Imaginez un hameau entre mer et montagne, dans la Norvège du 19ème siècle. Sjur Gabriel, homme dur, autoritaire, qui pêche quand le temps le permet pour subvenir à sa ferme: quelques cochons, quelques poules.
Cinq enfants, 4 autres décédés. Une femme alcoolique qui disparaît régulièrement pour assouvir sa tristesse, Oline.
C'est par elle que la famille, peu à peu, sombre, jusqu'à ce qu'elle donne naissance, avec l'aide de Sjur et d'une voisine, à Vesle-Gabriel, personnage central de ce premier opus des Gens de Hellemyr.
Alors qu'Oline est hospitalisée plusieurs mois pour une blessure à la jambe, Sjur Gabriel s'occupe seul du bébé, ne laissant à l'aînée, Ingeborg, le droit de le tenir et nourrir que quand lui-même est trop occupé. Cet enfant devient tout l'espoir que son père porte encore à la vie, la prunelle de ses yeux, son diamant, et Vesle-Gabriel, en grandissant, deviendra essentiel dans l'équilibre de la famille, jusqu'à ce que le destin s'en mêle.
Dans la deuxième partie du roman, on rencontre Sivert, plusieurs années plus tard. Fils de Jens, l'aîné des cinq enfants de Sjur et Oline, il a tellement honte du regard porté sur sa famille à cause de son ivrogne de grand-mère prête à s'exhiber en ville pour quelques gouttes d'alcool, qu'il décide de partir en mer. Mousse, ses premiers pas sur un bateau sont misérables, il est maltraité, moqué, mais il parviendra à s'affirmer et deviendra un homme pendant ce voyage jusqu'en Jamaïque.
J'ai découvert ce livre totalement par hasard à l'étal de livres d'occasion de mon libraire et dès les premières pages, j'ai été émerveillée par le côté cinématographique des descriptions de ce livre écrit dans les années 1880.
L'histoire de cette famille est rude, triste, mais le voyage en mer et ses descriptions de la Jamaïque et des tempêtes sont formidables.
L'auteur,
Amalie Skram, a elle-même eu un destin exceptionnel, surtout pour son époque. Issue d'une famille modeste, elle a suivi avec sa famille son mari commandant sur les différentes mers du monde. Deux fois divorcée, hospitalisée pour raisons psychiatriques, elle a fait partie de l'avant-garde littéraire scandinave et en effet, on reconnait bien ici le naturalisme de
Zola avec cette saga familiale.
A découvrir, il y a deux tomes qui suivent!