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sur 4669 notes
Cette BD mérite largement tous les honneurs et distinctions qui lui ont été décernés ! Une pièce majeure du genre, qui nous raconte l'horreur de l'Allemagne nazie et les conditions inhumaines des camps de concentration. Cette histoire est troublante, touchante, déchirante et fait office de legs au Monde, pour ne jamais oublier, pour se souvenir, toujours et ne pas reproduire. Et au-delà du récit d'un Juif qui a eu la chance de s'en tirer, c'est aussi un beau témoignage d'amour d'un fils pour son père... dont la relation n'est pas toujours évidente. Une histoire de survie, de mémoire, de résilience, d'empreintes à l'âme et le désir fou de vivre après avoir connu le pire. Un album à se mettre dans les mains.
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Quand la bestialité et l'inhumanité sont à leurs paroxysmes, les mots ne suffisent plus et la représentation anthropomorphique s'impose. Malheureusement au jeu macabre du chat et de la souris, on sait qui gagne. A moins que…
Plus qu'un témoignage sur la Shoah, Maus est l'histoire d'un difficile partage entre l'auteur et un père taiseux, maniaque et avare. Sa sombre histoire va cependant révéler les raisons d'une telle personnalité. Spoliation, traque, cache, promiscuité, faim, internement, confrontations perpétuelles à la mort, son témoignage pragmatique est glaçant. La seule façon pour survivre est d'être débrouillard et de prendre des risques mais quand le seul moyen de sortir d'un camp c'est par une cheminée, on n'hésite plus. La culpabilité est cependant profonde pour ce père survivant et pour ce fils qui ne peut qu'imaginer l'horreur qu'a vécu sa famille. On se sent, comme l'auteur, tout petit face à ce récit bouleversant. le graphisme en noir et blanc, les traits hachés rajoutent de l'intensité à un texte déjà magistral. La première partie s'appelle « mon père saigne l'histoire » et moi je pleure en découvrant la sienne.
Un brillant hommage aux victimes de l'Holocauste.
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Vladek, juif Polonais rescapé de la Seconde Guerre Mondiale, raconte son histoire à son fils, auteur de bandes dessinées, Artie. Artie a dû beaucoup insister pour que son père lui dévoile enfin les épreuves les plus terribles de sa vie, durant la période la plus sombre de l'Histoire...

Voici un classique du genre : Prix Pulitzer 1992 tout de même ! Les illustrations sont en noir et blanc, dans l'esprit des bandes dessinées publiées dans les quotidiens des années 1970 -1980, et il y a beaucoup d'aspects journalistiques dans la narration. Cependant, ce n'est pas dans les dessins que résident l'originalité et la charge émotionnelle de cet intégrale, mais bien dans le témoignage historique. Et dans la personnification des animaux et l'utilisation des masques. Que l'auteur raconte les années de guerre ou les années 1980, les races d'animaux et les masques portés par les humains ont leur signification et leur importance.

Art Spiegelman a tenu à conserver les erreurs de langage de son père et la traduction y est fidèle. Cela gène un peu la lecture au début, mais rend les dialogues beaucoup plus réalistes et on gagne en authenticité. L'auteur se raconte aussi, en narrant ses moment de recherche autour de son livre en cours. Il raconte les échanges avec son père, ses doutes, ses travaux et réflexions durant la préparation de ses planches. Il raconte aussi la commercialisation et le succès du premier tome de "Maus Un survivant raconte : Mon père saigne l'histoire". J'ai beaucoup aimé cette mise en abyme qui reflète bien toute l'intelligence de cette bande dessinée historique.
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Encore un grand classique de la BD que je n'avais pas dans mon rayonnage...

Cet ouvrage est un véritable témoignage !
Un livre merveilleux de mémoire qui nous rappelle à quel point l'humanité peut être "stupide et effrayante" en suivant une idéologie à l'extrême.

