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EAN : 9782266340175
Pocket (25/04/2024)
3.61/5   23 notes
Résumé :
Fin des années 1860, Jeanne, une orpheline de 16 ans, s'enfuit de la ferme où sa belle-mère l'a placée. Arrivée à Port-Dieu, en Dordogne, elle est embauchée comme fille de cuisine par une aubergiste. Le jour où un photographe ambulant débarque dans le village, la jeune fille est fascinée par ce drôle de personnage. Malgré leur différence d'âge, une relation forte naît entre eux.
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La belle-mère de Jeanne, qui a presque dix-sept ans, vient de la louer comme fille de ferme. En ce milieu de dix-neuvième siècle, c'est courant, dans le Limousin. Jeanne est orpheline.
La ferme, c'est la Margeride, elle a mauvaise réputation, le maître abuse des jeunes filles qui sont sont chassées lorsqu'elles se retrouvent enceintes.
Ce soir-là, dans la bergerie, Jeanne a un mauvais pressentiment - les brebis se cachent à l'approche du maître. En un instant, Jeanne comprend que c'est sa vie qui se joue - et elle se saisit d'une fourche pour repousser le fermier. Elle prend la fuite en pleine nuit.

Le destin peut prendre la forme d'une roulotte, tirée par une jument blanche. Sur sa route d'errance, Jeanne rencontre Florimont, photographe ambulant qui parcourt Limousin et Auvergne au gré des villages et des foires. Florimont, plus qu'un métier, a un savoir, presque un pouvoir : il immortalise le regard de ces femmes, de ces hommes qui se font photographier. Il prend Jeanne sous sa protection, lui offre de devenir son commis : elle commence par lui apporter un peu d'aide, et, au fil des jours apprend toutes les bases du métier avec Florimont.
Tout se passe comme si chacun apportait à l'autre une complémentarité, un « regard « neuf, et l'aidait à se sentir un mieux à sa place, elle, la femme, lui l'homme qui aime les hommes et doit s'en cacher.
Jean-Guy Soumy parvient à redonner vie, le temps du récit, un monde aujourd'hui disparu, celui des foires, des artistes itinérants. Il nous montre dans quelles conditions étaient réalisées ces photographies, les techniques, les produits, l'art magique d'apprivoiser la lumière… mais aussi tout ce que les photographies en noir et blanc pouvaient déjà représenter à cette époque.
Jean-Guy Soumy, nous offre un parcours initiatique d'une grande délicatesse. Le-regard-de-Jeanne me hante encore, une fois le livre refermé. Jeanne, la fille de ferme qui va oser – oser changer le regard qu'on pose sur elle tout en changeant son regard sur la vie, tourner le dos à un destin que l'ignorance, la violence, le fait d'être une femme avaient déjà presque scellé.

