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De quelques pages à la novella, le genre est décliné avec une belle palette, autour de la notion de propriété.

Pas de politique, encore que la dernière novella soit bien ancrée dans l'Irlande des années de feu, mais une analyse fine de ce concept qui s'étend à bien plus que l'utilisation de quatre murs et d'un toit en toute liberté. On peut posséder bien autre chose qu'une maison ou un appartement, mais dès lors qu'un objet est possédé, il semble exercer sur son propriétaire une influence extraordinaire. Toutes les faiblesses de l'âme humaine semblent se révéler avec le sentiment du bien à protéger : la radinerie, l'égoïsme, le mépris même des principes de base jusque là respectés.

Et c'est avec des histoires très variés que Lionel Shriver parcourt le thème, des parents prêt à tout pour déloger leur fils trentenaire de la maison familiale, un américaine pointilleuse envahie par une sous-locataire sans-gène, un facteur qui tourne le courrier de leur destination , un arbre invasif en plein coeur de Londres…chaque nouvelle est un univers en soi, et la promesse de s'immiscer au coeur d'une tragi-comédie originale. le thème central est pourtant bien identifié.

Il y a ceux qui possèdent et ceux qui profitent de ce que les autres ne sont pas disposés à leur confier. Il y a ceux qui réduisent leur champ des possibles autour d'un lieu ou d'un objet. Avec cette conscience ou pas de la vanité de l'avoir.

Toutes ne se terminent pas en drame, les situations peuvent même créer des effets plutôt comiques, Mais toutes sont réjouissantes pour le lecteur.


Coup de coeur pour cette découverte de l'auteur .

#Propriétésprivées #NetGalleyFrance

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Si vous n'êtes pas SDF, alors vous comprendrez Lionel Shriver qui, dans ce recueil de nouvelles, nous parle de propriété, de location, de quitter notre nid, d'en retrouver un autre qui ne veut pas de nous, de déloger des hôtes indésirables – fussent-ils nos enfants - , de partir pour mieux revenir, d'entrer en conflit avec nos voisins à cause d'un arbre tentaculaire, et j'en passe.

Toutes ces nouvelles d'une vingtaine de pages chacune (sauf la première et la dernière, des « novellas » de cent pages) ont donc un point commun : le sentiment de posséder quelque chose, de l'immobilier en l'occurrence, et son corollaire, tous les ennuis possibles et imaginables qui accompagnent ce sens de la propriété.

Mais elles ne se limitent pas à cet aspect matérialiste, loin de là ! Lionel Shriver est pour moi une experte en psychologie, et tel un médecin des âmes, elle analyse, psychanalyse, décortique, soulève le sparadrap des bonnes manières et découvre le pus de toute relation.
Tout y passe : les couples, les parents vieillissants, les enfants déjà adultes ; le divorce, les pique-assiettes, le veuvage, le célibat, les jeunes autocentrés, les trop riches, les sous-locataires sans-gêne, les douaniers pointilleux des aéroports, le train de la vie qui passe et ne revient pas…

Un style un brin sophistiqué aux phrases plantureuses et aux mots recherchés nous force à examiner tous les problèmes engendrés par la possession ou tout simplement l'attachement.
De cette auteure américaine, j'avais lu l'excellent « Big Brother ». « Il faut qu'on parle de Kevin » patiente dans mon pense-bête. Il deviendra bientôt ma propriété. Privée, cela va sans dire.

