Souvent je rêve d'avoir été avant d'être, je rêve que j'assiste aux minutes précédant ma conception : alors je corrige, je guide la roue qui brassait les cellules, les molécules, les gènes, je la dévie afin d'en modifier le résultat. Pas pour me rendre différent. Non. Juste éclore ailleurs.
Est-ce horrible le pays de la mort?
Imagine les conséquences d'une information...si je t'affirme que c'est mal,tu seras decu,tu sombreras dans la neurasthenie et,du coup,oublieras de vivre.En revanche,si je te prétends que c'est bien,tu souhaiteras trepasser.Ce qui protege ta vie,c'est que la realite de ta mort demeure secrete.Ce qui fortifie ton existence,c'est l'ignorance
Les frontières, tant qu'elles existent, il faut les respecter et les faire respecter. Mais on a bien le droit de se demander pourquoi elles existent.
Clandestin. Juste clandestin. Bienvenu nulle part. Étranger partout.
On croit fuir une prison alors qu'on emmène les barreaux avec soi.
- L'Odysséen fils, le premier récit de voyage qui marque l'humanité. Un voyage écrit par un aveugle, Homère, ce qui prouve qu'on écrit mieux avec l'imagination qu'avec les yeux.
tu sais, saad, la dictature, au moins c'est clair, ça joue franc jeu : on sait qu'il y a un pouvoir central, total, qui exerce son arbitraire en toute impunité. en Occident, c'est plus vicieux : pas de despote mais des administrations bloquées, des règlements plus longs que tous les annuaires téléphoniques, des lois concoctées par des êtres bien intentionnés. a l'arrivée? les mêmes réponses absurdes ! on ne te crois pas, tu ne comptes pas, ta vie n'a pas d'importance. si tu es débarrassé du souci de plaire à un tyran, tu découvres que tu ne conviens pas au système : trop tard, pas conforme, manquant d'éléments officiels.
Alors « liberté, égalité, fraternité » signifie sans doute « nous sommes libres de vous envahir, nous serons égaux quoique certains le seront davantage, vous serez nos frères quand il faudra aller ensemble à la boucherie des guerres »
Je n'appartiens à aucune nation, ni au pays que j'ai fui ni au pays que je désire rejoindre, encore moins aux pays que je traverse. Clandestin. Juste clandestin. Bienvenu nulle part. Etranger partout.
Le chauffeur entama une discussion avec les douaniers. Ceux-ci demandèrent qu’on leur montrât le contenu de la camionnette.
Le chauffeur entrouvrit les portes.
― Vous voyez, rien que des biscuits.
Il referma lorsqu’une voix l’arrêta.
― Attends. Laisse-moi regarder un peu.
En poussant un soupir de lassitude, le chauffeur rouvrit plus large les portes. Nous reçûmes l’air frais de la nuit. Personne ne bougea.
―Putain, ils puent tes biscuits !
― De toutes façons, ce n’est pas à toi que je veux les vendre, rétorqua le chauffeur. Par contre, je voulais t’en offrir.
― Ah non, ils empestent. Qu’est ce qu’il y a d’autres dans ton camion ?
― Ah peut-être qu’il y a une charogne au fond du camion, j’au dû charger un peu vite parce que j’étais pressé. Oui, c’est possible qu’il y ait un rat mort là-bas au fond.
― Un rat mort ? Une colonie de rats morts tu veux dire. Enlève-moi ces boîtes que je jette un œil.
― Ecoute, je suis en retard. Mon patron va me tuer si je ne livre pas à temps.
― Enlève ces boîtes.
― Non.
― Tu refuses ?
― Oui, je vais perdre mon travail.