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sur 325 notes
Au centre du décor, les quartiers nord de Londres, deux personnages, Samad et Archie. Il sont unis par leur participation à la fin de la seconde guerre mondiale et sont inséparables même s'ils s'engueulent tout le temps. Enfin, c'est surtout Samad qui engueule. Il est d'origine Bengali (Bengladeshi après 1975), rêvait d'exploits dignes de son aïeul, héros supposé de la révolte des Cipayes au 19e siècle. Comme il arrive, il reporte ses rêves sur ses fils jumeaux Magid et Millat. Et tente contre toute réalité de leur transmettre un islam traditionnel, mais non fanatique. Ce qui échouera bien sûr. Archie rencontre sur le tard une jeune jamaïcaine, en rupture avec les Témoins de Jéhovah, dans des circonstances plus que rocambolesques. Ils ont une fille Irie. Une troisième famille intervient, les Chalfen, famille de la classe moyenne sûre de sa bonté, qui vient en soutien scolaire à Irie et Millat. Mais le soutien scolaire se transforme en liens étroits et problématiques, et évolutifs, entre les trois familles.
Au coeur de ce beau et long roman, le thème de la transmission et de la filiation, voire de l'expérimentation génétique (ça je vous laisse le découvrir). Les cultures et les traditions religions et philosophiques se mêlent et se heurtent dans des mélanges parfois détonants. Les personnages sont attachés et encombrés par leur passé, et la deuxième génération se fraie tant bien que mal un chemin vers l'avenir.
Les sujets sont très sérieux, voire dramatiques, mais sont traités avec beaucoup de légèreté (au bon sens du terme) et de drôlerie. Cela se lit facilement avec plaisir et bonheur. le style est inventif et plein de trouvailles. Et bien entendu le livre de Zadie Smith ouvre des perspectives sur les réalités et l'histoire des immigrés d'origines diverses en Angleterre.
Bref, un bouquin très sympa à recommander absolument.
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Voilà la chronique familiale de deux familles anglaises amies : l'une issue d'un mariage anglo-jamaïcain, et l'autre émigrée d'origine bengalie. La réalité sociale, les problèmes liés à l'intégration des émigrés dans la société occidentale sont particulièrement bien évoqués.
C'est mené avec brio, humour, c'est souvent loufoque, le rythme ne se détend pas (le lecteur pourrait même de temps en temps bénéficier d'une phase de « repos » pour souffler, mais non...), cela pointe avec justesse et honnêteté les problèmes que l'intégration dans un pays occidental pose aux émigrés. C'est un peu touffu cependant, le livre aurait sans doute gagné à être un peu plus court, et la fin se termine en queue de poisson. Mais, en définitive, le plaisir de lecture l'emporte.
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J'ai eu beaucoup de mal à terminer ce roman bourré de qualités, mais long, très long.
Il aborde les difficultés et les interrogations d'une famille d'origine pakistanaise installée à Londres. Tout est évoqué : l'arrachement à la culture d'origine, elle-même martyrisée par plusieurs traumatismes historiques qui ont donné naissance à la nation pakistanaise après la partition avec l'Inde (en passant par le Bengale) ; la religion ; la guerre (39-45) ; l'antagonisme des valeurs ; la tentation de la délinquance, le déclassement social, la spiritualité ...
Ce livre riche, bien écrit, sans larmoiement, aurait gagné à avoir 150 pages de moins.
J'ai fait connaissance à travers lui avec le "réalisme hystérique", école dont se revendique l'auteure, dont elle est même un chef de file et qui n'est pas sans évoquer l'exubérance de certains auteurs sud-américains (Gabriel Garcia Marques).
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Zadie Smith, née en 1975 dans une banlieue du nord-ouest de Londres, est une écrivaine britannique, fille d'un père anglais et d'une mère jamaïcaine qui émigre en Angleterre en 1969. Ses parents divorcent alors qu'elle est encore adolescente et à l'âge de 14 ans, change son prénom de Sadie en Zadie. Elle étudie la littérature anglaise à l'université de Cambridge. Son premier roman, Sourires de loup, paru en 2000 a reçu plusieurs prix.
Archie Jones l'Anglais et Samad Iqbal le Bengladais, se sont connus durant la Seconde Guerre Mondiale avant de se retrouver en 1975 au nord de Londres, dans le quartier des exilés et des déracinés. le roman va nous raconter leurs deux vies, leurs mariages, leurs familles – deux clans distincts - et leurs problèmes jusqu'à la fin du siècle, dans cette Angleterre multiculturelle en pleine mutation.
