Ceux qui sont placés haut sont secoués par maints coups de vent, et, s'ils tombent, ils se brisent en pièces.
Donc, voici l’hiver de notre déplaisir
Changé en glorieux été par ce soleil d’York ;
Voici tous les nuages qui pesaient sur notre maison
Ensevelis dans le sein profond de l’Océan !
Now is the winter of our discontent
Made glorious summer by this sun of York;
And all the clouds that lour'd upon our house
In the deep bosom of the ocean buried.
Avorton marqué par le diable ! Pourceau dévorant ! Toi qui fut désigné à ta naissance pour être l'esclave de la nature et le fils de l'enfer ! Calomnie douloureuse de la grossesse de ta mère ! Progéniture abhorrée des reins de ton père ! Guenille de l'honneur ! Toi, exécrable...
(page 25 - Librio 2020)
LA REINE MARGUERITE
— Alors je t’appelais la vaine effigie de ma fortune. — Que te disais-je encore ? Pauvre ombre, reine en peinture, — tu es la représentation de ce que j’ai été, — l’affiche attrayante d’une horrible parade ; — parvenue destinée au précipice, — mère pour rire de deux beaux enfants, — rêve de ce que tu crois être, tu es la bannière trop voyante — qui sert de cible aux coups les plus dangereux ; — tu es une dignité d’enseigne, un souffle, une billevesée ; — tu es une reine de comédie, faite uniquement pour occuper la scène ! — Eh bien, où est ton mari à présent ? où sont tes frères ? — où sont tes deux fils ? Quelles jouissances te reste-t-il ? — Qui donc te sollicite, et s’agenouille, et dit : Vive la reine ? — Où sont les pairs prosternés qui te flattaient ? — où sont les foules pressées qui te suivaient ? — Rappelle-toi tout cela, et vois ce que tu es à présent !… — Tu étais heureuse épouse, tu es la plus désolée des veuves ; — tu étais joyeuse mère, tu en déplores aujourd’hui même le nom ; — tu étais suppliée, tu es suppliante ; — tu étais reine, tu es une misérable couronnée d’ennuis ! — tu me méprisais, maintenant je te méprise ; — tu faisais peur à tous, maintenant tu as peur ; — tu commandais à tous, maintenant tu n’es obéie de personne ! — Ainsi la roue de la justice a tourné, — et t’a laissée en proie au temps, — n’ayant plus que le souvenir de ce que tu étais — pour te torturer encore, étant ce que tu es ! — Tu as usurpé ma place : pourquoi — n’usurperais-tu pas aussi une juste part de mes douleurs ? — Ton cou superbe porte maintenant la moitié de mon joug ; — je le fais glisser ici de ma tête fatiguée, — et j’en rejette sur toi le fardeau tout entier. — Adieu, femme d’York ! adieu, reine de mauvaise chance ! — Les maux de l’Angleterre me feront sourire en France.
LA REINE MARGUERITE, à la duchesse.
— Tu avais un Clarence aussi, et Richard l’a tué ! — Du chenil de ta matrice s’est évadé — le limier d’enfer qui nous chasse tous à mort, — le dogue qui avait ses dents avant ses yeux, — pour déchirer les agneaux et sucer leur sang pur. — Ce destructeur hideux de l’œuvre de Dieu, — qui règne sur les yeux rougis des créatures en larmes, — le grand tyran par excellence de la terre, — c’est ta matrice qui l’a lâché pour nous traquer jusqu’à nos tombes ! — Ô Dieu juste, équitable et vrai dispensateur, — combien je te remercie de ce que ce chien carnassier — dévore ce qui est sorti du corps de sa mère, — et la jette à côté des autres sur le banc de la douleur !
LE PRINCE
— Ce Jules César était un fameux homme. — Les trésors que sa valeur a légués à son esprit, — son esprit les a consignés pour faire vivre sa valeur. — La mort n’a pas vaincu ce vainqueur : — car maintenant il vit dans la gloire, sinon dans la vie. — Je vous dirai un chose, mon cousin Buckingham.
BUCKINGHAM
— Quoi, mon gracieux lord ?
LE PRINCE
— Si je vis jusqu’à ce que je sois homme, — je veux faire de nouveau triompher nos anciens droits sur la France, — ou mourir en soldat, après avoir vécu en roi.
ELISABETH:
Arrêtez : tournons encore nos regards vers la Tour. Pitié, antiques pierres, pour ces tendres enfants que l'envie a murés dans votre enceinte ! dur berceau pour ces jolis petits ! rudes et âpres nourrices ! sombres compagnes de jeu, si vieilles pour de jeunes princes, traitez bien mes enfants ! Ô pierres, c'est ainsi qu'une folle douleur vous dit adieu !
(Acte IV, scène 1)
MARGUERITE (à Richard):
Avorton marqué par le diable ! Pourceau dévorant ! Toi qui fus désigné à ta naissance pour être l'esclave de la nature et le fils de l'enfer ! Calomnie douloureuse de la grossesse de ta mère ! Progéniture abhorrée des reins de ton père ! Guenille de l'honneur ! toi, exécrable...
(Acte I, scène 3)
Un cheval ! Un cheval ! Mon royaume pour un cheval !
Du chenil de ta matrice s'est évadé le limier d'enfer qui nous chasse tous à mort, ce dogue qui avait ses dents avant ses yeux, pour déchirer les agneaux et sucer leur sang pur.