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EAN : 9782012937543
207 pages
Hachette Livre BNF (01/06/2013)
3.5/5   5 notes
Résumé :
Louisa Pène-Siefert (1845-1877), poétesse francophone, naquit à Lyon d'une mère suisse et d'un père prussien, ce qui ne l'empêcha pas d'écrire des vers patriotiques et vengeurs (Les Saintes Colères) au lendemain de la défaite de 1870. Son premier recueil, Rayons perdus, eut un grand succès et la fit connaître au monde littéraire de l'époque. On y trouve entre autres des strophes à forme fixe, abaab, ou abbacc, aabccb, aabcccb; elle manie avec aisance les rimes mascu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un recueil de poésies qui devait déjà avoir un charme désuet quand il a été publié en 1869. Une poésie lyrique, sentimentale, simple et plutôt cérébrale, c'est-à-dire que les sensations et les images sont quasiment absentes au profit d'un épanchement du Moi. Mais si l'on aime encore aujourd'hui la poésie romantique, il n'y a aucune raison de ne pas apprécier à leur juste valeur ces vers mélancoliques, corrects et un peu monotones aussi, sur les amours perdues.
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La poésie de Louisa Siefert est celle de la langueur et de la mélancolie romantique, qui associe les métaphores de la nature aux sentiments de la poétesse ou de ses personnages, souvent jeunes et figés dans les souvenirs et les regrets.
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La poésie de Louisa Siefert, protestante et malade, retrouve le ton mélancolique du romantisme où le pathétique le dispute doucement à la rêverie. Le recueil comprend notamment le poème Marguerite qu'apprécia Arthur Rimbaud.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
LA CURE.

Clochers silencieux montrant du doigt le ciel !
Théophile Gautier.


C’est un vieux cimetière étroit, pauvre, rustique,
Où d’humbles croix de bois, lugubre floraison,
Se détachent en noir sur le vert du gazon.
Puis une église avec un auvent pour portique,
Dont le petit clocher montrant le ciel du doigt,
Par un mouvement doux s’accoude sur le toit.

Adossée à l’église et plus modeste encore
La cure : une fenêtre avec un rideau blanc,
Un pot de basilic, un volet chancelant,
Au devant un jardin qu’un seul rosier décore
Et que ferme une claie, aux vieux ais vermoulus
Qui depuis bien longtemps ne se rejoignent plus.

Le tout calme, discret, charmant, mélancolique ;
Quelques saules pleureurs, un ou deux peupliers
Et comme fond, là-bas, de gros et grands noyers.
Pas une âme d’ailleurs sur le sentier oblique,
Qui fuit le long du mur et des buissons chétifs :
Seule, la rêverie y marche à pas furtifs.

p.33-34
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AUJOURD’HUI.

I.
En larges nappes d’or la lumière s’épanche :
Le soir viendra bientôt, six heures ont sonné.
L’ouvrier se revêt de sa chemise blanche
Et lustre de la main son chapeau fané.

Enfin, voilà le jour de fête, le dimanche !
Il peut sortir : il est haletant, surmené.
Il traîne un chariot fait d’une vieille planche,
Où chante, rit et dort son chétif dernier-né.

Les enfants vont devant et la mère pâlie,
Triste, derrière eux tous, seule, vient quelquefois.
Quand cet homme est debout tout son corps tremble et plie.

Quand il s’assied, il presse entre ses maigres doigts
Son front fier, écrasé par la misère humaine…
C’est ainsi qu’il respire une heure par semaine.

HIER.

II.
Rose comme une fleur de pommier au printemps,
Sous son petit bonnet de batiste empesée,
Naïve, confiante et de tout amusée,
Les yeux toujours emplis de beaux regards contents,

La lèvre toujours prête aux rires éclatants
Qui s’envolent au ciel ainsi qu’une fusée,
L’apprenti à son tour passe sous ma croisée
Au bras de son promis, beau garçon de vingt ans !

Dans sa petite main, une main qui travaille,
Elle tient un bouquet noué d’un brin de paille,
Qu’ils sont allés cueillir dans les champs reverdis.

Tout poudreux, tout hâlés, regagnant leurs taudis,
Ils se sentent légers comme les fleurs qu’ils sèment
Au vent sur leur passage : ils sont heureux, ils s’aiment !

DEMAIN.

III.
Au dehors un temps gris de décembre. Au dedans
Le poêle froid, le lit vendu, le métier vide.
Assis, les bras croisés, calme, muet, livide,
L’ouvrier regardait, sa pipe éteinte aux dents.

Debout, sombre, les poings serrés, les yeux ardents,
Sa femme à son côté pleurait ; et chaque ride,
Comme un sillon creusé dans une terre aride,
Buvait sans les tarir ces flots trop abondants.

