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Finir oublié sous un parking avec un grand coup de poignard dans le derrière ! Quel destin, tout de même, quel destin ! C'était bien la peine de monter si haut pour finir si bas, tout compte fait. Étonnante, étonnante destinée que celle du houleux Richard III.

Je ne résiste pas à l'envie de vous entretenir de ce que vous ne trouverez pas, même dans les meilleures présentations, même dans la notice de la Pléiade, pour la bonne et simple raison que, pour la plupart, ces présentations de la pièce de William Shakespeare sont antérieures à la surprenante redécouverte du squelette de Richard III en 2012, comme je l'indiquais plus haut, sous un très ordinaire parking recouvrant l'ancien prieuré de Leicester.

À grand renfort d'ADN mitochondrial et d'analyses dernier cri ultra poussées, il fut donc démontré que le squelette scoliotique ainsi exhumé était bien celui du célèbre Richard III, mort d'un bon gros coup de hallebarde derrière la théière et mutilé par la suite (balafré, scalpé ?), enterré à la va-vite (sans doute assez peu présentable) dans le choeur d'une petite église locale, loin des fastes londoniens.

Il est intéressant, tout de même, ce personnage historique. Psychologiquement parlant, j'entends. Beaucoup de personnes ont une vie rocambolesque ou mouvementée, très sujette à être portée sur scène (ou à l'écran de nos jours). Mais parmi ceux-là, je remarque que ceux qui cristallisent le plus la fascination sont les êtres négatifs, au premier rang desquels on peut probablement citer Hitler.

Et là, je crois que William Shakespeare touche à de l'universel et, cela va peut-être vous faire sourire (ou au contraire vous allez trouver ça pathétique), mais j'ai l'impression que ma fille de huit ans m'a aidé à formuler cette réflexion. En effet, l'autre jour avec elle, j'ai re-re-regardé Kirikou et la Sorcière. Quel lien me direz-vous entre Kirikou et Richard III ? J'y viens.

Michel Ocelot dit s'être inspiré de multiples contes ou légendes africaines pour bâtir l'histoire de Kirikou. Mais ce qu'il y a mis de lui-même, c'est un questionnement d'enfant, c'est SON questionnement d'enfant, à savoir : « Pourquoi le méchant est-il méchant ? » Et ce questionnement d'enfant, même s'il est celui de Michel Ocelot est aussi et surtout un questionnement universel d'enfant : chacun de nous aime à comprendre pourquoi le méchant est méchant.

Karaba la sorcière avait une grosse épine plantée dans le dos et c'était à la fois la cause de sa haine et de sa puissance : l'énergie de la vengeance. le monde m'a fait mal ? Très bien, je ferai mal au monde et j'y mettrai toute ma haine, toute ma détestation à l'encontre de ceux qui ne souffrent pas comme moi. Car ma souffrance est injuste, le monde est injuste vis-à-vis de moi si je suis la seule à souffrir.

Revenons à Richard III. Lui aussi avait une grosse épine plantée dans le dos. L'analyse du squelette a révélé un grave cas de scoliose apparue probablement lors de la croissance entre 10 et 13 ans. Imaginez à présent ce qui peut se passer dans la tête d'un jeune homme qui voit son corps se déformer à vue d'oeil, devenir hideux, faible et contrefait.

Comme ce doit être humiliant, comme ce doit être injuste, comme ce doit être douloureux de voir les autres grandir normalement, devenir grands, forts et beaux quand vous, vous devenez tordu, faible et très peu désirable. Shakespeare écrit à l'acte III, scène IV : « Que vos yeux soient témoins du mal qu'ils m'ont fait. Voyez comme je suis ensorcelé : regardez, mon bras est desséché comme un rameau flétri ! » (Be your eyes the witness of their evil. Look how I am bewitch'd : behold, mine arm is like a blasted sapling, wither'd up.)

Comme l'injustice doit vous paraître criante. Si l'on se replace dans la pensée religieuse de l'époque, comme l'on doit croire à une malédiction divine (ou orchestrée par un tiers, la suite de la tirade accuse d'ailleurs ouvertement la femme d'Édouard d'être une espèce de sorcière jetant des maléfices).

