La Part de l'autre

J'avais entendu parler de ce livre et il m'avait été conseillé plusieurs fois, ne serait-ce que parce que c'est souvent l'origine d'élucubrations philosophiques auxquelles je me prête parfois avec certains amis : "Et si...?" "Et si Hitler avait fait d'autres choix ?". Hitler étant à mes yeux l'incarnation du mal, ce choix n'est pas anodin, et je rejoins totalement l'auteur dans cette envie d'une biographie inventée. Ce qui est drôle, c'est qu'ayant lu ce livre sous forme d'epub caché sous un autre nom et sans avoir lu le 4e de couverture, j'ai ignoré jusqu'à la fin que je lisais "le" fameux livre dont on m'avait parlé. Je pensais en lire un autre qui reprenait ce thème. Et le parallèle qui est fait d'une histoire à l'autre, la vraie rejoignant la fausse, est parfois déroutant mais également très intéressant puisque cela permet un petit rappel historique pour ceux qui, comme moi, n'ont pas lu non plus de biographie de ce personnage honni qu'est Adolf Hitler. Et bien que ce soit déroutant de trouver parfois sympathique ce double qu'est "Adolf H.", j'ai vraiment adoré que l'auteur insiste tant que la normalité de celui qui a fini dans L Histoire contemporaine comme un monstre sans précédent. Et que de parallèles avec d'autres épouvantails politiques récents !... Pourtant le livre est trop récent pour évoquer la dernière élection présidentielle et tant d'autres dans d'autres pays autrefois démocraties qui ont sauté à pieds joints dans une espèce de dictature... Cela fait froid dans le dos. Il est donc urgent que tout le monde lise ce livre...
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Ainsi en est-il du 08 octobre 1908 selon Éric-Emmanuel Schmitt : recalé ce jour-là par d'intransigeants censeurs de l'École des Beaux-Arts de Vienne, le candidat Adolf Hitler va s'acheminer vers une existence pétrie de ressentiment, de refus de compassion mâtiné d'une folle soif du pouvoir. Chacun en connaît les conséquences historiques : la Seconde Guerre mondiale, le nazisme, les camps de concentration, le génocide, deux bombes atomiques, cinquante-cinq millions de morts... Mais que se serait-il passé, qu'aurait-il donc pu advenir, si au contraire Hitler avait été reçu aux Beaux-Arts comme apprenti peintre méritant ? À partir de cette question, de cette infime infinie possibilité, bascule L Histoire dans son entier. S'ouvrent le doute, l'espoir, l'incertitude. L'imaginaire surtout, en la matière de cet étonnant roman.

Ce livre est fascinant, cela m'a permis de voir les deux faces d'un événement : si Adolf HITLER aurait été reçu à l'École des Beaux-Arts de Vienne, et la réalité qu'il n'a pas été acceptée à cette grande école et ce qui as engendré la tragédie de l'histoire.

Cet audio parle beaucoup d'arts et d'amitié de ce côté, c'était réellement intéressant, je connaissais très peu la vie de cet ignoble individu, mais parfois, il faut approfondir le vécu d'un personnage pour mieux appréhender ce qu'il a fait subir au monde.

Cette écoute a été un gros coup de coeur, c'est vraiment très documenté, et j'aime beaucoup cette idée tellement originale de connaître l'histoire d'un personnage par rapport à un fait qui ait eu lieu ou pas.

J'aime beaucoup l'historique, tout ce qui se passe pendant cette période est vraiment passionnant, car malgré tous les écrits, on ne sait pas vraiment ce qui s'est passé, je suis avide de savoir sur cette partie dramatique.

Et être immergé dans le cerveau de cet homme est une aventure extraordinaire que j'ai adoré faire en audio, après si un jour je trouve le livre papier pourquoi pas le lire, car j'ai tellement aimé cette façon de raconter le parcours de cet humain de deux manières que je ne résisterais pas à le lire d'une autre façon.

Et ce que j'ai préférée, c'est de comprendre le bien et le mal de ce personnage historique qui as tant de tragédie, mais il y a de bons côtés, des valeurs humaines que je pouvais déceler et toute cette histoire d'amitié autour de l'art.

Discerner aussi son évolution pour en arriver aux événements qu'on connaît, était tellement pertinent.

Encore une très belle expérience en audio.
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J'ai apprécié l'alternance des très courts chapitres qui nous font sautiller de la biographie romancée d'Adolphe Hitler à l'uchronie imaginée par Eric Emmanuel Schmitt.

