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sur 483 notes
C'est l'histoire de trois amis Alex, Margot et Jacques, Alex est compositrice de musique, reconnue, mais du jour au lendemain elle décide de quitter Paris, pour s'installer au fin fond du Finistère. Une maison qu'elle a loué sans l'avoir vu. Elle se retrouve dans une demeure glaciale, loin de tout, loin des commerces, difficile de parcourir plus de 10 km sans permis, mais ce problème va vite être résolue. La mer, la nature l'entourent, loin du bruit , seul le silence règne. Pour Alex une nouvelle vie, se retrouver, se reconstruire, loin des lumières parisiennes. Margot et Jaques restent sur Paris, etant septiques du départ de leur amie D'autres personnages viennent se greffer autour de ce trio, certains vivent avec des maux ensevelis au plus profond d 'eux.
A travers ce roman Ann Scott met en évidence d'une façon subtile, une remise en question des personnages, une remise en question de leur passé ,leur avenir, un au revoir à la quarantaine pour laisser place à la cinquantaine. Elle nous met en garde également sur les nouveaux réseaux sociaux, qui bouffent la vie des gens, Des personnes qui sont obnubilés pour avoir le plus nombre de like sur leurs commentaires, une sorte de maladie psychique, ce système de compétitions qui se créent, un milieu malsain, tout cela sous la période du Covid, où tout à changer. Elle nous parle également de homosexualité, qui permet de mieux comprendre également la psyché de certains personnages
Un roman fort réaliste sur la vie., qui nous laisse dans le questionnement du début jusqu'au final, Les déboires de la vie, des personnes mais où l'amitié reste intact. Ce roman est une ode à la vie, à l'espoir Ce roman est sensible, subtile, nous ouvrant les yeux sur la vie de notre société actuelle.
Un roman qui m'a transporté, je me suis reconnue sur certains passages de cette hiistoire, Une réalité qui prend la place de la partie fiction Ann Scott signe un livre remarquable, Une belle découverte.
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Un temps colocataire de Virginie Despentes et longtemps figure des nuits techno-queer parisiennes, l'ex-mannequin et batteuse punk Ann Scott que son roman culte Superstars avait propulsée en 2000 porte-étendard de la Génération X et de la pop culture française, a tout quitté il y a une poignée d'années pour la solitude au plus secret d'un bout de côte bretonne. Dans ce dernier roman couronné du prix Renaudot 2023, elle met en scène son double littéraire, en quête de réinvention.


A quarante ans passés, Alex ne supporte plus sa vie parisienne : son logement étroit en plein coeur du Marais ; le tapage de son milieu branché où, compositrice de musique de film et ex-guitariste fan de Velvet Underground, elle ne s'entend plus créer ; ses amours compliquées, masculines et féminines, désespérément condamnées à l'impasse. Sans même prendre le temps de la visiter, la voilà qui loue une maison en Bretagne, prend le train en attendant que ses cartons la suivent, et entame une nouvelle et spartiate existence, seule à proximité d'un maigre hameau désert, à plusieurs kilomètres du moindre commerce alors qu'elle n'est pas motorisée, sans chauffage ou presque, mais au calme avec son jardin et le voisinage vivifiant de la mer.


Elle abandonne ses rares amis proches, tout aussi minés par le mal-être et pourtant à mille lieues de s'imaginer quitter le bitume parisien, mais, à l'heure où, jeunesse enfuie, s'impose le premier bilan d'une vie qu'elle aura voulu brûler par les deux bouts, à grands coups de déglingues, de passions et de défonces en tout genre, la solitude restant son bien le plus évident, autant qu'elle lui serve à renouer avec ses voix intérieures, pour son propre équilibre et pour sa création musicale. Si le ton est mélancolique, Alex fait preuve d'une résilience obstinée, contrairement à son amie Margot et à son nouveau voisin Léo à jamais la proie d'insurmontables démons intérieurs. « Les illusions sont faites pour être perdues », admet-elle. Alors, elle fait face à ses mille nouvelles servitudes quotidiennes, apprend à se contenter des petites choses : « La beauté est faite pour les gens qui ont le temps de l'absorber » et à se recentrer sur l'essentiel : « Il n'y a rien ici, rien d'autre que ce qui se passe en dedans ». Dans sa solitude bretonne, elle finit par se sentir moins seule que dans la foule parisienne. « Elle est entourée de tous les génies imaginables à chaque seconde. Il lui suffit de mettre n'importe quel disque, de plonger dans n'importe quel film, d'ouvrir n'importe quel livre. Elle parle à ses fantômes en permanence. »