Merci à Babelio pour cette occasion de tester mon instinct de propriétaire à l'occasion d'une Masse Critique spéciale, et aussi aux éditions Belfond, bien entendu !
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Propriétés privées est un recueil de nouvelles même si les histoires débutant et concluant l'ouvrage font plus de 100 pages.
La thématique de la propriété , quelle qu'elle soit , est le fil rouge du live. Mais cela veut tout et rien dire : On possède un mari, une maison , un baume à lèvres, de l'argent...
Toujours est il que ces histoires mettent à nouveau , pour moi, l'incroyable talent de Lionel Shriver.
Je l'imagine prendre des notes en observant ses contemporains . Parce qu'elle nous connait. Sa plume nous décrit , ici sans exagération contrairement à d'autres écrits, avec une précision clinique .
Prenons la première nouvelle . Jillian et Weston se sont connus à la fac , ont sympathisé, couché ensemble .Puis Weston a rencontré Paige tout en passant énormément de temps avec Jillian. Arrive le fatidique moment, l'envie de mariage de Weston et le choix cornélien : Oui si tu coupes les ponts avec "l'autre morue". Celle qui jalonne ta vie depuis des années , avec qui tu joues au tennis trois fois par semaine.
Alors , Lionel Shriver sort le grand jeu des attitudes adoptées, de la recherche de compromis , de la fidélité , de la lâcheté, de la trahison. Et comme c'est magnifiquement écrit, c'est un régal.
Au fil des histoires, vous rencontrerez un arbre qui pousse du mauvais coté de la clôture, des interrogations au moment de la mort du père , une maison qui ne se laisse pas habiter, un squat au Kenya, les affres des contrôles à l'aéroport, l'oisiveté déroutante des ultra riches, des jeunes qui n'ont plus les moyens de se loger et qui ruinent l'existence de leurs parents, un couple sur le déclin endetté jusqu'à ne pas pouvoir se séparer...
Vous allez vous rencontrer peut être dans ses pages, au moins pour ceux qui ont pris l'avion et ont du lever les bras au contrôle :).
C'est fort, brillant, une étude du nos comportements au scalpel.
Une auteure qui décidément m'enthousiasme.
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J'ai donc choisi ce recueil de nouvelles pour faire la connaissance de Lionel Shriver, dont le roman « il faut qu'on parle de Kevin » a été encensé.

L'auteure aborde le thème des propriétés privées sous divers angles : la propriété dans le sens maison, mais dans un sens beaucoup plus poussée :appartient-on à quelqu'un quand on l'épouse, comme c'est le cas dans la première Novella « le lustre en pied » où on trouve Jillian et Baba, un duo amis depuis dans années, qui ont été amants à certaines périodes, mais l'amitié peut-elle résister quand la future épouse déteste Jillian, et somme son « futur » de mettre un terme à cette relation… Un bel exemple de lâcheté masculine…

La deuxième « le sycomore à ensemencement spontané » évoque la solitude du veuvage et la capacité à ne pas s'y enfermer, surtout quand le jardin dont s'occupait amoureusement le mari est soudain envahi par les pousses du sycomore du voisin. Celle-ci est plutôt drôle. Est-ce que l'arbre du voisin vous appartient un peu quand il vous envahi (peut-on le faire tailler?)

Quand j'ai abordé la troisième, avec le fils de la maison qui joue les Tanguy s'incruste, ne fait rien tout le jour et spécule sur la sénilité future de ses parents pour prendre possession totalement de la maison, les parents étant, dans un premier temps, relégués au sous-sol, c'était trop pour moi. S'il s'était agi d'un livre version papier, je l'aurais fracassé, mais je tiens trop à ma liseuse…

J'ai donné une chance encore à « Repossession » dans laquelle Helen, comptable fiscaliste, qui achète une maison sur un coup de tête et dont l'ex propriétaire a été expulsée et tout se met à aller de travers, comme si des fantômes y avaient élu domicile. Jusqu'où peut-on aller pour garder sa maison ? très loin dans le cas d'Helen.

La relation d'un homme qui a inventé « un truc génial » révolutionnant la dialyse et qui a oublié d'être un père : que faire lorsque celui-ci est proche de la mort et exige la présence du seul de ses enfants à ne pas être parti à des milliers de kilomètres ? celle-ci est assez drôle, car « le baume à lèvres » est le héros de l'histoire ou du moins un symbole, un « truc génial » qui peut pourrir la vie…
J'ai continué bravement ma lecture en râlant et trainant des pieds, mais la dernière Novella m'a achevée, j'ai abandonné car ma liseuse était à nouveau en péril et c'eût été dommage pour elle…

« Il faut qu'on parle de Kevin » est dans ma PAL depuis des lustres et je crois qu'il bien qu'il va y rester encore quelques temps.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m'ont permis de découvrir ce recueil et son auteure.

