Mon épouse, depuis quelques temps, fabrique de jolis attrapes-rêves amérindiens. Des cercles, du fil, des plumes, des perles...
Coïncidence à la croisée des parallèles avec cette novella de
Lucius Shepard que je viens de terminer ? L'auteur y imagine les "attracteurs", des attrapes fantômes: du fil électrique et le courant qui va avec, des filtres à particules, du bois, de la ferraille.
Les lieux:
_Le Londres victorien perclus de smog et de pollution, perpétuellement enténébré et enfumé; celui de la fin du XIXéme siècle qui mord à pleines dents dans la Révolution Industrielle anglaise. Celle qui enrichit ou appauvrit, qui crée de par nature quartiers riches et bas-fonds. Contraste étonnant entre opulence ostentatoire et pauvreté ghettoïsée.
_Un sélect "Club" huppé des beaux quartiers, celui des "Inventeurs". On y joue l'éternel jeu victorien de la notabilité, de la respectabilité que rien ne doit entacher. Si ce n'est que rien ne résiste au besoin de s'encanailler dans les bas-fonds et ses bordels luxueux. Un "Club" où on pratique l'ostracisme à l'égard de certains de ses membres borderline. Ainsi à l'encontre de Jeffrey Richmond...
_Les bas-fonds de la Métropole, la misère et la loi du plus fort; un ex-boxon au détour d'une de ses rues misérables.
Les hommes:
_Jeffrey Richmond, membre du Club des Inventeurs, génial découvreur qui, curieusement et malheureusement pour sa respectabilité et son insertion, vit dans les bas-fonds de Londres dans une sombre et haute maison dont il est propriétaire depuis le trouble décès de sa soeur. C'est un ancien boxon, il y a peu encore encanaillé par la frange basse de la High Society. On y trouve Jane et Dorothéa, troubles compromis entre domestiques et sensuelles pensionnaires d'un passé récent. Trouble trio auquel s'ajoute le souvenir (et plus si affinités) de la soeur de Jeffrey, Christine, qui avait racheté la haute demeure pour qu'elle perdure dans son objectif initial.
_ Samuel Prothero, le "je" narrateur du récit, un jeune aliéniste prometteur et opportuniste, freiné dans sa progression sociale par une profession non encore véritablement reconnue, altruiste néanmoins dans son désir de monter une clinique psychiatrique destinée aux basses classes. Il est en attente de renom et d'argent pour réaliser ses rêves. Jeffrey.
Richmond va contacter Prothero pour que ce dernier, contre finances, détermine pourquoi depuis que les "Attracteurs" fonctionnent au sommet de la maison, Christine réapparaît en fantôme...
Les choses:
Les "Attracteurs" montés au sommet de l'immeuble, avaient été conçus à l'origine par Richmond comme des filtres à particules capables d'assainir l'air vicié de Londres. Si ce n'est qu'à l'usage l'invention se montre capable en parallèle de "coaguler" les fantômes de Londres, de leur rendre un semblant de vie... Christine en est bénéficiaire d'au-delà la mort.
Cette invention, tant dans sa pratique de mise en oeuvre que son esthétisme et son volume m'a paru proche de la machinerie de Frankenstein. Shepard se rapproche ici de Shelley, d'autant qu'à l'image du monstre de l'auteure Richmond essaie de faire "remonter sa soeur à la surface".
Les lieux, les hommes et les choses sont en place... ne restent que les actes: Shepard va les créer au rythme des péripéties qui s'agglutinent, des révélations qu'il va nous faire, des coups de théâtre qu'il va imaginer.
La suite appartient au récit....
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