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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai été attirée par ce roman graphique sur/de Roberto Saviano. Et quel titre ! "Je suis toujours vivant".
Néanmoins je feuillette. Waouh les dessins, les couleurs, j'adore ! Allez hop emprunté !
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Depuis "Gomorra" Roberto Saviano vit sous protection policière. Depuis 15 ans. 15 ans....
Ce livre raconte comment il en est arrivé à "Gomorra" et surtout son quotidien depuis 15 ans.
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Lors d'un voyage en voiture, j'ai entendu à la radio un entretien avec lui. A la question "si vous pouviez revenir en arrière, écrireriez-vous Gomorra ?" Réponse directe sans aucune hésitation "non" suivie d'un long silence. C'est long un silence à la radio, pesant, glaçant, j'en ai eu un coup au coeur tant ce "non" résonnait.... Je m'attendais à un discours sur l'importance de dénoncer etc etc genre chevalier blanc. Pas du tout à ce "non". Ensuite il a rapidement décrit son quotidien : l'impossibilité de rencontrer une femme, ses amis, d'imaginer une famille, changer chaque soir de lieu pour dormir.... Et la peur qu'il a que cette vie soit la sienne jusqu'à la fin... Cette impossibilité d'imaginer que cela puisse durer....
Et là j'ai réalisé ce qu'était sa vie. Je l'ai trouvé honnête dans sa réponse, sincère et si courageux. du coup j'ai lu le livre en question (Piranhas), j'avais déjà lu Gomorra.
.
Cette BD décrit justement ce quotidien. Difficile d'imaginer ça, une prison pour un innocent qui a eu le malheur de dénoncer, avertir. Une vie consternante. Gâchée ?
Cet homme est très courageux.
La BD lui rend un bel hommage avec humour.
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Je ne connaissais pas Roberto Saviano avant de lire ce roman graphique, donc je n'ai pas encore lu Gomorra, un roman-enquête sur la Camorra qui lui a valu des menaces de mort et une garde rapprochée depuis.
Dans ce roman graphique illustré - superbement - par Asaf Hanuka, que je ne connais pas non plus, Saviano revient sur l'écriture et la parution de ce roman qui a tout fait basculer, et les années qui ont suivi, des années à se déplacer d'un appartement à un autre, à se cacher, à vivre comme un survivant.
Il y évoque ce sentiment d'être le coupable, celui qu'on emprisonne, ainsi que la détresse de sa famille, celle de sa mère notamment qu'il ne peut se pardonner. Et, pire que les menaces de mort, les attaques anonymes qui surviennent à tout moment, comme ces reproches qui lui sont directement adressés lorsqu'il passe une soirée au restaurant, part en voyage, bref profite de la vie lui le fugitif.
Les illustrations ajoutent, aux paroles, une dimension symbolique forte comme celle de ce coeur / corps verrouillé par toutes ces années de méfiance.
Ce livre nous en apprend beaucoup sur notre endurance à la menace, à la solitude mais aussi sur les changements profonds que provoque l'exil forcé, même si c'est un exil dans son propre pays.
Après cette lecture, on a forcément envie d'en apprendre plus sur Gomorra.
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L'art au service de l'histoire immédiate.
Du grand dessin pour une dessein hors du commun.
Je ne vois que des qualités à cette biographie de Roberto Saviano.
D'abord le trait : réaliste et épuré à la fois. Des touches de couleurs qui tranchent avec les nuances de gris. le rouge écarlate domine. La palette s'élargit et s'adoucit lorsque l'écrivain honni par la camorra se souvient de son enfance, se détend ou ose piquer une tête dans la mer. Quelques touches d'onirisme agrémentent la réclusion forcée, entamée en 2006. C'est beau, surprenant juste quand il faut, quand le confinement devient trop aliénant.
Le texte est du même tonneau, littéraire, percutant, sobre sur la condition inhumaine à laquelle se condamne Saviano en décidant de ne jamais se taire sur les exactions des clans criminels. Deux véhicules blindés, cinq carabinieri plus deux éclaireurs dans des planques changeantes, tel est l'ordinaire de l'homme traqué.
Quand il écrit Gomorra, il y a quinze ans, Roberto Saviano a en tête la phrase du journaliste-écrivain, Corrado Alvaro : "Le désespoir le plus terrible qui puisse s'emparer de la société, c'est de se mettre à douter qu'une vie honnête ait la moindre utilité." L'auteur relate des faits réels, cite les vrais noms mais écrit son livre comme un roman. le succès est énorme. Un film sort en 2008, une série télé en est à sa cinquième saison.
La bédé raconte encore le soutien du bourreau de la camorra aux indignés de New York, évoque sa vie à Manhattan, ses étreintes éphémères dans les bras d'une aimée à court terme.
Saviano, comme le juge Falcone, descendu en 1999, sont des héros, discrets, tenaces. Ils forcent l'admiration. Cette tranche d'histoire dessinée popularise le combat éternel contre des forces obscures. le crayon d'Asaf Hanuka rend un magnifique hommage au héros de l'ombre. J'ai envie d'en voir plus de ce dessinateur que je ne connaissais pas.


Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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En 2006, on lui a dit qu'il vivrait sous protection pendant quelques semaines, mais depuis ce jour, la vie de Roberto Saviano a changé pour toujours.
Et elle se résume en quelques chiffres :

15 comme le nombre d'années qui se sont se sont écoulées,
5475 comme le nombre de jours sous protection policière
144 comme le nombre de pages pour résumer cette vie sans réelle vie
2 comme les idées maîtresses dans cet ouvrage : l'idée de blessure et le pouvoir des mots.

Saviano a bien précisé lors de ces présentations en Italie ce n'est pas seulement d'une autobiographie qu'il s'agit, mais aussi et surtout d'une histoire de souffrance, de résistance, de manque de liberté personnelle, d'injustice. "Je voulais dire au lecteur : regarde-moi pour te regarder, si nous partageons les mêmes blessures". Mais cette histoire, l'histoire d'un homme qui vit sous protection policière depuis quinze ans à cause de ses écrits, est aussi la preuve du pouvoir des mots et du savoir.

Avec simplicité et désenchantement, à travers de courts chapitres d'une intensité lucide et hallucinante, Roberto Saviano scénarise pour la première fois une BD et confie les dessins à Asaf Hanuka pour raconter l'un des aspects les plus difficiles de son existence : la protection constante qui permet rester en vie. Se déroulant comme un dialogue entre l'écrivain et le dessinateur, le livre raconte avec franchise une facette inédite du journaliste et écrivain, nous livrant son oeuvre la plus personnelle à ce jour.

Ce roman graphique commence par une petite préface , où Saviano distingue deux types d'histoires :
"Avec le temps, j'ai appris qu'il existe deux sortes d'histoires : celles qui se terminent par la mort du personnage principal et celles qui se terminent par sa victoire.
L'histoire que vous allez lire ne s'achève ni sur sa mort ni sur sa victoire, car tout se déroule sur un territoire à mi-chemin entre ces deux dimensions. Ce que je raconte, c'est une vie de résistance, avec les mots pour seules armes et avec le corps, une lutte menée en sachant qu'à la fin, comme dans toute bataille, on rentrera chez soi vivant ou on ne rentrera pas. Et que, si on rentre, on sera blessé.
Comment on supportera cette blessure, si elle s'infectera, si on parviendra à la soigner, quel mal elle fera, c'est là l'histoire d'une vie."

Sa condition est celle de blessé, pas entièrement vaincu et jamais victorieux. La blessure est un état universel. Tout le monde est poussé vers le bas par les événements de la vie, mais continue ensuite d'aller plus loin, blessé.
La façon dont chacun gère ses propres blessures définit la personne qu'il est ;
La façon dont il les traite, dont il les guérit définit le genre de vie qu'il mènera.
La blessure devient une fente à travers lequel vous pouvez jeter un coup d'oeil dans le passé d'une personne. En italien, le mot pour "blessure" est "ferita" et "fente" est "feritoia", assonance aussi étonnante que révélatrice .
Ce roman graphique, est la représentation de sa blessure.

