Signée par l'indispensable Caza, l'illustration de couverture semble déjà résonner comme un avertissement : accroche-toi au balai, j'enlève le plafond !
Car c'est bien d'effondrement dont il va être ici question dans ce recueil de six nouvelles d'une science-fiction brillante et addictive.
"
Paris perdus" est un recueil de SF écrit par
Fabrice Schurmans et illustré par Caza.
Il a été publié en février 2024 aux éditions "Fatland Éditeur", la fabrique d'horizons.
Avoir la tête d'un séducteur n'est pas toujours une sinécure.
D'autant plus quand c'est une tête d'emprunt !
Jean Némo va en faire l'amère expérience ...
Dans un premier texte intitulé "Étoiles en pagaille",
Fabrice Schurmans installe la lecture entre sidération et amusement.
C'est rapide et efficace, c'est de la SF de haut vol !
Pourtant on n'a là encore rien vu, presque rien lu.
Le temps de s'attarder sur quelques paysages sans lendemains, sur les premiers dessins de Mr Caza, et sans même y prendre garde, tout s'est effondré.
Paris n'est plus Paris !
Hubert de la Morliere a disparu de New Paris.
Inquiète, Huguette sa femme a appelé la police.
L'enquête va propulser les deux inspecteurs Tawfik et Hamar jusqu'aux bas-fonds d'Old Paris ...
Fabrice Schurmans commence là à inquiéter son petit monde.
Il va installer tout au long du recueil un décor, celui de l'après effondrement.
Et le pari est gagné !
Aussi courts qu'ils paraissent être, il ne paraît rien manquer dans ces six textes.
C'est assez classique dans le fond du récit, mais très original dans le ton et le style de l'écriture.
C'est à lire au rythme d'une playlist fournie dans le texte ... Rita Mitsouko, Highway to hell, Pink Floyd,
Miles Davis, etc ... etc ...
Rien que du bon son !
Ce n'est pas parce que tout part en cacahuètes, qu'il faudrait se laisser aller à écouter du
Michel Sardou ...
Il semblerait même que l'auteur soit aussi cinéphile que mélomane !
Quoi qu'il en soit, il nous a concocté dans ce recueil une science-fiction moderne et incisive qui n'a laissé aucune chance aux bâillements et aux temps morts.
Le dernier, et peut-être le meilleur texte, "la nuit des mots vivants" vient clore, bien trop vite à mon goût, cette incursion dans ce monde effondré si bien envisagé et décrit.
Il aurait dû s'intituler "Fin de partie" !
Le lira-t-on un jour, le journal de la fin du monde qu'a écrit cette jeune femme qui sillonne Paris-la-morte sur sa moto ?
En tirera-t-on une leçon ?
Car ici, il y a aussi beaucoup de réalisme et un peu de dénonciation ...
De l'excellente SF donc.
Mais derrière une couverture dessinée par Caza pouvait-il se terrer du médiocre ?
Il aurait fallu que vraiment tout se soit effondré ... Et on n'en est pas là ...pas encore ...