Je n'ai lu que deux romans de cette écrivaine mais je vois qu'ils présentent les mêmes caractéristiques. Une écriture dense et foisonnante - qui freine l'entrée du lecteur dans le bouquin - où la mixité culturelle tient le rôle principal. Ce qui frappe le plus ici, c'est qu'il s'agissait de son premier roman et pour un coup d'essai, c'est époustouflant de virtuosité. Plus de cinq cents pages débordant de personnages divers et exotiques, de situations souvent drôles ou loufoques, de réflexions sur le monde comme il va dans un Londres loin des clichés touristiques habituels ou de cette Albion so british…
Zadie Smith écrit ses romans comme d'autres mitonnent des ragoûts en y incorporant tout ce qui leur tombe sous la main. Il y a un suicide raté, une seconde épouse bien plus jeune, des fils jumeaux Magid et Millat, les Témoins de Jéhovah, Allah et ses préceptes, des odeurs de curry et de shit, des digressions sur à peu près tout, des références au Mur de Berlin et à Salman Rushdie, des engueulades féroces, des sentiments non partagés, des problèmes de couples, des personnages tous très attachants malgré leurs défauts ou à cause de leurs défauts, un fils envoyé en Inde pour lui inculquer la vraie religion tandis que l'autre se vautre dans le sexe. le pauvre Samad a bien du mal à comprendre le monde qui l'entoure, sa femme et ses fils. le choc des cultures le chamboule tellement qu'il sera tenté de fauter avec une enseignante de ses gamins.
Problèmes d'intégration et d'éducation des enfants, poids de la religion, comment concilier les enseignements du Coran et la redoutable facilité avec laquelle on peut s'empiffrer des fruits du péché dans nos sociétés occidentales ? L'auteure s'interroge aussi sur nos racines, imaginant qu'un jour peut-être, elles « n'auront plus d'importance parce qu'elles ne peuvent ni ne doivent en avoir… »
Zadie Smith a un bagout exubérant, tout part dans tous les sens mais rien n'est gratuit et tout fait sens, un incident de l'époque de la Guerre cité en début de roman reviendra en fin d'ouvrage pour boucler en beauté cette fresque colorée et bruyante, menée de main de maître par un écrivain affirmé dès son premier opus. Seul bémol, ou revers de la médaille, cette avalanche explosive ne manque pas de saouler le lecteur qui se sent pris entre deux sentiments opposés, abandonner le livre qu'il sait de qualité, ou s'accrocher vaillamment. Je vous conseille de tenir bon, la récompense est au bout.
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SOURIRES DE LOUP de ZADIE SMITH
Archie Jones avait décidé de se suicider le 01/01/1975 dans sa voiture avec les gaz d'échappement, hélas pour lui Mo Ismael, halal et kasher trouvait que son véhicule gênait et lui interdit de se suicider car il n'avait pas la licence! Archie voulait en finir car il s'était fait plaquer par Ophélie son épouse italienne depuis trente ans qu'il n'avait jamais aimé. Alors il rejoint une communauté, rencontre Clara, 19 ans, noire, métis jamaïcaine, pas de dents du haut, six semaines plus tard ils sont mariés, il a 47 ans, il ne l'aime pas. Clara est témoin de jehovah, la fin du monde était prévue le 01/01/1975, elle devait faire partir des 144000 sauvés, elle est déçue! En fait Archie n'aime qu'une seule chose, passer ses soirées dans le bouge d'O'Donnels avec Samal Iqbal, un bengali avec lequel il a fait la guerre. Clara va avoir une fille Irie et Samal deux fils, Millat et Magid. Samal très musulman, ne veut pas que ses fils subissent l'influence occidentale et va renvoyer Magid au pays pour qu'il suive les préceptes coraniques. Par manque d'argent Millat restera en Angleterre.
On va suivre pendant une trentaine d'années l'évolution de ces deux familles, celle de Samal déchirée entre ses racines bengalies et son pays d'adoption et celle d' Archie, brave type un peu paumé mais plein de bonne volonté. Les enfants vont faire exploser les cellules familiales par leurs postures radicales et inattendues.
C'est un livre à l'humour ravageur qui pointe du doigt toute la complexité de l'intégration des immigrés et de leurs enfants, c'est un tableau de l'Angleterre de 1975 à 2000, il y a pléthore de personnages truculents comme cette famille Bobo qui veut à tout prix aider un des enfants, tout est très bien vu dans un style très maîtrisé surtout si l'on considère que ZADIE Smith, britannique originaire de la Jamaïque a écrit ce petit bijou à 25 ans. Une auteure à suivre.
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Cette jeune auteure d'origine jamaicaine et anglaise obtint un succès immédiat pour ce premier roman, écrit à 25 ans seulement. Les droits du livres furent même achetés avant même qu'il soit terminé, à un éditeur ayant lu les cent premières pages seulement lors de la foire du livre à Francfort.t

