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Nébuleux


Il est écrit, dans le prologue, que ce livre est issu d'"un vieux dossier d'archive, [...] 2 femmes y figuraient, qui n'auraient pu en faire qu'une seule [...] au point que la police [...] les ont confondues"
OK, donc cette histoire, cet imbroglio, est vrai et mis sous forme de roman.
Pendant la lecture: "ah bah non ce n'est pas mis en forme!"...
C'est une succession d'extraits de dépositions, mémorandum, articles [..]

Dans l'épilogue, on nous rajoute une couche avec la lettre reçue d'un lecteur/ex inspecteur principal qui a connu une des 2 Aline (Beaucaire)...

Sauf que dans les sources "une sale française est une fiction, inspirée en partie de faits réels"
Hein ? Quoi? C'était faux en fait? Ou qu'à demi vrai? Voir moins qu'à demi même ?

Mais du coup ou s'arrête la vraie Histoire et où commence la fiction?
Les faits réels seraient ils les paragraphes en italique? C'est à dire un chapitre sur deux ? C'est à dire les dépositions de la panthère rouge, Aline Bokaert? Celle d'Aline Beaucaire serait-elle inventée de toutes pièces ? Pensée accentuée par les livres "sources".

Voilà où j'en suis à la fin de cette lecture... même si ca paraît plausible, l'ensemble ne m'a pas convaincue (du tout). L'histoire de A. Beaucaire est trop fleur bleue, c'est quasi une romance sur fond historique (accessoirement je n'ai eu aucune empathie pour elle, bien au contraire même).

Je n'aime pas les livres historiques ou je ne peux pas démêler le vrai de la fiction, même si inspirée (encore pire avec "en partie") de faits réels.

Autre précision, ce que je suppose être de vrais documents (fatalement je remets tout en doute), cad des dépositions de A. Bokaert, allias la panthère rouge, sont vraiment indigestes niveau style (en même temps c'est normal).

En conclusion, un livre qui paraît à première vue véridique, surtout avec cette succession de dépositions, extraits de journaux, mémorandum [...], mais qui s'avère être une fiction tirée en partie de fais réels... du coup je suis déçue sur tous les tableaux: style, crédibilité et historique, ne pouvant pas démêler le vrai de la fiction.
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Qui est Aline Beaucaire ? Une espionne ou une simple femme de ménage de l'hôtel Rapp de Stuttgart ? Ne fait-elle qu'une avec Aline Bockert surnommée "la panthère rouge" ? L'une semble née en Alsace, l'autre en Suisse, mais le doute subsiste et dans ces années 30 les enquêteurs de la DST sont bien décidés à faire la lumière sur cette histoire d'identité... 
S'il abandonne provisoirement son affreux personnage Léon Sadorski, Romain Slocombe reste dans le thème de la seconde guerre mondiale avec ce récit de faux-semblants. Il retranscrit ici en parallèle d'un côté la lettre de confession d'Aline Beaucaire sur les évènements qui l'ont amenée à être condamnée à 2 ans de prison en octobre 1942 et de l'autre les rapports des différents policiers sollicités sur l'enquête.
Cela nous donne un ensemble très factuel, mais balancé quand même par les lettres d'une possible "adorable menteuse" et les échanges parfois un peu confus des enquêteurs. Ces dossiers reçus et retranscrits à minima par l'auteur permettent surtout de s'immiscer et de mettre à jour le quotidien d'un femme à priori banale dans la France occupée ou non de l'époque, ce qui rend la lecture tout à fait passionnante.
Sale allemande pour les uns, sale française pour les autres, Aline et son histoire ne laisseront pas les lecteurs, curieux de cette période de l'histoire, indifférents. Ce livre qui n'est peut-être qu'une parenthèse dans l'oeuvre de Slocombe vient compléter son étude de la France sous l'occupation.  A lire aussi toute la série Sadorski et "Monsieur le Commandant" (adapté en BD).
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Aline Beaucaire (née Hoffert, en 1911) est alsacienne. Fille-mère de Paul, mariée à Roger qui a reconnu son enfant, dont il n'est pas le père. Ce dernier, étant retenu dans un stalag (en 1940) Aline Beaucaire s'ennuie à Mulhouse. Et décide alors de confier Paul à ses deux parents (concierges de leur état) afin d'aller chercher du travail à Stuttgart. À l'époque, l'Alsace et la Lorraine étaient annexées à l'Allemagne par les envahisseurs …