J'avoue qu'à la lecture de la quatrième de couverture je n'étais pas super emballée, et pourtant... Je me suis régalée ! Je trouvais l'idée culottée et la pente glissante, mais le talent, la malice et l'humanisme de cet auteur incontournable en font un pari, à mon sens, très réussi.

On apprend beaucoup !

Un roman intemporel, à faire découvrir à la jeune génération sans modération.

Le point de départ de l'ouvrage est attractif : que se serait-il passé si Adolf Hitler avait été reçu à l'Académie des Beaux Arts ? En quoi cet « événement » aurait été déterminant pour le reste du monde ? Ce monde aurait-il été meilleur ou pire ? Et que serait devenu ce jeune autrichien sans le sous mais plein d'espoir ?
Le propos est simple, mais la prose, elle ne l'est pas… Elle est belle, délié, artistique, entraînante… le constat, lui, n'est pas simpliste mais réfléchit, argumenté et enrichit par des recherches sérieuses.

EE Schmitt pousse notre réflexion autant que nos émotions dans leurs retranchements les plus saugrenus… Il parvient à rendre Adolf H. passionnément attachant et Hitler désagréablement humain.

La construction qu'a choisi l'auteur est assez simple mais ambitieuse : raconter tour à tour la vie de ces deux hommes qui ne font qu'un… Et EE Schmitt utilise tout son talent pour jongler d'un univers à l'autre sans se perdre en route. Il use d'une astuce ingénieuse : son écriture change selon qu'il parle du Hitler qu'on connaît ou de celui qu'on aurait aimé rencontrer ; son style évolue selon les situations historiques et personnelles rencontrées par les deux parts de « l'autre ».

Non content de nous donner une réflexion philosophique sur l'Histoire, la guerre, la politique et le parcours d'Hitler, Schmitt se lance parfois dans un discours intelligent sur l'Art et sur l'Artiste.
Je n'aurais jamais pris l'initiative de lire une biographie d'Hitler. Ce qui m'a attiré, c'est la part artistique que Schmitt a voulu explorer, c'est elle qui m'a poussé à en savoir plus sur ce dictateur antisémite. Ce qui m'a encouragé à lire ce livre, c'est réellement « la part de l'autre ».

Pendant toute la première partie, je suis restée de marbre face à Hitler et, au contraire, subjuguée par Adolf H. Puis, au fil de la lecture, j'ai compris et accepté que mon indifférence était en fait une barrière, un rempart pour me détacher d'Hitler. Comme pour me convaincre qu'il n'était pas humain, qu'il ne pouvait pas être « Monsieur tout le monde ». Dans l'excellente post-face de l'ouvrage (« Journal de « La part de l'autre »), EE Schmitt écrit : « Mon livre sera un piège tendu à cette idée. En montrant qu'Hitler aurait pu devenir autre qu'il fut, je ferai sentir à chaque lecteur qu'il pourrait devenir Hitler »…
Mon indifférence s'est transformée en curiosité. Comment peut-on, pourquoi, où, quand… Rendue avide d'information sur Hitler, cherchant à comprendre ce qui l'a amené là où l'on sait, émue aux larmes ou aux éclats par Adolf H., je me suis lancée toute entière dans l'ouvrage.
Le rationnel et l'émotionnel se confrontaient en moi à chaque fois que je basculais de l'insoutenable réalité à l'épatante fiction imaginée par Schmitt.

Les deux histoires sont tellement intenses qu'on referme le livre avec difficulté. En effet, malgré les horreurs engendrées par Hitler, on peine à se détacher d'Aldolf H et des personnages qu'il aurait pu rencontrer….

Un de mes meilleurs souvenirs de lecture !
L'ecriture d'EE Schmidt est indéniablement l'une des plus belles.
Je passe sur l'originalité du sujet, pourtant sur un theme maintes fois traité. Je me souviens avoir dévoré ce livre, m'être empêchée de dormir pour en connaître la suite.
J'ai meme eu peur de lire d'autres livres de cet auteur tant j'avais aimé celui là qui etait le premier que je découvrais !
Heureusement, je ne me suis pas arrêtée à celui là, mais à mon sens, c'est son meilleur !

