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Ibrahim Moustafa (Illustrateur)
EAN : 9781616554729
224 pages
Dark Horse (21/07/2015)
5/5   1 notes
Résumé :
Disgraced Olympic snowboarder Zan Jensen runs a sideline business as a high-altitude grave robber. When a body is found at the summit of Everest with a treasure of state secrets under its skin, Zan finds herself in the crosshairs of a government hit squad. As she races to the roof of the world, Zan will navigate bullets and avalanches to find salvation in the deadliest place on Earth.
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il contient les 12 épisodes initialement parus en 2013, sous format dématérialisé publié par l'éditeur Monkeybrain. L'histoire est écrite par Christopher Sebela, dessinée, encrée et mise en couleurs par Ibrahim Moustafa, avec l'aide de Lesley Alansky pour la mise en couleurs. Il comprend également les 12 couvertures originales, une histoire courte de 3 pages sur un agent secret, et 4 pages de croquis de l'artiste et notes du scénariste.

Sur la face Sud de l'Everest, une expédition est proche du sommet, des touristes avec des guides. Haskell Price, l'un des guides, s'est arrêté un peu à l'écart auprès d'un cadavre. Il lui tranche la main, récupère son carnet. Un autre guide le hèle de loin, il se hâte de le rejoindre. Suzanne (surnommée Zan) Jensen se souvient de l'époque où elle était une championne de snowboard à un niveau international. Elle reprend conscience dans une fumerie à Katmandou. Elle se remet sur pied et sort de l'établissement pour rejoindre sa copine Sophie Clark qui l'attend dans un bar. Elles sont servies par Daniel Gilroy. Elles trinquent ensemble. Haskell Price est de retour dans son bureau de Katmandou. Il met la main coupée dans son sachet plastique au freezer avec les autres. Sur sa banquette, Zan baisse la tête : elle vient de se rendre compte qu'un client en train de jouer au billard l'a reconnue Sophie se lève et admoneste le client pour qu'il les laisse tranquilles. Haskell fait son entrée dans le bar : il vient chercher Zan pour qu'elle vienne travailler car ils sont associés.

Zan se rend au bureau avec Haskell Price. Elle procède à la prise d'empreinte digitale des mains qu'il a ramenées de sa dernière expédition. Haskell Price emmène ensuite les fiches ainsi établies à Tenzig Atal, son contact à la police qui va faire des recherches pour identifier les individus sur les cadavres desquels Price a prélevé les mains. le principe est qu'une fois les défunts identifiés, Haskell Price et Zan Jensen contactent leur famille et négocient le prix qu'ils sont prêts à payer pour que Price & Jensen rapatrient les cadavres de leur proche. Parmi les individus identifiés par Tenzig Atal, se trouve un certain Sullivan Mars. Dans un établissement au fin fond de la campagne des États-Unis, une alerte apparaît sur un écran d'ordinateur : Sullivan Mars a été localisé à Katmandou au Népal. le responsable se lève et sonne le rassemblement d'une équipe d'intervention de 8 hommes, des agents très spéciaux. L'un d'eux a le malheur de prononcer une phrase qui ressemble à une critique : le responsable l'abat à bout portant devant les 7 autres. Deux heures plus tard, ils ont décollé avec leur paquetage pour Katmandou. D'un geste machinal, Zan Jensen caresse la main coupée de Sullivan Mars : il en tombe un microfilm. Elle le ramasse et l'empoche, ainsi que son carnet de notes. Elle remet la main au coffre-fort qui contient une bonne vingtaine de sachets de congélation, chacun avec une main dedans, ainsi que plusieurs dizaines liasses de billets de banque appartenant à Haskell Price. Elle sort et va s'acheter une dose pour se mettre la tête à l'envers.

En entamant ce comics, le lecteur sait à la fois très bien ce qui l'attend, et à la fois va de surprise en surprise. La quatrième de couverture annonce un thriller sur le toit du monde. Effectivement Jensen et Price se retrouvent à réaliser l'escalade de l'Everest à la recherche du cadavre d'un individu ayant encore des secrets sur lui, poursuivis par des individus prêts à tout pour les récupérer. Il plonge donc dans une traque sur fond d'espionnage. Zan Jensen est tombée par hasard sur des microfilms convoités par une agence secrète de renseignement, avec des agents prêts à tout pour arriver à leur fin. Après un dangereux jeu de chat et de souris d'abord à Katmandou, puis à Namche Bazar, l'ascension commence. Les agents spéciaux ont avec eux Haskell Price qu'ils utilisent comme guide ; Zan Jensen est à leur poursuite avec Dorje un guide local. Effectivement, il est question de matériel pour grimper, en particulier les bouteilles d'oxygène, mais ce n'est une bande dessinée de Jean-Marc Rochette, spécialisé dans l'alpinisme. Il s'agit essentiellement d'un décor pour l'intrigue. Ibrahim Moustafa réalise des dessins dans un registre descriptif et réaliste, focalisés sur la narration comme une sorte de reportage. Par endroits, le lecteur détecte des contours de forme un peu secs, un peu abrasifs, rendant bien compte de la dureté du climat, des relations sociales, de l'état d'esprit un plombé des personnages. L'artiste prend soin de représenter les décors avec un bon niveau de détail : le lecteur éprouve la sensation que Moustafa a fait les recherches nécessaires pour coller à la réalité. Il ne décalque pas des photographies piochées sur la toile, mais il en nourrit ses dessins pour reproduire avec fidélité cette région du monde, en particulier un quartier populeux de Katmandou, la ville de Namche Bazar, la dernière ville que traversent les grimpeurs avant de s'attaquer à l'Everest, dite aussi la capitale des sherpas. de même, il est évident qu'il a fait des recherches sur le matériel utilisé par les alpinistes grimpant l'Everest.

