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EAN : 9782370551740
461 pages
Le Tripode (30/11/-1)
4.1/5   20 notes
Résumé :
En 1976, Goliarda Sapienza en a fini avec l’écriture de L’Art de la joie : dix ans de sa vie viennent de trouver leur conclusion. Réduite à une grande précarité financière, l’écrivaine ressort de cette aventure épuisée.

Commence alors pour elle, tout d’abord de façon anodine, le projet d’écrire au fil des jours ses pensées dans un carnet. Ce qu’elle ignore, c’est qu’elle poursuivra ce projet durant vingt ans, jusqu’à sa mort en 1996, remplissant ainsi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un livre lumineux tant, dans ses carnets, Goliarda Sapienza, sait rendre sensible la présence de ses vides, le poids des rencontres, , la lumière de Gaeta et les contre-jours romains, les déceptions éditoriales et la peine conséquente à écrire, la pauvreté, l'importance de son éducation et de sa « compulsion de répétition », un portrait acéré de l'intelligentsia italienne communiste non moins tranchant que ses réflexions sur la condition féminine. Ses carnets imposent une conscience qui, amicalement, vous accompagne.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Autant l'avoué tout de suite, j'ai lu L'art de la joie il y a longtemps...et je n'en ai pas gardé un grand souvenir, si ce n'est sa longueur. En revanche, j'avais beaucoup plus apprécié Rendez-vous à Positano.
Toujours est-il que j'ai eu envie d'en savoir plus et que je me suis plongée dans ces Carnets...en partie lus en Italie pour aller jusqu'au bout de la démarche!
C'est long...mais on découvre des choses intéressantes, sur la vie de l'auteur bien sûr, mais surtout sur le communisme, le fascisme...et les doutes des créateurs.
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critiques presse (4)
LeDevoir
23 avril 2019
En 1976 [...] Goliarda Sapienza se met à tenir une sorte de journal intime pour conjurer le refus pendant des années des éditeurs italiens de publier L’art de la joie, son grand livre lyrique et sensuel, devenu un classique...
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeMonde
04 mars 2019
Virginie Despentes a lu les carnets, tenus entre 1976 et 1992, de l’auteure italienne qui a connu un grand succès posthume avec son chef-d’œuvre L’Art de la joie. Elle y découvre une femme pudique et intense, d’une vitalité indestructible.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
14 février 2019
La publication de ses Carnets intimes nous révèle une femme passionnée éprise de liberté.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Liberation
30 janvier 2019
Dans ses Carnets atypiques, comme pouvait l’être cette femme, se découvre une âme parfois tourmentée, dépressive, confrontée à la fin des utopies qui avaient animé ses parents et à la pauvreté que lui a imposée sa décision d’écrire, sans repos si tout ça n’a pas de sens.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je n’ai plus peur d’être une meurtrière. Ou mieux, j’ai enfin compris que toutes les aspirations au « bien absolu », qu’elles soient chrétiennes ou laïques, ne sont que des utopies aveugles ou de mauvaise foi.

*


Sur cette terre immense, la vision du soleil et de la lune, si différents et si beaux, me font inévitablement penser à l’harmonie des contraires de Giordano Bruno et m’amène à croire, avec lui, que notre seul équilibre possible est d’être en harmonie avec nous-mêmes, dans notre diversité, afin d’accepter paisiblement l’harmonieux « contraire » de l’autre.
Ainsi la mot ne peut rien être d’horrible ou de mauvais, seulement quelque chose d’harmonieusement contraire à la vie.

*

Je suis de plus en plus persuadée que pour comprendre le sens de quelque voyage que ce soit, il faut prendre le train, comme je l’ai fait en Turquie les deux premières fois. Ce n’est qu’en y allant en train qu’on comprend la dimension Europe-Russie-Asie-Chine. Se déplacer en avion, c’est presque comme aller au cinéma ou, encore moins fatigant, rester chez soi devant le téléviseur.

*

Rome a ses défauts, comme tout le monde, et pour une ville c’est comme en amitié ou en amour, il faut parfois s’en éloigner pour la réinventer. L’habitude détruit tout, c’est bien connu, mais si on n’est pas paresseux (danger inhérent à cette ville plus qu’aux autres) on peut sortir des rets de l’habitude, et grâce à un éloignement, même rapide, recommencer à la vivre dans sa véritable essence.

