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Citations sur La Maison du canal (6)

La pluie, le voile d'Edmée, les gros châles noirs des commères, l'eau qui dégoulinait sur les planchers et les banquettes, tout se fondait en une grisaille lugubre. La terre labourée des campagnes était sombre, les maisons bâties en brique d'un brun sale. On traversa la région des charbonnages du Limbourg et des terrils défilèrent tandis que le vicinal traversait les corons.
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Les oies sauvages passèrent un mois plus tôt que d'habitude et à la Toussaint, dans la maison refermée, tout le monde se serrait dans la chaleur des feux.
Les filles avaient reçu un nouveau manteau, y compris Edmée, mais elle ne voulut pas le mettre parce que la vieille couturière de Neroeteren lui avait taillé des épaules trop larges et mis les poches trop bas.
Au cimetière, on s'arrêta dix fois, car on rencontrait des gens à qui il fallait parler. Il y avait des cousins, des oncles, des tantes qu'Edmée ne connaissait pas. Ils étaient tous en noir et on errait dans l'odeur âcre des chrysanthèmes et d'affreuses fleurs d'un jaune gluant.

(Georges Simenon, "La maison du canal", chapitre IX - Librairie Arthème Fayard & Cie, 1932)
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Dans le flot de voyageurs qui coulait par saccades vers la sortie, elle était la seule à ne pas se presser. Son sac de voyage à la main, la tête dressée sous le voile de deuil, elle attendit son tour de tendre son billet à l'employé, puis elle fit quelques pas.
Quand elle avait pris le train, à Bruxelles, il était six heures du matin et l'obscurité était lourde de pluie glacée. Le compartiment de troisième classe était mouillé lui aussi, plancher mouillé sous les pieds boueux, cloisons mouillées par une buée visqueuse, vitres mouillées, dedans et dehors. Des gens aux vêtements mouillés sommeillaient.
À huit heures, juste à l'arrivée à Hasselt, on éteignit les lampes du convoi et celles de la gare. Dans les salles d'attente, les parapluies perdaient des rigoles d'eau fluide qui sentait la soie détrempée. Autour des poêles, des gens se séchaient et ils étaient presque en noir, comme Edmée. Était-ce un hasard ? Le remarquait-elle parce qu'elle était en grand deuil ? Et le noir n'est-il pas l'uniforme des gens de la campagne ?

(Georges SIMENON, "La maison du canal", Chapitre I - Librairie Arthème Fayard & Cie, 1932)
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[...] ... Pendant une heure, Edmée fut d'une activité fébrile. Quand elle revint à la porte du bureau, elle avait peine à contenir un sourire de triomphe. Elle frappa, parce que c'était une habitude pour tout le monde, même pour la tante, de frapper avant d'entrer dans cette pièce. Fred poussa un grognement et la regarda avec des yeux brouillés qui essayaient de revenir aux réalités.

- "Qu'est-ce qu'il y a ?

- Viens manger, Fred.

- Tout à l'heure.

- Non. Tout à l'heure, ce sera froid."

Il la suivit sans conviction, s'arrêta un instant au seuil de la cuisine, car il y avait une nappe, des serviettes, deux couverts bien dressés. Il s'assit gauchement.

- "Mia m'a dit qu'il y avait du lard et des oeufs dans le placard," murmura-t-il.

Or, elle lui servit du veau froid à la mayonnaise, une omelette au jambon et une crème renversée comme jamais personne n'en avait fait à Neroeteren.

Devant lui, Edmée était froide, sévère. Elle le servait en exagérant la politesse de ses manières et il s'étonna.

- "C'est toi qui as fait ça ?

- Qui serait-ce ?"

Elle se leva pour prendre un plat dans le four, le passa à Fred, non comme la tante ou comme Mia, mais comme une maîtresse de maison qui reçoit.

- "Maintenant, si tu veux," dit-elle, "nous irons nous promener une heure."

Cinq minutes plus tard, ils s'habillaient, chacun dans sa chambre, et Edmée cria :

- "Mets ton bonnet de fourrure !" ... [...]
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[...] ... Dans le flot de voyageurs qui coulait par saccades vers la sortie, elle était la seule à ne pas se presser. Son sac de voyage à la main, la tête dressée sous le voile de deuil, elle attendit son tour de tendre son billet à l'employé, puis elle fit quelques pas.

Quand elle avait pris le train, à Bruxelles, il était six heures du matin et l'obscurité était lourde de pluie glacée. Le compartiment de troisième classe était mouillé, lui aussi, plancher mouillé sous les pieds boueux, cloisons mouillées par une buée visqueuse, vitres mouillées, dedans et dehors. Des gens aux vêtements mouillés sommeillaient.

A huit heures, juste à l'arrivée à Hasselt, on éteignit les lampes du convoi et celles de la gare. Dans les salles d'attente, les parapluies perdaient des rigoles d'eau fluide qui sentait la soie détrempée. Autour des poêles, les gens se séchaient, et ils étaient presque tous en noir, comme Edmée. Etait-ce un hasard ? Le remarquait-elle parce qu'elle était en grand deuil ? Et le noir n'est-il pas l'uniforme des gens des campagnes ?

12 décembre. Le chiffre, en gros caractères, noirs aussi, à côté d'un guichet, la frappa.

Dehors, la pluie crépitait, des gens couraient, des silhouettes étaient collées à toutes les portes et les nuages rendaient le ciel si sombre que les boutiques gardaient leurs lampes allumées.

Juste en face de la gare, au milieu de la rue, il y avait un gros tramway vicinal peint en vert et noir. Il était vide. On ne voyait ni mécanicien, ni receveur. Un écriteau portait la mention Maeseyck et Edmée devait passer par cette ville pour se rendre à Neroeteren. ... [...]
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C'était bon et c'était inquiétant aussi.Tout était inquiétant ,même la paix épaisse de la maison quand il n'y avait pas d'étranger pour casser le rythme trop régulier de la vie;
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