L'autodérision se mêle à la mélancolie dans cette évocation très autobiographique des désillusions qui ont fait place aux rêves des « insolents », cette jeunesse festive éprise de liberté maximale qui, de punk attitude en révolution sonique, a fait la vitalité de l'underground culturel parisien des années 1980 et 1990. L'avant-garde a pris de l'âge et ne se reconnaît plus dans le Paris d'aujourd'hui. Non seulement les artistes d'alors, en tête desquels Ann Scott aime citer Lou Reed et Bowie, ont disparu, mais personne ne les remplace. « YouTube est rempli de centaines de milliers de guitaristes et de bassistes et de batteurs qui font des reprises et qui sont super doués, mais sans le truc avant-garde qui sidère ou l'émotion qui va scotcher toute une génération. Ils ont la technique mais rien de plus, et quand bien même ce serait le cas, pendant combien de jours ou d'heures une découverte nourrit avant qu'on passe à la suivante ? » « Il n'y a plus que la frustration d'essayer de faire de l'art dans une époque qui s'en fout », le pire restant sans doute à venir avec l'intelligence artificielle pour, sans génie, refondre l'existant à l'infini.


Roman intime des désillusions de l'auteur âgée de cinquante-sept ans, ce récit d'un exil volontaire loin de la scène parisienne est l'ultime révolte d'une artiste éprise de liberté, désespérée de voir les techniques numériques et les réseaux sociaux ronger peu à peu la création. Beaux objets techniques créés à la chaîne et sans âme par des machines – photographies, musiques et bientôt livres –, produits sitôt consommés, sitôt jetés et oubliés, qu'auront-ils encore d'artistique ? Alors, mieux vaut claquer la porte avant qu'elle ne se claque toute seule. « Elle ne reviendra que si l'art sauve de nouveau. Peut-être un jour, peut-être jamais. »

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Avec ce prix Renaudot, je découvre une auteure que je n'avais encore jamais lue.
L'histoire, assez courte et sans grandes péripéties, c'est celle d'Alex, une musicienne qui, un matin, décide de quitter Paris et son tumulte pour aller s'exiler dans un coin perdu du Finistère. La maison qu'elle loue, elle l'a dénichée sur le net, c'est une maison sans charme et glaciale l'hiver, loin des zones habitées. Mais la mer est là, tout près.

« Et brusquement, elle le voit. L'océan est là, au bout de la petite route à une centaine de mètres. Elle voit le blanc du sable, et la ligne qui sépare le bleu du ciel de l'eau. Elle commence à sentir l'air marin au fur et à mesure qu'elle se rapproche »

Cet isolement que la musicienne quadragénaire a voulu, loin de ses amis, doit lui permettre, enfin elle l'espère, de se recentrer sur sa musique et de composer un nouvel album solo. Dans sa solitude, elle se recentre sur elle et revient sur sa vie qu'elle fait dérouler comme les séquences d'un film. Elle explore ses relations amoureuses, Lou, Margot ou encore Jean qu'elle vient de quitter et à qui elle ne parle plus. Dans cette maison inconfortable et isolée, elle organise une nouvelle existence.

« Elle ne se sent pas seule, ici, et elle ne l'est pas. Elle est entourée de tous les génies imaginables à chaque seconde. Il lui suffit de mettre n'importe quel disque, de plonger dans n'importe quel film, d'ouvrir n'importe quel livre. Elle parle à ses fantômes en permanence. »