#Propriétésprivées #NetGalleyFrance
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Une couverture aux couleurs du sens interdit, comme une défense d'entrer. Une serrure pour verrouiller sa ou ses propriétés, mais où l'oeil peut se glisser pour voir ce qui se cache derrière !

Sandwichées entre deux longues nouvelles, une dizaine d'anecdotes pimentées, à l'humour décapant, répandent des arômes piquants pour exposer des réactions multiples et variées vis-à-vis du sentiment de possession. Que ce soit dans la vie de famille, de couple, dans les relations de voisinage animal ou humain, dans le registre amical ou amoureux, dans le besoin de reconnaissance ou dans le domaine financier, ces douze nouvelles puisent leur force et leur réalisme dans la vie actuelle.

– On y rencontre Jullian qui exaspère son entourage avec ses tenues vestimentaires, sa voix, ses rires, ses attitudes n'attirant qu'antipathie voire aversion. Alors, lorsque son meilleur ami décide de se marier, sa future femme est loin de faire exception et éprouve une jalousie doublée d'une haine viscérale contre la pauvre Jullian. Besoin de possession exclusive de l'homme, la finalité de cette histoire est absolument ignoble.
– On y croisera Liam, un trentenaire qui n'a aucun besoin, ni aucune envie, de quitter le foyer familial où il se complait tout à fait dans l'assistanat domestique. Quelle ligne d'attaque s'offre aux parents pour le faire quitter ce nid si douillet ?
– Plus loin, dans un jardin londonien, ce sera un sycomore envahissant et invasif qui empiétera sur la quiétude du petit bout de terrain de la voisine. Pourtant, avant le décès de son mari, elle ne s'intéressait pas du tout au jardinage et sa haine à l'encontre du sycomore va la réveiller subitement et l'aider à faire son deuil.
– Une maison ne se laissera pas apprivoiser par sa nouvelle propriétaire et s'opposera fermement à la peinture de ses murs, au ponçage de son parquet…

L'analyse des personnages, qu'ils soient égocentriques, avares, jaloux, mesquins, profiteurs ou intéressés est pointilleuse, même dans les plus brèves nouvelles.
Le caractère moqueur de l'auteure vise et développe avec délectation, et très justement, toutes les dérives de ce besoin de posséder.
Ici, ce sentiment de propriété transforme ironiquement les personnes et les destins. Les réactions des uns et des autres sont désopilantes, affligeantes, encourageantes ou déprimantes. Les fins sont tantôt heureuses, tantôt tragiques, parfois amères et d'autres fois romantiques. Il y en a pour tous les goûts.

La défense de son territoire, terrestre, humain ou social peut revêtir des formes ou des couleurs tout à fait inattendues !

Ni roman ni nouvelle, ces histoires tiennent souvent du récit tant elles sont criantes de vérité ; qui ne reconnaîtra pas un voisin, une amie, un parent ou soi-même dans ces personnages ?
Je ne connaissais pas la plume de Lionel Shriver. Elle utilise un vocabulaire riche, l'écriture, assez exigeante demande parfois concentration mais elle donne encore plus de piquant et de pertinence à cette vision critique du comportement humain.

Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour cette découverte multicolore aux accents acidulés.
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Accueil : « Vous avez 8 jours de retard sur la publication de votre chronique de 'Propriétés privées'. »
Je n'aime pas voir ça, j'ai ma petite fierté d'élève/citoyenne disciplinée.