Pourquoi un roman graphique et pas un livre comme il en a l'habitude :
Il l'avouera lui même cela aurait été trop douloureux, trop confus. 
Saviano fait une distinction entre les bandes dessinées et les livres.
En effet le livre demande au lecteur d'imaginer tout ce qu'il trouve sur la page écrite. Chacun imaginera quelque chose de différent dans son esprit.
La bande dessinée, en revanche, transmet exactement ce que l'auteur voulait dire. Ce faisant, les illustrations deviennent fondamentales, et c'est pour Cele qu'il les a confiées à l'illustrateur israélien Asaf Hanuka. Son style combine un trait très réaliste avec la capacité de créer des illustrations fortement métaphoriques et saisissantes.

L'une des forces de la bande dessinée est qu'un case, une planche contient beaucoup d'éléments qui frappent le lecteur en même temps. Ce faisant, ils peuvent transmettre des significations puissantes sans avoir à trop expliquer.
La couverture française c'est Saviano, juché sur le canon d'un pistolet attendant l'hypothétique tir.
Pour avoir lu la version italienne, en janvier à Rome, elle montre Saviano à demi immergé dans l'eau qui est en fait faite de ses larmes.
J'avoue avoir une préférence pour la couverture italienne comme si cette mer de larmes étaient qu'il n'a jamais voulu laisser échapper.
De son propre aveu : "Pleurer est un talent, les anciens héros grecs avaient l'habitude de pleurer. Je ne le fais pas pour des raisons stupides comme paraître viril ou autre, mais parce que je sais que ce n'est pas encore le bon moment. de plus, j'ai l'impression que si je commençais, je ne pourrais pas m'arrêter », a avoué Saviano.

Tout au long de la bande dessinée, Hanuka dépeint Saviano se métamorphosant en Minotaure ou en armure dorée , selon les émotions qu'ils voulaient décrire.
Et puis il y a les choix de couleurs comme un écho à sa propre vie
Vert, blanc, rouge quand il évoque une vie normale ;
Une teinte soleil quand il parle des souvenirs avec son grand père ;
Le bleu de l'air, du ciel quand il s'exile, l'exilé est celui qui a tout perdu, mais sans le bénéfice de la mort ;
L'or pour son armure ;
Le rouge omniprésent comme le le sang, la colère, la passion ;
Et bien entendu le noir.....
La couleur ou plutôt les couleurs reprennent leurs droits à de/deux très rares moments.

Cet ouvrage est une collection d'épisodes, chacun explorant un désir, une peur, un espoir différent. Ces épisodes qui font de Roberto Saviano un homme toujours vivant. L'art, et les mots qu'il utilise, sont aussi des outils capables de changer les choses, de remodeler la réalité.
Ils créent un lien entre l'artiste et le public, créant une sorte de communauté. Communauté que j'ai rejoins dès la sortie de Gomorra, et que je ne suis pas prêt de quitter....
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Je suis toujours vivant, c'est l'histoire de la vie au quotidien de Roberto Saviano, l'auteur de Gomorra.
Je ne connaissais pas ce livre, cette enquête menée sur la mafia napolitaine et paru en 2006. Pourtant, ce fut un grand succès de librairie à sa sortie, mais, au-delà de la qualité de ce travail, il faut savoir qu'il a condamné son auteur. Plus exactement, ce livre l'amena à être « condamné à mort » par la Camorra et le conduisit à être placé sous protection policière.

Avec son dessin haut en couleurs et percutant, Asaf Hanuka met en images quinze années de la vie de cet homme coupé du monde, de la vie ; en danger constant parce qu'il a osé mettre par écrit ce qu'il ne fallait pas écrire.
Oui, Roberto Saviano est toujours vivant mais à quel prix ! Plus de vie privée, plus de lieu de vie...une longue errance organisée afin de le protéger. Et il lui faut de plus une sacrée carapace pour ne pas être atteint psychologiquement par les insultes, les menaces ; pour ne pas sombrer dans la dépression, la paranoïa, la folie.

Il y a là le récit d'un dilemme insoluble : Roberto ne veut pas qu'on l'oublie, que ses mots soient perdus, et pourtant c'est là se condamner à cette non-vie. Faut-il se soumettre pour regagner un peu de liberté ou conserver son esprit d'indépendance et de révolte quitte à perdre tout le reste ?
La question reste posée.
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« Bande de salopards, je suis toujours vivant ! » C'est de cette réplique du film Papillon que l'auteur napolitain Roberto Saviano va tirer le titre percutant de son récit autobiographique pour lequel il va délaisser ses formes d'écriture habituelles et se tourner vers le roman graphique. Dans Je suis toujours vivant paru conjointement aux Éditions Steinkis et Gallimard, l'homme qui a choisi un jour de ne pas se taire se livre pour la première fois et, sous le trait réaliste, onirique et symbolique du dessinateur israélien Asaf Hanuka, nous fait pénétrer dans son intimité en brossant le tableau choc de son quotidien sous haute protection policière depuis sa condamnation à la « vita blindata » 15 ans plus tôt suite à la parution du cultissime Gomorra.