Puis c'est le confinement dû au Covid. Ses amis parisiens le vivent avec difficulté tandis qu'elle, sur son bord de mer, poursuit ses promenades sans rien changer à ses habitudes.
Le long de ce récit intimiste, passent les vies de ses amis. Il y a Margot dont le petit frère s'est suicidé, et Jacques qui ne sait comment quitter son jeune amant. Et surtout Jean, l'ami devenu son amant et qu'elle a quitté. Il lui renvoie son amertume et son mépris en disant d'elle qu'elle n'est qu'une « petite conne habituée à être courtisée et à qui tout est dû. Une égoïste qui s'est servie de lui à un moment où elle se sentait trop seule. »
On croise aussi Léo, jeune homme fracassé, qui ne fera que couper la trajectoire d'Alex.
Ces personnages qui gravitent autour d'Alex comme des papillons attirés par la lumière, nous en disent davantage sur la personnalité complexe de l'héroïne.
Tous ont perdu leurs illusions, et l'épidémie de Covid ne fait qu'accélérer les choses. Peut-être qu'Alex est précurseur en voulant d'une autre vie déconnectée des réseaux sociaux et loin de Paris afin de se retrouver.
Ce sont tous ces personnages qui sont les insolents du titre, mais j'avoue ne pas avoir très bien compris ce choix des insolents pour des personnages dont l'auteure nous montre les fêlures.

Avec une écriture sans fioriture et tout en nuance, Ann Scott nous offre un récit intimiste et mélancolique et un portrait de femme tout en finesse.

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Trois personnages se partagent les chapitres de ce roman. C'est autour d'Alex, qu'ils gravitent, unis par une vieille amitié. Alex, la quarantaine, compose des musiques de films mais décide brutalement de quitter Paris et découvre que la vie en province nécessite de changer d'organisation au quotidien. le rêve peut virer au cauchemar, sauf si suffisamment de sagesse vient nuancer le raisonnement et conduit à mettre à profit la solitude pour revoir sa façon de penser.
Léo vit à proximité et fantasme sur cette femme solitaire. Lui aussi a vécu un drame qui a bouleversé son destin.

Réflexion sur ce que notre monde offre comme perspectives, et comment l'aléatoire peut brutalement infléchir une trajectoire, qui finalement n'est pas le résultat de choix déterminés.

Chaque personnage porte des blessures qu'ils tentent d'occulter mais qui influent jour après jour sur leurs décisions, et restreignent le champ de possibles avec le temps qui passe.

Roman intimiste, un peu lent, que j'oublierai sans doute rapidement

196 pages Calmann-lévy 23 août 2023

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Alex est musicienne, parisienne, bisexuelle. Elle compose des musiques de films, gagne bien sa vie, a deux meilleurs amis, Margot et Jacques. Inséparables, ils se perdent pourtant un peu dans les nuits parisiennes, la drogue, l'alcool, la fête. Alex se met en danger, Margot s'abîme et Jacques est l'équilibre entre les deux.

Alex va quitter brusquement Paris et ses amis, louer une maison jamais visitée au bord de la mer, loin de tout, au bout de tout. Elle a besoin d'autre chose, d'exil, de silence, surtout de silence. Mais pour vivre comme ça, sans véhicule, les difficultés sont nombreuses et Alex va devoir apprendre. On va la suivre sur quatre saisons, ainsi que Margot et Jacques restés à Paris et Léo qui n'habite pas très loin de chez Alex et qui a eu un coup de foudre pour elle.

Le point commun entre ces personnages sont les traumatismes et la solitude, la solitude parmi les autres. Si certains s'enlisent et n'arrivent pas à se construire, d'autres se servent de leurs failles pour se retrouver et en faire une force.

Quelques soient les raisons pour lesquelles Alex a quitté Paris, elle va trouver son équilibre, seule, au bord de cet océan, malgré les contraintes logistiques de sa vie, et va se rendre compte qu'elle n'a plus besoin de travailler, elle n'en a pas envie. Regarder un lever de soleil, écouter le bruit du ressac, hypnotique, le silence de la maison, vont lui permettre de trouver la paix, une certaine sérénité.

Le covid va faire son apparition, ne changeant en rien les habitudes d'Alex et Léo. Margot et Jacques, en revanche, vont souffrir du premier confinement. Léo va décrire son ancien emploi chez un géant des réseaux sociaux, avec le constat de la violence angoissante et habituelle.

C'est un roman actuel, d'une écriture simple mais combien percutante, avec de multiples sujets. J'aime partir loin de tout et me retrouver loin de toute cette violence sociétale, je me suis retrouvée dans la nouvelle vie d'Alex avec toutes les difficultés rencontrées, dans le constat de Léo, dans cet équilibre précaire qui peut nous faire vaciller à tout moment. Une belle découverte, une pépite.


