J’aimais tout (Alles war mir lieb)
Je voulais regarder les Hommes en colère avec amour
Pour obliger leurs yeux à me rendre la pareille
Et les envieux, je voulais les combler de cadeaux et dire
Que je ne valais rien.
J’entendais de doux vents-tourbillons
Fendre les lignes d’air
Et la jeune fille,
Qui lisait d’une voix plaintive,
Et les enfants
Qui me regardaient avec de grands yeux
Et répondaient par des caresses au regard que je leur rendais
Et les nuages au loin
Ils posaient leurs bons yeux plissés sur moi.
Les jeunes filles blafardes et blanches me montraient
Leurs jambes noires et leurs jarretelles rouges
Et parlaient avec des doigts noirs.
Mais moi, je pensais aux mondes lointains:
digitales.
Si j’étais là moi-même,
Je l’avais à peine su.
J’AIMAIS TOUT
Je voulais regarder les Hommes en colère avec amour
Pour obliger leurs yeux à me rendre la
Et les envieux, je voulais les combler de cadeaux et dire
Que je ne valais rien. …
J’entendais de
Fendre les lignes
Et la jeune fille,
Qui lisait d’une voix plaintive,
Et les enfants
Qui me regardaient avec de grands yeux
Et répondaient par des caresses au regard que je leur rendais
Et les nuages au loin
Ils posaient leurs bons yeux plissés sur moi.
Les jeunes filles blafardes et blanches me montraient
Leurs jambes noires et leurs jarretelles rouges
Et parlaient avec des doigts noirs.
Mais moi, je pensais aux mondes lointains:
digitales.
Si j’étais là moi-même,
Je l’avais à peine su.
CLAIRE-LUMIÈRE BRILLANTE
gonfle sur son passage terre ridée,
soleils se gorgent d’air et se vident.
Sol fertile —
Surfaces jaunes croisent presque à la verticale un vert saturé,
elles grandissent en se rapprochant et nous montrent ici les atomes jaunes —
de joie, ils prennent part à la vie.
/Traduction Nathalie Miolon
UN ÉTERNEL ÉTAT DE RÊVE
plein du plus délicieux trop-plein de vie —
sans repos, — aux effrayantes douleurs au-dedans, dans l’âme.—
Flamboie, brûle, grandit pour devenir combat, —
spasme au cœur.
Soupeser — et, follement, bouge d’un désir brûlant. —
Impuissante est la torture de la pensée,
vaine pour atteindre des idées. —
Parle la langue du Créateur et donne. —
Démons ! Brisez la violence ! —
Votre langue, — vos signes, — votre puissance.
/Traduction Nathalie Miolon
PAR MOMENTS, LE FLEUVE NOIR FAISAIT PLIER
toutes mes forces sous son joug.
Les eaux basses, je les voyais profondes,
et les rives en pente douce, abruptes et élevées.
Entraîné par le tourbillon des flots, je luttais
et j’entendais les eaux en moi,
les bonnes, les belles eaux-noires — —
Puis à nouveau, je respirais une force dorée.
Le courant coulait, fort, toujours plus fort.
/Traduction Nathalie Miolon