Solomon est originaire d'Ethiopie et après la mort de l'empereur Haïlé Sélassié en 1974, il quitte son pays en proie à la misère et aux troubles, bénéficiant d'un programme cubain destiné à l'éducation des enfants éthiopiens orphelins. A la même époque, en Inde, Sita et sa grande soeur Mouna, connaissent des destinées bien différentes: Sita a été recueillie par un orphelinat, et son rêve d'avoir une famille se réalise, le jour où un couple barcelonais désire l'adopter. Mouna connaît un esclavage qui ne dit pas son nom dans une fabrique de tapis puis comme servante dans une riche famille de Bombay.
Trente ans plus tard, Mouna et Sita se retrouveront, et Solomon fera la connaissance de Sita à Barcelone.
"Il est curieux de penser combien de choses ont dû arriver pour que deux personnes se rencontrent."
Au delà de l'histoire certes romancée, cette phrase a un réel écho dans la vie des deux auteurs. En effet
Anna Soler-Pont a adopté une petite fille et
Asha Miro, née en Inde, a été adoptée par une famille espagnole. Elles ont écrit ce roman à deux mains, et leur propre histoire en résonance donne de l' épaisseur à ce qui pourrait n'être que le joli récit de vies réussies malgré l'adversité. Les questions que se posent les parents adoptants, particulièrement si l'enfant n'est plus un bébé et vient d'une culture totalement différente, les remarques de l'entourage, les problèmes posés par l'adoption internationale dans les pays mêmes, tout cela sonne très juste.
En fait, même s'il s'agit d'un roman agréable à lire et pas larmoyant, même si le destin de Mouna laisse un peu incrédule, les nombreux détails qui émaillent le récit sur la vie en Ethiopie, à Cuba et en Inde en font parfois un documentaire très vivant et réaliste. On n'oubliera pas de sitôt l'incroyable épopée de ces gamins éthiopiens sur le navire qui, passant par le canal de Suez, les amènera à Cuba, et on se souviendra que la lutte pour l'éducation des filles et la fin du travail des enfants est hélas encore d'actualité.
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