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EAN : 9782370712868
400 pages
Le Temps des Cerises (02/02/2024)
5/5   2 notes
Résumé :
La médecine s'est vue depuis peu confier la tâche d'accompagner les mourants, sans y parvenir réellement. Si on meurt mieux en France qu'il y a cinquante ans, on y meurt toujours mal, et tout montre qu'on y mourra encore plus mal.
Le débat sur la fin de vie, sur les aides actives à mourir, semble gelé depuis des années dans un face-à-face stérile entre forces libérales et mouvements conservateurs. La solution est ailleurs. Une autre voie s'ouvre concrètement,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une demande qui semble si simple, si naturelle et pourtant ! Une demande qui divise tant.
Toutes les créatures humaines sont vouées à la disparition.
On commence le livre avec une remise en question du très ancien serment d'Hippocrate de ne pas donner la mort. le paradoxe avec la volonté de créer une loi pour l'accompagnement au "suicide assisté", pour avoir le "droit de mourir dans la dignité"

On avance dans la lecture et on se rend compte que la médecine se modernise, nous fait gagner du temps et invraisemblablement on découvre également la dégradation moderne. Les "bons vieux" médecins de famille n'existent plus autant qu'avant. Il faut aller vite, tout le temps, au détriment des patients, de leurs maladies, de leurs symptômes et de leurs ressentis.
On place le patient au centre de l'attention mais on ne lui apporte pas ou plus l'attention nécessaire.
La médecine s'articule autour du médecin plus que du patient. Malgré tout, on meurt mieux qu'il y a cinquante ans mais on ne meurt pas très bien quand même.

Maintenant que l'espérance de vie a changé, on voit la vieillesse comme une décrépitude, avec les angoisses qu'elle génère.

Chacun devrait pouvoir disposer de sa vie et de décider des modalités de sa mort mais en même temps on ne peut être le seul juge de la validité de notre demande.

Mon premier essai scientifique, et ce n'est pas une mince affaire ! Un livre très intéressant qui aborde un sujet qui concerne tout le monde.
Il est riche d'information car le Dr Bernard Sportès y aborde l'aspect politique, religieux mais aussi les moeurs et les croyances. C'est un écrit scientifique bien sûr mais aussi philosophique avec l'approche de la fraternité, de la liberté, de la charité et de la dignité.
J'ai dévoré certains passages et d'autres ont été plus compliqués, plus longs à suivre et à comprendre. Des termes spécifiques et médicaux ont nécessité l'utilisation du dictionnaire. Les notions sont parfois très subtiles et il m'a fallu par moment relire plusieurs fois une même phrase pour bien assimiler l'information et en saisir le sens.

Je remercie Babelio et les éditions "Le temps des cerises" pour l'envoi de cet ouvrage et suis bien contente de le rajouter dans ma bibliothèque car je pourrai m'y replonger pour relire des passages et me renseigner encore plus en profondeur grâce aux notes et aux liens de l'auteur.
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Bernard Sportès est médecin, généraliste, coordonnateur d'Ehpad, formé en soins palliatifs. Grâce à sa longue expérience d'accompagnement des mourants, il dresse un tableau exhaustif et sensible des enjeux qui entourent le douloureux débat de la mort assistée.

Tout d'abord neutre, il expose les tenants et les aboutissants de la loi Claeys-Léonetti qui encadre actuellement la fin de vie en France et qui permet déjà une « sédation jusqu'au décès ». Il aborde aussi brièvement la manière dont nos voisins suisse et belge, mais également les canadiens et américains, ont légiféré sur cette question.
La loi française ne convainc pas toute la population, et plusieurs associations se sont formées pour défendre ou s'opposer à une possible mort administrée qui irait plus loin dans la prise en charge de la fin de vie. L'exposé de B. Sportès se montre dans un premier temps très neutre et respectueux des argumentaires des uns et des autres.

L'ouvrage prend une tournure davantage militante lorsqu'il s'agit de présenter les moeurs et pratiques actuelles. L'euthanasie n'est pas entrer dans les moeurs françaises. En pratique, on ne l'administre pas. Personne ne souhaite véritablement s'en charger et si les malades ont parfois peur de ce qui les attend, très rares sont ceux prêt à agir pour anticiper leur mort.
Bernard Sportès n'hésite pas à décortiquer notre peur de la mort et de la douleur mais aussi notre angoisse de vieillir, la perception du vieillissement dans notre société. Il accompagne son propos de nombreux témoignages de patients qu'il a accompagné jusqu'à la fin, parfois dans la douleur. Il questionne notre rapport à cette dignité qui serait bafouée par le grand âge.

Dans une critique virulente de l'organisation actuelle de la médecine, une médecine industrielle phagocytée par les différents lobbies, en manque permanente de personnel, centré sur l'organe plus que sur la personne, il s'efforce de proposer une autre vision de notre système de santé. Un idéal vers lequel on peut espérer tendre. Il nous parle d'un accompagnement où le médecin généraliste deviendrait un médecin de la personne et serait, avec le patient, au coeur du processus médical et en mesure d'interagir avec les différents spécialistes impliqués dans la santé de son patient. Si bien que l'heure venue, le patient ne serait plus balloté d'un service de spécialité à l'autre en fonction de la place disponible, mais serait accompagné jusqu'au bout dans un lieu adapté par des personnels soignants formés en mesure d'entendre et de respecter ses choix, et d'agir s'il le fallait, dans un ultime soin, pour soulager des souffrances devenues véritablement insupportables. Bernard Sportès n'hésite pas à nous parler de la psychologie du mourant, des différentes phases de peur, d'acceptation et d'adaptation dans un corps douloureux mais pas pour autant ennemi ni indigne. Il n'hésite pas aussi à nous parler de ce moment de décrochage où le patient est prêt à partir, où il ne faut plus lutter pour le retenir mais où il est encore possible de prendre soin de lui pour un départ le plus naturel et le plus doux possible.

Panser la mort est un livre nécessaire pour un éclairage avisé sur nos zones d'ombre. Jusqu'à la dernière ligne, Bernard Sportès nous rappelle que « la mort est un fait social total ». Prendre soin de nos morts, notre mort aussi, par conséquent, c'est prendre soin de toute la société et c'est aussi repenser notre interprétation de la République et de sa devise. Panser et penser la mort, c'est ne plus opposer liberté et fraternité mais au contraire construire une fraternité qui préserve concrètement la liberté de tous et de chacun.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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