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EAN : 9791030704105
352 pages
Au Diable Vauvert (11/03/2021)
3.83/5   18 notes
Résumé :
Deux époques.
Deux couples.
Deux voix. Non, plusieurs voix qui traversent le temps pour raconter une vie, deux vies, leurs vies.
À travers une histoire, tour à tour inscrite dans le passé et le présent, aussi parsemée de violence ordinaire que de passion rebelle, le murmure Pourvu qu’il soit de bonne humeur d’abord inaudible, se renforce, devient mantra et arrache sa propre bulle de liberté, inestimable hier comme aujourd’hui.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Pourvu qu'il soit de bonne humeur est un livre qui interpelle et ne peut laisser impassible tant les violences conjugales exprimées dans ce roman sont terribles et inadmissibles, mais il est également une ode brillante à la liberté.
Ce premier roman de Loubna Serraj, inspiré d'une histoire réelle tour à tour inscrite dans le passé et dans le présent, dénonce une société encore aveugle aux violences conjugales.
En inscrivant cette histoire en terre africaine, au Maroc, l'écrivaine s'adresse bien sûr à sa société mais également à tous les autres pays. Elle dénonce avec force et beaucoup de sensibilité les violences faites aux femmes. Et il suffit de suivre l'actualité pour savoir que même en France, où nous pourrions penser que de telles pratiques ne sont plus pensables, des femmes souffrent et meurent encore sous les coups de leurs conjoints.
Nous suivons donc deux femmes Maya et Lilya.
Maya, est une jeune fille avide de savoir mais qui a du arrêter ses études depuis un an car elle est née femme, donc destinée à être épouse puis mère, comme le voulait la tradition. Ce sont les moments précieux passés avec son frère Marwan, la personne la plus proche d'elle, où ils discutent et commentent ensemble l'actualité qui parvient à lui faire oublier sa tristesse.
Le jour anniversaire de ses quinze ans, en 1939, son monde bascule quand sa mère lui annonce qu'elle se mariera dans une douzaine de jours.
Mariée à Hicham qu'elle ne connaît pas, celui-ci la violera trois fois durant sa nuit de noces. Maya endurera une vie faite de coups et de violences inouïes.
Malgré des souffrances horribles, dans un monde où la liberté est inenvisageable, Maya saura faire acte de rébellion en construisant sa propre bulle de liberté, notamment par les livres et les fleurs, son véritable jardin secret. Elle réussira, de plus, à l'insu évidemment de son mari, à s'engager avec son frère, pour l'Indépendance du Maroc qui aura lieu enfin, en 1956.

Quatre-vingts ans plus tard, en octobre 2019, Lilya, une jeune femme journaliste, se réveille après une nuit très particulière , atteinte de troubles de la santé assez étranges. « J'étais loin de me douter que cette nuit d'octobre allait marquer le début d'un long voyage dans une histoire que je ne connaissais pas, que je ne soupçonnais même pas. »
Elle va finir par comprendre que ses malaises et ses visions sont une réminiscence des faits vécus par celle qui n'est autre que sa grand-mère paternelle, qu'elle n'a jamais connue. L'auteure par la voix de Lilya pose ces questions « Personne n'a bougé le petit doigt...Comment est-ce possible ? Comment leur conscience Leur a-t-elle permis de fermer les yeux sur ce que l'une des leurs endurait ? Comment toute cette communauté qui se dit famille unie, comprenant des personnes lettrées et instruites a pu faire la sourde oreille et tolérer cette horreur ? » Elle rappelle un peu plus loin que le viol conjugal n'est toujours pas reconnu au Maroc et que le système est pernicieux qui érige la victime en responsable de la violence.
La peur s'est donc insinuée dans les couloirs du temps pour faire passer un message, et c'est la transmission générationnelle du traumatisme qui est ici décrite par l'auteure.
Si les violences conjugales sont la toile de fond de ce roman, outre les thèmes déjà cités, c'est également l'absence d'instinct de maternité que Loubna Serraj n'hésite pas à aborder.
Néanmoins, c'est cette quête de liberté, ce désir absolu de liberté qui relie ces deux femmes.
En lisant ce roman, je n'ai pu m'empêcher de penser à celui de Djaïli Amadou Amal, Les impatientes, Prix Orange du livre en Afrique 2019, dont le mariage forcé, le viol conjugal sont également les thèmes, non pas au Maroc mais au Sahel, et de faire le rapprochement entre « Patience, mes filles ! Munyal ! » et « Pourvu qu'il soit de bonne humeur ».
Lauréat 2021 du Prix Orange du livre en Afrique, Pourvu qu ‘il soit de bonne humeur mérite amplement cette distinction.
Je ne peux que noter qu'à chaque fois ce Prix Orange du livre en Afrique qui distingue des bouquins, véritables voyages en terre africaine, révèle de grands talents.
J'avais également été enthousiasmée à la lecture de L'écume du temps, d'Ibrahima HANE, qui faisait partie des livres sélectionnés.
Pour m'avoir permis de découvrir ce livre dont l'écriture est d'une telle force et d'une telle intensité, je remercie chaleureusement Dominique Sudre en partenariat avec lecteurs.com et vous invite à le lire sans tarder !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Des maladresses, beaucoup, dans ce premier roman, une couverture peu attractive et en même temps, des perles dans cette vase noire pour qui cherche