C'est à l'hôtel Rapp (où elle est femme de chambre) qu'Alice Beaucaire va rencontrer les fameux Herzog, Brancaleoni et surtout Louis Cat (de quatre ans son cadet) dont elle tombera follement amoureuse, au point de le suivre au bout du monde (accessoirement à Alger …) Hélas, rien ne se passera comme elle l'avait espéré ! Aline Beaucaire va avoir de sérieux ennuis avec la justice …

Car en 1945, est recherchée par la police française (pour espionnage et trahison) une jeune femme née en 1916, à Lucerne (en Suisse) du nom d'Aline Bockert (ou Boekert, ou encore Bokeert …) dont le parcours ressemble – quelque peu – à celui de notre héroïne …

Cette fiction est tirée d'un fait divers sur lequel Romain Slocombe a effectué de sérieuses recherches. Toutefois, j'ai eu un peu de mal à éprouver de l'empathie pour notre Aline, qui laisse son fils adolescent chez ses parents et ne se préoccupe guère du pauvre Roger (son prisonnier de mari) juste parce qu'elle avait envie de s'amuser un peu (en plein conflit mondial …) Et je dois admettre que les chapitres « officiels » concernant les informations sur « l'autre » Aline m'ont légèrement perturbée … Sans être déçue par l'intrigue de ce nouveau roman, je reconnais volontiers avoir préféré la lecture des tribulations de son sale français, dans sa formidable série sur l'inspecteur Léon Sadorski ...
Encore merci à la Masse Critique Privilégiée de Babelio et aux Éditions Seuil de m'avoir fait découvrir ce nouveau roman en avant-première !
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Aline Beaucaire est-elle Aline Bockert ? C'est la question que pose le nouveau roman de Romain Slocombe, Une sale française, et qui taraude le lecteur durant une bonne partie de ce livre. Ce roman, c'est l'histoire de deux femmes qui n'en font peut-être qu'une. La première, Aline Beaucaire, un peu naïve, est alsacienne, fille de concierges qui n'a pas eu le moindre scrupule à laisser son fils à ses parents et à oublier son mari, retenu prisonnier par les Allemands dans un stalag, pour se laisser embarquer dans une histoire d'amour avec un sergent pilote de l'armée française, rencontré en Allemagne, où elle travaille, et qui penche plutôt du côté des nazis. Un homme avec lequel elle va passer en zone libre avec pour projet final de rejoindre Marseille, puis l'Algérie. Et peu importe, au fond, ce que trame son amoureux, elle ce qu'elle veut, c'est voir du pays et profiter du soleil. Tout cela, on l'apprend par le biais d'un mémorandum, une confession qu'elle fait au commissaire du contre-espionnage qui l'interroge dans les bureaux de la police De Marseille, en 1947.

une salle francaise couvRien à voir avec Aline Bockert, une quasi homonyme, qui elle, serait née en Suisse. Une vraie collabo, activiste forcenée, surnommé « La panthère rouge » et impliquée dans la persécution et la déportation de juifs. Reste qu'il faut démêler le vrai du faux pour la direction de la surveillance du territoire, et surtout savoir si ces deux femmes n'ont rien à voir l'une avec l'autre.

Parti d'une histoire vraie, Romain Slocombe a imaginé un récit nourri de nombreuses archives, alternant, au fil des chapitres, les témoignages d'Aline Beaucaire avec les rapports de police faisant état des actes et des mouvements d'Aline Bockert.

Sur près de 200 pages, le lecteur tente de démêler le vrai du faux, de lire entre les lignes les moments de vérité, ou les affabulations' sans vraiment jamais pouvoir se faire un avis définitif. Il faudra donc attendre la toute fin du livre pour savoir si ces deux femmes sont ou non la même personne.