De ce point de vue, le récit est tel que ce à quoi s'attend le lecteur : une ascension de l'Everest par des individus prêts à s'écharper. Il ne se doute pas qu'il va suivre des personnages abîmés par la vie, de vrais personnages de polar. Il découvre petit à petit que Zan Jensen a choisi de vivre loin de son pays d'origine pour échapper aux conséquences de ses exactions lors d'épreuves olympiques. Elle porte sur ses épaules un dégoût d'elle-même qui la pousse à l'usage régulier de produits psychotropes. Les dessins permettent de voir une jeune femme bien de sa personne qui a choisi de ne plus se mettre en valeur, de s'abrutir jour après jour pour vivre avec ses contradictions, pour ne pas avoir à réfléchir. L'artiste utilise un jeu d'acteurs naturaliste, sans exagération des poses ou des mouvements. Sa représentation des visages oscille entre une apparence réaliste, et parfois une simplification presque comique. le lecteur peut interpréter ces variations comme un manque de rigueur dans les dessins, ou comme des fluctuations liées à l'état d'esprit des personnages, à leur ressenti intérieur. Ces variations ne sont pas assez intenses pour briser la sensation d'immersion dans l'histoire. Elles sont parfois déconcertantes : par exemple pendant les souvenirs de Sullivan Mars, le lecteur éprouve parfois la sensation que la narration passe en mode James Bond, avec des actions spectaculaires.

Dès les premières pages, le lecteur est également frappé par la densité de la narration, aussi bien le texte que les cases. Au fil de ces presque 200 pages, il a accès aux pensées de Zan Jensen de manière quasi continue, ainsi qu'aux notes de Sullivan Mars dans son petit carnet. Les dialogues s'avèrent également assez consistants, sans être bavards ou artificiels. Très rapidement, le lecteur se retrouve dans la tête de Zan Jensen. Christopher Sebela trouve un juste milieu entre des pensées explicatives, et des expressions de sensation. Zan expose parfois les faits pour se les remémorer, parfois son jugement de valeur ou son ressenti par rapport à un individu ou à un événement. Cela ne va jamais jusqu'à un exposé sur plusieurs cases, ou aux troubles de la perception causés par la prise de psychotrope. Il bénéficie du même accès aux états d'esprit de Sullivan Mars ainsi qu'à ses souvenirs et ses sensations. Bien sûr, il peut jouer à faire le parallèle entre le ressenti de ces 2 personnages principaux, mais le scénariste utilise ce dispositif avec parcimonie, sans donner l'impression d'un destin commun. Avec Zan, le lecteur ressent le dégoût de soi-même, une forme de volonté de rester hébétée pour expier ses fautes passées, pour ne pas supporter l'envie d'autre chose. Avec Sullivan Mars, le ressenti est très différent car il découle directement de sa fonction de tueur au sein d'une organisation gouvernementale. Dans les 2 cas, il comprend en quoi l'ascension de l'Everest revêt une signification symbolique, devient une épreuve révélatrice.

Rapidement, le lecteur prend également conscience de la densité de la narration visuelle. Il n'y a pas de redondance entre les dessins et les mots. Ibrahim Moustafa embarque son lecteur dans un reportage au plus près des personnages sans les transformer en objet. le lecteur éprouve la sensation de se tenir au même endroit qu'eux : pente enneigée avec une faible teneur en oxygène, bureau dans un immeuble bon marché, rue livrée à une circulation peu canalisée, petite ville de Namche Bazar isolée sur un flanc de montagne, petit aéroport, tente minuscule, étendue enneigée, rochers affleurant sous la neige. Même si l'encrage de certains dessins peut sembler un peu inélégant, la narration visuelle est très concrète, avec de nombreux détails réalistes, plaçant le lecteur dans le quotidien du personnage considéré, avec un niveau de détails important.

A priori, le lecteur se dit qu'il va découvrir un récit entre polar et thriller, valant surtout pour l'originalité du lieu, mais vraisemblablement assez superficiel. Il se rend vite compte que les pensées de Zan Jensen sont plutôt naturelles et qu'il éprouve vite la sensation de bien la connaître. Il découvre que le principe de l'enquête repose sur une activité originale dans un site éminemment touristique de très haute montagne et très plausible, et que l'artiste sait bien transcrire la sensation de cette nature peu accueillante et renvoyant un terrible sentiment d'isolement et de solitude. Il ressent qu'il ne s'agit pas d'un polar au sens de révélateur d'un environnement, mais plus d'un polar psychologique avec des individus marqués par des coups durs, ayant adopté des stratégies de vie pour supporter les séquelles, sans espoir de guérison. Il s'immerge dans la narration dense, ressentant les efforts de la grimpe, même si les auteurs ne se focalisent pas sur la dimension technique. Il ressent le poids des morts, les modes de vie en marge, le mal être, la nécessité de se confronter à quelque chose plus grand que soi. Un très bon polar psychologique.
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