J'avais été attirée primitivement par cet album pour au moins trois raisons.
Tout d'abord ses illustrations si particulières, sous forme de xylogravure, m'avaient avantageusement attiré l'oeil.
Ensuite, le fait qu'il s'agisse d'un conte Aïnou, langue ancestrale d'un peuple qui ne l'est pas moins, survivant difficilement au nord du Japon et dans les quelques îles russes situées plus au nord et dont
Anton Tchekhov nous parle dans
L'Île de Sakhaline.
Enfin, l'existence d'un dieu bécassine n'est pas si fréquente pour qu'on ne prenne le temps de s'y arrêter quelques instants.
En fait, en lisant ce conte, on comprend qu'il s'agit d'une explication mythique au phénomène de la migration des bécassines (ou bécasses, ce n'est pas très clair, les unes étant endémiques des zones marécageuses côtières, les autres inféodées aux bois humides de l'intérieur des terres sur les couloirs migratoires).
Hanchipiyak, chipiyak (c'est son nom) le dieu bécassine vivait tranquillement dans les cieux lorsqu'au Panthéon des Dieux, on a entendu parler d'un endroit paradisiaque qui semble se nommer la Terre. Fort intrigués, les dieux aimeraient en savoir davantage sur cette contrée, mais trop occupés par mille labeurs, ils mandatent Chipiyak, qui en raison de ses ailes sait voler, pour aller enquêter sur la question.
Celui-ci arrive par un beau printemps et est émerveillé par ce qu'il voit. Il se prélasse sur place pendant toute la belle saison, mais quand arrivent les frimas de l'automne, il se rappelle la mission qui lui était confiée de rapporter aux dieux ce qu'il avait vu.
Très fâchés de ce très long délai pour exécuter sa mission, les dieux vont bastonner en règle le pauvre Chipiyak, auquel ils intiment l'ordre de retourner sur Terre puisqu'il semble s'y trouver si bien.
L'infortuné, les ailes cassées et le corps endolori doit affronter le rigueurs de l'hiver mais fini tout de même par se remettre et jouit à nouveau des délices de la belle saison.
Puis il se dit qu'il pourrait tout de même faire profil bas et se présenter à nouveau dans les cieux. Il prend son envol mais, en cours de route, repense au bâton, et fait volte-face.
De retour sur Terre, il n'a de cesse que de retourner aux cieux, et voici comment s'explique l'incessante migration de ce petit oiseau déchu.
Une belle légende mais pas hyper accessible pour les enfants qui ne sont pas franchement captivés par l'album. D'où mon impression mitigée. Mais ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.