L'homme qui a choisi de ne pas se taire
Roberto Saviano, né à Naples, a étudié la philosophie et les sciences politiques avant de se tourner vers le journalisme. Sa vie a basculé en 2006 suite à la publication et au succès de Gomorra, fresque corrosive sur la mafia napolitaine, livre traduit dans 42 pays, vendu à près de 5 millions d'exemplaires dans le monde dont 630 000 en France et qui a donné naissance à un film éponyme grand prix du festival de Cannes en 2008, puis à une série télé comprenant 5 saisons. le succès du livre dès sa sortie ainsi que la désignation et nomination de 3 parrains présents dans l'assistance en les pointant du doigt lors d'une rencontre avec le public lui ont valu d'être condamné à mort par la Camorra à l'âge de 26 ans et contraint de vivre dans la clandestinité sous protection rapprochée. Devenu une véritable icône dans son pays, adulé par les uns, haï par les autres, il continue le combat en étant très actif sur les réseaux sociaux et présent dans les médias italiens à travers des émissions télévisées tout en continuant à écrire des livres sur le sujet mais pas seulement.
Qu'est-ce qui fait qu'un jour, Roberto Saviano a choisi de ne pas se taire ? Les philosophes et écrivains qu'il a lus bien sûr mais aussi des évènements : le fait d'avoir été témoin à l'âge de 12 ans de l'exécution en pleine rue d'un homme après une course poursuite, le choc ressenti à l'assassinat d'un prêtre qu'il connaissait bien pour avoir trois ans auparavant placardé sur les murs de sa petite ville un manifeste : « Je ne me tairai pas. » Il était alors âgé de 15 ans et c'est ce jour là, 10 ans avant la parution de Gomorra, qu'il a pris la décision de ne pas se taire.

« Je voulais donner une image réaliste mais aussi symbolique, expressionniste, de ma vie. »
Roberto Saviano, grand amateur de bandes dessinées, séduit par le graphisme de la série le réaliste d'Asaf Hanuka dans laquelle l'auteur raconte le quotidien d'un Israélien dans un pays constamment sous tension, demande à Bao Publishing son éditeur italien de contacter le dessinateur pour « réalister » sa biographie en bande dessinée. Pourquoi ce choix ? Lui qui a écrit des romans, des témoignages, des essais, a scénarisé pour le théâtre, la télévision a estimé que le médium lui apportait ce que n'auraient pu faire un documentaire ou une biographie classique : la possibilité et la liberté de transformer, transposer, transcender en images chaque sensation, chaque émotion avec énergie et pour ce faire, Asaf Hanuka était l'homme idéal pour raconter son histoire par le biais de ce jeu visuel entre réalisme et rêve. Et il ne s'est pas trompé !
Illustrateur israélien vivant à Tel Aviv diplômé de l'école Émile Cohl, grand dessinateur de presse, Asaf Hanuka est notamment connu dans le domaine de la bande dessinée pour KO à Tel Aviv, série couronnée d'un Eisner Award du meilleur album étranger pour le tome 3 en 2016 qui prit le nom de « Le réaliste »à la sortie du 4ème tome en 2021. Dessinateur d'un des soldats, il a également participé au film d'animation Valse avec Bachir d'Ari Folman pour les scènes oniriques. On reconnaît bien son style dans la scène d'ouverture avec les chiens, scène qu'on se remémore immédiatement à la lecture de l'épisode concernant le prêtre assassiné.
Étant donné la nature personnelle et profondément intime du récit, difficile de faire ça par mail. Alors ils se sont retrouvés. La première rencontre a eu lieu à Milan dans la maison d'édition italienne et ce fut le prélude d'un long jeu de ping pong entre les 2 hommes, Saviano envoyant l'histoire, Hanuka lui renvoyant le découpage. le récit puissant simultanément descriptif et symbolique, constitué d'une succession de petites histoires emprunte la forme d'une conversation entre deux amis afin que le lecteur ait l'impression d'écouter un copain de bar lui raconter sa vie, ses aventures. Il nous livre des épisodes marquants de sa vie : son enfance, ses relations avec son père, son frère, nous raconte les détails de son quotidien, une vie faite de procédures, sa perte de liberté, les répercussions sur ses relations familiales et intimes mais également ses pensées, ses angoisses, ses cauchemars, imagine les différents scénarios de son assassinat. Dans la liste des choses qui font que la vie vaut la peine d'être vécue, il va citer en premier lieu la mozzarella, mais pas n'importe laquelle, celle de bufflonne d'Aversa, véritable madeleine de Proust, symbole pour lui du retour à la maison.
Les auteurs ont trouvé un équilibre entres les épisodes graves, tragiques et d'autres plus légers teintés d'ironie flirtant même par moments avec le comique.