Un roman simple, sensible, une histoire qui nous parle.
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Un roman dit régional…
Jeanne est une fille simple, pauvre qui, après la mort de son père et de sa mère, est placée par une marâtre chez des paysans qui la font trimer comme une bête de somme, et accessoirement, s'en servent de poupée gonflable. Un jour, et malgré la peur et son illettrisme, elle part. Elle s'évade et arrive dans un bourg, en haillons. le hasard fait que sa route croise celle de Florimont, un photographe itinérant du printemps à l'automne, qui s'établit à Clermont-Ferrand l'hiver. de villages en foires, de riches familles en paysans subjugués, il photographie, avec la technique de l'époque, sur plaques de verre, la France profonde, ses us et coutumes. Très vite, les deux esseulés s'assemblent et Florimont forme cette jeune fille, vive, intelligente, patiente et passionnée.
On assiste alors à l'éclosion du papillon qu'est Jeanne. Une matière brute qui, sous l'oeil et les conseils de son mentor, devient un bel objet d'art.
Sillonnant les campagnes, la ville et le quotidien des gens entre Auvergne et Dordogne, au milieu du XIXe siècle, la roulotte photographique nous offre un panorama campagnard de la vie et du progrès qui galope vers 1860.
Bien sûr le roman n'échappe pas à la mode de « maîtresse femme, rebelle, indépendante, etc. ». Jeanne prend vite le dessus, s'élève, devient une femme libre, libérée, etc. Florimont lui cache un secret d'un amour interdit…petit à petit, on assiste à un amoncellement des travers de la société… homosexualité refoulé ou réprimé, filles faciles, femme habillé en homme, aristocrate philanthrope, amoureux éconduit, garçon prisonnier de son éducation…. de Dordogne à Royan, de Clermont à la mer… on suit Jeanne dans sa traversée de la deuxième moitié du XIXe et vers sa passion pour la photographie.
J'ai bien aimé ce roman car il est facile à lire, sans difficulté et très rural…
J'ai un peu moins aimé les « évidents clichés » qui débarquent dans la relation Florimont/Jeanne… comme si un homme ne pouvait pas prendre une apprentie sans avoir un secret caché pour ne pas succomber à l'appel de la jolie fille… et la fin… un peu « à l'eau de rose »… mais somme toute, un bon moment de lecture et de dépaysement !
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Bonjour,
je viens de terminer le roman « le regard de Jeanne », de Jean-Guy Soumy, aux Presses de la Cité. Je vous livre à chaud mes impressions.
Quoi de plus facile à notre époque que de prendre un cliché photographique ? Un geste presque machinal. Mais qu'en était-il à la fin du 19ème siècle ? À l'époque où se faire photographier était un véritable événement, réservé le plus souvent aux plus aisés. Les photographes du moment n'étaient pas seulement des faiseurs d'images. Ils étaient un peu ingénieurs, un peu chimistes, un peu bricoleurs, et un peu magicien aussi. C'est ce monde là que va découvrir Jeanne, une jeune fille de seize ans, abandonnée par sa famille dans une ferme où elle est exploitée. Sur une impulsion, elle suivra Florimont, photographe ambulant, s'accrochera à sa roulotte pour parcourir les routes d'Auvergne. Jeune fille intelligente, qui apprend vite, Jeanne apprendra le métier.
Voici un roman que j'ai adoré. Bien écrit, d'une écriture juste et précise, l'auteur m'a fait découvrir un monde que je ne connaissais pas, que je ne soupçonnais même pas. Une histoire de vie magnifique, dans laquelle les femmes, à travers Jeanne, sont mises à l'honneur. Je ne saurais que vous conseiller de découvrir ce livre, plaisant de bout en bout, presque addictif.
« le regard de Jeanne » a reçu le prix Arverne 2022, que je pense amplement mérité.
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Avec le regard de Jeanne, Jean-Guy Soumy nous propose un roman d'apprentissage dans la France rurale du milieu du XIXè siècle. La photographie est un art que j'aime beaucoup et j'ai une certaine fascination pour les débuts de cet art, du Daguerréotype au photographe le plus célèbre de cette époque, Nadar.

J'étais donc curieuse de découvrir un monde disparu, celui des foires et des artistes itinérants, au XIX e siècle. L'auteur s'est très bien documenté et nous raconte par le menu les séances de pause, le choix des décors, l'importance de la lumière, de l'appareil choisi et des produits utilisés pour faire naître la photographie.

Mais aussi l'attitude et les attentes des clients, leur profil… de ce point de vue là c'est très intéressant. Florimond va se prendre d'affection pour Jeanne et en faire son apprentie à une époque où le métier de photographe était peu répandu et exercé uniquement par des hommes.

L'histoire s'articule principalement autour de l'initiation de l'héroïne à ce métier, de transmission, sur la vie, ses secrets, et sur l'art naissant de la photographie et c'est ce qui m'intéressait, donc objectif atteint pour moi.

De foires en villages, le duo immortalise familles, commerces, demeures et paysages, et tient boutique l'hiver à Clermont-Ferrand. Jeanne tisse avec son mentor un lien quasi filial qui révélera leurs parts secrètes. L'occasion pour l'auteur d'aborder la place de la femme dans la société impériale, l'homosexualité…

Si ce roman ne manque donc pas d'intérêt, j'ai moins apprécié l'histoire de Jeanne, qui, une fois formée par Florimond, décide de prendre son envol. Il ne se passe alors plus grand chose et c'est bien dommage, heureusement que ce n'est que le dernier quart du roman.

