Plantes aromatiques et médicinales sauvages

Un grand merci à Babelio et aux éditions Artémis pour le guide "Plantes aromatiques et médicinales sauvages" d'Alain Soubre. Cette lecture s'inscrit pour moi dans une envie de changer peu à peu de comportements et de façon de vivre.
Un de mes premiers déclics a été le documentaire d'Agnès Varda « Les glaneurs et la glaneuse » (2000)». Bien avant ce documentaire j'aimais déjà glaner mais c'est Agnès Varda qui me l'a fait prendre réellement conscience. J'ai l'impression de glaner depuis toujours. J'aime chercher, enquêter, fouiller, farfouiller, glaner. J'aime les brocantes, les foires aux livres, les boites à livres, les énigmes, les mystères et les polars, je m'étais inscrite à un stage archéologique quand j'étais ado, j'aime ramasser les petits cailloux et coquillages sur les plages françaises ou étrangères. Enfant, j'ai même fait toutes sortes de collections inimaginables (« le pire et le meilleur », comme aurait dit FFF, qui n'est pas la fédération française des forêts).
Heureusement, cela m'a passé et mon logement (hormis la bibliothèque) s'en porte mieux. Pourtant, si je ne m'écoutais pas, les soirs de dépôt d'encombrants seraient pour moi comme une caverne d'Ali Baba, tant cela m'enchante d'arriver à donner une seconde vie/chance aux objets. Et dans mes autres tics et tocs, il m'arrive de ramasser des graines de fleurs lors de mes balades dans des parcs et jardins ou encore de cueillir des mûres ou des clochettes dans les bois.
Avec notre société de consommation, les pandémies qui naissent des déforestations (cf. l'essai « La fabrique des pandémies » de Marie-Monique Robin), glaner est pour moi un comportement tout à fait ‘'naturel'' (tel un lien respectueux avec la nature justement). Mais c'est aussi un geste supplémentaire à ces petites actions ‘'écolo'' personnelles.
Depuis quelques décennies, on voit les immeubles pousser bien plus vite que les champignons ou les brins d'herbes. Et aujourd'hui, alors que les plaisirs des grandes villes fondent au soleil de la covid (fermeture des théâtres, musées, cinés, resto et bars, réduction des interactions sociales), j'ai la sensation que mon désir de revenir aux fondamentaux, aux origines plus « naturelles » en devient plus palpable, telles des courbes inversement proportionnelles.
Au fil des générations, nous avons perdu les savoirs des herboristes. Nous avons coupé le fil de la transmission des bienfaits des plantes depuis que les hypermarchés nous ont fait croire qu'il était bien plus facile et pratique d'acheter le ‘'tout fait non-maison''.
Aujourd'hui, compte-tenu de l'urgence climatique, de notre prise de conscience qui se réveille un peu, difficile de ne pas tomber sur un roman ou essai ayant pour thèmes l'écologie, sans parler de ceux plus « nature writing ». Et cette nouvelle lecture a pour moi autant de sens ; elle suit une logique de curiosité et d'ouverture d'esprit. A son échelle, c'est aussi peut-être une tentative d'inverser la tendance.
La raison la plus visible du choix de cet ouvrage venait sûrement de ma frustration devant tant de variétés de plantes qui me sont inconnues durant mes balades ‘'vertes''. Ce guide m'offrait la possibilité d'améliorer mes connaissances, de mettre des noms et des bienfaits sur des plantes sauvages. Certaines d'ailleurs qu'on ne voyait plus que comme des « mauvaises » herbes (les orties, les pissenlits,…). Il est quand même plus sain de (mieux) prendre conscience des trésors que notre bonne vieille Terre nous offre plutôt que de m'extasier niaisement sur le potentiel de l'horrible monticule des encombrants.
Certes, je réprime souvent mes envies de glanage lorsque je suis en forêt car mes tocs ne sont pas tels (pour encore) d'en oublier la dangerosité de certaines plantes que l'on n'identifie pas parfaitement.
D'ailleurs, l'auteur Alain Soubre rappelle à plusieurs reprises que l'utilisation des plantes doit se faire avec vigilance. Il ne suffit pas de les reconnaitre, il faut encore en connaitre les contre-indications et bons dosages. Ainsi, les 75 plantes sont répertoriées par une fiche bien détaillée, rappelant l'historique, ses différents bienfaits mais aussi l'attention à avoir lors de l'utilisation. Ça calme un peu mes ardeurs et je ne vais pas me transformer en Merlin en un coup de baguette magique.
Mon envie peu à peu de mieux identifier ces plantes, de connaître leurs propriétés médicinales, un peu comme une herboriste ou sorcière, s'est probablement logée dans mon esprit par l'agrégat d'autres raisons inconscientes (certains de mes proches m'affublaient du surnom ‘'sorcière'' ou autres termes du même acabit -avec plus ou moins d'humour-, du fait de quelques signes extérieurs comme mes tenues sombres, mon prénom – non pas Cruella si cela peut rassurer- mais aussi depuis ‘'l'apparition'' soudaine d'une mèche blanche dans ma chevelure noire à l'âge de 15 ans). Et cela s'ajoute aussi à mes origines celtes nourries de légendes et de druides et qui me rappellent les rebouteux et magnétiseurs que j'ai pu croiser.
Au bout du compte, cette lecture s'inscrivait dans plusieurs origines dans un chemin de vie pas si allumé que ça, j'espère…
Je ne suis pas devenue bobo-bio, je ne fabrique pas encore mon savon, je ne suis pas végétarienne ni végétalienne, je n'écoute pas pousser les carottes et n'ai pas encore le projet d'aller garder des chèvres dans le Larzac… Sait-on jamais, peut-être finirais-je ermite dans les bois d'ici quelques décennies ; peut-être deviendrais-je magnétiseuse-rebouteuse-sorcière dans une seconde ou troisième vie, après avoir acquis plus de connaissances dans l'herboristerie, en emportant avec moi ce petit guide très utile.
Aujourd'hui, en écrivant ces mots, (sûrement après avoir vu ces photos de plantes sauvages), j'ai comme un flash. Je me revois, gamine, revenir de mes promenades dans la campagne avec un bouquet champêtre pour ma grand-mère. C'était un petit bout de femme, d'une gentillesse incroyable, qui adorait son jardin et les fleurs. Et c'est sûrement grâce à elle que mon amour et respect pour la nature sont si ancrés en moi.
Et j'ai l'impression que la boucle est bouclée, comme si tout cela (ces tocs, ce glanage, cet intérêt pour le végétal, ces histoires de druides et de magiciennes, ces curiosités pour ces recettes de grand-mère) n'était que des ramifications dont le centre était le jardin magnifique de ma grand-mère, composé de dizaines et dizaines de variétés de fleurs et quelques aromatiques autour du grand magnolia. Comme si tout cela n'était né que de ma grand-mère et de son doux sourire, de sa joie à être dans son jardin, de son plaisir à partager ces moments avec moi (je réalise que c'est un des seuls endroits où cette femme –dans une période de lourdes traditions patriarcales- a dû se sentir la plus libre). En restant dans l'univers botanique, je pourrais l'écrire autrement : sans que je m'en rende compte, elle avait fait pousser une graine dans mon esprit et depuis, les racines se sont densifiées et se manifestent dans plusieurs sphères de ma vie…
Ce guide des plantes sauvages est à la fois très facile et pratique pour les novices comme moi grâce notamment à ses pictogrammes pour chaque plante indiquant les catégories pour lesquelles elle peut être utilisée (médicinale, aromatique, alimentaire, textile, etc.), son lexique des propriétés médicinales des plantes, celui des termes botaniques, etc. Les photos offrent différentes vues des plantes, dont certains gros plans sur les fleurs. Mais ce guide est aussi très beau et agréable à feuilleter.
Et pardon à l'auteur si je n'ai pas écrit un billet dans les règles et si je me suis largement perdue lors de ma balade en découvrant cet ouvrage. Ce qu'il m'a apporté est bien plus fort et bien plus précieux que je ne l'avais imaginé. Et j'imagine également le sourire que j'aurais si je finis par me concocter quelques infusions de pimprenelles ou de pervenches, du sirop d'armoise ou encore de l'huile de pâquerettes... Ma grand-mère serait sûrement fière de moi…