De plus, vous êtes le quatrième fils de Richard Plantagenêt, 3ème duc d'York. Les honneurs seront pour les aînés et vous, vous ? Il ne vous restera rien, rien d'autre que cette grosse rancune et cette abominable scoliose qui vous fait marcher comme un crapaud. Si par hasard il arrivait malheur à votre frère aîné, Édouard, il resterait encore Georges (car, Dieu merci, le second fils, Edmond, a eu le bon goût de mourir précocement, enfin un peu de justice en ce monde bouffi d'iniquité).

Avez-vous encore une vraie bonne raison de croire en la bonté divine ? Certes non, alors vous apprenez la ruse et le vice, vous apprenez les sales coups, faits discrètement, l'air de rien. Vous apprenez l'art des faibles : la fourberie, l'hypocrisie, le double jeu. Et cela vous réussit. Peu à peu vos desseins s'accomplissent, mieux que vous n'eussiez osé l'espérer… Cela vous encourage, un acte vil entraîne un acte pendable, un acte pendable appelle une abomination… Et les forfaits s'accumulent, dans la douleur et dans le sang des autres.

Dieu n'existe pas, vous en êtes à présent absolument certain, car avec un tel chapelet d'horreurs au fond de votre poche, IL ne pourrait laisser faire pareilles ignominies s'IL était vraiment le Dieu de bonté et de justice qu'on prétend. Et s'IL n'existe pas, qu'est-ce qui pourrait bien vous arrêter, dites-le-moi ?

Bon, je m'éloigne et je divague, me semble-t-il. Qu'en est-il de la pièce de Shakespeare là-dedans ? Eh bien, ma foi, je la trouve à l'image de son sinistre héros : boiteuse, contrefaite mais non dénuée de certaines fulgurances, notamment dans les formules, qui la rendent tout de même intéressante.

Je ne peux pas dire que j'aie trouvé Shakespeare particulièrement subtil quant à la construction de son intrigue ou de son personnage. On est loin de Jules César, par exemple, où il avait su rendre tous les personnages complexes et finement ciselés. Ici, c'est du très gros, du très caricatural, les méchants sont bien méchants et les gentils gentils.

Certes, je n'oublie pas que le dramaturge n'avait pas l'avantage du recul comme avec les pièces antiques : il écrivait à peine un siècle après les faits, notamment pour des souverains qui détenaient leur pouvoir de la chute dudit Richard III. Donc il fallait bien qu'il soit un méchant absolu pour justifier des monarques actuels. Certes, certes, mais un peu de nuance tout de même, eût été appréciable, du moins l'eus-je grandement apprécié (je sens que je glisse de plus en plus sur ma " l'eus-je ").

Non, le canevas est grossier mais le fil à broder, lui, est parfois d'une finesse exquise. C'est particulièrement flagrant si on compare, à titre d'exemple Richard III et le Roi Lear. J'ai également éprouvé beaucoup de peine avec le canevas du Roi Lear et à très peu d'endroits j'ai été séduite par le verbe ou le sens de la formule. Ici, c'est tout différent. Beaucoup de répliques fusent et sont de purs joyaux d'orfèvrerie élisabéthaine.

Bref, pas trop ma tasse de thé quant au fond, bien plus séduite en revanche par la forme. Lisez, si le coeur vous en dit « La Tragédie de Richard III, avec le débarquement du comte de Richmond et la bataille de Bosworth » (titre complet de la pièce) afin de connaître comment se termina la fameuse Guerre des deux Roses opposant les horribles Lancastre aux infâmes York (tous plus ou moins descendants de rois de France, ce n'est pas une référence !) racontée à la sauce Shakespeare.

