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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Et c'est reparti pour un bon vieux polar des années 30 qui se lit en à peine 1h ou 2 ! Cela faisait longtemps que souhaitais lire Simenon que je ne connais que grâce à l'excellent Bruno Cremer qui incarne le rôle. Ici, c'est un Maigret dans lequel le héros n'est pas si présent que ça puisque l'action se passe à Liège où notre fameux commissaire tarde à se montrer. Ce n'est pas tant pour l'intrigue (un peu tarabiscotée) et sa résolution que Simenon se montre le plus intéressant mais pour sa maîtrise des atmosphères, ses descriptions sociales et la finesse psychologique de ses personnages. C'est bien vu, rondement mené et d'une écriture virtuose. Une tranche de littérature qui n'a pas pris une ride grâce à ces immenses qualités.
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"La Danseuse du Gai-Moulin" est probablement le roman où Maigret tarde le plus à apparaître, en tous cas dans toute sa gloire de commissaire du 36, quai des Orfèvres. Certes, nous, aficionados, l'apercevons tout de suite et on peut dire qu'il nous crève les yeux mais, pour les autres personnages, noctambules, victimes et policiers de la ville de Liège - l'action se situe pour une fois en Belgique - Maigret va rester longtemps une silhouette, massive, maussade et intrigante. Vient même le moment où on le suspecte carrément d'avoir assassiné le défunt, un certain Graphopoulos, fils à papa dont on a retrouvé le cadavre dans une malle d'osier, sur un terrain vague. Mieux encore : les policiers liégeois l'arrêtent de manière fort spectaculaire et ce n'est qu'au plus profond du bureau du commissaire Delvigne que Maigret, plus amusé que vraiment ennuyé par la situation, révèle son identité.

C'est dire que la construction du roman diffère sensiblement pour une fois du schéma habituel. Tout s'ouvre en effet sur une discussion, au night-club "Le Gai-Moulin", entre deux tout jeunes gens, Delfosse et Chabot, l'un fils en apparence blasé d'un riche industriel et l'autre, rejeton pour l'instant fasciné d'un simple comptable. le lecteur ne tarde pas à comprendre que, pour se procurer de l'argent afin de régler leurs dettes et aussi, sans doute, pour se faire un bon shoot d'adrénaline pure, ces petits inconséquents songent à dérober la caisse du "Gai-Moulin" que le propriétaire des lieux n'emporte pas avec lui après la fermeture. (Quiconque a un tant soit peu fréquenté le monde de la nuit s'étonnera d'ailleurs au passage, mais sans s'y arrêter, ce qui est un tort, de cette curieuse façon de procéder.)

Les jeunes gens se laissent donc enfermer dans l'établissement et à peine ont-ils remonté l'escalier de la cave pour rejoindre la salle du dancing que, à la lueur (très apeurée, très tremblotante ) d'une maigre allumette, ils aperçoivent, étendu sur le sol, un oeil ouvert et l'autre clos, incontestablement mort et même mort de chez mort, le riche client qui, tout à l'heure, avait offert du champagne à Adèle, la danseuse professionnelle des lieux. La décharge d'adrénaline tant attendue est alors bien trop violente : sans demander leur reste et faisant preuve d'un bon sens dont on les eût crus incapables, Delfosse et Chabot prennent leurs jambes à leur cou.

... D'où l'ahurissement du lecteur lorsqu'il apprend le lendemain la découverte du cadavre dans la fameuse malle, sur un terrain vague.

Il serait mesquin de révéler le nom de l'auteur de cet étrange transbahutage entre le dancing et le terrain vague et vous auriez beau nous couvrir d'or comme Cléopâtre le fait pour Numerobis dans "Astérix et Cléopâtre", nous nous refuserions à vous le dire. Non Maintenant, réfléchissez un peu : Graphopoulos - sur son identité, on n'a aucun doute et Maigret raconte en plus à Delvigne que le défunt s'était pointé à la P. J. parisienne quelques jours plus tôt pour réclamer une "protection", "protection" que, la veille de son départ pour Londres, il avait cherché à faire supprimer, aiguisant ainsi la curiosité du commissaire, bien décidé du coup à le suivre jusqu'au bout du monde - est-il bien mort au "Gai-Moulin" ? En accord avec ce que nous ont permis d'apercevoir Delfosse et Chabot, nous le pensons, nous en sommes même aussi sûrs que les deux jeunes gens mais ... avons-nous vu la vérité ou seulement ce que l'on voulait que nous vissions ?

Outre l'intrigue policière, "La Danseuse du Gai-Moulin" est aussi une réflexion sur l'amitié entre jeunes gens. Simenon a-t-il envisagé qu'on pourrait un jour déceler une pointe d'homosexualité latente dans l'admiration que Chabot porte à Delfosse ? Peut-être. Peut-être pas. Mais il est vrai que, dès le milieu du roman, cette amitié entre jeunes hommes commence à prendre des coups qui ne dépareraient pas dans une relation amoureuse - hétérosexuelle ou homosexuelle. En amitié comme en amour, l'un aime toujours plus que l'autre, l'un se sacrifie volontiers plus facilement que l'autre - l'un manipule et l'autre se laisse manipuler, consciemment ou non. On évoquera à ce propos la relation, celle-là non platonique, entre Leopold & Loeb, histoire dont Simenon le journaliste avait certainement entendu parler. Mais attention : Leopold et Loeb appartenaient à la même classe sociale, possédaient le même niveau intellectuel supérieur à la moyenne et formaient bel et bien un couple d'assassins. La situation est foncièrement différente entre Delfosse et Chabot : donc, ne vous faites pas d'illusion, je me suis bien gardée de vous révéler, fût-ce indirectement, l'identité des coupables. Il me semblait simplement nécessaire d'insister sur cette amitié qui, en fait et en tous cas pour l'un des deux membres du binôme, n'en est pas une.

Et maintenant, vous savez ce qu'il vous reste à faire : lire "La Danseuse du Gai-Moulin." Vous ne devriez pas le regretter. Personnellement, j'ai vraiment a-do-ré ! ;o)
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Encore un Simenon @livredepoche... Ce que j'aime chez Simenon c'est que c'est très bien écrit, un style qui paraît simple et fluide... L'intrigue se déroule naturellement et au final on ne se doute de rien. Un page turner français... Sans grosses ficelles ni intrigues rocambolesques mais une intrigue fascinante du début à la fin qui s'appuie sur la connaissance du genre humain. La danseuse du gai moulin... Ça commence avec du cabaret et ça se termine en affaire d'espionnage.
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Un cadavre qui se balade.

Chabot et Delfosse sont deux adolescents qui veulent jouer aux petites frappes.
Ayant passé la soirée au Gai-Moulin, un cabaret de Liège, ils s'y laissent enfermer pour piquer la caisse dans la nuit.

Après la clôture, lorsque les dernières personnes présentes sont parties, faute de caisse ils trouvent un corps à terre. Celui de "l'oriental", un des clients qu'ils enviaient.

S'enfuyant rapidement, déboussolés, le lendemain ils apprennent par la presse que le corps a été retrouvé... dans une malle, au jardin d'acclimatation...

A lire pour l'intro, du grand art ! Pour cette première partie de roman donc, où un doux parfum de mystère plane dans l'atmosphère, en attendant de savoir quand le commissaire va apparaître, tel un magicien.

L'intrigue n'est pas en reste, et une fois n'est pas coutume, Maigret va piquer quelques secrets de déduction à Sherlock, lui qui d'habitude en reste aux faits établis, et attend la faille chez ses adversaires.
(plus d'avis sur PP)
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