Le sujet est intense: celui de la violence faite aux femmes, et plus précisément de la violence conjugale. Celle des années 40 - au Maroc et celle qui existe encore en 2020 au Maroc et ailleurs.

J'écarterai le Maroc pour revenir sur les fondamentaux qui font de ce livre maladroit un roman attachant et surprenant par moments.

Il aborde plusieurs voies, plusieurs voix, beaucoup de questions, certaines resteront sans réponse. Il prône la liberté --- ?! je m'interroge encore...

$*$ Maya 1924 - 1969
Son dossier médical 1939 à 1969 résumé:
blessures et déchirures vaginales, traumatismes thoraciques, fractures du bras, droit, gauche, par torsions, fracture du fémur, lésion arcade sourcilière, fractures des côtes, décollements placentaires, hématomes périorbitaires, traces de strangulation, fractures du nez, du poignet, contusions plaies jambes & bras, traumatisme crânien, lésion du foie, rupture de la rate, fausses couches, etc, en boucle !

Maya femme battue, femme mariée d'office à 15 ans, femme violée, violentée toute sa vie qui a su rester libre, libre dans son esprit, libre dans ses pensées, libre parfois dans ses actes: - sa participation même mineure à la résistance contre la colonisation française en est un exemple, - sa 'victoire' pour se faire ligaturer les trompes sans le consentement de son mari en est un autre, - sa passion pour la littérature, la politique, les faits de société l'exprime également.

$*$ Lilya, 2019-2020 à l'essence moins prégnante que Maya et pourtant, la peur en commun, pas la même, une autre, aussi réductrice, peut-être plus.

Lilya dans le Maroc d'aujourd'hui est une jeune femme indépendante, journaliste, éduquée, jouissant d'une liberté d'actes, de choix de vie et d'amour(s) qui s'est comme emprisonnée, privée elle-même de liberté par sa peur d'être enchaînée à l'autre (à un homme). En raccourci, elle s'est fait peur à elle-même de peur de ---

2 femmes, 2 destins, une parenté.
Deux voix qui se rejoignent dans la peur pour tenter via l'auteure de nous montrer aussi que la violence faite aux femmes ne réduit pas celles-ci au seul statut de victimes, que ces femmes existent également autrement, qu'elles ont une autre dimension tout comme leurs agresseurs, leurs maris, leurs bourreaux sans les excuser ni leur pardonner.

Pas simple à comprendre, pas facile à faire passer comme message mais important d'y réfléchir.

Voilà pourquoi ce livre a retenu mon attention du début jusqu'à la fin malgré ses maladresses, ses clichés, certains faux pas comme celui de parler de Bertrand Cantat au détour d'une chanson, expliquant que Marie était violente elle aussi... question toujours en suspens --- la violence excuse-t-elle la violence, la violence mère de la violence, génétique, éducationnelle et le silence autour, complice souvent intra-muros ?

En résumé, un premier roman maladroit qui vaut sa lecture pour les questions qu'il nous pose et aussi pour quelques beaux passages d'écriture.

Le roman commence par 'Pourvu qu'il soit de bonne humeur'
et se termine par 'Pourvu qu'elle soit de bonne humeur'
- j'aurais pu vous laisser là sans explications car quelque part, c'est exactement ce à quoi l'auteure nous pousse, en essayant de nous faire réfléchir par nous-mêmes tout du long sans pardonner ni excuser quoi que ce soit. En nous parlant de liberté, de choix, de non-choix, de prison volontaire, de prison choisie consciemment ou pas, de prison imposée, subie - et comme je vous l'écris à l'instant, cela ne veut pas dire grand chose sans que vous le lisiez et que vous y réfléchissiez par vous-même.