J'ai commencé la lecture de ce recueil le 16 février. Et j'ai traîné sur la première nouvelle, interminable - pas moyen d'accrocher.
Pause.
J'ai repris un mois plus tard avec la 2e, vite agacée par le style, beaucoup trop ampoulé pour moi en ce moment. Je l'ai finie, malgré une histoire de conflit de voisinage (tiens !?). Bonne surprise : l'intrigue est finalement drôle et malicieuse, mais ça décolle lentement.
La 3e m'a vite donné l'impression d'étouffer chez moi, d'être envahie par un parasite - la chair de ma chair, qui s'accrocherait à la maison comme une bernique à plus de 30 ans, se ficherait ouvertement de ma gu3ule, avec un père mollasson qui le soutiendrait pour ménager la chèvre & le chou et éviter les vagues. Au secours !

En bref : si le confinement imposé depuis plus d'une semaine vous met déjà à cran, à cause de - en vrac - votre conjoint, vos enfants, vos voisins, et parce que vous supportez mal la promiscuité et le bordel sans-gêne des autres en général, ce recueil risque d'aggraver vos symptômes d'énervement.
Si vous vous êtes muni d'une arme comme beaucoup de gens aux Etats-Unis avant d'être enfermé, débarrassez-vous pour quelque temps du flingue ou du bouquin, ça pourrait mal finir.

Trop anxiogène, à reprendre plus tard. 🤪

• Merci à Babelio & à Belfond pour cette proposition de découverte. J'encourage ceux qui ne connaissent pas l'auteur à lire 'Big Brother' et 'Il faut qu'on parle de Kevin'.
______

♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=GbJqYz3_wzk
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Il y a un mois seulement mais qui me semble aujourd'hui être une éternité tant de choses ont changé dans mon quotidien j'ai été très content de devenir propriétaire, propriétaire de ce recueil de nouvelles de Lionel Shriver dont je découvre pour la première fois la plume. Un grand merci à Babelio et à Belfond pour l'envoi de ce dernier.

En ce moment et certains d'entre vous n'auront pas manqué de le remarquer je ne me suis pas connecté sur Babelio et j'ai également je dois le dire diminuer mes lectures, la raison à des résultats scolaires tout juste passables et très décevants. Ainsi j'ai fait le choix de limiter mes lectures et de stopper du moins pour quelque temps mes visites journalières sur Babelio afin de remonter mes résultats. C'est avec plaisir et sans le moindre remords que je me suis lancé dans cette lecture dont le titre ne pouvait que me parler en tant qu'étudiant en droit, propriétés privées pourtant je dois bien dire je pense être un peu passé à côté. Je ne suis jamais vraiment « entré » dans aucune des nouvelles ou des deux novellas que nous a proposée ici l'auteure.

Le tout se laisse lire relativement bien, le style de l'auteur n'a rien de désagréable bien au contraire mais je n'ai pas retrouvé ce petit plus qui me pousse à lire toujours une page après l'autre avec entrain et intérêt et ce notamment pour les novellas et particulièrement la première ou j'avoue m'être ennuyé, c'était long. J'avais l'impression désagréable de tourner en rond avec des passages et détails ne servant à rien ou presque. Cette mauvaise entrée en matière (qui constitue quand même ¼ du recueil) a indéniablement influencé la suite de ma lecture. J'ai trainé les pieds pour lire la suite et me suis finalement lancé dans la lecture de la dernière nouvelle qui conclut ce recueil que vendredi.

Pourtant, malgré ce manque d'entrain et l'ennui que j'ai parfois pu ressentir lors de ma lecture je ne peux me résoudre à mettre en dessous de 3 étoiles car j'ai tout de même apprécié certaines nouvelles, souvent les plus courtes d'ailleurs et qu'en relisant à la fin de ma lecture la quatrième de couverture et notamment ces deux derniers paragraphes je ne peux pas dire que tout ce qui y était indiqué n'y étaient pas, non bien au contraire tout est bien là, je n'ai juste sans doute pas su cette fois apprécier à sa juste valeur le travail ici fourni par l'auteure.
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Je remercie chaleureusement les éditions Belfond ainsi que Babelio pour cette lecture et leur confiance.

