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Citations sur Les Mémoires de Maigret (20)

[...] ... Il s'agit de connaître.

Connaître le milieu où un crime est commis, connaître le genre de vie, les habitudes, les moeurs, les réactions des gens qui y sont mêlés, victimes, coupables et simples témoins.

Entrer dans leur monde sans étonnement, de plain-pied, et en parler naturellement le langage.

C'est aussi vrai s'il s'agit d'un bistrot de La Villette ou de la Porte d'Italie, des Arabes de la Zone, des Polonais ou des Italiens, des entraîneuses de Pigalle ou des mauvais garçons des Ternes.

C'est encore vrai s'il s'agit du monde des courses ou de celui des cercles de jeu, des spécialistes des coffres-forts ou des vols de bijoux.

Voilà pourquoi nous ne perdons pas notre temps quand, pendant des années, nous arpentons les trottoirs, montons des étages ou guettons les voleuses des grands magasins.

Comme le cordonnier, comme le pâtissier, ce sont les années d'apprentissage, à la différence qu'elles durent à peu près toute notre vie, parce que le nombre des milieux est pratiquement infini.

Les filles, les voleurs à la tire, les joueurs de bonneteau, les spécialistes du vol à l'américaine ou du lavage de chèques se reconnaissent entre eux.

On pourrait en dire autant des policiers après un certain nombre d'années de métier. ... [...]
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Quand on parle du flair d'un policier, ou de ses méthodes, de son intuition, j'ai toujours envie de riposter :
-- Et le flair de votre cordonnier, votre pâtissier ?
L'un et l'autre ont passé par des années d'apprentissage. Chacun connaît son métier, tout ce qui touche à son métier.
Il n'en est pas autrement d'un homme du quai des Orfèvres. Et voilà pourquoi tous les récits que j'ai lus, y compris ceux de mon ami Simenon, sont plus ou moins inexacts.
Nous sommes dans notre bureau, à rédiger des rapports. Car ceci aussi, on l'oublie trop souvent, fait partie de la profession. Je dirais même que nous passons beaucoup plus de temps en paperasseries administratives qu'en enquêtes proprement dites.
On vient annoncer un monsieur d'un certain âge qui attend dans l'antichambre et qui paraît très nerveux, qui veut parler tout de suite au directeur. Inutile de dire que le directeur n'a pas le temps de recevoir tous les gens qui se présentent et qui, tous, tiennent à s'adresser à lui personnellement, car à leurs yeux leur petite affaire est la seule importante.
Il y a un mot qui revient si souvent que c'est une ritournelle, que le garçon récite comme une litanie : " C'est une question de vie ou de mort. "
-- Tu le reçois, Maigret ?

Georges SIMENON, "Les Mémoires de Maigret", Presses de la Cité (réédition Le Livre de Poche) 1950, chapitre 7.
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Pour moi, un homme sans passé n’est pas tout à fait un homme. Au cours de certaines enquêtes, il m’est arrivé de consacrer plus de temps à la famille et à l’entourage d’un suspect qu’au suspect lui-même, et c’est souvent ainsi que j’ai découvert la clé de ce qui aurait pu rester un mystère.
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[...] ... Je fus désigné aux gares. Plus exactement je fus affecté à certain bâtiment sombre et sinistre qu'on appelle la gare du Nord.

Comme pour les grands magasins, il y avait l'avantage d'être à l'abri de la pluie. Pas du froid ni du vent, car il n'y a sans doute nulle part au monde autant de courants d'air que dans un hall de gare, que dans le hall de la gare du Nord, et, pendant des mois, j'ai fait, pour les rhumes, concurrence au vieux Lagrume.

Qu'on n'imagine surtout pas que je me plaigne et que je brosse avec une complaisance vengeresse l'envers du décor.

J'étais parfaitement heureux. J'étais heureux quand j'arpentais les rues et je ne l'étais pas moins quand je surveillais les soi-disant kleptomanes dans les grands magasins.

J'avais l'impression d'avancer chaque fois d'un cran, d'apprendre un métier dont la complexité m'apparaissait chaque jour davantage.

En voyant la gare de l'Est, par exemple, je ne peux jamais m'empêcher de m'assombrir, parce qu'elle évoque pour moi des mobilisations. La gare de Lyon, au contraire, tout comme la gare Montparnasse, me fait penser aux vacances.

La gare du Nord, elle, la plus froide, la plus affairée de toutes, évoque à mes yeux une lutte âpre et amer pour le pain quotidien. Est-ce parce qu'elle conduit vers les régions de mines et d'usines ?

Le matin, les premiers trains de nuit, qui s'en viennent de Belgique et d'Allemagne, contiennent généralement quelques fraudeurs, quelques trafiquants au visage dur comme le jour vu derrière les verrières.

Ce n'est pas toujours de la petite fraude. Il y a les professionnels des trafics internationaux, avec leurs agents, leurs hommes de paille, leurs hommes de main, des gens qui jouent gros jeu et sont prêts à se défendre par tous les moyens.

Cette foule-là s'est à peine écoulée que c'est le tour des trains de banlieue, qui ne viennent pas de villages riants comme dans l'Ouest ou dans le Sud, mais d'agglomérations noires et malsaines.

En sens inverse, c'est vers la Belgique, la plus proche frontière, qu'essaient de s'envoler tous ceux qui fuient pour les raisons les plus diverses. ... [...]
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Dans l’ivresse de la victoire, cela me parut à peine alcoolisé.
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Certains signes ne trompent jamais, et ce sont ces signes-là, en définitive, que nous apprenions à connaître quand on nous faisait passer par toutes les équipes, arpenter des kilomètres de trottoir, grimper étage après étage, pénétrer dans toutes sortes de taudis et dans toutes les foules.
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Le meilleur moyen de savoir si vos intentions à tous deux sont sérieuses est de vous tenir éloignés l’un de l’autre pendant quelque temps Louise restera ici cet été. À l’automne, vous reviendrez nous voir.
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Ce que j’essaie de faire, en somme, c’est ni plus ni moins que d’ajuster une image à une autre image, un personnage, non pas à son ombre, mais à son double.
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On ne s’étonne pas de devenir un homme, puis un vieillard. Mais qu’un homme coupe simplement les pointes de ses moustaches et il ne se reconnaît pas lui-même.
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La première qualité, la qualité essentielle d’une vérité est d’être simple.
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