162 plantes courantes prennent place (à raison de deux pages par plante) dans ce livre bien pratique. Les photos sont nettes et permettent de voir à la fois la fleur et la feuille, ce qui nous permet d'identifier la plante plus facilement. Après une courte description, nous avons son historique, ses usages et propriétés (médicinales) et sa cueillette et sa conservation. Il y a toujours aussi une ou deux recettes. Un livre que je vais feuilleter très régulièrement avec l'arrivée du printemps. Merci Babelio...

Un très beau livre sur les plantes aromatiques et médicinales sauvages. L'une des bibles du naturel à garder très proche de soi. Même si ce n'est pas pour partir à la cueillette, il est intéressant de connaître le pouvoir des plantes et leur bénéfices pour notre santé.
Il y a plus de 75 descriptions de plantes, leur histoire, la description de la plante, une méthode de conservation pour ceux qui veulent en cueillir et des idées d'utilisations parfois très intéressantes.
Un petit lexique des propriétés médicinales des plantes en fin de livre nous aide à la compréhension de certains mots : veinotonique, cholagogue.
On y trouve également un dictionnaire de santé par les plantes, par maux et un lexique des termes botaniques.
Le livre contient énormément de photos des plantes concernées, un plaisir pour les yeux, comme un plaisir de lecture afin de découvrir ou redécouvrir des plantes que nous connaissons depuis toujours, mais pas pour les bonnes raisons, leurs utilisations.
A découvrir absolument.