Intellectuelle engagée, l'auteure Lionel Shriver poursuit sa réflexion sur notre modèle de société occidentale contemporain. Son sixième et précédent roman traduit en Français, « Les Mandible », auscultait l'Amérique et son futur en 2029 dans une dystopie économique où elle imaginait cette dernière devenir aussi pauvre qu'un État sous-développé. Pour son septième roman « Propriétés privées » publiés aux éditions Belfond, Lionel Shriver se réinvente à nouveau tout en poursuivant l'immense travail d'analyse, de radioscopie entamée, depuis ses débuts en tant qu'écrivaine, sur nos sociétés occidentales malades. le coeur de ce roman a trait à la possession sous toutes ses formes d'où son titre on ne peut plus évocateur. En douze nouvelles nous emmenant dans divers endroits du globe notamment en Irlande du Nord ou encore à Nairobi au Kenya, aux États-Unis, en Angleterre.. Lionel Shriver décrit le processus d'asservissement, la mécanique générale de ce besoin irrépressible de posséder, d'accumuler des biens, des objets, l'appât du gain, mais également l'idée de possession en amour, en amitié. Chacune de ses douze histoires aborde sous un angle différent ce sujet on ne peut plus actuel. le style d'écriture est toujours aussi précis, tour à tour ironique, touchant, volontiers provocateur car l'auteure nous dépeint des situations qui sont si finement analysées jusque dans les contradictions de nos différents personnages, leur complexité d'être en but à cette envie, à cette nécessité d'acquérir, de jouir, d'avoir du pouvoir avec en creux ce sentiment confus de ne pas exister si nous ne possédons pas.. Pas de temps mort ici et ce plaisir d'avoir affaire à une littérature engagée, utile qui révèle, qui dénonce, qui soulève des questionnements sans être une oeuvre moralisatrice. Lionel Shriver a ce talent inouï de dresser en quelques phrases un tableau des lieux, de nous dépeindre des êtres en proie au désir de posséder, voir à la concupiscence comme pour cet homme d'affaire qui a détourné l'argent de son entreprise pour s'échapper au soleil abandonnant sa famille avant, dans un retournement de situation jubilatoire, de décider qu'il était moins ennuyeux pour lui de manger une pizza surgelé en prison plutôt que de passer le restant de ses jours à s'ennuyer sur cet îlot de sable fin. Lionel Shriver est drôle, pleine d'esprit, on songe à un Woody Allen en plus incisif. Autre nouvelle marquante, le récit de cet homme devant choisir entre celle qu'il souhaite épouser et sa meilleure amie depuis vingt cinq ans. On flirte en plein fantastique avec « Repossession », histoire d'une jeune femme découvrant que la maison qu'elle vient d'acheter est hantée.. J'ai beaucoup aimé aussi la nouvelle ironique nous décrivant la situation ubuesque de ces parents cherchant à pousser leur fils trentenaire à s'émanciper en prenant enfin son envol. Liam, nom de ce fils qui préfère squatter le jardin de ses parents et faire une cagnotte via internet car il s'estime lésé.. L'analyse de nos sociétés malades est d'une finesse rare. D'une écriture jouissive, Lionel Shriver met en lumière nos mensonges, nos compromissions, notre aveuglement, notre frénésie qui nous pousse à vouloir posséder. C'est intelligent, plein d'esprit, volontiers provocateur et terriblement addictif. Je ne peux que vous recommander de lire « Propriétés privées » paru aux éditions Belfond. Un coup de coeur.
Lien : https://thedude524.com/2020/..
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Ça pourrait être insupportable. Private jokes (« Elle préférait « Django unchained » à « Twelve years a slave », et pouvait élaborer avec beaucoup d'éloquence les raisons pour lesquelles les fantasmes de revanche constituaient pour sa communauté de bien meilleurs vecteurs d'autonomisation que les épisodes horrifiants de maltraitance à son encontre »), syntaxe et vocabulaire sophistiqués (« Mais elle n'était pas disposée à capituler. Sous peine, sinon, d'avoir à s'échiner, à mesure que les années passeraient et qu'elle serait moins vaillante, dans l'équivalent botanique d'une mine de sel afin d'arracher une à une ces stupides boutures bourgeonnant de leur espoir idiot, poussant tout leur saoul dans leur naïveté verdoyante et tape-à-l'oeil. »), inspiration puisée dans les sempiternelles histoires de familles et de couples.
Sauf que.
D'abord c'est souvent hilarant (« Il s'était autorisé un commentaire à voix haute, ponctué d'une esquisse de haussement de sourcils, quoique bref et nullement exagéré : - Oh, de grâce! Grossière erreur. La règle cardinale du voyage aérien était « Ne pas se faire remarquer ». C'était comme s'il avait survécu de justesse à un meurtre de masse, et qu'il était allongé, immobile parmi les victimes. Mais plutôt que de continuer à faire le mort, en exprimant ce « De grâce ! », c'est comme s'il s'était mis à faire des bonds en s'écriant : « Attendez! Ici! Vous en avez loupé un ! »).
Et surtout c'est brillant. On croirait lire du La Bruyère sous acide ou du Nathalie Sarraute sous amphétamines. La même capacité à ratiociner sur les plus petits détails de nos vies mesquines mais les haussant au rang d'oeuvres d'art de la médiocrité, heureuse ou tragique, comme une entomologiste à la fois distante et empathique - ce qui est normalement impossible. Comment cette femme me connaît-elle aussi bien?
Lionel Shiver nous tend un miroir sans complaisance qui nous pousse à serrer les fesses et relever le menton. Médiocres peut-être, mais dignes ! Morales du petit siècle, le nôtre.