Et encore, gardez à l'esprit que ceci n'est que mon avis, qu'il ne vaut pas grand-chose, en tout cas beaucoup moins qu'un cheval. Un cheval ! Un cheval ! Mon avis pour un cheval !
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Est-ce bien ou mal de dire que la pièce Richard III de William Shakespeare, malgré l'importance littéraire et la renommée internationale de son auteur, se fait surtout l'écho de la version de l'Histoire que les Tudor ont voulu laisser après eux ? Il ne suffisait pas, en effet, à cette dynastie, que des historiens complaisants lui attribuent le beau rôle - ici celui donné à Henry VII, le vainqueur de la bataille de Bosworth, livrée en août 1485, qui permit au fils de Margareth Beaufort de ramasser sur le champ de bataille la couronne tombée à terre du roi Richard III, présenté comme le monstrueux faiseur d'homicide avec l'élimination à lui prêtée des deux fils de son frère défunt, Édouard IV (1442-1483), il leur fallait encore que la littérature s'en mêlât et fît prendre les apparences pour la réalité : qui n'est pas tenté, se référant au dramaturge anglais, d'attribuer à Richard III l'assassinat dans la White Tower d'Édouard V et de Richard de Shrewsbury, ses jeunes neveux ? Shakespeare a noirci à souhait le personnage, le montrant sous son jour le plus sombre, afin, par contraste, de faire passer Henry VII comme un pur héros et un innocent aux mains propres venu rétablir la justice dans son pays. Aussi Stanley, passant du camp de Richard à celui d'Henry VII, le jour de la grande explication, n'a-t-il pas, sous la plume de William Shakespeare les allures d'un traître mais plutôt le visage d'un homme qui, par son revirement, rend possible la revanche légitime des victimes par rapport au bourreau.
Vision simplificatrice de l'Histoire, bien évidemment, mais qui parvient si facilement à convaincre auditoire et lecteurs de cette pièce de théâtre, devenue un grand classique - c'est du grand art, forcément manichéen dans sa présentation factice de la lutte du bien contre le mal, que les historiens ont quelque difficulté, de nos jours, à nuancer tout cela.
Désormais, cependant, même si l'on aime cette pièce, on ne pourra plus dire qu'elle reflète totalement la réalité historique, même si Richard III n'est pas exempt de reproches, bien évidemment.

François Sarindar, auteur de Charles V, Dauphin, duc et régent (1338-1358)
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Challenge Solidaires 2021

“Now is the winter of our discontent” sans anachronisme, on pourrait sans doute arriver au même constat aujourd'hui…

« voici l'hiver de notre déplaisir » commence Richard III dans la pièce historique de l'anglais William Shakespeare, et comment ne pas imaginer le timbre vil et impérieux de Sir Ian Mckellen sur les planches de West Ends.

Cette pièce du célèbre dramaturge élisabéthain, probablement rédigée en 1592, est traduite par Pierre Leyris dans un version bilingue qui, en sacrifiant à la musicalité des rimes parvient néanmoins à rendre l'atmosphère dramatique, sanglante et machiavélique de cette pièce.
Du drame chevaleresque, des intrigues d'arrière-cour à la « Game of Thrones » le lecteur ne s'ennuie pas, le tout avec quelques notes d'humour dont l'anti-héros principal Richard Gloucester n'est pas exempt.

L'écrivain favori des Tudors n'est pas à une approximation historique près, mais pour les non spécialistes de l'Histoire de l'Angleterre et des différentes factions en lutte pour le pouvoir il n'est pas aisé de situer les uns et les autres et, si ce n'est pas un prérequis pour la pièce, il convient de garder un certain recul et d'envisager davantage ce drame comme une fiction historique.

Qu'en pensez-vous ?
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J'ai délaissé le théâtre l'an dernier. Je ne lis le dernier épisode de la guerre des Roses selon Shakespeare qu'aujourd'hui, soit presque un an et demi après la troisième partie de Henry VI.

Sans conteste, Richard III est très largement au-dessus des parties de Henry VI, et même de Henry V. C'est proprement génial. Et cela est largement dû à la personnalité de l'ignoble Richard, duc de Glocester puis roi d'Angleterre. Shakespeare sublime la légende noire de ce personnage ; il la crée peut-être d'ailleurs. La fourberie, la sournoiserie du gars sont une référence pour tous les élèves qui souhaitent devenir fourbes et sournois. Et autant l'avouer, c'est aussi délectable que le bonhomme est détestable.
Il embobine tout un chacun. Il soutient par exemple son frère Clarence en paroles tout en écrivant une fausse condamnation à mort royale et en payant les assassins. Il clame sa loyauté à son frère Édouard IV et à son successeur tout en planifiant leur ruines. Tous ses ennemis potentiels y passent sans l'avoir vu venir. Staline était un gamin, Livia, la femme d'Auguste qui a nettoyé devant les pieds de son fils Tibère, une débutante.

Mais Richard fut-il un bon roi ? Shakespeare ne détaille pas. Mais son plus vif soutien, son padawan en duplicité, Buckingham, ne récoltera pour fruit de ses actions que des racines de pissenlit.