Vienne. 8 octobre 1908.
Ach ! Tous ces crétins n'ont rien compris au talent révolutionnaire d'Adolf Hitler ! Recalé ! Recalé, lui ! Voilà ce qui arrive aux génies incompris de leur temps !
Son père est mort et son héritage l'attend… quand il sera majeur ! C'est pour dans cinq ans ! Mais d'ici-là comment va-t-il subsister ? Sa pauvre, sa chère mère est morte ! Foutu cancer du sein ! Et cette Tchèque, cette saleté de propriétaire qui lui réclame son loyer et qui menace de faire intervenir ses gros-bras de cousins pour le flanquer dehors…

Adolf H. est le plus heureux des hommes ! Il a été reçu à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne ! Il va fêter cela avec tous ces jeunes gens qui, comme lui, ont été reçus. Leur joie est d'autant plus forte qu'ils savent que tous n'ont pas leur chance… Ni leur talent…

Critique :

Mais que diable Eric-Emmanuel Schmitt vient-il faire dans une uchronie ? Un chef-d'oeuvre ! Voilà, c'est dit !

Il est rare que je relise un livre vu la quantité d'autres qui s'offrent chaque jour au toucher de mes petits doigts boudinés. Mais voilà… Lu il y a plus de quinze ans, je ne m'en souvenais plus trop. La seule chose dont je me rappelais avec certitude c'était d'avoir grandement apprécié cette oeuvre, la première à me faire pénétrer dans le large univers d'Eric-Emmanuel Schmitt. En évacuant de vieux livres que je ne lirais plus, je tombe sur les pages jaunies de cette édition de poche. Bêtement, je commence à parcourir quelques pages… Une heure après étant toujours occupé, une évidence s'est imposée : j'avais vraiment envie de le relire.
Tout en connaissant la vie d'Adolf Hitler, et sachant que l'auteur prenait beaucoup de libertés avec sa biographie de ses jeunes années, j'ai une fois encore été séduit par le talent de Monsieur Schmitt à rendre vrai ces deux personnages puisque nous avons deux Adolf pour le prix d'un, le raté et le miraculé. Et l'on se prend à rêver de ce qu'aurait pu être le XXe siècle si en lieu et place d'un petit frustré à la longue mèche tombante et à l'ersatz de moustache, on avait eu un artiste découvrant, notamment, sa sexualité, grâce au bon docteur Bloch et à Sigmund Freud. Ce dernier l'ayant psychanalysé, Adolf H. a su comment approcher sexuellement les femmes et vaincre le terrible souvenir de son père.
Les pages consacrées à la guerre de 14-18 sont d'une cruelle véracité dans leur inhumaine abomination. Cette tragédie pour Adolf H. est une délectation pour Adolf Hitler, le raté frustré qui y trouve sa vraie raison de vivre alors que la mort ne cesse de prélever, d'une gourmandise insatiable, tout ce qui vit autour de lui, tout en l'épargnant, lui ! Dès lors, il est plus que jamais persuadé qu'un grand destin l'attend.
Après la Grande Guerre, Adolf H. part s'établir à Paris avec un ami peintre, le meilleur des endroits pour des peintres qui espèrent être reconnus, alors qu'Adolf Hitler, le timide, l'idiot incapable d'aligner deux mots en société, va se découvrir des talents de tribun populaire.

Le lecteur (ou la lectrice, je ne veux pas d'ennuis avec les féministes) va découvrir en parallèle la vie de ces deux Adolf, dont l'une est celle de celui que l'histoire du XXe siècle a retenu. Eric-Emmanuel Schmitt a bien maîtrisé les connaissances historiques et s'en sert à merveille pour nous restituer le personnage monstrueux incapable « de reconnaître la part de l'autre ». le grand écrivain donne une vie alternative à un Adolf H., homme pacifique, et foncièrement bon.

A quoi reconnaît-on un fabuleux auteur, un de ceux qui a du génie ? A sa propension à nous immerger dans un univers en redonnant vie à des personnages qui suscitent en nous des sentiments très forts, en rendant ses protagonistes vivants et proches de nous, en nous montrant qu'un événement peut à tout jamais changer la vie d'un homme, pour le mieux… ou pour le pire !

Des milliers de livres sont publiés en français chaque année, et nous ne savons où donner de la tête, mais n'hésitez pas à aller dénicher ce pur chef-d'oeuvre qui se lit avec les tripes, même s'il a pratiquement deux décennies au compteur. Un chef-d'oeuvre n'a pas d'âge et est immortel.

Roman qui est sur ma PAL depuis maintenant plusieurs années ! En errant à la médiathèque près de chez moi, je suis tombée dessus par hasard. Alors pourquoi ne pas se lancer ?
C'était un livre recommandé par une collègue avec laquelle j'échangeais souvent nos coups de coeur réciproques. Et je n'ai pas vraiment été déçue.

