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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une de mes pièces préférées de Shakespeare sur l'amour, les conventions et les faux-semblants.

Cette histoire d'amour est bien moins connue que Roméo et Juliette, pourtant elle est , à mon sens, bien plus raffinée. C'est une pièce pleine de douceur et bien travaillée dans laquelle Shakespeare nous parle d'amour fraternel et d'amour romantique. J'aime aussi particulièrement le thème du déguisement qui permet aux personnages d'être dans la peau d'un autre. Et tout en étant dissimulés dernière une apparence qui n'est pas la leur, ils peuvent se dévoiler librement.

Là, on peut apprécier tout l'art et la beauté de l'oeuvre de Shakespeare !
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Pièce qui n'a pas été publiée du vivant de l'auteur, mais uniquement en 1623 dans le Folio. Elle semble avoir été écrite en 1600-1601 ; son titre semble indiquer qu'elle a été créée le 6 janvier, le jour de l'Epiphanie, en 1601, même si aucune source sûre ne confirme ce fait. Le texte publié est un texte de scène, les spécialiste le jugent de bonne qualité.

Comme souvent dans le théâtre de l'époque, la source principale de la pièce de Shakespeare, est une, ou plutôt des pièces italiennes. Une comédie de nom d'Inganni a été jouée à Sienne en 1531, on ne connaît pas son auteur, mais la trame en a été reprise par Nicolo Secchi, puis par Curzio Gonzaga. Elle a connue diverses adaptations, latines, françaises, espagnoles...L'histoire de deux jumeaux de sexe opposé, séparés, déguisés, qui vivent des amours compliqués, dans lesquelles le changement apparent de sexe joue un rôle, troublant les corps et les âmes, a connu un beau succès. De toutes les façons, le XVIe et le XVIIe siècle étaient très amateurs de travestissements, et les filles déguisées en garçons comme les garçons déguisés en fille ont fait les beaux jours de la littérature de l'époque. On peut citer l'Astrée, le fameux roman d'Honoré d'Urfé dont la publication commence en 1607, dans lequel le personnage principal passe la plus grande partie du roman déguisé en fille auprès de celle qu'il aime, et qui sans le reconnaître, est troublée par sa présence. Shakespeare reprend donc une trame souvent utilisée.

Viola vient d'être sauvée d'une tempête dans laquelle son frère jumeau, Sébastien semble avoir péri, sur les rivages de l'Illyrie. Par prudence, elle se travestit en garçon, et prend du service auprès du duc des lieux. Elle en tombe amoureuse, mais le duc est épris d'Olivia, une jeune femme qui refuse ses avances, et cela même s'il n'est pas insensible au charme de son nouveau page. Le duc charge Viola, rebaptisée Césario, de fléchir Olivia. Viola approche la belle, qui loin de s'intéresser plus au duc, tombe amoureuse de Césario. Par ailleurs, Olivia héberge un oncle, noceur et plaisantin, qui joue des tours à qui il peut. Il décide ainsi, par l'entremise de Maria la suivante d'Olivia, de ridiculiser Malvolio, son intendant puritain. Mais Sébastien, le jumeau de Viola, n'est pas mort. Il arrive en ville, où il est pris pour Viola-Césario. En particulier par Olivia, qu'il épouse. Le duc, apprenant le mariage de son serviteur, est prêt à l'exécuter. Mais l'arrivée de Sébastien éclairci la situation : c'est lui qui est devenu le mari d'Olivia. Viola dévoile sa véritable identité, et le duc décide de l'épouser. Le seul mécontent est Malvolio, qui espérait épouser Olivia, et qui a été ridiculisé et maltraité. Le tout sous le regard goguenard du fou d'Olivia, Feste.

La pièce a une double tonalité, amoureuse, tout d'abord. Le duc n'est plus en capacité de gouverner ses états, envahi par une mélancolie amoureuse, dans laquelle il se complaît. Olivia et Viola sont éperdues d'amour, un amour qui ne semble pas possible, du fait du travestissement : le duc ne peut aimer Viola, qu'il pense être un garçon, et Olivia est dupe du déguisement de Viola, qui est en réalité une fille. Tous les amours sont donc sans issue. C'est l'arrivée de Sébastien, le complément mâle de Viola qui dénoue les fils ; le couple des jumeaux, en se reconstituant, en étant de nouveau homme et femme, remet le monde en état de marche et permet à chacun de retrouver un partenaire assorti. Après avoir connu les troubles et les attirances du semblable, chaque protagoniste rejoint l'autre, le différent, qui le complète. Sans oublier forcément l'attrait du pareil.

