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EAN : 9782906284623
Seguier Editions (12/10/1988)
5/5   1 notes
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Lettre à la mère

Tu viens dans la nuit, quand la bonne offre ses seins
et que le pommier est vide
et les étoiles détruisent mon nom,
Tu viens, quand le ruisseau cesse de porter le deuil et que
ses paroles
gèlent dans ma fenêtre
et les moutons devant mes rires s’enfuient dans le coin
de la bergerie,
Tu viens, quand le centre du monde
crache un courant de sang avec un gémissement,
Tu viens, quand le champ est nu et que les yeux
des poissons brillent, verts,
Tu viens, quand personne ne vient, quand la bonne qui me donnait le sein
se cache de ma gloire,
quand elle fait scintiller ses cheveux dans la lumière
lunaire comme des millions d’années,
Tu viens, quand ils me battent, sans connaître ma prière,
que je dirai en commençant ainsi : « Je suis
poussé par l’obscurité... »
Tu viens toujours, quand je suis fatigué. Je te rembourse
ma vie avec l’angoisse,
qui se décompose sur ta pierre tombale insensée
au-dessus du grand mensonge de l’automne.

traduit par Susanne Hommel
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Il y a un autre monde derrière les arbres

Il y a un autre monde derrière les arbres,
le fleuve m’apporte les plaintes,
le fleuve m’apporte les rêves,
le fleuve fait silence, quand je rêve le soir dans les forêts
du Nord...

Il y a un autre monde derrière les arbres,
que mon père a troqué contre deux oiseaux,
que ma mère a ramenés dans un panier,
que mon frère a perdu dans son sommeil, quand il avait sept ans
et si fatigué...

Il y a un autre monde derrière les arbres,
une herbe, qui sent le deuil, un soleil noir,
une lune des morts,
un rossignol, qui ne cesse de se plaindre
du pain et du vin
et du lait en grandes cruches
dans la nuit des prisonniers.

Il y a un autre monde derrière les arbres,
ils descendent vers les villages en longs sillons,
vers les forêts des millénaires,
et demain demandent après moi,
après la musique de mes infirmités,
quand pourrit le blé, quand rien d’hier n’est resté,
de leurs chambres, de leurs sacristies et de leurs salles d’attente.

Je veux les abandonner. Avec personne
je ne veux plus parler,
ils m’ont trahi, le champ le sait bien, le soleil
me défendra, je le sais,
je suis venu trop tard...

Il y a un autre monde derrière les arbres,
là-bas il y a une autre fête foraine,
dans la bouilloire des paysans nagent les morts et autour des mares
fond doucement le lard des rouges squelettes,
là-bas aucune âme ne rêve plus de la roue du moulin,
et le vent ne comprend
que le vent...

Il y a un autre monde derrière les arbres,
le pays de la putréfaction, le pays
des commerçants,
laisse derrière toi un paysage de tombes,
et tu seras anéanti, tu dormiras cruellement
et boiras et dormiras
du matin au soir, du soir au matin
et plus rien tu comprendras, rien du fleuve rien du deuil ;
car derrière les arbres
demain
et derrière les collines
il y a un autre monde.
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Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit

Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
rien de ce tourment qui m’épuisait
comme la poésie qui portait mon âme,
rien de ces mille crépuscules, de ces mille miroirs
qui me précipiteront dans l’abîme.
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit
que j’ai dû traverser à gué comme le fleuve
dont les âmes sont étranglées depuis longtemps par les mers,
et tu ne sais rien de cette formule magique
que notre Lune m’a révélée entre les branches mortes
comme un fruit du printemps.
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
qui me chassait à travers les tombeaux de mon père,
qui me chassait à travers les forêts plus grandes que la terre,
qui m’apprenait à voir des soleils se lever et se coucher
dans les ténèbres malades de ma tâche journalière.
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
du trouble qui tourmentait le mortier,
rien de Shakespeare et du crâne brillant
qui, comme la pierre, portait des cendres par millions,
qui roulait jusqu’aux blanches côtes,
au-delà de la guerre et de la pourriture avec des éclats de rire.
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
car ton sommeil passait par les tronc fatigués
de cet automne, par le vent qui lavait tes pieds comme la neige.

traduit par Susanne Hommel
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Je ne connais plus de route

Je ne connais plus de route qui conduise au loin
je ne connais plus de route
viens m’aider
je ne sais plus
ce qui va m’advenir
cette nuit
je ne sais plus ce qu’est le matin
et le soir
je suis si seul
ô Seigneur
et personne ne boit ma douleur
personne ne se tient au pied de mon lit
et n’enlève mon tourment
et ne m’envoie vers les nuages
et vers les fleuves verts
qui roulent jusqu’à la mer
Seigneur
mon Dieu
je suis livré aux oiseaux
au battement de l’horloge qui se brisant
meurtrit mon âme
et consume ma chair
ô Seigneur mon verbe contient les ténèbres
la nuit qui bat mes poissons
sous le vent
et les montagnes du noir tourment
ô Seigneur entends-moi
ô écoute-moi
je ne veux plus supporter seul
la nausée et ce monde
aide-moi
je suis mort
et comme la pomme je roule
dans la vallée
et j’étoufferai
sous le bois de l’hiver
ô mon Dieu je ne sais plus
où me conduit mon chemin
je ne sais plus ce qui est bien et mal
dans les champs
Seigneur mon Dieu dans les membres
je suis faible et pauvre
mon verbe se consume en tristesse
pour Toi.

Traduction d’Odile Demange
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Poème pour l’heure de minuit

Mon désespoir vient à minuit
et me dévisage comme si j’étais mort depuis longtemps
noirs les yeux et fatigué le front avant que l’on butine ses fleurs,
le miel amer de ma tristesse
tombe en gouttes sur la terre malade
qui souvent me tient éveillé dans les nuits rouges
Pour voir la mort sans repos de l’automne.
Mon désespoir vient à minuit
des rêves confus du soleil et de la pluie,
avant je disais, quand je faisais l’éloge de tout
et je suis étranger à ma porte et à ma peur
plusieurs milliers d’années tombent des murs froids
et m’apportent un morceau de l’hiver.
Mon désespoir vient à minuit
la vallée s’est transformée, la lune flotte dans les prés,
la faucille brisée du soir en colère s’adosse
sur le rebord de la fenêtre et me regarde.
Je sais parfaitement que je suis fracassé
comme cette faucille, nul ne me trompe maintenant,
même par le flot de son verbiage
et tombe avant le matin.
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Videos de Thomas Bernhard (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Bernhard
Le 17 mars 2021 a disparu le comédien Jacques Frantz.
Sa voix de basse, puissante, vibrante et expressive, était particulièrement appréciée dans l'art du doublage. C'est tout naturellement que, en 2007, il a rejoint les grandes voix de « La Bibliothèque des voix » pour immortaliser dans un livre audio l'ancien acteur shakespearien désabusé dans la pièce de Thomas Bernhard « Simplement compliqué ».
Nous partageons cet extrait pour lui rendre un dernier hommage et adressons nos pensées émues à sa famille.
- - - Le texte imprimé de « Simplement compliqué » de Thomas Bernhard a paru chez L'Arche Éditeur, en 1988. Direction artistique : Michelle Muller.
+ Lire la suite
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