Avec ce nouveau livre plein de mystère et à la forme plutôt singulière, le père de « l'inspecteur Sadorski » nous propose une nouvelle plongée dans l'histoire de la Seconde guerre mondiale à travers deux portraits de femmes prises au coeur de la tourmente, et ayant fait des choix bien différents. Il nous replace dans le contexte géographique de l'époque, avec le point stratégique que constituait la ligne de démarcation, qui passait notamment par le Jura, autour d'Arbois et Poligny, là où beaucoup y ont laissé la vie après avoir voulu passer en zone libre.
Lien : https://www.benzinemag.net/2..
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Certes, je vais en étonner – voire en décevoir plus d'un(e) – mais "Une sale Française" est le premier roman que je lis de Romain Slocombe. Alors, même si personne n'est parfait, je me sens honteuse de ne jamais avoir croisé sa route ni celle du – fameux, semble-t-il – Léon Sadorski. L'erreur est réparée tout au moins pour l'auteur.

Que dire de ce roman ? Tout d'abord, je dois avouer que, malgré les explications données dans la note de l'éditeur, j'ai été très perturbée par la construction de l'ouvrage. Il alterne la confession d'Aline Beaucaire, personnage principal, et les rapports officiels relatifs à Aline Bockert. Il m'a fallu abandonner au bout de quelques pages la lecture linéaire pour me concentrer sur l'histoire de la première, et ensuite, revenir sur les documents concernant la seconde. Je n'avais encore jamais pratiqué ainsi.

Le roman retrace, en effet, l'histoire d'Aline Beaucaire, alsacienne, un mari prisonnier dans un stalag autrichien, un fils laissé à la garde de ses grands-parents, qui trouve un emploi de femme de service dans un hôtel de Stuttgart. Elle y fait des rencontres… Il rapporte aussi les faits et gestes d'une autre Aline, Bockert, née en Suisse, elle, et dont trahison, collaboration avec l'ennemi etc., semblent avérées au regard des archives. Alors, les Aline sont-elles bien deux personnes distinctes ? L'une est-elle coupable et l'autre, non ? Bien difficile de répondre à ces questions tant le suspens est maintenu jusqu'au bout du bout du récit.

Exceptée la gêne signalée préalablement, j'ai apprécié le thème traité, ce retour sur des années que je n'ai pas connues et, pour ce qui concerne la partie romancée, l'écriture. J'ai beaucoup aimé, notamment, les portraits des différents protagonistes toujours superbement brossés "Celui-ci semblait le plus jeune : environ vingt-cinq ans, mince et découplé, les cheveux châtain clair rejetés en arrière, il portait une veste de daim sous un imperméable bleu marine à épaulettes." Et aussi, les descriptions de paysages "On arrivait au bout des vignes, la masse sombre des arbres se profilait dans la brume… Nous franchissions un dernier espace dénudé entre le vignoble et la lisière du bois, laissant dans la blancheur les traces de nos pas que la neige fraîche bientôt recouvrirait." le ton employé est également très intéressant qui traduit parfaitement, je trouve, le côté ambigu de cette Aline Beaucaire.

Même si ce ne fut pas un coup de coeur, ce roman m'a intéressée.

Je remercie Babelio et les Editions du Seuil pour cette lecture et la découverte d'un auteur.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Avoir le même prénom et un nom à la même prononciation était déjà improbable, être nées pratiquement le même jour pouvait apporter une certaine confusion, mais s'être croisées sans le savoir maintes fois pendant la seconde guerre mondiale, à Stuttgart, Mulhouse ou Marseille, ne pouvait qu'entraîner de dangereux amalgames.

Romain Slocombe retrace le parcours de ces deux Aline, l'une Beaucaire, femme de chambre alsacienne engagée comme travailleuse volontaire en Allemagne en 1940 puis compagne d'un collaborateur des services de renseignement de la Gestapo, l'autre Bockert, espionne suisse et milicienne nazie, réputée pour avoir été une tortionnaire impitoyable.

Pour raconter comment les destins de ces deux femmes ont pu se mêler, il utilise deux types de narration, la confession manuscrite de l'Alsacienne faite à la justice française en 1947 et les documents d'archives de la police, de l'armée et des tribunaux militaires d'après-guerre qui ciblent principalement la Suissesse.

En lisant la confession d'Aline Beaucaire, le personnage principal de ce roman-enquête, on se pose rapidement la question de sa réelle naïveté et l'on se demande si elle ne masque pas un militantisme fasciste non avoué.