Ce livre est un véritable document "historique" que tout humain raisonnable doit connaître, voire posséder.



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Je n'aime habituellement pas les BD mais Maus me semble incontournable.... L'histoire de ce père juif racontée par son fils est passionnante et témoigne de l'histoire.
Et de façon authentique, Art Spiegelman n'hésite pas à montrer un père impossible à vivre... La fidélité à l'histoire et à la réalité est ici bien présente.
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Lecture sans surprise mais tellement bouleversante! Il était temps que je comble cette lacune culturelle!

J'ai beaucoup aimé cette biographie mémorielle sur la vie de Vladek Spiegelman. Mon côté prof d'histoire voit déjà comment utiliser une telle oeuvre dans ses cours, tellement tout y est : persécutions, ghettos, déportation, Auschwitz, Dachau, etc. La lecture se fait rapidement et est extrêmement bien documenté, ce qui est d'autant plus difficile qu'il ne s'agit pas là de description mais de dessin...

Maus c'est aussi et surtout le devoir de mémoire entre un père qui a vécu l'horreur et en reste imprégné et son fils, né après la Shoah, qui veut comprendre.

Enfin, c'est aussi une histoire d'amour, celle de Vladek et Anja, qui a survécu à cette Shoah. Emouvant!

L'histoire est palpable de part les scénettes du quotidien entre le caractère impossible de Vladek, les antagonismes qui l'oppose à son fils, l'anglais "mal maîtrisé" quand il raconte, ...

Une lecture bien entendu que je recommande.
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De nouveau conseillée par mon beau-frère (oui, dès que vous voyez une lecture BD, ( ou maintenant on dit aussi roman graphique) c'est grâce/à cause de lui).
Et pour le moment, ça n'a été que de bons conseils. Pour les romans, je l'écoute moins :))

Ce n'est pas vraiment un thème qui m'attire car trop triste, douloureux, difficile.
De plus, je pensais avoir du mal à entrer dans l'histoire avec ce parti pris d'avoir dessiné des animaux à la place des personnages.
Mais quand on te dit que c'est à lire, quand en plus, les étoiles babeliotes sont si nombreuses et bien, ma curiosité est la plus forte.

Et mes réticences se sont envolées.

Quelle intelligence pour décrire ces horribles années.
Pour cela, l'auteur s'est lui-même mis en scène. Pour montrer ce qu'a vécu son père, faire de ce qui était intime et privé un devoir de mémoire, il n'hésite pas à dévoiler les défauts de chacun. Ce va et vient entre les moments personnels lors des interviews avec son père, cette sincérité de ne rien cacher de la difficile relation père/fils, cette quête pour avoir des réponses au sujet de sa mère, les interrogations qu'il a pu se poser à différents moments d'écriture, de dessins nous touchent encore plus.
On ne voit plus des personnages mais des personnes avec leur force, leur faiblesse, leurs qualités, leurs défauts essayant de vivre malgré tout.
Et cette culpabilité qui dure, persiste d'avoir survécu.

Alors oui, bien sûr, triste, difficile, horrible mais en fait, essentiel de lire, et de ne pas oublier.
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Maus, c'est l'histoire de Vladek Spiegelman, soldat juif polonais fait prisonnier de guerre par les allemands en 39, qui réussit par miracle à retourner dans sa ville de Sosnowiec et y retrouve sa femme avant de connaître avec elle un long calvaire : traque, confinement dans le ghetto, rafles et déportations auxquelles ils parviennent à échapper sur le fil. Pensant trouver une porte de sortie en Hongrie, ils sont arrêtés dans le train suite à une dénonciation et transférés à Auschwitz, où, comme l'annonce le titre du tome deux, « c'est là que les ennuis ont commencé ».