La pièce regorge de scènes formidables, comme celle de Marguerite, épouse du défunt Henry VI vouant aux gémonies tous ceux qui ont participé ou seulement profité de l'assassinat de son époux et de son fils (devinez qui a porté les coups ?), comme celle ou l'un des assassins de Clarence décrit la conscience « esprit à la face rouge de honte, qui se mutine dans le coeur de l'homme, et qui l'obstrue partout d'obstacles », comme celle où Buckingham s'acharne à demander à Richard les biens promis et que ce dernier l'ignore délibérément en poursuivant le fil de sa pensée, ou celle, enfin, où à la veille de la bataille les spectres de tous les personnages assassinés viennent pourrir les cauchemars de Richard et embellir les rêves de Henry de Richmond, le futur Henry VII Tudor.
Tout cela est succulent à lire. Je regrette seulement quelques scènes un poil trop longues.

Il me reste à lire la pièce consacrée à Henry VIII, que l'auteur écrivit après la mort de sa fille Elizabeth Iere (assez logique). Mais avant je ferai un détour par la comédie de Shakespeare.
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Richard III
Comme le beau est toujours bizarre, le mal est toujours scénique.

Le mal, le diable, la laideur.Tout Richard, duc de Gloucester, en somme !

A plus d'un titre, Richard est la quintessence du personnage théâtral.

Il révulse le regard. Contrefait, boiteux, difforme, bossu : les femmes s'en détournent avec dégoût, les enfants le fuient avec horreur, les hommes le haïssent ou le craignent.

Il exsude la méchanceté. Sur les griffes qui lui servent de mains : tout le sang de sa famille. Il faut dire que le contexte historique a tout pour lui convenir : la guerre des Deux- Roses, celle des Lancastre et celle des York, n'a de poétique que le nom, c'est en fait une interminable suite de forfaits, de meurtres, de trahisons, de guet-apens, de guerres civiles…

C'est un alambic d'abominations. Dans sa tête perverse, Richard ourdit les pires traîtrises, les crimes plus sanglants, les plus détestables : son frère, Edouard, est roi- mais il est malade. Il a des fils, mais ils sont bien jeunes. Il a une femme, mais c'est une roturière mal vue à la cour. Il rêve de les mettre au pas ou de les envoyer au trépas !

Il est la fausseté personnifiée. Son amitié est grimace, sa familiarité, dangereuse. Richard a un autre frère, Clarence, mais c'est un naïf, un ami, le duc de Buckingham, mais c'est un ambitieux à tenir à l'oeil.. – frère ou ami, tous ne sont que des pions sur son échiquier diabolique.

Le jour où ce crapaud difforme et venimeux se découvre capable de séduire, par le seul pouvoir de son verbe fielleux, la belle Lady Ann, veuve du prince de Lancastre -qu'il a pourtant proprement expédié- et qui est donc archi prévenue contre lui, ce jour-là est son épiphanie : plus rien ne l'arrête, la bête sort de sa tanière et dévore tout sur son passage.Le mal se déchaîne.

Le duc de Gloucester est couronné roi et devient Richard III au terme d'un chemin plein de sang et de fureur.

Mais la vieille reine Marguerite, la veuve du bon roi Henri V-, lui aussi dépêché par les York- éclate en imprécations et en sombres prophéties : le crapaud et tous ceux qui l'ont approché, aidé, servi, finiront dans la gorge de la Mort…

Les crimes de Richard ne resteront pas impunis…

Une grande tragédie de Shakespeare, la plus grande peut-être, la plus noire, sûrement. Je l'ai vue souvent au théâtre – et aussi au cinéma : en version classique chez Laurence Olivier, modernisé et nazifié chez Richard Longcraine et enfin quasiment ontologique chez Al Pacino dans Looking for Richard. Mais jamais je ne l'ai vu comme hier soir, à l'Odéon, dans la mise en scène électrique de Thomas Jolly !

Imaginez un Richard III sorti d'une caricature infernale de Hiéronymus Bosch, ou de Brueghel l'Ancien mais tatoué comme un rocker, inquiétant comme un vampire, narcissique comme une rock star, et dangereux comme un Alien…

Imaginez la fameuse scène du face à face entre Richard et la reine Elizabeth, mère des malheureux enfants d’Édouard assassinés à la Tour de Londres,se défiant sur un plateau animé seulement par un réseau fluctuant de rayons lasers qui cerne et capture peu à peu le personnage rétif et très fort de la reine, jusqu'à sa capitulation finale…

Imaginez la scène non moins fameuse où Richard s'écrie : « Mon royaume pour un cheval ! », avec un "vrai" cheval, immense et fantômatique.