*

Mais on le sait : la nature est avare et généreuse, bonne et méchante, belle et laide, sans morale, comme dit Angelo, et il me faut accepter cette mutilation qu’au milieu de tant d’offrandes elle a choisi de déposer près de moi à ma naissance. Et cependant : cela provoque de la douleur, parfois castre l’imagination, parfois coupe la faim, enlève le désir de mordre dans un morceau de pain. (…} Il n’y a aucun aucun avantage à discourir sur ses peines, ni pour moi ni pour les autres.

*

Mort ou vie dans mes veines ? Vie ou mort dans mon ventre, dans mes paumes ? Peut-être la femme devrait-elle toujours tuer et donner la vie. Elle sait comment on tue, parce qu’elle sait comment on nait. L’homme tue sans savoir, comme en un jeu abstrait, c’est pour cela que l’enfant, garçon ou fille, éprouve dans l’enfance une seule et même terreur inconsciente, la terreur de la mère. La petite fille comprend ensuite, dans sa chair, qu’elle aussi aura le pouvoir de tuer comme sa mère, et alors elle se libère un peu de la terreur, mais le garçon jamais.
Peut-être est-ce là toute la raison du besoin premier que ressent l’homme de dominer la femme : l’arrêter avant qu’elle puisse frapper. (…) Il est terrible de sentir qu’il n’y a pas de vie là où il n’y as pas de mort, pas de paix là où il n’y a pas de guerre, pas de naissance là où il n’y a pas de crime.

*

Michel s’est suicidé, et son suicide a fait grand scandale… parce qu’il ne s’est pas suicidé chez lui, mais chez une amie. Attention : on peut se suicider, oui, mais seulement chez soi !

*

Il leur faut agir seuls [les jeunes], comme les pauvres et les femmes.

*

Espérer détruire tous les rites est une folie. Les changer est sagesse.

*

Qu’est-ce que la vie ,si tu ne t’arrêtes pas un instant pour la repenser ?

*

Je serai toujours une écervelée, je n’ai fait que des erreurs dans ma vie ; mais si nombreuses — un millier, je pense — qu’arrivées à ce point elles s’annulent… C’est comme ça, si dans la vie on fait seulement une, deux, trois erreurs, elles vous martèleront le crâne toute votre vie ; mais cent, mille, s’annulent les unes les autres dans le souvenir au point de ne plus exister : alors on peut en rire, de cette faute-défaut (de se tromper) , et l’erreur reste quelque chose de précieux à respecter. Peut-être ne pas la commettre signifie-t-il tomber dans le piège de la norme ou du bon sens, qui abêtissent.

*

« […] dans son désir de me présenter à ses femmes (…) il y a (…) un désir inconscient de m’avoir encore près de lui, soit pour faire de moi le témoin historique de son évolution, soit en tant qu’homme qui n’oublie pas qu’il a aimé et par conséquent fait souffrir.

*

Je n’aime pas la musique, les romans ou les tableaux pour faire ensuite bonne figure en société, mais seulement pour les vivre, sans autre engagement. C’est ça, la vraie joie de l’art : celui qui ne connait pas ce plaisir, c’est parce qu’il écoute, lit ou regarde rien que pour s’en faire une arme de pouvoir (la culture !)

*

A trois femmes [amies], en revanche, il se forme un triangle qui n’est que rarement démoli : triangle magique d’énergies qui accomplissent un trajet fermé et très excitant. (…) à trois, il y a toujours un point d’où l’une des femmes peut observer et garder la tête sur les épaules.

*

La plus ancienne des religions : la Mer.

*

« C’est la vie, Isa, beaucoup trahissent, mais qu’est-ce que ça fait, la vie est comme ça. Ou tu la prends — je ne sais pas si je me fais bien comprendre —, autrement dit, tu la prends tout entière : choses belles, moches, fidélité, trahison, ou tu n’en veux pas. Je veux dire que si tu te mets tout le temps à chercher à ne prendre-acheter rien que le bon — dans le grand parquet que t’offre le sort — tu n’attrapes plus rien : je me suis expliqué ? La vie ne se laisse pas choisir par celui qui achète seulement les bons petits morceaux : ou tu la prends comme elle est ou tu ne vis pas. Moi, je viens d’avoir une déception, là, mais qu’est-ce que ça fait, mes poumons gonflent d’orgueil, parce que cette déception, elle aussi, c’est la vie. »


*


Et comme j’ai raison - malgré les pressions pessimistes de tous contre les gens — comme j’ai raison d’aimer l’être humain quand je le rencontre ! Et à la barbe de tout le monde j’en trouve toujours un prêt à me tendre la main.