(Merci à Masse critique et aux éditions Belfond pour cet envoi ô combien apprécié. )
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Avant toute chose, je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Belfond pour cet envoi.
Je ne suis pas une grande amatrice de nouvelles, ce qui explique peut-être aussi pourquoi je n'ai pas été emballée du tout par celles-ci.
Le livre en comprend douze, deux longues d'une centaine de pages et dix qui font entre 15 et 30 pages.

Je n'ai véritablement été étonnée, intriguée ou émue que par trois d'entre elles, le lustre en pied, Poste restante et le sycomore à ensemencement spontané.
Même si le lustre en pied présente des longueurs interminables, la nouvelle, aurait pu être bien plus courte avec tout autant de poids, je l'ai trouvé d'une grande originalité.
Celle qui parle d'un sycomore m'a émue, je l'ai trouvé presque « fleur bleue » et « Poste restante » m'a fait sourire car le thème de la curiosité et du courrier perdu ou volé est assez intriguant et laisse présager bien des découvertes.
Je connaissais déjà l'auteur dont j'avais beaucoup aimé certains de ses romans dont le très fort « Il faut qu'on parle de Kevin » et le bouleversant « Big Brother », mais ces nouvelles m'ont semblé bien longues, bavardes, débordant de détails sans intérêt, comme de longues logorrhées qui n'en finissaient pas.

Le thème de la propriété est abordé ici sous de multiples angles, on y parle de maisons, d'objets, d'argent, d'espace ou du sentiment d'appartenance à une famille, mais je n'ai pas été touchée par la majorité de ces histoires.
Certaines m'ont même semblé vide de sens, comme « taux de change », « Le baume à lèvres »ou « Kilifi Creek » par exemple, on les lit sans déplaisir mais une fois arrivé à la fin, on se demande « A quoi bon ? » ou « Tout ça pour ça ? ».
Je ressors donc déçue de ce recueil dont l'impression générale est la longueur et l'abondance de détails insignifiants et sans grand intérêt.
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