Imaginez la scène de malédiction des victimes de Richard - "Désespère et meurs ! » - dans un tressautement hystérique de lampes stroboscopiques !

Toute cette démesure, ce baroque, cette frénésie, loin de tuer le tragique comme on pouvait le craindre, le galvanise au contraire, le cravache, en épouse les débordements, en explore les sombres abysses, en dévoile la folie exacerbée…

Au final, je n'ai jamais vu salle plus enthousiaste ..

Beaucoup de jeunes spectateurs ont compris ce soir-là ce qu'était l'absolu génie de Shakespeare, « notre contemporain » comme disait Jan Kott…
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Une énième relecture de cette pièce mais avec toujours autant de plaisir!
Le personnage de Richard Gloucester est insupportable dans sa soif de pouvoir, prêt à tout, et à tuer tous ceux qui se dressent sur sa route vers le trône.
Il y a pour moi, des scènes cultes : la cour faite à Anne devant le cadavre de son beau père Henry VI (rappel : Richard est responsable de la mort de celui-ci ET de celle de son mari, les deux décédés lors de la guerre des deux roses) ou encore la scène dans laquelle la vieille Margaret lance, telle une sorcière, une série de malédictions de toute beauté sur Richard, ses descendants et ses alliés.
La langue est belle (lecture à voix haute obligatoire) : les jeux de mots, l'ironie, le double langage font légion dans ce texte, le rendant vraiment génialissime!
Bref, vous l'avez compris, je vous le recommande, mais avec un arbre généalogique sous la main ... les anglais du 16e étaient bien plus familiers avec les liens familiaux des familles nobles et royales que nous le sommes aujourd'hui!
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Son squelette a été retrouvé en 2013, son double fictif est plus célèbre que celui du même nom qui a foulé la terre, il a servi à de nombreux modèles de méchants ou antihéros de fiction ; c'est le cas de Scar (dans le Roi Lion) pour ne citer que lui. On retient de lui son ignominie, sa tyrannie sans limite et l'une de ses répliques finales "Mon royaume pour un cheval !"

Et oui ! Il s'agit bien de Richard III ! Modèle précurseur de ces personnages qu'on adore détester !

Il était temps que je lise enfin cette célébrissime tragédie du grand Will.

La première chose que j'en retiens est la difficulté du texte, entre autre du fait de l'avoir lu dans une traduction assez moyenne. Mes souvenirs rouillés des cours sur la Guerre des Roses m'ont bien manqués, mais qu'importe.

Une fois cet aspect stylistique et historique évoqué, ce que je retiens surtout c'est le génie et la précision avec lesquelles Shakespeare dépeint LE manipulateur et les stratèges qu'il emploie avant tous les psys (trop fort!). Avec les quatre premiers actes lents, où en sent la perversité larvaire de cet odieux personnage s'installer petit à petit puis le dernier très dynamique avec la guerre de la destitution de l'usurpateur.

Alors, malgré les difficultés, le seul mot que je veux retenir : génial !
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Mille fois maudit, Richard III est un roi sanglant, violent, un psychopathe qui ourdit un complot contre-nature, pour assassiner sa famille et régner sur l'Angleterre. Pourquoi ? Par orgueil blessé du fait de sa difformité ?

"— moi que la nature décevante a frustré de ses attraits, — moi qu'elle a envoyé avant le temps — dans le monde des vivants, difforme, inachevé, — tout au plus à moitié fini, — tellement estropié et contrefait — que les chiens aboient quand je m'arrête près d'eux ! — eh bien, moi, dans cette molle et languissante époque de paix, — je n'ai d'autre plaisir pour passer les heures — que d'épier mon ombre au soleil — et de décrire ma propre difformité. "