La couleur, servant la narration, a un sens émotionnel et symbolique. L'album est réalisé en nuances de gris auxquelles viennent s'ajouter pour chaque chapitre une couleur franche. le changement de couleur marque le passage d'un chapitre à un autre mais est également utilisée comme symbole. Si le rouge incarne la violence, la menace, le danger le jaune quant à lui est la couleur su surnaturel, de la magie. Dans l'épisode mettant en scène Roberto et son père, la couleur franche cèdera la place au sépia soulignant ainsi l'intimité de la relation père-fils.
On est frappé par le côté spectaculaire, la puissance graphique des représentations mentales, la plupart émanant de Roberto Saviano, d'autres telle le requin surnageant sur un océan de larmes venant d'Asaf Hanuka. C'est dur, violent, poétique aussi. Terriblement juste.

Je suis toujours vivant est un cri, un exutoire d'un homme dont la seule liberté demeure la parole. Alors, lisons-le, écoutons-le et laissons-lui le dernier mot : "J'écris. Je fais entendre ma voix. Je refuse de me taire. Je fais donc tout ce qui est en mon pouvoir avec le reste de liberté qu'il me reste."

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Les vacances c'est aussi l'occasion de lire les albums qui t'ont échappés dans l'année. C'est le cas de cette autobiographie de Roberto Saviano dessinée par Asaf Hanuka.

L'autobiographie d'uUne vie sous protection policière depuis 15 ans. Depuis que Roberto Saviano a publié Gomorra, un livre (puis un film et une série) au succès mondial où il dit tout sur la mafia napolitaine.

Protection rapprochée, clandestinité, déménagements forcés, isolement, solitude, Saviano vit depuis une vie de reclus. Il raconte à la première personne comme dans une conversation au coin du bar, nous dit tout sans fard, c'est passionnant, percutant, froid et intime à la fois.

Roberto Saviano a choisi son dessinateur. Asaf Hanuka réussit à mettre en images ce récit grâce à des mises en scènes audacieuses, des trouvailles variées et l'utilisation habile de la couleur qui vient marquer le changement de chapitres dans un dessin en nuances de gris.

