On fait la connaissance de trois amis : Alex, Margot et Jacques. Tous les trois tentent de faire le bilan de leur vie. Alex est compositrice, on lui doit des BO et des albums, son talent est reconnu mais elle ne se sent pas très à l'aise à Paris depuis quelques temps déjà.
Elle a eu des aventures avec des hommes et des femmes, elle assume plus ou moins sa bisexualité. Elle a eu une histoire avec Jean ; ils sont passé de l'amitié à une relation amoureuse mais cela ne lui ne convenant guère, elle décide de ne pas continuer ce qui provoque une réaction brutale de la part de Jean qui l'exclut complètement de sa vie.
Elle décide de partir, pour une nouvelle expérience en Bretagne, dans une maison sans confort qu'elle a choisie au dernier moment sur Internet, et pense pouvoir dans la solitude se remettre à composer un nouvel album.
En fait la maison est sinistre, loin de tout, la région peu fréquentée durant la saison et sans voiture cela se révèle compliqué : le taxi pour aller au magasin le plus proche ou alors se déplacer à pied. Mais, en dépit du froid, de l'humidité, il y a les promenades au bord de la plage (il faut marcher assez longtemps pour y arriver mais je leu en vaut la chandelle.
Coincée dans les problèmes domestiques, elle se rend vite compte que les amis ne viendront guère, les relations via internet ou téléphone sont de plus en plus compliquées car l'éloignement physique provoque l'éloignement des relations : on échange de moins en moins longtemps, de plus en plus rarement, chacun étant pris dans sa propre vie.
"Elle a compris qu'elle ne leur manque pas, que ça leur suffit de l'avoir au téléphone régulièrement, qu'ils sont trop pris par la ville pour ressentir son absence physique, mais eux, est-ce qu'ils se demandent de quoi elle a besoin. Est-ce qu'ils se disent que s'ils lui manquent trop, elle prendra le train pour revenir les voir ?"
Elle croise, lors de ses longues promenades Léo, un jeune homme durement fracassé par la vie, depuis une agression aussi violente que gratuite l'a cloué de longs mois à l'hôpital alors qu'un poste important l'attendait. Il a tenté une carrière aux USA mais désenchanté il a fini par revenir et fuir, lui-aussi vers la Bretagne.
Il tombe sous le charme d'Alex mais elle le voit à peine. le confinement survient alors et complique encore les choses. On peut fuir mais on ne se fuit pas soi-même…
Ann Scott parle très bien des crises de milieu de vie, de la sexualité, de la solitude, des bilans, des réseaux sociaux et leurs dérives, des vies fracassées des protagonistes qui ont perdu leurs illusions tandis que la pandémie vient rendre la vie encore plus compliquée. L'auteure se livre à une analyse sans pitié de la société actuelle.
Après avoir eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, car les personnages étaient à des années lumières de mon monde, (je les trouvais assez nombrilistes, mais je connais mal le milieu artistique a fortiori parisien !) je me suis attachée peu à peu à Alex car son histoire pourrait être la mienne, celle de chacun de nous. Ce roman ne va pas arranger le pessimisme, ou la sinistrose ambiante alors à éviter en cas de blues…
C'est le dixième livre de l'auteure et, en ce qui me concerne, c'est une assez jolie découverte qui me donne envie de lire un autre de ses livres, peut-être
La grâce et les ténèbres…
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