Il serait temps, il est temps, plus que temps. Il est trop tard déjà ?
[Extrait Spoil : en même temps, la fin est dessinée dès le départ, donc pas vraiment ]

Maya. Tu m'entends ? N'est-ce pas ? Pardonne-moi. Dis quelque chose. N'importe quoi? Juste un signe que tu me pardonnes. Oh mon Dieu !
---
Maya ?
Les bip-bip s'accélèrent. On dirait qu'ils sont dans une sorte de course folle vers quelque chose qui leur tient à coeur.
Ils galopent comme des chevaux sauvages sur un plage.
Ils courent frénétiquement n'écoutant que leur instinct et leur envie.
Ils sont libres. Tellement libres. Si libres que rien ne peut les retenir ici-bas.

- Maya. Reste avec moi. S'il te plaît, ne m'abandonne pas.
- ...
Pardonne-moi. Tout ce que tu veux, Maya, mais ne me quitte pas.
-------
Les chevaux sont libres. L'un a une belle couleur blanche, immaculée, qui scintille sous la lueur lunaire.
Le deuxième est d'un noir de jais; ses yeux sont rieurs.
Et le troisième a une robe alezane qui aspire la chaleur du sable.
La mer derrière eux est majestueuse, apaisante et immense.
Elle a une couleur qu'on a du mal à définir, teintée de l'éclat du reflet d'une pleine lune sur sa surface si paisible. Un oiseau volant haut dans le ciel, que je devine, plus que je ne vois, accompagne leur frénétique ballet, habilement exécuté et, en même temps, si spontanément animé.

La voix de Hicham me paraît lointaine, on dirait qu'il hoquette maintenant. Sa main serre la mienne très fort.
- Maya, je t'en prie. Je t'en supplie. Pardonne-moi.
- ...
Maya, pardonne-moi, s'il te plaît.
- JAMAIS
C'est le dernier mot qui sort d'un souffle.
Avec mon dernier souffle.
Je pars avec les chevaux.
Je pars avec l'oiseau.
Je pars vers la mer. Mes gouttes de mer.

* Maya, issu d'une racine hébraïque du prénom Mar'yam qui signifierait princesse de la mer ou peut-être goutte de mer.
Comme celle dans laquelle elle a plongé pour la première fois en 1954 à 30 ans.*

- Roman acheté début avril 2021 -
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C'est un roman à l'écriture simple et efficace. L'histoire se déroule sur deux temporalités, celle de Maya, Marocaine, mariée à 15 ans dans les années 50 à un mari violent et qui subira humiliation, maltraitances, coups, blessures, viols conjugaux, fausses couches, fractures, tout ce qu'on peut imaginer de pire jusqu'à une issue plutôt prévisible mais que je vous laisse découvrir par vous-même et, parallèlement, Lilya, sa descendante qui, à travers le temps fait ressurgir le traumatisme de son ancêtre et va lui donner la parole.

C'est un roman qui aborde beaucoup de sujets délicats, des sujets sur lesquels les nuances sont toujours nécessaires, où rien n'est facile.

Ce n'est pas la première fois que j'entends parler des traumatismes qui se transmettent aux générations suivantes, j'avais lu un livre sur la question il y a un an et par expérience personnelle je sais que l'héritage, sans être toujours aussi violent, est bien réel.

Quoi qu'il en soit, Lilya, confronté à l'histoire de sa grand-mère va devoir remettre en question l'histoire de sa famille, les silences autour de Maya, le déni de tous ceux qui l'ont aimé, ses enfants qui refuseront de voir, qui lui reprocheront presque de les avoir mis au monde, de ne pas les avoir assez aimé. Mais comment fait-on pour aimer dans ces conditions ? Aimer le fruits de viols, aimer des enfants qu'on a pas voulu, une vie qu'on n'a pas demandé faites de souffrance ?

Lilya va voir ses propres réticences à l'engagement, sa terreur même de s'enfermer dans une relation de couple à l'aune de son lien avec Maya.

Journaliste de profession elle va pousser le sujet plus loin que le point de vue personnel, va rencontrer des maris violents pour tenter de comprendre et sera obligée, pour respecter ses propres principes de reconnaître que la violence entraîne toujours la violence, que chaque femme victime d'abus est unique, tout comme leurs agresseurs le sont et que derrière chaque agresseur se cache souvent un traumatisme qui n'excuse rien mais qui explique un cycle infernal dans lequel la société, les proches prennent également une part de responsabilité en fermant les yeux.