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"The times they are a changin'" du vieux Bob pourrait faire une bonne BO pour ce roman, même s'il est plutôt hanté par Bowie et Lou Reed.
Alex, compositrice de musiques de films de 45 ans, quitte Paris pour s'installer dans une maison isolée en Bretagne. Loin du tumulte de la capitale, elle espère jouir de la vie simple et authentique de la province et se recentrer sur elle-même, et elle se remémore les instants marquants de son existence.

Ann Scott dresse ici un état des lieux de la France des années COVID : à la fulgurance électrique de la vie parisienne, elle oppose la tranquille indifférence des campagnes. Mais elle dresse également un état des lieux de l'époque actuelle, telle que l'endurent Alex et ses copains de toujours, un monde "chaotique et sans avenir" où tous leurs repères disparaissent ; est-ce cela, vieillir ?
Car ce roman doux-amer, qui relate le passé branché et mouvementé de ces ex-rebelles de la Génération X, fait surtout le bilan de vies qui filent comme des étoiles entre les amours, les amitiés, la création, la beauté et les excès. Ann Scott raconte une jeunesse désenchantée, mais une jeunesse désormais quinquagénaire, qui fait le deuil sans douleur de ses illusions des années '90. Ce constat m'a un peu démoralisée, mais j'ai aimé la façon dont les personnages assument le poids des ans et se refusent à sombrer dans les regrets et le jeunisme. (Néanmoins, cela m'aurait paru plus crédible si Alex avait davantage l'âge de l'auteur).
Et cela m'aurait émue s'il n'y avait pas cette dénonciation aussi lourdaude de la société 2.0 et de son abrutissement des masses (sujet déjà abordé dans "Cortex"), ni autant de familles dysfonctionnelles et d'événements violents, ni cette exhalaison de misanthropie qui m'a mise mal à l'aise. Finalement, c'est un livre assez étrange (mais est-ce volontaire ?) où une musicienne s'épanouit en vivant en recluse dans une maison glaciale, à l'écart d'un monde cauchemardesque.

Ceci étant, c'est écrit avec élégance et délicatesse, à l'image de l'auteur, mais l'ensemble me laisse perplexe. Je préfère l'Ann Scott des débuts -ce qui est assez troublant, après un roman sur le temps qui passe mais qui réfute toute nostalgie.
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NYC, hiver 92, « Je » nous raconte comment à dix-huit ans, alors qu'elle vient d'arriver à New York, elle se fait dépouiller de sa Gibson vintage, son passeport, son argent, ses affaires. Il ne lui reste plus que son billet d'avion de retour pour Paris. Voyage éclair, long trauma.

Brusquement, quelques pages plus tard « je » devient « elle » et se retrouve trois décennies plus tard à descendre d'un train.

Paris c'est fini ! Après un an de recherches, elle a enfin déniché une maison à louer dans le Finistère.

Elle est seule face à elle-même. Elle se convainc que c'est ça le bonheur.

Je l'imagine se mettre à sa table de travail. Elle n'a rien à raconter alors elle se met à disséquer tout ce qu'elle voit, tout ce qu'elle ressent, ses moindres gestes, ses pensées – j'ai mis en « citations » un échantillon qui me semble assez représentatif de sa prose -.

Je me dis que moi aussi je pourrais en faire autant, je commencerai mon livre ainsi :

« Je m'assois sur mon fauteuil de bureau. Je veille à la posture de mon dos, bien droit ! Je pose mes pieds sur le repose-pied. Je tends mes doigts vers le clavier. Je tape des mots comme je pense… ».

Rassurez-vous j'ai trop de respect pour les livres et les lecteurs, et puis je n'ai aucune relation dans le monde de l'édition, et puis je ne tiens pas à gaspiller mon temps. Si j'écris ou je lis, c'est pour y trouver du plaisir.

Dans Les insolents, j'ai vu des cabossés, des déboussolés, des désaxés, mais aucun insolent. le pitch de la quatrième de couverture nous annonce des « personnages d'une étonnante acuité », je pense qu'il doit s'agir d'une faute de frappe, il manque une lettre, « v » pour vacuité.

Ces personnages sont tristes, souffrent de malaise existentiel, alors qu'ils sont riches, réussissent professionnellement, soit dans le domaine artistique ou culturel, soit chez Facebook. Nous savons par la quatrième de couverture que « elle » est compositrice de musique de films, mais à aucun moment « elle » ne nous parle des coulisses, voire des affres de la création.

J'ai passé presque plus de temps à chercher où se situait cette maison dans le Finistère qu'à lire ce livre, car je suis très attachée à cette région, souvenir d'une vingtaine d'étés à l'Ile Tudy. J'avoue que j'ai renoncé parce que je ne voyais pas où il y a un Coccimarket à proximité, avec un Super U à l'entrée du bourg, et un Leclerc plus loin. Je me demande pourquoi elle s'est exilée de cinq cent kilomètres, si c'est pour rester enfermée à regarder Google Maps pour localiser la plage n°1, n°2… avant de s'y rendre en taxi !

Je me dis que peut-être que les dés étaient pipés, que le lendemain du prix Renaudot pour Les Insolents, Ann Scott et les membres du jury ont fait la fête.

Ceci est mon ressenti personnel, nullement un jugement.
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2023-188. Très, très, jolie plume, qui mérite sa récompense (Prix Renaudot 2023). Pourquoi cette musicienne ultra parisienne décide-t-elle du jour au lendemain de partir habiter au fond de la Bretagne ? Faut-il une bonne raison pour se retirer du monde d'ailleurs ? Que quitte notre héroïne, ou peut-être, inversement, que vient-elle chercher si loin ? C'est quoi cette insolence que d'aller à l'encontre de la marche du monde ? Descendre du train qui s'emballe et ré-apprécier les paysages, couper du bois pour se chauffer parce qu'en plus de la chaleur il y a le plaisir du sens donné à l'effort, ré-apprendre à marcher et se mettre en insécurité qui peut être magnificence. Bref (parce que je pourrais en faire des tartines ! Un carré de chocolat sur une tranche de pain beurré comme avant), bref disais-je, quelle superbe insolence. Et c'est cette vie qui passe du tout au rien (ça peut faire peur ! encore que ?!) que l'on découvre au fil de ces pages en les dévorant.
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«Dans cet autre Finistère»

Ann Scott a amplement mérité son Prix Renaudot avec ce roman d'une rare élégance qui suit l'installation d'une compositrice de musique en Bretagne. À l'approche de la cinquantaine, elle laisse ses proches et sa vie bien rangée pour une vie solitaire, recentrée sur l'essentiel.

Trente ans séparent les deux premiers chapitres de cette histoire. Dans le premier, une jeune fille part à New York s'acheter une guitare qu'elle va se faire voler avec sa valise. Son billet d'avion, resté dans la poche de son jean, va lui permettre de se faire faire des papiers provisoires et de rentrer chez elle.
Dans le second, à l'approche de la cinquantaine, elle repart en voyage. Elle quitte Paris pour aller s'installer dans une maison au bord de l'océan, dans un village du Finistère. Une maison où elle imagine dès son arrivée, qu'elle va se sentir bien. En entendant ses meubles et la visite du propriétaire, elle commence à apprivoiser son nouvel espace, essaie de faire du feu, se promène pieds-nus sur la plage. Mais elle ne peut se départir d'un sentiment de culpabilité à chaque fois que son portable sonne et qu'elle se rend compte qu'elle ne reverra sans doute plus nombre de ses amis et connaissances, à commencer par Jean. "Elle sait que ce qu'elle a fait est impardonnable. Ça n'existe pas de passer de meilleure amie à petite amie au bout de quinze ans. Quand quelqu'un confesse brusquement qu'il est amoureux depuis le début et qu'il a besoin de couper les ponts parce qu'il n'arrive plus à gérer, faut le laisser partir, pas envisager la chose pour le retenir. Même si le mail qu'on reçoit est sublime. Même si personne ne nous avait encore jamais rien dit d'aussi beau, d'aussi habité, d'aussi définitif."
Puis, pendant trois ans environ, il y a eu Lou. Des mois à se chercher et à se rapprocher et des mois à hésiter, Lou ne voulant pas tromper son amie. Puis la force du désir, l'envie de se toucher, se sentir et se prendre, malgré la peur, malgré ce malaise qui signait pourtant la fin d'une relation avant qu'elle ne commence.
Alex essaie de l'oublier dans ce coin perdu de Bretagne où elle s'installe maintenant que les déménageurs sont passés et qu'elle va pouvoir installer son studio. Mais avant, il y a des dizaines de cartons à vider. "Mais comment les déballer sans qu'une chose ou une autre lui fasse penser à Jean. Ou à Lou."
Avec le temps, elle va pourtant finir par prendre ses marques, même si, "à ce stade elle ne sait toujours pas si elle est venue ici pour se sentir en sécurité ou se mettre en danger, mais si elle veut danser toute seule au milieu du salon à trois heures du matin sur Losing My Religion à fond, elle peut.
À propos de danger, un homme croisé près de chez elle accapare ses pensées. Et réciproquement. Cabossé par la vie, il se dit que cette femme pourrait bien être celle avec laquelle il pourrait remonter la pente.
Découpé en trois parties, le roman va alors verser dans l'introspection, un peu comme le monde qui découvre avec la covid et le confinement de nouvelles raisons de s'interroger.
Ann Scott réussit à merveille à rendre cette atmosphère particulière, un peu suspendue, qui régnait alors. Et qui bousculera bien des certitudes, remettant en cause des vies trop formatées, trop artificielles. le choix d'Alex d'aller se ressourcer en Bretagne n'était-il pas prémonitoire? Si elle est loin d'avoir trouvé les réponses qu'elle cherchait, elle a déjà trouvé un chemin pendant que d'autres errent toujours. Un roman à lire avec L'autre Finistère en bande-sonore:
Il est un estuaire
Un long fleuve de soupirs
Où l'eau mêle nos mystères
Et nos belles différences
J'y apprendrai à me taire
Et tes larmes, retenir
Dans cet autre Finistère
Aux longues plages de silence