C'est un roman foisonnant, à l'écriture baroque et flamboyante, s'inscrivant dans la tradition du grand roman anglais, de Fielding aux "Enfants de minuit" de Salman Rushdie, en passant par Dickens, rendant compte de la cociété anglaise en mutation, de ses crises, de la diversité des ses communautés et de son caraxtère multi-ethnique et multi culturel. Un livre cependant très profondément "british" par son humour décapant. et dévastateur, se moquant tout à la fois de la classe moyenne cultivée, des petits blancs racistes de la classe ouvrière, des "racailles" de banlieue totalement ignorantes de leur culture d'origine mais revendiquant cependant des racines qui leur sont totalement étrangères et inconnues. La langue est celle de la rue, totalement baroque et flamboyante elle aussi, un anglais en pleine mutation, sabir de cockney de la classe ouvrière, d'anglais standard de la télé et de la pub et de "pidgin" post-moderne. (petit nègre des banlieues, des minorités jamaicaines et indo pakistanaises) Je serais d'ailleurs curieux de lire ce roman également dans la traduction française pour voir comment cette énergie linguistique, ce mélange des genres et de styles a été adapté par le traducteur.

Les héros en sont un cockney de base inculte et un indien originaire du Bengale, possédant un vernis de culture, attaché à ses racines, voulant pour ses deux fils une éducation de bons musulmans, qui ne pouvant payer deux billets d'avions, envoie, contre l'avis de sa femme, et de son entourage, l'un de ses deux rejetons au Bengale afin de le protéger contre la corruption et les vices occidentaux,. Les deux compères ont fait la 2ème guerre mondiale ensemble, gonflent tout le monde et leur famille en particulier en rabâchant leurs souvenirs militaires pas très glorieux, et pour ce qui concerne le bengali, les exploits (très improbables et contestés) d'un ancêtre qui aurait le premier mené une rebellion contre l'envahisseur anglais. Il sont tous les deux épousé sur le tard des femmes beaucoup plus jeunes et leur ont fait des enfants qui sont à l'image des adolescents actuels issus des minorités : le fils resté en angleterre du Pakistanais est un petit délinquant, leader charismatique d'une petite bande qui sera sensible aux fatwas prononcées par les barbus fondamentalistes de Bradford et ira brûler le livre d'un écrivain ayant "blasphémé" contre l'islam, et qui en profitera pour piller quelques magasins et agresser quelques passants "infidèles". le frère de cette petite frappe néanmoins sympathique, celui qui fut exilé d'autorité par le père vers l'Inde, fait des études de droit. C'est l'intello, la fierté de son père, qui en fait ne sait pas très bien ce qu'il devient là-bas et dont on peut douter, eu égard à sa rationalité et à son désir de modernisation de la société indienne, qu'il devienne ce que son père a imaginé pour lui en l'exilant dans le sous-continent. Je ne puis vous dire ce qu'il devient, étant en train de teminer le bouquin et désireux de toutes façons de ne pas dévoiler la suite afin de vous donner l'envie de découvrir lle destin des personnages par vous-mêmes. Autres personnages savoureux de cette fable sociale, inscrite totalement dans l'histoire et la société actuelle du Royaume Uni, contrairement à une certaine littérature française trop souvent déconnectée du réel, digne du Tom Jones de Fielding ou de Dickens :

- La mère des deux enfants de l'Indien, mariée à cet homme plus vieux qu'elle et ramenée par lui en angleterre, est tout à fait intégrée, apprécie la modernité et le confort de l'occident, est hostile aux véléités fondamentalistes de son époux et cependant attachée à ce que ses enfants ne perdent pas leurs racines.