Car si les rapports officiels sont capables de générer de simples erreurs de noms aux conséquences dramatiques, une confession, de part son caractère subjectif, peut déformer n'importe quel témoignage.

Il faut entrer dans cette double narration pour saisir le fil tenu qui n'était pas loin de faire accuser l'une pour l'autre. Et c'est de cet imbroglio que l'auteur laisse ses lecteurs se sortir, avec sa façon tout à fait originale de croiser ces événements de notre histoire.

Ce roman nous montre la fragilité de toute enquête et la difficulté de faire la part des choses, entre parti-pris et manipulation, pour rendre une justice équitable. Après m'être habituée à son style un peu déstabilisant, je l'ai trouvé intéressant et révélateur.

Merci à Babelio et aux éditions du seuil pour cette masse critique privilégiée
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Fin de la guerre mondiale. Une femme Alice Beaucaire est interrogée par la police. Employée de ménage dans un hôtel, elle tombe amoureuse d'un sergent pilote. Bien qu'elle soit mariée et qu'elle soit sans nouvelle de son mari, elle part avec lui en zone libre. le couple compte rejoindre Alger. Mais l'aventure tourne au drame.
C'est un roman original de par sa structure mais je n'ai malheureusement pas accroché.
J'étais tenté par le résumé, cette femme m'intriguait avec cette histoire d'amour avec un officier.
On alterne entre les extraits d'interrogatoire tout droit sortis d'un dossier de police avec le récit d'Alice.
Je n'ai pas accroché à la personnalité d'Alice, une anti-heroïne naïve. Elle se trouve toujours des excuses, elle est égoïste. Elle suit son pilote, elle croit ce qu'on lui dit sans chercher à aller plus loin. Elle profite de la vie. Mais je lui ai trouvé aucune force de caractère qui m'a séduite.
C'est dommage.
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Un roman qui nous propose une plongée dans la puanteur de la seconde guerre mondiale…
C'est grâce à Babelio que je remercie et à une Masse critique privilégiée que j'ai découvert ce roman et un auteur qui a un long parcours d'écrivain puisque deux fois sélectionné pour le Goncourt. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec un titre aussi fort.
Au lendemain de la seconde Guerre mondiale, Aline Beaucaire, Alsacienne, est interrogée par un commissaire de police à qui elle écrit pour raconter son histoire et insister sur son innocence. Mais il la soupçonne d'être une autre Aline, collaboratrice active de la Gestapo, connue comme étant la « Panthère rouge ». Alors qui est vraiment cette sale Française ?
J'ai lu avec intérêt le prologue qui a posé une situation, l'envoi d'un dossier sur deux « Aline » dont les destins semblaient confondus. Ensuite, j'ai été un peu désarçonné par l'organisation des chapitres qui se répondent mais dans une forme complètement différente. D'un côté, nous avons une confession écrite de l'une des Aline et de l'autre des documents déclassifiés de source policière. Vous vous en doutez, le mémorandum est très facile à lire et à suivre, le rapport de police est un peu plus compliqué à apprécier. Mais les deux formes sont très importantes pour comprendre l'époque, la noirceur et le déni qui se côtoyaient.
Ce roman est une fiction inspirée de faits réels dramatiques et tout le talent de l'auteur a été d'aérer cette histoire en donnant à l'un des personnages principaux la candeur et la passion qui emportent tout sur leur passage. En face, la panthère rouge qui a réellement existé sous le nom de Alice Mackert, n'est que dépositions, accusations, ignominie.
Romain Slocombe est un spécialiste de la deuxième guerre mondiale et des arrangements des uns et des autres pour survivre mais aussi de la période trouble d'après-guerre, durant laquelle les guerres des services ont continué et durant laquelle de nombreuses actions ne mettent pas les français à l'honneur. Cela se ressent et vous le savez, j'aime trouver un fond historique documenté quand je m'approche de ce genre littéraire. Ici, la liste des ouvrages consultés est impressionnante.
L'ambigüité est la note maîtresse, celle qui accompagne un récit vivant et source d'émotions plus souvent nuits noires que ciels bleus. C'est un vrai plus pour un roman qui m'a néanmoins laissée sur ma faim car en interrogations sans fin.
Amateurs de romans décryptant les coulisses des années noires, ce roman est pour vous.
Je remercie les Editions du Seuil pour l'envoi de ce roman en service presse non rémunéré.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
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Je remercie la Masse Critique Babelio pour ce roman.

