Deux des pires intellectuels confinés, exilés aux extrémités de l'Amérique du Sud s'écrivent afin de combler les chaînons manquants dans les tribulations des frères Grim, des chanteurs populaires médiocres. Cette correspondance entre Castellanos et Ramiro n'est permis que grâce au concours d'un mendiant et d'un facteur zélé. Chaque découverte sur les frères Grim, aussi loufoque qu'anodine (ou même grossière), fait l'objet de théories abracadabrantes. Et ces érudits se prennent très au sérieux! Ils se lancent des fleurs à outrance et mentionnent régulièrement leurs ouvrages aux sujets toujours plus étranges et insignifiants dont on retrouve la référence en bas de page. Ainsi, ce récit hilarant est construit sur trois niveaux : les fragments de l'histoire des frères Grim, les péripéties des porteurs de missives et les pensées absurdement sérieuses couchées sur papiers des deux intellectuels. Ce roman au vocabulaire exagérément recherché et désopilant et aux tribulations incroyables des protagonistes se veut une caricature de l'élite intellectuelle et politique du continent. Vraiment trop marrant! J'ai ri du début à la fin. Aussi, je me suis amusé en lisant le petit glossaire, on y trouve des définitions originales à plusieurs termes sud-américains. Enfin, de l'humour intelligent!
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C'est une libraire uruguayenne qui m'a chaudement recommandé ce livre. Je la bénis ici car j'ai pu rire à gorge déployée avec ce pastiche déjanté. C'est le résultat de la collaboration de Sepúlveda avec l'uruguayen Delgado.
C'est un livre écrit sous forme épistolaire où les deux compères agrégés se donnent à coeur joie et avec truculence (et en se faisant la concurrence) . Ils échangent sans arrêt sur deux poètes et troubadours jumeaux uruguayens.
Ceci est prétexte pour se moquer de tout, absolument de tout : de la politique, des "people", des chiliens, de la vieille Europe, etc
Une vaste rigolade. J'ai adoré.
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Depuis l’époque de la dictature militaire, je suis l’ennemi mortel du facteur qui, honte à la démocratie dont nous jouissons à présent, n’a pas encore été démis de ses responsabilités postales. Il s’agit d’un pervers fasciste qui prétend punir ma liberté de penser en jetant systématiquement ma correspondance à la décharge municipale, m’obligeant à demeurer ignominieusement isolé du reste du reste du monde.
Cet amour, ce noble sentiment qui honore la mémoire du vieil estanciero, vient confirmer la similitude des destins continentaux, ou pour être plus précis, l’enchevêtrement des faits et des événements qui font de notre histoire une sorte de galimatias labyrinthique où la ruse de Thésée, c’est-à-dire le fait d’utiliser une pelote de laine pour retrouver son chemin, ne servirait à rien car il est probable que le Minotaure s’en serait servi pour se tisser un poncho ou de jolies pantoufles à pompons
Et ce qui me réjouit par-dessus tout, au-delà des petits désagréments domestiques, c’est que ces magnifiques oiseaux, reproducteurs émérites, soient aussi un pont pour l’amitié et la tendresse, pour la bonne entente entre deux ambassadeurs des sciences et des arts, deux virtuoses de l’algèbre et de la philosophie, deux cultivateurs silencieux de la théologie et des lettres.
il n’y a rien de pire pour des artistes itinérants que d’arriver quelque part et de se rendre compte qu’il ne se trouve même pas une douzaine de personnes pour d’abord acheter un billet et ensuite applaudir, uniquement parce qu’un psychopathe doué en musique les a exterminés dans un accès de rancœur aveugle.
notre intérêt pour l’anthropologie musicale et l’histoire des jumeaux Grim est le fruit, plus que d’un choix conscient, du besoin impérieux d’obtenir des réponses certaines aux exigences de nos tempéraments.
Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler