Nos yeux fermés

Ichitarô vient de s'installer dans le quartier, aussi n'hésite-t-il pas à s'y promener pour le découvrir, toujours le sourire aux lèvres. Chihaya, elle, ce sont les sourcils constamment froncés et d'un pas rapide, presque rageur, qu'elle se rend au boulot, non sans avoir, une nouvelle fois, bousculé son père qui s'était endormi sur la cuvette des toilettes, complètement ivre. Quelques recommandations avant de partir le pas pressé... Si pressé que, dans les escalators, elle bute contre la canne blanche d'Ichitarô qui se retrouve en bas des marches. Un simple regard en arrière et la jeune femme continue son chemin, sans un mot d'excuse. Les deux jeunes gens vont immanquablement se recroiser de nouveau dans le quartier et le caractère sociable et apaisant du jeune homme vont peu à peu calmer et adoucir Chihaya...

Chihaya n'a pas une vie des plus facile : un père alcoolique dont elle doit s'occuper, une mère qui a levé les voiles, un boulot ingrat en tant que serveuse et femme de ménage et des revenus insuffisants. Aussi, cette jeune femme est-elle constamment en colère contre le monde entier. Rien ne l'émerveille et elle éprouve peu de plaisirs dans la vie. L'irruption inattendue dans sa vie d'Ichitarô, aveugle de naissance, va peu à peu la changer et lui faire porter une vision différente du monde qui l'entoure. Plein de bons sentiments (peut-être trop) regorgent de ce manga signé Akira Sasô. Ichitarô inspire la bonté, la joie et le plaisir de vivre, la tolérance, l'entraide, l'amitié. Chihaya, elle, est son opposée. de jolis messages transposés par l'auteur qui veut montrer également combien il est parfois difficile, lorsqu'on est aveugle, de s'adapter dans un monde fait pour les voyants (tracas du quotidien, malveillance). Une fable bluette et simple portée par un trait parfois hésitant.

Nos yeux fermés est une belle histoire positive sur le handicap et la différence. Ichitarô est un jeune homme aveugle, qui a su développer une acuité particulière, une sorte de sixième sens, qui lui permet d'être finalement à l'aise dans nombre de situations. Comme en plus il est toujours poli, sociable et bienveillant avec les autres, tout le monde le connaît dans les parages où il est très apprécié. Il va croiser la route de Chihaya, une jeune femme qui vit difficilement d'un travail alimentaire en bar, à servir mais aussi à récurer les chiottes souvent laissées bien dégueulasses, pour un patron aux manies de tripoteur. Elle doit en plus se farcir son père qui végète à rien (oui, j'ose) faire, qui passe son ennui avec la bouteille depuis que sa femme est partie. Avec ça, Chihaya est bien montée, mais elle ne s'en laisse pas compter, elle gueule, elle commande, elle a un sacré caractère ! Mais elle n'est pas souvent de bon poil, pas heureuse de sa vie évidemment. Alors quand elle rencontre ce Ichitarô, elle est d'abord agacée devant ce type bizarre qui la repère à chaque fois qu'elle se trouve dans les parages à cause du flap flap de ses chaussures tellement usées que la semelle est ouverte. Mais devant son étonnante habileté dans toutes les situations (cuisiner des plats frits à point au frémissement de l'huile, lui dénicher une fleur sauvage à son odeur, être super-bon au baseball) et son éternelle bonne humeur, elle va un peu devenir admirative, et un peu contre son gré commencer à ressentir des choses. Ce que tout le monde voit bien vite, c'est que ces deux-là pourraient bien être faits l'un pour l'autre. Un grain de sable lié au passé de Ichitarô et sa famille va néanmoins se présenter, que les deux amoureux qui pour l'instant s'ignorent vont devoir surmonter, avec l'aide de la solidarité des villageois.

Hormis ce petit moment de stress, l'histoire est relativement lisse et sans grande surprise, c'est ce qui lui coûte la demi-étoile. Mais c'est positif, il y a des situations assez humoristiques, pas de tralala larmoyant. S'il n'y a pas de grands mots, il y a quelques échanges assez poétiques et romantiques. le graphisme est simple mais efficace. Au final, j'ai passé un bon moment avec ce manga, que je recommande !

Chihaya est une jeune femme en colère car la vie ne l'a pas aidée. Que ce soit dans son foyer ou au travail, ce qu'elle vit est source de frustration et d'insatisfaction. le jour où elle rencontre Ichitarô, un jeune homme aveugle, d'abord sur la défensive, elle apprend à voir tout ces petits privilèges quotidiens qu'elle prend pour acquis comme source de gratitude.

Un scénario un peu cousu de fil blanc, plein de bons sentiments et construits avec beaucoup de silences, ellipses et implicite. Bien sûr, cela cadre parfaitement avec l'histoire qui est une leçon d'humilité, mais je n'ai pas été plus emballée que ça par cette simplicité.

Nos yeux fermés conte la rencontre improbable entre un jeune homme non voyant et une jeune fille révoltée et malmenée par la vie.
À travers une autre perception du monde, Ichitarô va faire découvrir à Chihaya la vie autrement.
Un joli manga tout en finesse et tendresse.
Ma première lecture du genre avec l'apprentissage délicat de la lecture de droite à gauche.
Une très jolie découverte pleine de poésie et d'espoir.
Je recommande.

Un grand merci à Masse critique et aux éditions Pika Edition pour ce manga. Je dois l'avouer je n'ai jamais lu de manga et ma dernière lecture de Bd date de mes années collège qui remonte à presque 25 ans. Je suis ravie du concept de masse critique qui me force à lire des livres vers lesquels je n'irais pas naturellement. Un petit coup coeur ce livre, un livre qui fait du bien dans ce climat un peu morose dans lequel on vit.