Delphine Saubaber signe le roman,
La fille de la grêle, sensible et bouleversant, sur une femme âgée qui décide de livrer à sa fille bien aimée l'histoire de son enfance, cachée depuis toujours derrière son masque social. Mais, ce roman aborde aussi le suicide médicalement assisté, acte décrit ici comme une ultime liberté de sa vie.
Dans cette unique lettre à sa fille, Adèle, Marie raconte ses années d'enfant dans la ferme familiale auprès de Joseph et Madeleine, ses parents, qu'elle a toujours vu travailler pour survivre. Métayer d'une terre qui appartient aux
Soubiran, Marie va comprendre très vite qu'il ne suffit pas de travailler pour pouvoir vivre, mais que le travail est indispensable à la liberté qu'il apporte. La lecture qui l'accompagne jusqu'au bout de sa vie, elle la découvre chez les propriétaires. Elle fait aussi avec eux l'apprentissage de la différence sociale qu'elle s'acharnera toute sa vie à combler.
Delphine Saubaber décrit cette vie simple soumise complétement aux aléas de la nature que Marie parcourt avec son frère Julien, deux ans plus jeune, plus libre et plus ébahi qu'elle. Elle va se comporter avec lui comme la grande soeur aimante et protectrice, image qui la rassure, mais que dément son secret. Comme la grêle qui va ravager une année de labeur et plonger la famille dans la pauvreté, la violence s'installe au coeur d'une maison où la cheminée ne fait chauffer qu'un bouillon clair.
La nature y est présente, grandiose, apaisante et indispensable pour retrouver l'énergie nécessaire au quotidien. Toucher l'écorce d'un chêne est une merveilleuse dernière façon de rappeler que cet univers est fragile et qu'il faut en prendre soin. Véritable cri d'amour mais aussi de révolte, Marie l'assume comme une responsabilité à partager par tous.
La fille de la grêle présente aussi cet amour maternel qui n'a certainement pas su se dire assez dans le quotidien. Que ces mots sont agréables à lire, surtout lorsque cet amour manque toujours terriblement malgré les années passées. Doux et tendres, ils inondent le lecteur de la tendresse de cette femme qui a profondément aimé et chéri son unique fille.
Pour cette expérience si unique, Marie ne souhaite pas être une charge pour celle qu'elle aime plus que tout et décide de choisir l'heure de sa mort. Cette confession qui dure tout le roman accompagne l'hébétude que Adèle va ressentir en se découvrant seule.
En donnant le secret de sa vie, Marie demande à celle qu'elle aime le plus de comprendre son geste, de l'approuver et peut-être de le revendiquer pour d'autres. Mieux qu'un essai,
Delphine Saubaber livre une mise en situation de cette demande que la société tarde à entendre !
Dès les premières lignes, j'ai su que ce roman allait me toucher ! Et, jusqu'au bout, je n'a pas été déçue, au contraire ! Bien sûr, le sujet reste difficile, mais le regard que porte
Delphine Saubaber sur la vieillesse est empreinte d'une telle affection pour son personnage qu'elle sait trouver les mots qui apaise et console ! A recommander, vraiment !
Lien :
https://vagabondageautourdes..