- Sa nièce, lesbienne totalement impie, menant une vie "honteuse" pour sa tante, qui ne l'excommunie toutefois pas et lui demande souvent son avis pour l'éducation de ses propres enfants et dans la façon de gérer son couple.

- La fille du cokney, de mère jamaicaine, amoureuse du fils délinquant du Bengali et désireuse de s'intégrer, fréquentant assidument la maison d'un couple d'intellectuels d'origine juive mais identifiés comme étant anglais pur sang

Les deux géniteurs de cette descendance bigarrée sont les meilleurs amis du monde, fréquentent le même pub tenu par un pakistanais à l'idéologie plus british-de-base-que-lui-tu-meurs, se bourrent la gueule régulièrement dans ce boui boui en ressassant leurs souvenirs de guerre et en débitant des brèves de comptoir savoureuses avec les autres clients, le pakistanais, faisant rigoler tout le monde avec son ancètre soi-disant anticolonialiste et sa prétention à se purifier et à se comporter dans un avenir incertain comme un bon musulman.

Le roman est vraiment excellent. Il s'inscrit, par son humour dévastateur et son ancrage dans les réalités économiques, culturelles et social de la Grande Bretagne qu'il décrit, dans la tradition du grand roman anglais, aux antipodes d'une littérature française trop souvent déconnectée du monde réel.

Sans dévoiler la fin de l'intrigue, disons, pour faire court et simpliste et si j'ai bien compris le message de cette fable baroque flamboyante :

- que la classe ouvrière britannique est confrontée à une situation inédite, celle d'une immigration de masse qui a transformé en profondeur le Royaume uni, dont les populations bigarrées apprennent malgré tout à répondre avec humour aux défis de l'Histoire (avec un grand H). Archibald Jones, personnage représentatif et plus-typiquement-anglais-que-lui-tu--meurs, n'est pas un raciste de base. Il a épousé une jamaicaine, est resté le meilleur ami de son compagnon d'infortune et de guerre (un Bengali bien intégré mais islamiste sur les bords). Cette classe ouvrière donc, malgré le racisme ordinaire d'une partie de la société, également dénoncé par la romancière, est profondément tolérante.
- Que cette classe ouvrière britannique, bien que n'adhérant pas au fondamentalisme de certains membres des communautés musulmanes dont elle partage l'existence quotidienne, pressent confusément une communauté d'intérets et de destin envers ces "étrangers" qu'elle côtoie dans les quartiers et à l'école, ceci malgré un fond d'intolérance ethnocentriste indélébile.
.- que cette classe ouvrière adhère cependant obscurément, par simple bon sens, aux valeurs rationelles de l'occident, auxquelles elle ne comprend pas grand chose et qu'elle ne pratique pas dans sa vie de tous les jours, lesquelles valeurs ont permis à l'Europe de conquérir le monde mais sont en train de déboucher sur une fuite en avant technologique d'apprentis sorciers risquant de détruire le monde.
- Sur ce dernier point, la dénonciation de la rationalité occidentale qui présenteraitt un danger pour la survie de l'espèce et la suprématie occidentale, je ne suis d'ailleurs pas certain que la romancière adhère aux pulsions anti-scientifiques post-modernes et qu'elle ne se rallie pas, en fin de compte, derrière la bannière de la recherche scientifique, tant est féroce sa charge contre les sectes fondamentalistes islamistes, chrétiennes et anti vivisection - toutes farouches adversaires de la société occidentale et convergeant, malgré le gouffre idélologique qui les séparent et pour des raisons diamétralment opposées, dans une haine aveugle contre : le père, le colonisateur, la chair et la révolution sexuelle.
- Que cette classe ouvrière, ou plutôt ces "masses déracinées par le capitalisme", privées de leur solidarités traditionnelles comme le dirait Arendt bien mieux que moi, semblent prendre fait et cause, à un instant crucial de la narration, contre la rationalité arrogante de l'intelligentsia qui leur promet un futur radieux grâce à la science et au progrès. En fin de compte, ces masses déboussoulées ne parviennent pas à prendre une décision, s'en remettent au hasard, à leur maktoub cockney et se font finalement "baiser" par cette bourgeoisie qu'elles soutiennent malgré tout et en dernière instance contre leurs "intérêts objectifs de classe". Je suis désolé d'avoir recours à une vulgate marxiste assez impropre à rendre compte de la tonalité du livre et de son message socilogique et politique, mais faute d'un meilleur instrument d'analyse à ma disposition, je suis obligé de faire avec...