Art Spiegelman a recueilli le témoignage de son père. Il dit l'horreur, la perte absolue de liberté et d'espoir, les coups, les privations, la faim, la certitude de ne pas ressortir vivant des camps. Il dit l'amour qui aide à tenir, la malice, l'opportunisme et surtout la chance et le hasard qui ont permis la survie du couple. Ce premier niveau du récit aurait suffit à faire de Maus une oeuvre poignante, mais l'auteur va plus loin, et c'est ce qui fait toute la différence. le fils relate les moments passés avec son père lorsqu'il enregistre son histoire. Il dresse le portrait « au présent » et sans complaisance d'un vieil homme malade, tyrannique, raciste, empêtré dans des querelles sans fin avec sa seconde épouse et d'une avarice sordide le faisant ressembler à la caricature du juif que se plaisent à entretenir les antisémites.

Cette description à première vue ambiguë met mal à l'aise le dessinateur lui-même, mais elle donne une dimension supplémentaire et une profondeur incroyable au propos. Maus restitue à la fois la parole du père et le travail du fils. A un moment, la compagne d'Art déclare : « D'une certaine manière, il n'a pas survécu. » Et c'est exactement ça je crois, tant l'évocation de la Shoah permet de découvrir les racines tragiques de la personnalité difficile du père et témoigne de l'impact psychologique de l'holocauste sur les survivants et leur descendance. Art précise d'emblée qu'il s'entend mal avec son géniteur, il se montre rongé par la mauvaise conscience d'être né après guerre, après la disparition en 1943 de Richieu, son « frère-fantôme ». Son père et lui souffrent de stigmates ayant marqué à jamais leur famille (stigmates encore plus profonds depuis le suicide de la mère en 1968).

Graphiquement, sobriété et économie de moyens dominent. La métaphore animale délivre d'un réalisme pesant et renforce l'expressivité dans la mesure où victimes (souris) et bourreaux (chats) sont immédiatement identifiables.

Maus est un chef d'oeuvre qui dépasse largement les frontières de la BD. Ni dénonciation explicite, ni réflexion sur l'Histoire (même si l'horreur du génocide occupe une place centrale), c'est surtout et avant tout la retranscription fidèle d'une expérience et d'une mémoire individuelle. Mais c'est également une façon aussi unique qu'exceptionnelle de dessiner l'indicible.


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Quelques auteurs arrivent à raconter et même parfois à dessiner l'indicible.
C'est le cas de Primo-Levi (“Si c'est un homme”) et de Keiji Nakazawa ("Gen d'Hiroshima").
Pourquoi “Maus” ? J'en avais entendu parler à de nombreuses reprises et il est souvent comparé à Gen d'Hiroshima.
Il lui est cependant très différent. Nous sommes dans Maus dans un récit d'adulte pour des adultes.
Il apporte aussi un autre éclairage par rapport à Primo Lévi. Il aborde aussi la survie dans les camps.
Mais il décrit assez bien la lente descente aux enfers des Juifs d'Europe. J'ai mesuré tous ces renoncements, ces pertes matérielles et humaines, ces brimades subies, cette peur qui vous fait “éviter le pire” aujourd'hui, cette famille qui part en morceau pour à la fin se retrouver quand même au fond des enfers. C'est cette descente qui fait la force de l'oeuvre. Par quel chemin sont-ils passés pour ce retrouver là ? Cette bande dessinée y apporte une réponse.

Maus est un dialogue entre Art et son père Vladek qui est sorti vivant de la Shoah. Il n'évacue pas la difficulté de sa relation difficile avec lui.
Vladek de son côté n'évacue pas les choix incertains et souvent à l'issue fatale qu'il a du faire durant toutes ces années. Des choix terribles au milieu d'un océan d'hostilité et de mort. Tout le monde cherche à échapper à cette souricière, mais faut-il se cacher ? faire confiance ? s'enfuir ? … Tout ça pour arriver vers ce non-choix ultime : Auschwitz.