Auteur dont j'apprécie énormément la plume depuis plusieurs années grâce à son personnage récurrent Sadorski, j'ai eu le bonheur de pouvoir le connaitre lors d'une rencontre sur Laval avec notre regretté Patrice Mercado.

Je me suis plongée dans ce dernier roman pour faire connaissance avec Aline Beaucaire. Je me suis attachée très vite à cette femme, à ses rencontres, à ses amours. Son parcours de vie atypique en fera une énigme pour la Police, certains diront même en annotation "soit elle est une menteuse aguerrie soit une nunuche de première"... à chacun de se faire sa propre idée.

Moi j'ai choisi de voir en elle une femme éprise de voyage, d'un changement de vie complet avec celui qu'elle aime, elle a envie d'immensité, de soleil, de chaleur, d'une vie simple mais ailleurs. Et surtout oublier ce contexte historique particulier.

Parce que oui nous allons remonter sa vie, qu'elle nous raconte par le biais de sa confession auprès de la Police. Elle va fréquenter des opportunistes, des français à la solde d'allemands peu scrupuleux. Elle préférera se voiler la face, pour vivre la vie qu'elle souhaitait.

Romain Slocombe nous livre ici un grand moment, contant sans fard ce qui représente la vie quotidienne de certains, les coups bas, les trahisons, les manques, les tueries. Tirés de faits réels mais romancés, j'ai adoré et dévoré.

Enjoy!
Lien : https://saginlibrio.over-blo..
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Grâce à Babelio et à une masse critique privilégiée, j'ai découvert Romain Slocombe, alors qu'il a écrit une trentaine de romans. Lorsque j'ai regardé sa bibliographie, je me suis rendue compte que j'en connaissais quelques-uns, notamment "L'affaire Léon Sadorski", que j'ai noté tout de suite dans ma wishlist. Je suis donc très contente de le découvrir avec son nouveau roman. le sujet m'avait tout de suite intéressée, j'ai lu beaucoup de livres sur la seconde guerre mondiale, mais pas du point de vue d'une française ayant une relation avec un Allemand.

J'ai été agréablement surprise par la construction du livre et par son originalité. L'auteur va retracer l'existence de deux femmes pendant la guerre, qui ont le même prénom, Aline, et le même nom mais d'une orthographe différente, Bockert et Beaucaire. L'une est née en Suisse, l'autre en Alsace. Pour la première, on a des comptes-rendus policiers qui ne font aucun doute sur sa collaboration avec l'ennemi. Pour la seconde, c'est elle-même qui prend la parole au travers d'un mémorandum qu'elle écrit pour la police. Aline travaille dans un hôtel à Stuttgart où elle rencontre un homme très élégant et beau du nom de Louis Cat. À aucun moment elle ne pense qu'il pourrait ne pas être honnête. de son côté, elle est mariée à un Français qui est prisonnier en Allemagne, elle a un fils qu'elle a confié à sa mère en France. Elle va suivre aveuglément Louis, oubliant fils et mari, il lui faut miroiter une vie tranquille à Alger. Il faut tout d'abord passer par la zone occupée et passer en zone libre pour se rendre à Marseille. Louis va présenter sa famille à Aline, qui habite dans le Jura. Elle aurait pu se douter à ce moment là des idées de son amoureux en entendant les paroles du père. Mais, vraiment, l'amour rend aveugle. 

Elle ne se rend pas compte qu'il travaille pour les services secrets allemands. Elle va tomber de haut quand elle le devinera. Moi en tant que lectrice, j'ai bien vu qu'il était louche, mais je comprends que ce soit différent pour elle. À cette époque, on avait déjà des doutes sur les camps de concentration, pas.de journaux télé, pas d'internet, beaucoup ne savaient pas ce qu'il se passait et l'ont découvert à la fin de la guerre. Donc j'ai trouvé des circonstances atténuantes à Aline. Je n'avais pas l'impression qu'elle était cette Aline Bockert dont parle les rapports de police mais on peut toujours être surpris. 