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Un roman qui nous raconte l'histoire de la photographie au XIXème siècle à travers le regard de Jeanne. L'héroïne est une orpheline de 17 ans, louée comme fille de ferme. Obligée de fuir le maitre, elle fait une rencontre qui va changer sa vie. Alors qu'elle erre dans la campagne, elle tombe sur un photographe itinérant. Au contact de Florimont, elle va découvrir l'art de la photographie : les techniques, le matériel, les produits, l'importance de la lumière ou encore de la pose des modèles. Un roman très bien documenté qui m'a fait découvrir le monde de la photographie et le métier de photographe itinérant. Une plongée historique plaisante même si j'ai trouvé parfois quelques longueurs notamment vers la fin. Une jolie découverte. #LeRegarddeJeanne #NetGalleyFrance
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Hector de Servière se lève.
- Je regrette si ces confidences vous ont paru déplacées. Je suis d'ordinaire un homme qui se tient. Mais vous êtes la première personne qui franchit le seuil de ce bureau depuis l'accident. Comme vous l'avez compris, j'ai également fait le deuil de bien des vanités. Et même de l'élégance qui consiste à sauver les apparences...
- Je vous en prise. Un photographe peut tout entendre.
Jeanne prend conscience de l'incongruité de sa réflexion. Il est trop tard, l'oeil d'Hector de Servière s'est allumé.
- Considérez-vous, monsieur, comme chez vous dans mon triste domaine. Installez-vous, prenez vos quartiers. Demandez, on essaiera de vous satisfaire. Je ne promets pas de partager votre table. Albertine me sert mes repas dans cette pièce. Mais Guillaume sera un hôte convenable si vous n'êtes pas trop exigeant sur la conversation.
Jeanne se lève.
- Je vous remercie.
Elle se dirige vers la porte et pose la main sur la poignée. Les nerfs à vif, elle ferme les yeux comme si elle venait d'échapper à un danger. C'est alors qu'elle entend :
- Mademoiselle !
Et elle se retourne.
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Pendant les dix secondes que dure l'exposition, Jeanne voyage sur le visage de Gisèle Aucouturier. Elle reste aussi immobile que son époux mais d'une tout autre façon. Plus souplement, d'une manière plus intérieure. Ce n'est pas de la retenue qui fige ses traits mais plutôt un abandon. Tout en comptant, Jeanne se demande si cette femme est mère, si elle aime un autre homme que Ferdinand. Comment est-elle quand elle est en colère ou triste ou encore surprise, quelles sont les blessures qu'elle dissimule si habilement ? Pourquoi a-t-elle insisté pour conserver cet étrange médaillon en lapis-lazuli qui attire l'attention sur lui davantage que sur ses beaux traits ? Et Jeanne se dit que toutes les réponses à ces questions intimes sont dans l'art que cette femme a de se tenir crânement devant un oeil de verre qui fixe, pour toujours, les désordres et la beauté du temps qui passe.
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Depuis la disparition de son père au printemps dernier, Jeanne n'a plus personne au monde. Dès le mois de juin, pour se débarrasser d'elle, sa belle-mère l'a conduite à la louée, au bourg de Saint-Bonnet. Un matin, Jeanne a dû glisser une plume de volaille au revers de son corsage pour indiquer qu'elle s'offrait comme fille de ferme. Elle s'est alignée avec les autres près de l'église, intimidée, honteuse. Des paysans ont défilé devant le rang de jeunes filles, s'arrêtant souvent à sa hauteur. Chaque fois, les épouses l'ont trouvée trop jolie, trop gracile aussi.
Lorsque le couple s'est approché pour demander les conditions à sa marâtre, Jeanne a eu le sang glacé. Au pays, tout le monde le sait : à la Margeride, les filles ne tiennent pas longtemps. Dès qu'engrossées par le maître, elles sont chassées. La femme lui a tâté les muscles des bras. Tandis que l'homme regardait sa longue jupe pour deviner ses jambes. Et son corsage trop plat à son goût.
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Elle porte les yeux sur eux comme une étrangère qui les connaitrait intimement. Elle sait que c'est tout à fait présomptueux d'éprouver ce sentiment alors que ces deux-là sont infiniment plus établis dans l'existence qu'elle ne l'est. En cet instant pourtant, elle est celle qui voit ce qu'ils ne perçoivent pas d'eux-mêmes. Elle est de l'autre côté du miroir.
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