Ces hommes devraient être punis, puis aidés. Ils ne devraient plus avoir le droit d'approcher une femme, encore moins "la leur" mais devrait bénéficier de soin dans l'espoir d'une réinsertion. Les femmes quant à elles, devraient être plus soutenues, écoutées et protégées. le roman est aussi une opportunité pour l'actrice de rappeler qu'au Maroc le viol conjugal n'est toujours pas reconnu, ce genre d'aberrations se répètent à travers le monde entier. C'est un livre de plus pour me rappeler que la lutte n'est pas fini, que le combat est encore long.

C'est un livre qui traite aussi de la violence comme moyen de domination. Il ne s'agit pas de jalousie, encore moins d'amour, il s'agit de soumettre, de prouver une virilité toxique mais glorifiée de par le monde, de faire de la femme sa chose, l'incubatrice de sa descendance. Rien de plus. Cette violence aussi on la retrouve partout. Schéma classique d'une femme pleine de vie qui insupporte cette virilité toxique et qu'il veut mettre à genoux, éteindre.

Mais il s'agit aussi de montrer la force de ces femmes qui ne sont pas uniquement des victimes à l'image de Maya qui fut aussi résistante pour la liberté du Maroc. Maya qui cachait ses livres, qui s'est créé un oasis dans sa propre maison, qui n'a jamais abdiqué, qui a fermé son esprit, toutes ses pensées à ce mari qui voulait la briser. Elle a tenu bon jusqu'au bout, jouant le rôle que la société lui demandait de jouer mais n'offrant rien de sa liberté intérieure.

C'est un livre puissant par son message, violent et triste à la fois. J'ai versé une (ou peut-être deux ou trois) larmes à la fin. Ça a beau être fictif, je pleure pour toutes les vies qui ont réellement été gâchées, qui le sont encore aujourd'hui au nom d'une société patriarcale obsolète qui n'aurait même jamais dû exister. Je pleure pour toutes les femmes qui souffrent et pour tous les hommes aussi.

C'est un livre qui se dévore et qui pousse un peu plus à la recherche d'une liberté collective et individuelle, d'une égalité des sexes et des genres partout dans le monde.
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Maya, 15 ans, belle, jeune, mais pas libre. Depuis quelques mois déjà ses parents ont décidé qu'elle ne pouvait plus aller au collège. Une jeune femme n'a pas besoin de trop apprendre puisque son avenir est d'être marié, savoir être épouse et mère cela suffit bien. Pourtant chaque jour ou presque, de longues discussions avec Marwan, son frère, lui permettent de continuer à apprendre et à débattre sur l'actualité, la géopolitique mondiale, le monde qui l'entoure dans le Maroc des années 40. Jusqu'au jour maudit où on lui annonce qu'elle doit épouser Hicham.

Il est beau ce jeune homme qu'elle découvre le jour du mariage, et la jeune femme est prête à l'aimer et à se soumettre. Mais c'est sans compter sur la violence qui se déchaîne dès la nuit de noce. Violée à plusieurs reprises, frappée, Maya ne sait pas que sa vie vient de basculer dans l'horreur, le silence, la douleur. Celui qui n'a connu que la violence de son propre père répète le schéma à l'envie, pour le plus grand malheur de son épouse.

Si la famille, la mère, les soeurs, ont compris le martyr que vit Maya, aucune voix ne vient s'élever pour faire cesser la violence meurtrière. Seul son dossier médical à l'hôpital témoigne des multiples fractures, viols, souffrances, maltraitances qu'elle a dû subir en silence pendant autant d'années.

Pourtant Maya la soumise, Maya puits de douleur est une femme libre dans sa tête, indomptable et indomptée par celui qui rêvait de la soumettre. Les discussions avec son frère, sa participation à la révolte marocaine face à l'occupant, ses lectures, ses fleurs et ses rêves sont les témoins les plus évidents de cette liberté si chèrement acquise.

Dans le Maroc d'aujourd'hui, Lilya vit une relation heureuse avec son amoureux. Mais elle ne souhaite absolument pas s'engager à ses côtés, car jamais elle n'acceptera de se soumettre au bon vouloir d'un époux. Dans son corps, elle ressent des douleurs et entend des questionnements qui l'interpellent sur sa filiation, qui est elle et d'où vient-elle ? Et si l'âme de Maya, sa grand-mère, était venue la tourmenter pour demander réparation de ses souffrances. Et si Lilya ne s'autorisait tout simplement pas à vivre libre ? Pour le savoir, elle part à la recherche de cette aïeule, soulève le voile du silence et révèle peu à peu la vie de Maya et ses propres contradictions.