Je me suis très vite attachée à la seconde Aline, j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour elle, j'avais envie de lui dire de ne pas aller vers cette direction, mais c'est un personnage de papier. C'est tout de même tiré de faits réels, ce qui rend les personnages plus attachants. J'ai appris énormément de choses avec ce livre. Une qui m'a particulièrement marquée est le fait que le Jura était en zone interdite, encore plus grave que la zone occupée, puisque seuls les Allemands pouvaient se trouver dans cette zone. Les parents de Louis habitent à Arbois, ville que je connais très bien. J'ai aimé retrouver certains endroits. Je ne savais pas non plus qu'on ne pouvait pas sortir de cette zone si facilement. Aline et Louis ont dû avoir affaire à un passeur pour pouvoir se rendre dans la ville voisine, Pupillin. Ce fut une vraie surprise pour moi, qui m'a poussée à chercher d'autres infos sur le net. Et j'aime beaucoup quand mes lectures m'enrichissent et me poussent à en savoir plus. Rien que pour ça, ce roman est une réussite pour moi. 

La lecture se fait avec une certaine addiction, car dès le début et tout le long du livre, je me suis demandé si les deux Aline ne faisaient qu'une seule personne ou pas, et surtout, comment elles allaient en sortir. le suspense est entier, les informations arrivent petit à petit, semant le doute dans mon esprit, jusqu'aux dernières révélations qui permettent de tout comprendre. le rythme de lecture est intense, et c'est grâce, notamment à l'alternance de chapitres entre le récit du mémorandum et les rapports de police. Ceux-ci sont un peu plus compliqués à lire car c'est à chaque fois un rapport réel, donc il y a l'énumération des personnes présentes, des faits et des décisions. J'ai trouvé cette construction originale et intelligente. 

J'ai beaucoup apprécié le style de Romain Slocombe, qui raconte très bien. Il met les bons mots où il faut, pas de fioritures, il décrit très bien les personnes et les lieux sans alourdir le texte. L'utilisation de la première personne du singulier lorsqu'il s'agit d'Aline Beaucaire et du mémorandum, permet de s'attacher encore plus à elle. C'en est troublant d'ailleurs, car je me suis retrouvée dans sa tête, et pas toujours en accord avec ses décisions. Était-elle si naïve qu'elle le prétend, je doute quand même. Mais je ne vais rien dire de plus, tout l'intérêt du livre est de savoir si les deux Aline sont une même et seule personne, je ne veux pas vous gâcher la surprise de la réponse. J'ai été pour ma part, bluffée par certaines révélations.

Je suis aussi bluffée par la précision des faits, des noms des personnages. Les sujets sont vastes. L'auteur parle de l'occupation, des Juifs, des Allemands, bien sûr, mais aussi des trafics qui ont eu lieu pendant cette période, je ne m'attendais pas à voir la mafia Corse quand on est à Marseille. J'ai appris beaucoup de choses différentes de ce que je connaissais. L'auteur a dû faire un travail considérable en amont de l'écriture de son roman, et je suis toujours épatée par cela. Il mélange à la fois la rigueur des faits historiques avec un récit de vie littéraire. Il partage à la fin ses sources nombreuses. L'épilogue est très intéressant, avec une chronologie des faits et de la vie d'Aline. Je vous laisserai découvrir si elle était une "sale Française" ou une "sale Boche". 

Je suis conquise par le style de Romain Slocombe, c'est très bien écrit, ça se lit facilement, je vais continuer de lire cet auteur. Et j'ai de quoi faire vu tous les romans qu'il a écrits. Il a un commissaire qui revient dans plusieurs livres, je pense que je vais les lire. Cela se passe aussi pendant l'occupation, et vu le réalisme de ce roman ci, je pense que je vais encore apprendre plein de choses très intéressantes. 

Pour tout cela, je ne peux que vous conseiller de lire ce livre, vous apprendrez beaucoup tout en lisant une histoire de vie hors du commun.

Il ne me reste plus, de mon côté, qu'à remercier Romain Slocombe pour ce très bon moment de lecture. Un grand merci également à Babelio et aux éditions du Seuil de m'avoir permis de découvrir cet auteur. 

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