“Souricière” est bien le terme approprié les Juifs sont représentés en souris, les Allemands en chats et les Polonais en cochons. Cette représentation animalière enlève un peu de force au propos. Mais il faut reconnaitre que je ne sais pas comment Art aurait pu dessiner autrement un récit aussi fort et dramatique.

Je comprends un peu mieux les réactions des Juifs aux haines actuelles. Ils ont, à mon modeste avis, peur de reconnaitre dans cette haine un chemin qui peut mener vers la même issue fatale.

Une lecture indispensable qui est comme “Si c'est un homme” dépourvue de haine.
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Voilà un album que je voulais découvrir depuis longtemps mais je n'osais pas, ayant trop lu sur les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale…

Peur aussi de ne retrouver qu'une resucée de ce que je connaissais déjà (tout en sachant que l'on ne saura jamais tout).

Peur de replonger dans les cauchemars qui naquirent lors d'anciennes lectures qui furent traumatisantes, peur de me redemander "Qu'est-ce que moi j'aurais fait ?" et peur en imaginant que tout pourrait recommencer un jour…

Mes craintes étaient justifiées ET injustifiées…

Injustifiées car l'auteur réussi un tour de force en nous parlant avec justesse d'un épisode terrible de notre époque tout en lui donnant une autre vision, si je puis m'exprimer de la sorte.

Par autre vision, j'entends bien entendu le fait qu'il ait dessiné les nazis sous les traits de chats et les juifs sous les traits de souris, ce qui donne au récit une autre dimension, sans en enlever l'horreur, mais avec une autre approche puisqu'il raconte l'histoire d'un fils (l'auteur), arrachant le récit de la bouche de son père, rescapé d'un camp.

Un récit dans le récit qui permet de reprendre un peu d'oxygène dans cette enquête qui est terriblement émouvante mais qui jamais ne sombre dans le pathos.

Vladek, le père d'Artie est un personnage à part, un homme qui a gardé ses manies de tout récupérer qu'il avait acquises au camp, ainsi que celle de faire des économies de tout. Il est exaspérant, son fils en à marre et ne sait plus comment faire avec lui.

Le récit du père comprendra sa rencontre avec la future mère d'Artie, la montée du nazisme, les privations, la spoliation, les séparations, les soi-disant « mise au vert » des plus âgés…

Quand aux craintes, elles furent justifiées dans le sens où on a beau connaître l'Histoire, on la redécouvre toujours sous un autre jour, avec tout son cortège d'horreurs, dont celui de devenir bien souvent égoïste, de ne penser qu'à sauver sa peau et de laisser tomber ses anciens amis, ses voisins, ses membres de sa famille…

Malgré tout, certains font preuve de courage et d'abnégation pour aider les autres ou bien peuvent évoluer dans le bon ou le mauvais sens durant les années de privation (d'où mon éternelle question sur ce que moi j'aurais fait moi, sur mon comportement en de pareilles circonstances)…

Tout cela est bien décrit dans cet album et le fait d'utiliser l'anthropomorphisme donne une certaine atmosphère au récit et le rend encore plus fort, je trouve.

L'auteur nous raconte l'histoire de son père, sans fustiger les uns, sans excuser les autres. Son père explique, il excuse même certains, leur pardonnant leurs abandon. C'est grand…

Et au travers de l'histoire que Vladek raconte à son fils, c'est aussi une histoire vraie qui se déroule sous nos yeux, celle des horreurs qui ont eu lieu, cette déshumanisation d'un peuple et de million d'êtres humains qui ne s'en sont pas sorti.

Une histoire forte, émouvante, un autre regard, et une mise en image de l'indicible. Un album que je relirai dans quelques temps afin de bien n'imprégner du récit et de vérifier que je n'ai rien raté.

"Zahkor" ! (souviens-toi, en hébreu) parce que ce genre d'horreur s'est encore déroulée après (Staline, Mao, dans un autre registre) et continuera encore et encore.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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