Mais la pièce a aussi une tonalité loufoque, carnavalesque ; beaucoup de commentateurs considèrent qu'elle est en lien avec la date supposée de la création, à l'entrée du carnaval. Le moteur en est sir Tobie, l'oncle d'Olivia, accompagné de son satellite, Sir Aguecheek. Festen, le fou, joue aussi son rôle, ainsi que Maria. Malvolio, est un participant involontaire, mais le personnage est comique malgré lui, et devient la victime désignée des autres. Comme dans le carnaval et ses débordements, le rire est proche de la cruauté, voire de la violence. Malvolio en est la victime, mais il n'est pas le seul, la mort peut survenir, par duel ou par exécution. Nous ne sommes pas loin par certains aspects d'un côté presque rituel, où pour conjurer le sort et s'assurer la prospérité, les débordements d'abord joyeux, vont jusqu'au paroxysme, et demandent une victime expiatoire pour s'accomplir.

Une très grande pièce.

Challenge Théâtre 2018-2019
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Sortant du cinéma où j'ai assisté, médusée, à une représentation de la pièce par la troupe de la Comédie Française, où la mise en scène grotesque et la vulgarité obscène des costumes et des jeux d'acteurs, avaient réussi le tour de force de chasser la poésie du texte en occultant la malicieuse ambiguité de l'intrigue, je me suis précipitée sur Wikisource où j'ai retrouvé avec délice la pièce que j'ai relue en tentant d'oublier cette navrante pantalonnade qui me parait davantage destinée à susciter un émoi publicitaire dans le microcosme parisien plutôt qu'à faire connaître au grand public un dramaturge exceptionnel (que je vénère particulièrement , vous l'avez compris !).
Comédie de la dualité et de l'amour interdit, du désir et de la dissimulation, "la nuit des rois" est un délicieux divertissement qui met en scène le Duc Orsino amoureux fou de la belle Olivia qui refuse ses avances.
Quand Viola et son frère Sebastien , font naufrage sur les côtes d'Illyrie et sont séparés lorsqu'ils touchent terre, Viola croit son frère mort et se présentant comme un jeune page, elle entre au service du Duc et tombe aussitôt amoureuse de lui. Mais bien sûr, le Duc ne fait que soupirer pour Olivia et il charge Viola, sous son déguisement d'homme, de se rendre auprès de sa belle et de tenter de la faire changer d'avis.
Mission réussie, si ce n'est qu'Olivia , enfin décidée à renoncer à son farouche célibat, ne choisira pas le Duc Orsino mais le jeune et beau "garçon" envoyé par celui-ci...
L'intrigue fait la part belle au travestissement et à la dualité, fait sourire aux quiproquos qui se multiplient et au fur et à mesure que les fils de l'intrigue s'emmêlent, les personnages évoluent et l'amour finit par triompher.
Les seconds rôles comiques tiennent une place de choix, qu'il s'agisse de Malvolio, l'intendant d'Olivia, dont les aspirations amoureuses feront l'objet d'un jeu cruel, de Sir Andrew qui rêve d'un riche mariage, du bouffon Feste ou encore de Sir Toby, l'oncle trop épris de la dive bouteille....
Même traduite, la langue de Shakespeare reste d'une rare élégance et d'une puissance poétique inégalée. L'expression des sentiments fait l'objet d'une analyse pénétrante et le thème est d'une troublante actualité à une époque où la frontière entre les sexes fait preuve d'une réjouissante porosité permettant à chacun de vivre ses amours en pleine liberté.
La diffusion le soir de la Saint Valentin était un excellent choix mais bien dommage que le spectacle se soit révélé aussi décevant.
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La Nuit des Rois: le titre original est The twelfth night, la douzième nuit après Noël, c'est-à-dire l'Épiphanie.
Comédie, tragédie, cette classification n'a que peu de raison d'être chez Shakespeare qui partout juxtapose les situations prêtant à rire ou à pleurer, à rire aux larmes et à pleurer de joie.
La Nuit des Rois est magnifique, émouvante, explosive. Derrière les masques, les sentiments humains tentent tantôt de disparaître, tantôt de se manifester, belle illustration de nos contradictions.
Avant Descartes et de façon plus magistrale me semble-t-il, Shakespeare nous explique l'humain : amo ergo sum.
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Viola a tout perdu dans un naufrage, et surtout son frère jumeau, Sébastien. Elle trouve refuge dans la maison du Duc Orsino, mais comme elle veut mieux voir à qui elle a affaire avant de faire connaître sa véritable identité, elle se travestit en garçon, Césario, et entre au service du Duc comme page. Elle tombe vite amoureuse de lui, mais lui n'a d'yeux que pour la belle Olivia, qui, à son tour, va s'éprendre du jeune page Césario, à la grande gêne de Viola...

Pour compliquer les choses, voilà que Sir Toby, oncle d'Olivia et logé gracieusement par sa nièce, son compagnon André Grisemine, et la domestique Maria sont fort fâchés contre l'intendant de la maison, le malheureux Malvolio. Ils vont lui faire un tour fort pendable : ils vont lui laisser trouver une lettre, qu'il croira écrite d'Olivia, dans laquelle elle écrit qu'elle l'aime et lui donne toute une série d'instructions : porter des bas jaunes, rudoyer les domestiques, remettre Sir Toby à sa place.... Et le pauvre intendant va foncer tête la première dans cet attrape-nigaud.