*

Si le désespoir qui commence à monter en écrivant ces misères se fait trop grand, j’irai, quel que soit le coût, j’irai au cinéma qui toujours — que le film soit bon ou mauvais — a le pouvoir de me distraire, allianarmi comme on dit en Sicile, ce qui signifie certes se distraire mais aussi s’amuser, ou mieux, évoque un divertissement léger, comme le soulagement doux et enchanté qu’on éprouve quand un vol de papillon nous surprend alors qu’on marche de mauvaisie humeur : voilà, un soulagement-amusement léger comme le battement d’ailes d’un papillon.

*

L’homme ne peut pas vivre sans guerre, c’est une pulsion primaire comme la propriété et l’amour. Qu’ils y aillent donc, à chacun son plaisir.

*

La jeunesse et la soif de savoir soutiennent, même dans les entreprises les plus ardues et antagoniques à notre manière d’être. Et gardons-nous de refuser une chose seulement parce qu’elle dérange un trait de notre caractère et de notre mentalité : la vraie peine est de ne pas connaître grand-chose, ou de ne connaître qu’un monde, ce qui pour tout être vivant est vraiment trop peu pour grandir.

*

L’amour est une chose impossible et souvent ennuyeuse. J’espère ne plus jamais tomber amoureuse et n’avoir à l’avenir que des AMIS.

*

C’est étrange, mais la trop grande souffrance comme la trop grande joie font mal écrire. Avec le temps, je ferai en sorte d’effacer ces choses que vraiment que je ne supporte même plus d’effleurer du regard.
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Notes de l'éditeur

Retenant la leçon de sa mère, l'écrivaine avait appris à se méfier comme de la gale des journaux intimes, pour ne pas dire mièvres, que la tradition, avec une certaine condescendance, laissait aux femmes la liberté d'écrire. Son ample journal, dont le présent ouvrage se veut un florilège, est à mille lieues d'une telle sensiblerie. il en est même l'exact contraire: l'expression d'une pensée, toujours en mouvement et réfractaire aux postures, qui veut s'affranchir des carcans mentaux que la société lui impose. En d'autres termes, il doit se lire-et se comprendre- comme une arme de combat.
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Août 1976

(...) Si je ne suis pas de retour à l'aube, ferme la porte et ne laisse pas entrer le matin. Je reviendrai avec le crépuscule répandre les fleurs autour de la table ovale de l'enfance (...) (p. 20)
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Ça suffit : l'avalanche de ce qu'on appelle activités me happe et me fait perdre la vraie vie, l'écriture. Pour aujourd'hui je m'offre une trêve préindustrielle et demain je verrai.
Aller dans un couvent ! S'il y avait des couvents laïques où se réfugier , loin de ces combines minables qu'impose le monde. Voilà que je me retrouve comme une religieuse (de l'écriture), écartelée entre la vie mondaine et le désir de cultiver son esprit...
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Bien sûr, ces conditions de grâce, comme l'amour, ne durent pas toujours; mais un mois, deux, un an, dix ans, n'équivalent-ils pas à une vie? Ne devons-nous pas mourir, peut - être ? Tout ne meurt-il pas ? Et si oui, qu'est-ce que cette manie de l'éternel ? Ces deux jours de félicité n'équivaudraient-ils pas à une précieuse, unique, inégalable félicité de toute une vie? Si, et personne ne me convaincra jamais de ne pas vivre "dans l'instant ", et pleinement, comme si cet instant était le temps entier qu'il m'est accordé de vivre
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Par Marie Vialle Dans le cadre du festival Italissimo 2024
Liberté, désir et rébellion. Dans Moi, Jean Gabin, Goliarda Sapienza retrace l'histoire d'une enfance insoumise dans la Sicile des années Trente. À une époque où le fascisme étouffe la société italienne, une enfant de Catane, captivée par les images du film Pépé le Moko, ne rêve plus que de devenir Jean Gabin, symbole d'une vie libre et passionnante. Par l'auteure de L'Art de la joie, Moi, Jean Gabin est l'un des plus beaux textes de Goliarda Sapienza, à la fois roman autobiographique et testament philosophique qui célèbre la liberté et les rêves. À l'occasion du centenaire de la naissance de l'écrivaine, Marie Vialle met son talent et sa virtuosité au service d'une histoire magnifique.
À lire – Goliarda Sapienza, Moi, Jean Gabin, trad. de l'italien par Nathalie Castagné, le Tripode, 2012
Lumière par Hannah Droulin Son par Alain Garceau Direction technique par Guillaume Parra Captation par Marilyn Mugot
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