité, ses propos m'ont impressionné, j'en garde un grand souvenir. L'Académie Française a bien eu raison de lui décerné le Grand Prix 2013 de la Francophonie.
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Un Algérien part à la recherche de son identité, de celle de son pays et de sa religion (ou du moins de la religion culturellement dominante) dans un roman un peu compliqué dans sa structure, mais servi par une écriture vive, riche, incisive qui donne de nombreux coups de canif, qui va jusqu'à scarifier et ainsi bien rendre compte des états d'âme de l'écorché qu'est le narrateur. Tout se passe comme si l'histoire d'une (de deux) famille(s) ne servait que de support à l'expression des prises de position de l'auteur sur l'histoire contemporaine de son pays ("Abdelaziz 1er" est clairement visé), la guerre (" ... sacrée machine à écourter l'enfance.") et la religion ("Je me dis que les phobies se soignent mais je me dis aussi qu'un monde sans imams serait nettement plus sûr. S'il en faut quand même, alors on doit les tenir loin de la mosquée, c'est trop dangereux un homme qui squatte une tour et qui de là-haut appelle à la sainteté chez les autres, car en vérité il n'est rien de plus crédule que le croyant, ni de plus pressé : il se croit appelé plus vite qu'à son tour.")

Boualem Sansal a du courage, mais aussi un sens développé de la provocation et un évident courage, à publier un ouvrage aussi vindicatif tout en continuant de vivre en Algérie.
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Un pan de l'histoire algérienne révélé dans la dignité par un fils de. à l'identité éclatée dans tous les sens du terme. Une charge sans concession qui réhabilite l'homme en condamnant un système. Sansal soulève le couvercle au dessus de la marmite dans laquelle mijote la fabrique à mythes dans les coulisses des histoires familiales ou nationales. ça grouille de mille mensonges et de non-dits qui étouffent l'individu. Au final, du miasme et des diktats, le salut vient de la littérature grâce à ces êtres qui affrontent la vérité avec des mots. le fils de P. acquière alors le statut d'homme à part entière, le seul doté d'une conscience alors que les autres se contraignent ou se soumettent à jouer un rôle pour échapper au regard de leur conscience.
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Prix du Roman Arabe 2012

La rue Darwin est une rue d'Alger, du quartier populaire Belcourt ; c'est là que s'est déroulée une grande partie de l'enfance du narrateur, Yazid.
Le livre s'ouvre sur une scène d'hôpital : à la Pitié-Salpêtrière la mère de Yazid, enfin, celle qu'il appelle maman, est en train de mourir ; ses frères et ses soeurs venus des divers pays où ils se sont installés, USA, Canada, France, et lui Yazid qui vivait avec elle en Algérie, l'entourent une dernière fois. Un seul enfant manque : Hédi, le petit dernier venu sur le tard, qui fait le djihad en Afganistan. Et c'est cette femme mourante, qui dit à son fils aîné : "Va, retourne à la rue Darwin".
Avec des aller-retour entre présent et passé, B. Sansal nous raconte une histoire de famille en même temps que l'Histoire de son pays des années 50 à nos jours.
L'histoire de famille n'est pas simple, elle est même plutôt extraordinaire ; qui est-il exactement, ce fils aîné, ce Yazid ? Point de repère : une grand-mère, très riche (richesse née d'un bordel qui jouxte sa grande maison), qui règne sur un véritable empire ; chez elle, sont élevés ensemble de nombreux enfants, dont Daoud, le petit garçon fragile qui ressemble étonnament à Yazid et dont celui-ci retrouvera la trace beaucoup plus tard. Et la mère, qui est vraiment la mère de Yazid ? On ne le saura qu'à la fin du récit même si on peut le deviner plus tôt.
Quant à l'histoire de l'Algérie, on la connait un peu : mais elle est présentée ici d'une façon originale, sans fard, elle questionne, elle interpelle...

Humanité, poésie, empathie et humour, mais aussi tristesse, rage, dureté sont les sentiments qui dominent ; véritable quête d'identité d'un homme et d'un pays, un récit passionnant d'une grande richesse et d'une étonnante clairvoyance. Et dans cette puissante ode à la famille au sens large, il y a aussi des pages absolument magnifiques sur Alger !

Extrait : "Dans mon souvenir, je suis dans la maison de grand-mère, dans une vaste chambre haute de plafond contigüe à la sienne, avec d'autres enfants, des garçons, des filles, sept, huit, dix, je ne suis pas sûr du nombre, ces petits ça bouge tout le temps. Ils faisaient partie de la maisonnée, on les traitait comme les enfants du sérail, tous s'en occupaient et personne. Ils ne manquaient de rien et en même temps on avait l'air de ne pas savoir qui ils étaient et ce qu'ils fabriquaient là. C'était le bon plaisir de Djéda qu'ils fussent avec nous et qu'on les traitât comme ses enfants." (p 71)

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une écriture magnifique
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En refermant « Rue Darwin », j'ai eu le sentiment d'avoir voyagé en terre connue. L'Algérie bien sûr mais surtout tous les thèmes : le chaînon manquant, la recherche de ses origines, l'âge avancé, regrets et remords, la mort de la mère, élément déclencheur du retour sur le passé, les difficultés à retrouver un passé révolu, la nostalgie, la dispersion de la fratrie déçue par les opportunités de la nouvelle Algérie, tout cela sur fond de guerre, les difficultés du quotidien, des personnages féminins forts.
Je me suis plongé dans cet ouvrage sans pouvoir le lâcher. Un très beau roman sensible, émouvant, toujours avec cette pointe d'humour qui adoucie des situations les plus dramatiques.
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