Voilà, il me reste à vous rappeler que cet excellent roman a été traduit en français sous le titre "Sourire de loup", qu'il est publié en poche dans la collection Folio, et que je vous en recommande vivement la lecture si vous voulez mieux comprendre la société britannique actuelle au-delà des clichés sur le communautarisme à l'anglo-saxonne dont on nous rebat les oreilles ici pour lui opposer l'intégration à la française, vous savez, cette panacée républicaine qui a donné ce que l'on a vu l'hiver dernier dans les cités en flamme de l'hexagone. Ils ont dû bien rigoler les anglais et tous ceux qui en ont marre de recevoir des leçons de démocratie et de progrès social de la part des "frogs", des Frenchies arrogants.......

Lien : http://jcfvc.over-blog.com
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Premier roman, et, bam, roman total !
Ce livre est un agglomérat très réussi de parcours, d'odyssées de personnages aux multiples origines, multiples idées, idéologies, tous en lien, et tous singularisés.
Il y a des langues, des langues parlées, des langues plus érudites (en anglais ça doit encore rendre mieux).
Il y a des combats, des oppositions, l'Orient et l'Occident, les religions et la science, l'obscurantisme et le scientisme, les différences entre générations...
Psychologiquement solide, sociologiquement plutôt solide, littérairement sans reproches.
Mon seul bémol est la longueur (plus de 700 pages), des pages où je me suis parfois perdu ou plutôt l'auteure m'a un peu perdu. Mais, comment réduire une telle somme. Et le faut-il, d'ailleurs, ce n'est pas nécessairement une bonne idée. (Non, ce n'est pas un bonne idée.)
Ce livre ne fait pas partie des indispensables à lire dans sa vie. Toutefois, il fait partie des livres qui sont édifiants, marquants, remarquables, qui font beaucoup réfléchir et penser, qui touchera d'une façon ou d'une autre tout lecteur qui osera l'ouvrir.
Un livre dont l'humanité peut s'enorgueillir. (Merci Zadie Smith.)
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Pas un coup de coeur en tant que tel, mais une très bon moment de lecture, avec des personnages rocambolesques, hauts en couleurs, aux caractères bien tranchés, qui nous dépeignent la situation des immigrés au sein de la société anglaise. Zadie Smith - âgée seulement de 25 ans lors de la rédaction de ce roman ! - aborde la question des relations familiales, d'amitié, d'amour, et l'influence de la religion, des souvenirs de guerre, au sein du cocon familial. Un style truculent, des héros aussi agaçants qu'émouvants, des anecdotes familiales toutes plus déjantées les unes que les autres.
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White Teeth est un coup de coeur. Même si le style est abordable en anglais, il reste néanmoins élégant et minutieux. L'écriture de Zadie Smith est dense sans pour autant utiliser des mots compliqués. Je pourrais lui reprocher d'écrire des phrases trop longues qui sont difficiles à lire dans le métro (j'ai testé) mais elle reste un écrivain qui me fascine et sans doute un des meilleurs contemporains que j'ai lu depuis belle lurette. du haut de ses 24 ans à la sortie de White Teeth, on observe déjà une maturité qui se dégage dans les portraits psychologiques de chaque personnage (et qui semble se confirmer avec les romans qui vont suivre).