Un album puissant, dur, le cri d'un homme qui refuse de se taire et veut continuer le combat avec les armes qui sont les siennes, les mots.
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Se taire ou parler? Se soumettre ou s'opposer ? L'écrivain italien Roberto Saviano a sûrement dû peser le pour et le contre. Depuis la parution en 2006 de son roman-enquête Gomorra sur la mafia napolitaine, la Camorra, sa "vie" a radicalement changé. Je mets des guillemets car peut-on appeler "vie" une existence en sursis, placée sous protection policière, où le moindre bruit tétanise, où effectuer les simples gestes de la vie quotidienne (se promener seul, boire un verre, rouler en scooter…) n'est plus envisageable?
Une chose est sûre, la rage n'a pas quitté Roberto Saviano, comme en témoigne le titre percutant et incisif de ce roman graphique, titre que j'interprète comme un cri de rage et comme un pied de nez clairement assumé à l'encontre de ses haters. Les profils de ces derniers m'ont d'ailleurs beaucoup surprise: au premier rang, figure la mafia bien sûr mais aussi les anonymes sur les réseaux sociaux qui lui reprochent de mener la belle vie, d'être encore vivant et de tirer profit de sa célébrité...!
Ce roman graphique autobiographique, écrit à la personne, revient sur ce qui l'a décidé, adolescent, à entrer en résistance et à ne pas fermer les yeux: les règlements de compte. Il aborde aussi les non-dits de cet exil forcé, avec une certaine ironie: déménagements incessants (hôtels, casernes), interrogations sur sa mort, répercussions sur sa famille qu'il a involontairement exposée, relation amoureuse impossible...
Graphiquement, c'est magnifique!J'ai découvert le coup de crayon du dessinateur Asaf Hanuka, primé aux Eisner Awards. Les couleurs vives puis froides selon les événements retranscrits ainsi que le dessin réaliste et truffé de saisissantes métaphores visuelles, à l'image de la première de couverture, traduisent de manière onirique l'angoisse de Saviano, sa solitude, sa colère, ses souhaits.
J'en ressors bluffée et terrifiée. S'il avait la possibilité d'appuyer sur un bouton "Reset", le ferait-il?
Briser l'omerta a un prix et une contrepartie : la survie. Si Saviano n'est plus libre de ses mouvements, il a conservé sa liberté d'expression (la plus précieuse) et continue de se battre contre les injustices, avec, pour seul arme, sa plume.
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Avec cette bande dessinée, on découvre la m moitié de la vie de Roberto Saviano, comme il le dit lui-même dans le récit. J'ai apprécié cette lecture parce que ça m'a permis d'en apprendre plus sur sa vie. Notamment l'évènement qui déclenche son envie et son besoin de dénoncer ce qui se passe dans les rues de Naples et qui est mis en place par la Camorra, la mafia de la ville. C'est lorsque son livre Gomorra sort que les membres de la mafia le remarquent et que les ennuis vont commencer. Il va être inviter à Casal di principe pour discuter de ses écrits, et c'est là qu'il va oser pointer du doigt les parrains de l'un des clans les plus puissants. Il ne se doute pas des conséquences que son geste va avoir. C'est lorsqu'il revient d'une rencontre dans une librairie que des carabiniers vont l'intercepter pour lui dire qu'il va être sous protection policière. C'était censé durer deux semaines, ça fait 15 ans. Quinze ans qu'il change de lieu de vie, qu'il n'est pas rentré chez lui, qu'il ne peut plus se balader seul dans la rue... Quinze ans qu'il n'est plus libre de ses mouvements parce que sa tête a été mise à prix par la mafia Napolitaine. C'est difficile à concevoir comme mode de vie, difficile d'imaginer ce que l'auteur peut ressentir. On apprend qu'il a des détracteurs, que certains pensent qu'il mène la belle vie parce que son livre s'est bien vendu, qu'une série a été réalisée, que finalement, ça n'a été que bénéfice pour lui de n'avoir pas voulu se taire. J'ai été très touché par sa relation avec son frère, le fait que ce dernier a dû mettre de la distance entre eux, cacher son nom de famille, pour se protéger. Ils ont arrêté de se voir pour leur sécurité mutuelle, les dernières pages sont très touchantes sur ce sujet. J'ai appris des détails qui permettent de prendre une meilleure mesure de la situation, et c'est assez révoltant. C'est Roberto Saviano qui a eu le courage de s'opposer à des criminels, mais c'est lui qui doit vivre comme un prisonnier, comme s'il était le coupable. C'est vraiment une lecture passionnante et enrichissante.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Qu'est ce qu'une vie sous protection policière ? Comment faire entendre sa voix quand on est menacé de mort ? D'où vient la volonté de dénoncer les systèmes mafieux au péril de sa vie ? Autant de questions auxquelles cette bande dessinée apporte des réponses.
Le témoignage de Savianio est servi par un dessin de grande qualité, qui nous enferme dans le quotidien de l'auteur et joue habilement avec les couleurs pour imprimer un ton, une teinte, à chaque chapitre : la famille, les menaces, les symboles…
A lire car au-delà du combat contre la Pieuvre, c'est d'humanité et de justice dont il est question et en ces domaines, nous pouvons tous apporter notre pierre à l'édifice. Ce serait en tout cas une belle façon de rendre hommage à Roberto Saviano.
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