Dans ce roman que je qualifie de "avec des si, on refait le monde", je me suis plutôt bien amusée ! On aime tous les possibilités infinies que l'imagination nous offre, surtout quand cela touche à notre histoire récente, et notamment en lien avec les tragédies des derniers siècles. Me voilà donc embarquée dans la vie "rêvée" de Mr A.Hitler, bonhomme que nous connaissons malheureusement tous à notre époque suite à son arrivée au pouvoir en Allemagne en 1933 avec le parti national-socialiste.

Mais avant d'en arriver là, le Monsieur se voyait peindre, artiste, grand admirateur de Walt Disney. le refus de l'école des Beaux-arts ainsi que la 1ère guerre Mondiale le mènera sur un autre chemin. Et si tout cela n'avait jamais existé, et si Hitler avait été reçu ? Voilà le postulat de départ.

Tout au long du récit, nous suivons en parallèle le destin de "notre" Hitler et celui de son "jumeau artiste". Bien évidemment, tout cela n'est qu'imagination, des deux côtés. Mais l'ensemble était plutôt satisfaisant, un peu trop "noir et blanc sans gris" mais voilà, il faut bien avoir un parti pris.


Ce n'est pas après quelques entretiens avec Mr Freud, une entrée aux Beaux-Arts qu'un homme peut changer aussi radicalement. Ni son "problème" avec le sexe opposé. Mais bon, il fallait sûrement faire un contraste saisissant entre l'affreux Hitler complétement fou, et le Adolf Hitler, peintre reconnu, père de famille respectable.

Eric-Emmanuel Schmitt explore des sujets toujours plus complexes, toujours plus nécessaires. Ici la question posée est forte : que ce serait-il passé si Hitler était devenu un artiste ?
Le récit alterne entre L Histoire et le roman, la réflexion philosophique. Ce qui est certain, c'est que ce texte vous poussera à vous poser beaucoup de questions, sur L Histoire mais aussi sur le présent.

Personnellement, je suis toujours transportée par la plume de l'auteur et sa capacité à nous faire réagir, à nous faire réfléchir. C'est une lecture exigeante mais tellement enrichissante.
J'ai vraiment apprécié cette lecture mais plus encore le journal d'écriture. Cela m'a vraiment éclairé sur la démarche de l'auteur, je trouve ce complément essentiel pour avoir une vue d'ensemble.

Parfait pour forger son esprit critique

L'idée est bonne, et, avouons-le, osée.

Tenter d'imaginer ce qu'aurait été le monde sans Adolph Hitler, ou plutôt avec un Adolph Hitler qui aurait exploré une autre part de lui-même. Deux histoires imbriquées, donc, ente lesquelles le lecteur va naviguer.

Je ne suis pas assez calée sur la biographie d'Hitler pour savoir si la manière dont il est dépeint correspond à la réalité ou si certains pans ont été inventés. Tout semble plausible en tout cas, bien qu'un peu exagéré sur certains points.

Quant à l'autre partie du roman, celle qui voit s'épanouir un Adolphe sorti des beaux-arts et soigné par le docteur Freud en personne, celle ci m'a semblé un peu exagérée à l'inverse. La fiction imaginée par EES, dans laquelle il a visiblement glissé une partie de son histoire personnelle (c' est lui qui l'écrit dans son journal), n'appartient bien sûr qu'à lui.
Hitler apaisé, Hitler amoureux, Hitler bon père de famille ... et l'Allemagne qui prospère et tire magnifiquement son épingle du jeu... Je ne partage pas cette projection, je pense que cette page insupportablement sombre de l'histoire n'a malheureusement pas reposé que sur un seul individu mais sur tout un contexte bien plus complexe.

Je comprends et je partage l'idée que chacun sur cette terre nait avec plusieurs faces et que l'une prendra le pas sur l'autre en fonction des circonstances, que personne ne naît purement monstrueux ou purement angélique. Mais au jeu de cette théorie, si ce n'eût été lui, c'eût probablement été un autre, non ?

Et si l'avenir de l'humanité se jouait à peu de choses ?
Comment peut-on surmonter ses frustrations ?
Est-on condamné à être un salaud ? Sommes-nous intrinsèquement bon ou mauvais ? En croisant le parcours du dictateur le plus dangereux du XXe siècle et de son "double" imaginaire Adolf, un artiste en quête d'accomplissement, en les confrontant aux mêmes épreuves, un effet miroir se dégage. Une minute qui a changé l'avenir du monde, un même homme, deux parcours, à la croisée de l'Histoire et de la fiction.