Il m'est cependant difficile d'exprimer mon ressenti tant ce roman est complexe et grandiose. Comme tous les romans traitant du thème de la famille, je suis passée par tous les sentiments possibles et imaginables : de la compassion à l'énervement, de l'admiration pour la famille Chalfen à la déception concernant toute la partie consacrée à Irie. Elle y aborde également des thématiques qui sont moins attendues comme les témoins de Jéhovah, la PETA ou encore les filières islamiques radicales. Ma lecture a eu un écho avec les événements qui se sont déroulés au mois de Janvier puisqu'une fois de plus les débats concernant l'intégration des minorités ethniques ont été mis en avant sur la scène politique. J'ai beaucoup aimé la façon dont Zadie Smith traite le thème de l'immigration car elle y apporte un éclairage singulier. de part son expérience, elle parle avec justesse des conséquences pour la seconde vague d'enfants immigrés. C'est avec intérêt que j'ai suivi les tribulations d'Irie et Millat, qui en plus de leur nationalité anglaise, sont d'origine caribéenne et indienne. Avec leurs égarements, on observe les répercussions du clash entre la culture de leur pays d'accueil et la culture inculquée par la famille (testé aussi). J'ai trouvé le roman très juste sur ce point là et je me suis vue revivre certains épisodes de mon adolescence avec le personnage d'Irie qui se retrouve coincée entre deux cultures contradictoires qu'on lui a imposées. Chaque mot est bien placé et juste. Zadie Smith ne tombe pas dans la caricature ou n'en fait pas trop lorsqu'elle parle de la communauté musulmane. Au contraire, on ne peut qu'éprouver de la compassion et de l'empathie pour la famille de Samad Iqbal.

Zadie Smith propose également une critique de l'ascenseur social, tombé panne, à travers la rencontre avec les Chalfen, famille bourgeoise juive dont les membres sont passés par Oxbridge. le malaise entre les deux familles s'accentuent lorsqu'elles se rencontrent provoquant des situations comiques. En revanche la fin m'a parue improbable et bâclée. La romancière met trop d'éléments dans une intrigue qui finit par piétiner, traîner en longueur et tourner parfois en rond ce qui est dommage.

Pour conclure, je dirais qu'il ne se passe pas grand chose dans White Teeth. C'est un roman qui se focalise surtout sur les relations familiales. Pour les amateurs d'action, passez votre chemin. Il faut être patient. le livre est long, dense, demande une certaine dose de concentration mais l'auteure nous délivre un portrait joviale, pertinent et réaliste de la vie en banlieue bien loin de tous ces reportages alarmants qu'on trouve dans les médias.
Lien : http://filleperduecheveuxgra..
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J'ai découvert la plume de Zadie Smith fin avril 2022 grâce à « Grand Union » qui m'avait plu. « Sourires de loup » est son premier roman. le titre, déjà, est une invitation. Il y a beaucoup d'informations dans ce texte de plus de 500 pages, cela a quelque peu noyé l'étude sociale de trois familles anglaises et la chronologie des évènements.
Nous rencontrons Alfred Archie Jones et Samad Miah Iqbal. Ce dernier est originaire du Bengladesh et a immigré en Grande-Bretagne. Il s'y est marié et a fondé une famille qui se compose de sa femme de même origine et de deux fils, des jumeaux. Archie s'est marié avec Clara, une jamaïcaine issue aussi de l'immigration. Les deux hommes sont devenus proches en opérant dans le même bataillon pendant la seconde guerre mondiale. Un évènement fondateur qu'ils semblent avoir vécu de loin, perdu dans un trou paumé. L'auteure revient longuement sur la généalogie des deux hommes, puis dans celle de Clara, fouillant les tares qui entraineront les deux familles dans la tourmente. Ces deux familles vivent à Londres et se côtoient régulièrement. Les trois enfants Irie, la fille, Millat et Magid, les jumeaux. Magit est soustrait rapidement de cet environnement par son père qui l'expédie sur sa terre d'origine. Samad ne s'est pas intégré à la culture anglaise. de confession musulmane, il souhaite que l'un de ses fils embrasse cette religion. La troisième famille est blanche. Les O'Connel, le couple et trois fils. D'une intelligence au-dessus de la moyenne, elle vit dans une belle maison. le mari est un scientifique du génome. Les trois familles sont entraînées dans le tumulte d'une société contemporaine qui va trop vite. Les parents se déchirent. Les enfants se construisent une individualité à coup de rejets familiaux et cultuels. Jusqu'au drame.
C'est un roman fascinant. J'ai apprécié le travail sur la langue. Mais, comme je l'ai mentionné plus haut. Trop d'information tue l'information. C'est bien dommage.
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