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« Ce mortel ennui
Qui me vient
Quand je suis avec toi »
Il est très rare que je choisisse un livre en fonction d'un article. Quand, fin décembre, ma précieuse bibliothécaire m'a dit qu'elle avait acheté « les Insolents », je me souvenais de ce papier du Monde consacré à ce sosie d'Angot… Une photo qui interpelle. Un regard de Fée Lure qui vous envoûte ou vous dérange… En lisant le parcours de cette dame, j'appris au passage que j'étais de la génération X, que j'avais donc au moins un point commun avec Ann. Ma soeur Anne ? Comme la Belle Marie-Paule, je n'étais pas parisien, mais, privilège d'étudiant rémunéré, je fréquentais les boîtes montpelliéraines avec une relative assiduité. Nous n'avions pas de « reines » ou de « rois » mais quelques nobles de province en guise d'oiseaux de nuit. Dope, musique, sexualité, certains y laissèrent des plumes… Ce carnaval me fascinait mais je regardais davantage la parade que je ne la rejoignais. La crainte, la peur même, de perdre le contrôle. D'autant qu'excès rimaient alors avec létalité. Génération X ? Génération Sida, oui ! La couverture de l'Obs avec Klaus Nomi… Les 5 H… Sidamour à mort. Ce putain de virus étrangement absent tant de l'article du Monde que du livre. le Covid, par contre, ça l'a perturbée, Ann. Moi aussi d'ailleurs, mais pas autant que le Sida… Passons…
« Ce mortel ennui… » Les années Gainsbarre aussi… l'alcool, la musique, la sexualité… Et en lisant ce livre, le souvenir de ses verres et de ses vers. Ann Scott écrit très bien. Ses personnages sont bien cernés, les mots ne sont ni pédants, ni simplistes. La tentation de quitter le navire ne me vint pas à l'esprit et pourtant je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que je serais mieux ailleurs. Je me suis ennuyé, poliment certes, mais ennuyé quand même… J'ai même progressivement ressenti de l'agacement à cause du conservatisme de l'ex-rebelle. Conservatisme policé certes mais conservatisme quand même. C'était mieux avant, nous étions des créateurs. Paris, c'est fini ! Autant en emporte le Morbihan… La nostalgie est toujours ce qu'elle était… Mascotte du désenchantement qui Signoret, La Scott promène son spleen tout au long du rivage breton en pleurant Lou Reed et Bowie… Pour ma part, je n'ai pas envie d'être le con qui assure que madame est jolie tout simplement parce que quand madame rêve, madame est trop triste…
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