De nombreux sujets forts sont abordés dans ce roman. La violence faite aux femmes, que ce soit au Maroc ou ailleurs, le mariage forcé, l'éducation des filles qui n'est pas toujours une évidence. Mais aussi les transmissions transgénérationnelles. La psycho généalogie explique parfois les traumatismes dans des familles où les secrets traversent les générations sans être révélés à ceux chez qui les dégâts sont les plus importants.

chronique complète à lire sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/09/09/pourvu-quil-soit-de-bonne-humeur-loubna-serraj/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Loubna Serraj a expliqué que l'idée du roman lui est venue du fait de la nécessité de l'écrire et le dédier à la personne qui l'a inspiré du personnage de Maya qu'elle a connue et également d'un questionnement sur la liberté individuelle de la femme dans le contexte du Maroc des années 40 et du Maroc d'aujourd'hui. Et c'est d'ailleurs ce qu'on décèle à la lecture du roman : la trame de l'histoire c'est la quête/besoin/soif de la liberté
Le roman avance en 2 cadences, 2 temporalités et 2 voix : celle de maya et celle de lilya :
- Maya, femme du Maroc colonisé des années 40 où les espaces privés sont très cloisonnés et où la femme est brutalisée et qui n'a eu comme choix de liberté que celui de lire, de rêver et de penser et de ne pas s'identifier comme une victime.
- Lilya, femme du Maroc d'aujourd'hui (où la société a évolué, où les femmes travaillent et ont une certaine liberté modérée) qui, au risque de perdre sa liberté, a peur de s'engager dans une relation formelle de couple)
C'est un roman attrayant qui évoque également plusieurs autres sujets tel que la violence conjugale où les victimes sont contraintes au silence et à l'isolement et subissent une violence physique, psychologique, et sexuelle dans l'indifférence totale et où La famille/l'entourage la considère comme un problème privé et personne ne s'emmêle), le rapport à la maternité quand la mère ayant subi de terrible violence n'arrive pas à aimer ses enfants.
C'est un premier roman de Loubna Serraj que je vous recommande vivement !!
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Habitant la médina de Fès, que leur importe-t-il si l’Europe est à feu et à sang ou pas ? Hormis le fait que la France se soit érigée en colonisateur, ou « protecteur », comme le voulait le terme admis politiquement, de leur pays, pourquoi s’efforcent-ils d’écouter les informations françaises à heure fixe, tous les jours ?
Tout simplement parce que Maya et Marwan partagent ce besoin de savoir ce qui se passe au Maroc mais aussi ailleurs. Cet « ailleurs » qu’ils savent, qu’ils sentent, extrêmement imbriqué dans leur « ici ». Aujourd’hui, « ailleurs » prend le visage de l’Allemagne d’Adolf Hitler qui envahit la Pologne en ce mois de septembre 1939.
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Je sens une frénésie en moi, une soif de liberté et, du haut de mes trente ans, je sais que l’étancher, c’est aussi étancher ma propre soif. Celle qui fait qu’aussi insignifiant soit mon rôle dans la chaîne de la Résistance, j’ai la satisfaction d’y participer.
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Je vis ces livres comme on pourrait vivre plusieurs vies ; d’autres vies qui ne sont pas la mienne.
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Même quand les sentiments d'amour étaient là, il y avait toujours quelque chose en moi qui semblait inadapté ; trop indépendante, trop absente, trop libre, trop carriériste, trop directe, trop révoltée...
J'en ai conclu que ce "trop" me collait à la peau. Dès qu'on me parlait de vie à deux, de schéma conjugal, je trouvais une raison, convaincante ou pas, pour prendre la poudre d'escampette. Si j'acceptais, je devrais changer, me couper les ailes. Trop assoiffée de liberté, je liais vie à deux et enfermement, mariage et mort.
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Cette femme m'a troublé, m'a perturbé, est entrée dans ma tête et s'est installée pour ne plus en ressortir. De toute façon, je n'ai jamais voulu qu'elle en sorte.
Le temps et la distance n'y font rien. Les vibrations sont toujours là à chaque fois que mon esprit rêvasse un peu et que je me laisse aller à ramener ce souvenir si doux et si enflammé en même temps.
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Video de Loubna Serraj (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Loubna Serraj
Rencontre littéraire avec Loubna Serraj autour de son roman « Pourvu qu’il soit de bonne humeur » à L'Institut Français de Casablance, 26/11/2020,
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