Sur une plage près de Venise ,Giannuzzo ,un jeune sicilien git , égorgé. Alors se déclenche la mécanique infernale de la vengeance incarnée par Maruzza , sa soeur et ses amis . Témoins , vrais et faux coupables sont emportés dans une angoissante dérive. Alberto policier se doit de résoudre l'énigme pour protéger la fragile et inconstante Michela son amour d'enfance .Une intrigue très bien menée , une analyse des caractères d'une grande subtilité , et en prime , l'évocation du vieil antagonisme entre le nord et le sud de l'Italie
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La jeune femme pleine de fougue d’hier, aux enthousiasmes débordants, était éteinte. Certes, la protection, la proximité, la tendresse désespérée de son père lui avaient fait du bien. Elle n’était plus aussi maigre, les comprimés l’avaient même harmonieusement remplie. Mais à l’intérieur, elle était vide. Enfin, presque, car il lui restait un lac d’angoisse qui lui ôtait toute force physique et la faisait paniquer pour un rien, pour ce qui bougeait comme pour ce qui était immobile. L’angoisse ne se calmait qu’avec les divers comprimés qu’elle avait sur elle, lesquels, lorsqu’ils faisaient effet, la vidaient et lui donnaient l’impression d’être plus faible qu’une poule, un vrai légume. Elle était devenue presque incapable de lire et d’écrire, raison pour laquelle elle ne parlait pas ; incapable de penser aussi, sinon au malheur de s’être mise dans cet état pour un motif aussi misérable : un amour illusoire.
Sa seule vraie passion, celle qu’il cachait à tout le monde, sauf à sa mère et à Michela, était l’étude de l’astronomie et de la philosophie : deux disciplines assez peu rentables. Il était souvent en déplacement pour son travail, avec des missions très délicates, mais dans sa valise il emportait toujours deux ou trois gros bouquins qu’il n’aurait jamais dû avoir le temps de lire. Et pourtant il le trouvait ce temps, la nuit, souvent jusqu’à ce qu’il fasse jour, et aucun de ses collègues n’aurait imaginé pour quelle raison, parfois, il avait tant sommeil.
Son père lui disait que cela lui ferait du bien : se consacrer à ses études, revoir ses camarades, se distraire. Or, après une semaine, elle dut renoncer : elle n’arrivait plus à suivre une ligne sur les livres ; en cours, le professeur semblait parler dans une langue qu’elle ne connaissait pas et les discussions de ses camarades lui donnaient la sensation d’être étrangère, voire d’appartenir à une autre planète.
Ses lèvres étaient entrouvertes comme si elle souriait. Ce n’était pas un vrai sourire, mais la sérénité abrutie que lui provoquaient les calmants. Toutefois, la présence d’Al lui donnait un autre type de sérénité : elle arrivait à penser, à se souvenir qu’autrefois elle avait été heureuse, qu’elle avait souri, ou ri de bon cœur à certaines plaisanteries qu’il inventait pour l’amuser ; ce qui était déjà beaucoup.
Autrefois ,les délinquants avaient un physique de délinquant ou d'assassin :exactement comme Romeo Prasin. Mais aujourd'hui les délinquants, même les plus désespérés , peuvent avoir n'importe quel physique et appartenir à n'importe quelle catégorie sociale.
Giorgio Scerbanenco :
Les Enfants du massacreOlivier BARROT, dans une salle de classe, présente le livre de
Giorgio SCERBANENCO, "
Les Enfants du massacre". Né à Kiev en 1911, Seerbanenco fait tous les métiers avant de se spécialiser dans le polar.