Last Exit to Brooklyn

Harry se laissa tomber à table et essaya de ne pas faire attention à sa femme tandis qu’elle servait le dîner et lui posait des questions pour savoir comment se passait la grève et combien de temps elle allait durer… Elle mit la nourriture dans les assiettes, s’assit et se mit à manger en continuant à poser des questions, Harry marmonnant des réponses. Il jetait un regard à sa femme de temps en temps et aussitôt son corps commençait à se crisper jusqu’à devenir comme un nœud gigantesque. Il avait envie de lui taper sur la figure.

Harry s’assit au bord du lit un instant, mais c’était inévitable : il allait falloir qu’il s’étende auprès d’elle. Il posa sa tête sur l’oreiller puis souleva ses jambes pour les poser sur le lit, Mary tenant les couvertures soulevées pour qu’il puisse se glisser dans le lit. Elle remonta les couvertures sur lui puis se tourna sur le côté face à lui. Harry se tourna sur le côté, mais en lui tournant le dos. Mary se mit à lui frotter le cou, les épaules puis le dos. Harry aurait voulu qu’elle s’endorme et lui foute la paix. Il sentit sa main qui descendait plus bas dans son dos, espérant que rien ne se passerait ; espérant qu’il s’endormirait (il avait pensé qu’une fois marié il s’habituerait) ; il aurait voulu se retourner et la gifler et lui dire d’arrêter –bon dieu, combien de fois il avait eu envie de lui écraser la gueule.

Harry went to Marys every weekend and, after the first few weeks, during the week occasionally. The first time he went there after meeting Alberta she introduced him to some of her friends and during the months that followed Harry met some lovely young boys at Marys and the parties he went to with them. When he went to Marys he no longer slid to a place at the bar near the door, but walked around looking to see who was there, nodding and sitting at tables, wondering who was standing envying him as he put his arm around a young shoulder. Most of the fairies he met liked him – he was a good fuck and he spent money – but didnt like to be with him too long too often. It wasnt just his talking about the strike that caused them to shy away, though he was a boor, but a strangeness and a feeling of uncertainty that eventually made them uncomfortable. They had all seen, kissed, sucked and fucked freaks of all varieties from men who had spent most of their lives in prisons and could be satisfied only by a boy, men who were capable of cutting a throat not only without feeling, but without reason, to men who locked themselves in the bathroom when their wives went out and dressed in their wives clothes, occasionally going to a place like Marys when they had a night out. But these men were completely obvious to the fairies and they knew just how far they could go in any direction with them. Harry was different, or at least they felt he was. There was some little something that they couldnt sense, that they were uncertain about, that eventually made them nervous. It might simply be that Harry would like to dress up as a woman and go to a drag ball, or parade down Broadway; or perhaps some day he would flip and kill one of them. They didnt know.

TROISIÈME PARTIE : TROIS AVEC BÉBÉ (9 pages, début)

« Tu verras s’accroître ta postérité.
Et tes descendants se multiplier comme l’herbe des champs. »
Job 5:25
Noces et dingue de moto
Le bébé fut baptisé quatre heures après le mariage. Et alors qu’est-ce ça fout, ils se sont mariés avant. Mais alors j’peux te dire qu’on s’est marré ! Et si t’avais vu Spook sur sa foutue moto. Tommy avait une Indian 76. C’est le type qui s’est marié. Il avait cette 76, tu vois un de ces engins. Pas un de ceux avec un seul cylindre. Pas un des gars n’en voudrait de celle-là. Elles roulent pas mal et tout, mais elles sont trop petites. On veut quelque chose qu’on puisse bricoler. Tu comprends qu’on puisse arranger à son goût - des fanions, des trucs et une chiée selle avec plein de chrome. Avec ça, tu parles, les filles s’amènent à la pelle. C’est vraiment au poil.

DEUXIÈME PARTIE : LA REINE EST MORTE (59 pages)

« Ainsi Dieu créa l’homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu. Il créa un homme et une femme. » Genèse 1:27

Bonheur
Et Goldie était assise à côté de Malfie et elle lui demanda s'il s'amusait, et il dit ouais, j'me marre vraiment ; et Goldie volait sur un doux nuage mauve, se sentant belle et pimpante : un beau gars à ses côtés ; de merveilleuses amies ; et un magnifique filon d'approvisionnement en benzédrine au drugstore du coin, où elle pouvait s'en procurer une douzaine de boîtes de 10 tablettes pour 50 cents. Oh, c'est tout simplement divin. Je parle de la lumière des bougies et tout... ça me fait penser à Genet. Genet ? Je ne vois pas bien comment ceci te fait penser à elle. Qui c'est cette jenai ? Un écrivain français Vinnie. Je ne pense pas que tu connaisses - je ne vois vraiment pas comment cette ambiance peut te faire penser à Genet. (Georgette regarda Lee qui parlait puis elle jeta un regard sur Vinnie et soupira. Vinnie ne voudra plus rien avoir à faire avec elle après cette remarque.) Tu comprends, elle est si belle. Mais c'est exactement ce que je veux dire ma chère. Elle crée tant de beauté à partir de la noirceur et de la torture de nos âmes.

Un style indéniable au profit d'un livre coup de poing sur une classe sociale de la population américaine. A découvrir.

« … Que dire des hommes, habitant des cabanes d’argile, bâties sur la poussière, qu’on écrase comme des vermisseaux !
Du matin au soir, ils sont détruits.
Sans qu’on y prenne garde ils périssent pour toujours.
Le fil de leur vie est rompu ; ils meurent avant d’avoir acquis la sagesse. »

Job, 4, 19-21