Je découvre Scerbanenco, le père du roman policier italien, avec son avant-dernier roman consacré au commissaire Duca Lamberti, publié en 1969 en France, «
Les enfants du massacre ».
Nous sommes à Milan dans les années 60, le Milan des laissés pour compte et des marginaux. le roman s'ouvre sur la scène de crime. le meurtre a eu lieu dans la salle de classe d'un collège et la victime est une jeune enseignante de 22 ans qui a été agressée par ses élèves du cours du soir, 11 élèves en difficulté, des garçons de 13 à 20 ans, issus des classes sociales populaires milanaises, dont presque tous ont un passé lourd et des histoires familiales dramatiques. La scène de crime est particulièrement insoutenable : elle a été massacrée avec une grande cruauté, déshabillée, maltraitée et torturée.
Si leur présence sur les lieux est indiscutable au moment des faits, les 11 suspects nient y avoir participé. Duca Lamberti, ancien médecin radié de l'ordre pour pratique illégale de l'euthanasie et policier chevronné aux méthodes peu orthodoxes et au nez infaillible, commence à fouiller dans la vie des jeunes gens. Après avoir étudié leurs dossiers, il les interroge pendant toute une nuit, interrompus à plusieurs reprises par des appels téléphoniques de sa soeur et de Livia Ussaro. Sa nièce est frappée d'une très forte fièvre, mais Duca ne peut lâcher ses interrogatoires.
Pour quelles raisons ces 11 jeunes hommes ont-ils massacré leur enseignante ? Leur défense est maligne et leur permettrait de s'en tirer à très bon compte devant un tribunal. Mais c'est sans compter sur l'obstination et le flair de Duca…
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Les enfants du massacre » est un excellent roman policier, sombre et captivant grâce à la plume puissante de Scerbanenco, son sens du rythme et son intrigue diablement bien ficelée. le personnage de Duca Lamberti renforce le côté addictif de ce polar, grâce à ses méthodes parfois musclées et toujours singulières. Un roman policier original également car l'enquête semble résolue avant d'être engagée (j'ai bien écrit « semble »!). Bien que je m'y attendais et que je sois tout à fait capable de replacer un roman dans son contexte, je n'ai pu m'empêcher d'être révoltée par la vision qu'avait la société italienne des années 60 de l'homosexualité (ce n'était d'ailleurs guère mieux en France…). Mais cela n'a pas gâché le plaisir de lecture que m'a procuré ce formidable roman et je me suis précipitée chez mon libraire pour acheter le 1er volet de cette série avec Duca Lamberti.