-moi -moi -moi

Richard III parle de lui-même à lui-même comme au public dans la mise en scène de Thomas Ostermeier par l'intermédiaire d'un microphone suspendu et il se balance comme un pendu au bout de sa corde, mourant avant l'heure, prenant plaisir aux souffrances à venir. Il s'étrangle de rire à l'idée de ses crimes tout en asphyxiant les spectateurs avec ses discours de monstre sanguinaire. En plus, je dois dire qu'il est jouissif d'entendre Richard III en allemand car cette langue donne encore plus de puissance au personnage du roi fou. N'oublions pas qu'Hitler était comme Richard III un orateur redoutable, dangereux. le décor participe de la modernité avec les échafaudages, et la musique sonore, techno violente, la présence de la batterie sur scène nous assourdit, nous assomme. On en reste scotché dans son fauteuil : du grand spectacle. On apprend à connaître Richard III dans un costume grotesque qui n'a rien à envier aux corsets féminins (mais le matériel orthopédique ne fait pas qu'il se tienne plus droit, au contraire) ; on apprend à le connaître sans ses atours, nu comme lorsqu'il s'assoit sur la tête d'un autre. On le découvre même en gros plan grâce à la mini-caméra et l'écran installés sur scène. le théâtre se réinvente.

Les malédictions qu'ils se lancent tous à la face les rejetons de la famille royale rendent bien en allemand (et Marguerite, je la proclame la reine des malédictions) ; malédictions, maléfices, qu'ils se lancent à eux-mêmes dès lors qu'ils prêtent serment pour mieux tromper, ce qui les pousse tous au meurtre. Richard III n'est pas le seul responsable de cette tuerie, chacun ayant comploté à un moment de l'histoire contre les autres, chacun ayant tué à un moment un membre de la famille d'en face. Richard III n'a plus qu'à diriger les inimitiés des uns et des autres et plus encore la sienne. Il s'attaque aux survivants, à tous ceux qui lui font de l'ombre, comme ces enfants de la Tour, ces pantins représentés par des marionnettes dénuées de vie dans le spectacle d'Ostermeier. Pourquoi est-ce si horrifiant d'assister à la manipulation de ces pantins, pourtant tant de violence envers ces êtres de bois, de cire, de plastique ?

Pourquoi ces massacres ? La guerre ne meurt-elle jamais ? La pièce commence après la guerre, se termine par la guerre. Richard III profite d'une accalmie, d'un temps de paix pour changer les règles du jeu, pour entrer en guerre contre les autres et contre lui-même, il lance une guerre intestine, la guerre naît dans ses tripes, là où réside la source du mal. Il en veut à la terre entière, il tue, il tue, il tue. Maintenant qu'il est mort, je peux dire : God save the King Richard III !
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La dernière fois que j'ai lu du Shakespeare, c'était Roméo et Juliette et c'était au moment du bac. Malgré les années écoulées, j'en garde un excellent souvenir. La question était donc de savoir si j'aimerai toujours autant. La réponse est venue au bout d'à peine quelques lignes: oui. J'aime toujours autant le style shakespearien, lyrique et bien tourné. L'histoire de Richard III n'est cependant pas la plus facile à aborder et mieux vaut avoir une petite connaissance des événements antérieurs car sinon on peut vite être perdu entre la multitude de protagonistes. La guerre des 2 roses et la période Tudor est une de mes périodes préférées de l'Histoire de l'Angleterre et pourtant il a fallu que je m'attarde un petit moment sur la liste des personnages pour être sûr de ne rien manquer de l'intrigue qui est, elle, passionnante. Vous transposez l'histoire dans un monde froid et enneigé et vous avez Games of Thrones. Martin n'a rien inventé. Il y a des rebondissements et des intrigues à chaque scène. C'est à en perdre la tête... J'ai lu la pièce d'une traite, passionnée par le traitement qu'en fait Shakespeare. Une oeuvre magistrale à ne pas manquer.
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Richard III, c'est Shakespeare à son meilleur : baroque, riche, beau, parfait dans la construction, dans l'intrigue, dépeignant ces personnages avec sa connaissance de la nature humaine… Je suis impressionné par la beauté de cette pièce qui me rappelle "Macbeth" : même art de représenter le mal, la tyrannie, la tourmente aussi sans doute. Et quel art !... Quel art de mettre les bouches de ses personnages les bonne répliques !... Ces répliques belles, qui sonnent toujours au bon moment…
Shakespeare est parfois complexe et difficile d'accès, avec toute la richesse, la surabondance de "Macbeth", par exemple, avec ce mélange de niveaux de langage si différents, avec toute cette sophistication.
Mais lorsqu'on réussit à accéder à la beauté de ces pièces…
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