Et quand nous vîmes là cet homme & cette femme,
Et cette chambre nue et ce foyer sans flamme,
Nous eûmes le cœur pris d’une immense pitié.

Elle, devant nos mains pleines, baissa la tête
En rougissant ; mais lui, n’entendant qu’à moitié :
« Femme, as-tu pas encor dix sous ? donne à la quête ! »

18…

p.113-114-115
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PLUIE D’AUTOMNE

II


Quand on a l’âme sombre et le cœur angoissé,
Ces aspects adoucis, ces tons mélancoliques,
Que voilent à demi des hachures obliques
(Impalpable réseau d’un faible vent poussé),

Cette nature en deuil, ce feuillage froissé,
Ces teintes d’un vert glauque aux reflets métalliques,
Cette pluie au moment des ardeurs idylliques,
Vous conviennent bien mieux que le beau temps passé.

L’été, c’est le bonheur, la joie et la lumière,
L’épanouissement sans crainte de l’esprit
À qui tout ici-bas et dans le ciel sourit.

L’été, c’est la jeunesse en sa verdeur première,
C’est la santé robuste et l’amour insensé...
Et moi, j’ai l’âme sombre et le cœur angoissé.

p.101-102
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LA LANDE AUX ROCHERS.


Qu’il faisait calme et beau, ce soir-là ! L’Angelus
Tintait naïvement de village en village,
Les flots du lac roulaient déferlant sur la plage,
La rainette chantait au revers du talus.

Une charrette au loin, de deux bœufs attelée,
Passait. Nonchalamment assis sur le brancard,
Gaule au poing, pieds pendants, le bouvier nasillard
Éveillait en sifflant l’écho de la vallée,

Tandis que d’un beau ciel, or et pourpre au couchant,
Vert et bleu sombre à l’est, tombait sur les collines
Un vague crépuscule aux teintes opalines,
Qui confondait le bois, le marais et le champ.

C’était la paix partout, la paix sereine et grave ;
Et ceux qui descendaient de la lande aux rochers,
Ce soir-là, relevaient aussi leurs fronts penchés
Et se sentaient le cœur plus joyeux et plus brave.
Juin 18…

p.37-38
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PAGE BLANCHE


Qu’écrire ? Vierge encor la page est sous mes doigts,
Prête à tout elle attend mon caprice. — Autrefois
La chantante élégie en mon cœur murmurée,
Source qui débordait de la vasque nacrée,
S’épanchait d’elle-même en vers doux et naïfs.
Les doutes, les soupçons, les aveux, flots furtifs
Qui jasent et s’en vont aux pentes inconnues,
S’échappaient nuit et jour en strophes ingénues ;
Le rêve, interrompu la veille, reprenait,
L’accent, confus d’abord, se répétait plus net,
Une larme coulait d’un sourire effacée ;
L’espérance passait légère, et ma pensée
S’égarait aux détours charmants du souvenir.
Maintenant, je n’ai plus de pleurs à retenir.
Plus de folle espérance à qui couper les ailes,
Plus d’angoisses traînant la colère après elles,
Plus d’effroi, de souci, d’amertume, plus rien !
Autrefois, les accords du grand musicien
Amour faisaient vibrer les cordes de mon âme ;
Maintenant, le foyer triste n’a plus de flamme,
Le musicien meurt, et l’instrument forcé
Ne rend plus qu’un son mat quand chante le passé.

Août 18...
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Video de Louisa Siefert (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louisa Siefert
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ? […] On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin. […] Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus. […]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Sophie Huë 0:30 - Ondine Valmore 1:41 - Augustine-Malvina Souville, dite Madame Blanchecotte 2:53 - Tola Dorian 4:14 - Émilie-Georgette-Louisa Siéfert 6:01 - Jeanne Loiseau, dite Daniel Lesueur 6:51 - Maria Anastasia Krysiska 8:36 - Générique
Références bibliographiques : Alphonse Séché, Les muses françaises, anthologie des femmes-poètes (1200 à 1891), Éditions Louis-Michaud, 1908 Alphonse Séché, Les muses françaises, anthologie des femmes-poètes (XXe siècle), Éditions Louis-Michaud, 1908
Images d'illustration : Ondine Valmore : cf. « Référence bibliographique » Tola Dorian : https://www.alamy.com/stock-image-portrait-of-kapitolina-sergueevna-mestcherskaa-1839-1918-known-as-164523258.html Daniel Lesueur, née Jeanne Loiseau : cf. « Référence bibliographique » Maria Anastasia Krysiska : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Krysinska#/media/Fichier:Marie-krysinska.jpg
Bande sonore originale : Arthur Vyncke - Uncertainty Uncertainty by Arthur Vyncke is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike 3.0 license.
Site : https://www.free-stock-music.com/arthur-vyncke-uncertainty.html
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