Une nouvelle fois j'arrive en pages inconnues grâce à une opération masse critique, loin de mes lectures habituelles. Et ce fut une exploration particulièrement intéressante et enrichissante.
Cela commence par la rencontre d'
Itsuo Tsuda, dont la vie mériterait un roman à elle seule. Tout plaquer à 16 ans quand on est le fils d'un riche industriel japonais installé dans la Corée occupée, voilà un acte fondateur dont on conçoit certainement mal la difficulté, dans son contexte historique et culturel. Cela nous permet d'imaginer le rapport à l'oppression et à la liberté que cet homme s'est construit très jeune.
Après de nombreuses expériences de vie dans des milieux libertaires et utopistes en Asie et en Europe,
Itsuo Tsuda sera contraint de rentrer au Japon au déclenchement de la seconde guerre mondiale. Il y apprendra l'opposé de ce qu'il avait découvert en Europe : entre le cartésianisme absolu de l'occident et de la France surtout, et l'intuition, l'écoute de son environnement (que nous savons si mal nommer tellement cela nous est étranger), il ne choisira pas, il composera un chemin d'émancipation. Ce là le but de l'anarchisme tel qu'il nous est proposé, de permettre à chacun de trouver sa voie, sans le carcan de l'état et des institutions qui nous imposent un chemin.
Tout sauf professeur,
Itsuo Tsuda sera un acteur, un démonstrateur de la liberté à laquelle chacun peut prétendre. Il rejoindra la France pour ouvrir une école d'Aïkido qui sera plus un lieu de vie et de transmission, qu'une école comme nous l'entendons. Son exemple est voué à semer le doute dans l'esprit étriqué que nous impose notre mode de vie, et susciter l'envie de découvrir des chemins de libération. Il en propose, à chacun de s'en inspirer ou non.
C'est tout cela que nous raconte
Manon Soavi dans cet ouvrage riche de multiples références, témoignages et citations. J'ai vraiment apprécié cette lecture, parfois abstraite pour mon cerveau occidental - (le fameux Ki que j'ai fini par associer à La Force de Star Wars, faute de mieux) - qui rencontre ici une proposition tellement dérangeante mais plaisante : réapprendre à s'écouter, à se faire confiance, en tant qu'individu et que membre de diverses collectivités dans lesquelles nous évoluons . Mais dès que c'est nécessaire, utiliser la rationalité et la connaissance scientifique. L'un ne rejette pas l'autre…
Bref je ne vais pas parodier plus longtemps et maladroitement tout ce qui nous est offert dans ce livre, mais je vous invite vivement à entreprendre sa lecture afin de picorer quelques graines qui feront peut-être germer un nouvel anarchiste :)
Merci à Babelio et aux éditions L'Originel pour cette découverte inspirante.