De son côté, Sébastien n'est pas mort : il a rejoint la côte aidé d'Antonio, capitaine du bateau qui l'a secouru, et qui rase les murs car le Duc Orsino a mis sa tête à prix.

Prenant décidément goût aux blagues stupides, Sir Toby, quant à lui, aidé de Fabien, décide de faire battre ensemble Césario, le jeune page effarouché du Duc Orsino qui vient conter fleurette à la belle Olivia pour son maître, et André Grisemine, pleutre notoire. le face-à-face tourne bien sûr court, et, une fois rasséréné, Maître André réalise qu'il aurait très facilement le dessus sur le jeune homme et le poursuit... Malheureusement pour lui, ce n'est pas à Viola qu'il va se frotter cette fois, mais à Sébastien, tout fraîchement débarqué, environ trois mois après l'arrivée de sa soeur...

Bref, des quiproquos à la pelle, du comique de situation, et un dénouement heureux, tous les ingrédients sont là pour obtenir une comédie bien réussie.

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Je retrouve notre bon vieux William dans cette pièce que j'ai plusieurs fois hésité à lire. Pourquoi ? Peut-être avais-je des à-priori sur l'aspect "quiproquo" avec tout ce qui va: les concours de circonstances et autres situations qui partiraient dans tous les sens.
ça n'a pas été le cas, loin de là. Plusieurs répliques m'ont faite sourire et on est loin du tragique Hamlet ou des amants de Vérone unis dans la mort. Ici, on n'hésite pas à aborder le thème du travestissement, à l'image du personnage de Viola mais aussi la fratrie, la réconciliation ou encore la joie. La moquerie, interprétée par Malvolio, apporte une certaine impertinence, accompagnée d'une forte audace à l'histoire. Une comédie assez vivace, de Shakespeare qui fait plaisir et qui change un peu du reste, tout simplement.
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Cette pièce est une comédie, drôle, très drôle, tout en restant poétique. Les sentiments amoureux ne semblent pas payer de retour, comme dans une tragédie racinienne (postérieure à l'oeuvre de Shakespeare de plus de 70 ans) : Viola, déguisé en Césario, aime Orsino, qui aime Olivia, qui a juré d'être fidèle au souvenir de son frère mort mais s'éprend de Césario. Là s'arrête la comparaison, car l'issue ne sera pas tragique, en dépit des duels, des emprisonnements, et des menaces bien réelles qui planent sur certaines personnages. Chacun s'unira avec sa bien-aimée, heureux de découvrir que l'objet de son amour appartient bien au sexe opposé.
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Une comédie bien sympathique, amusante et très facile à lire.

Viola aime le Duc, sauf que celui-ci est épris d'Olivia, qui est de glace face à ses avances et qui a de toute façon renoncé formellement aux hommes. Alors Viola se travestit en page, pour se rapprocher de lui... ainsi jouvenceau, à la fois homme par l'apparence mais avec la délicatesse et la justesse dans les paroles d'une femme, elle éveille l'intérêt à la fois du Duc et d'Olivia.
L'histoire se corse encore davantage lorsque son frère jumeau, inconnu de tous sauf elle, arrive par surprise.

Appel de l'esprit ou appel du coeur ? Faut-il suivre son attachement volontaire, les promesses faites, ou se laisser porter par son désir secret ? Chacun se cache sous un jour qui les arrange et/ou qui est révolu, avant d'être démasqué et de montrer leurs vrais désirs.

En intrigues et personnages secondaires nous avons notamment un certain Malvolio, puritain et un peu trop sûr de lui, un Sir Tobie (assisté par d'autres) qui complote une petite vengeance consistant à lui croire qu'Olivia est follement éprise de lui... !
Sans oublier le bouffon qui tient très bien son rôle et nous étonne avec des paroles justes et vraies.

J'ai aimé cette pièce, elle m'a fait sourire, et même rire lors des scènes où Malvolio se fait piéger. On assiste à des quiproquo, des personnages qui n'y comprennent rien, d'autres qui se méprennent, d'autres encore qui savourent avec nous ces situations comiques, de petits moments de poésie et de vérité, les subtiles double sens des phrases de Viola (par ex "sur ma parole, je te l'avouerai, je soupire pour une barbe, quoique je ne désire pas qu'elle me pousse au menton")
Je regrette simplement que l'évolution des sentiments du Duc ne soient pas un peu plus développés, si l'on comprend vite qu'Olivia est attiré par le (faux) page, ce n'est pas vraiment le cas du Duc.

Rappelons qu'à l'époque les personnages féminins étaient joués par des hommes, ainsi l'interprète de Viola était un homme déguisé en jeune femme se déguisant en homme...
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