Ce tome est le septième dans une histoire complète en 9 neufs tomes. Il faut donc avoir commencé la lecture avec le premier tome Out from
Boneville.
Jeff Smith est le créateur de la série, dont il a scénarisé, dessiné et encré les 9 tomes. Cette édition bénéficie d'une mise en couleurs pertinente et intelligente, réalisée par Steve Hamacker.
Ted le fulgure est en train de susurrer à l'oreille de Jonathan Oaks, pour prendre des nouvelles de Lucius Down. À proximité, dans le campement des rescapés du village de Barrelhaven, Wendell fait le point avec le chef d l'ordre des Veni Yan, sur le siège que soutiennent les réfugiés. C'est à ce moment là que le volcan de la vallée commence à retrouver de l'activité, signalant le début du réveil du Seigneur des Criquets, et que les rats -garous passent à l'attaque. Mamie Ben, Thorn Harvestar, et les 3
Bone sont en train de cheminer sur les flancs du volcan, et ils doivent vite trouver refuge dans un souterrain qui conduit au coeur de la montagne, après avoir fait face à Kingdok. Étrangement, Fone se retrouve affublé d'un pull de marin et d'un canotier, Phoney d'une jambe de bois (comme le capitaine Achab dans Moby Dick).
Le lecteur retrouve tout ce qui fait le charme de la série dans ce septième tome. Pour commencer, les personnages sont toujours aussi sympathiques. C'est un vrai plaisir de voir Jonathan Oaks et Wendell réagir autrement que de manière négative. Ils sont placés dans une situation où ils s'inquiètent pour leurs proches, où leur comportement est plus constructif que quand ils étaient en opposition à Lucius Down. du coup, le lecteur partage plus facilement leur inquiétude, leurs émotions.
Jeff Smith en fait des personnages très humains, très proches. Lucius Down bénéficie également d'un éclairage plus favorable : l'adversité permet de mettre en avant ses qualités. Mamie Ben maintient toujours une forme de distance entre elles et les autres, et donc par là même avec le lecteur.
Jeff Smith maintient le statu quo un peu frustrant sur le caractère des
Bone. Fone est repassé en mode héros valeureux sans être intrépide (= conscient du danger), sans beaucoup de personnalité. Smiley est un peu en retrait dans ce tome, son rôle de faire-valoir comique s'en trouvant diminué d'autant. Seul Phoney conserve sa personnalité adulte pleine et entière, et peu agréable (il refait des remarques sur son objectif de rentrer chez lui, et un plan pour tenter de s'enrichir).
L'intrigue continue d'avancer à un rythme rapide, sans être forcé. le réveil du grand méchant (le Seigneur des Locustes) se rapproche à grand pas. le rôle des uns et des autres se précise. le lecteur a la confirmation de qui est le porteur de l'étoile (une identité qu'il était possible de deviner depuis plusieurs tomes). En termes de révélations, la plus intéressante concerne peut-être la capuche portée les Veni Yan, pourquoi leurs visages est complètement couvert.
Pour le reste, le lecteur reste un peu sur sa faim concernant les capacités des rêves,
Jeff Smith utilisant à nouveau ce dispositif (le fait qu'ils soient connectés), sans le développer plus avant. Au cours des pérégrinations de la troupe de Mamie Ben il introduit un nouvel élément que sont les cercles fantômes (qui donnent son titre à ce tome). Il s'agit d'un élément assez classique (des morceaux de réalité qui manquent dans le paysage). Par contre, le traitement graphique qu'en fait Smith est très ingénieux. Lesdits cercles ne sont pas visibles par les personnages ou par le lecteur. Seule Thorn Harvestar peut les percevoir, le lecteur devant les imaginer par lui-même, aux endroits indiqués par Thorn.
En termes de narration,
Jeff Smith succombe à son penchant pour les scènes dialogues étirées, sans grand intérêt visuel, du fait de personnages statiques aux expressions trop mesurées. Il reste l'expressivité des 3
Bone, toujours aussi épatante, quelques visions mémorables (une colonne de fumée, un paysage recouvert de cendres, la séquence de rêve de Fone en milieu marin, une fuite éperdue devant un troupeau de rats-garous), et des séquences vivantes dès qu'elles ne sont plus statiques.
Ce tome est dédié à
Charles Vess qui a également dessiné le prologue de la série Rose, un récit de
Neil Gaiman (Stardust) et qui dispose d'un tome dans la série Modern Masters (Modern Masters Volume 11:
Charles Vess).
Cette série conserve son attrait grâce à ses particularités : les 3 cousins
Bone, une situation qui évolue de tome en tome, des héros loin d'être tout-puissants ou omniscients, une opposition bien/mal entre 2 camps composés d'individus complexes, ne proie aux doutes. Il conserve aussi ses limites, à commencer par de longues scènes de dialogues et des personnages qui manquent parfois de personnalités.