Axelle d'Anval est une jeune fille issue de l'aristocratie belge. Elle a toujours vécu en Afrique, où son père, François-Alexandre, y réalisa des affaires qui redorèrent le blason familial en lui apportant la fortune. Il vient s'installer définitivement en Belgique. Il reproche à Axelle de n'être "qu'une" fille. Il la dédaigne, la bat et ne lui montre jamais d'affection. Il la considère comme une personne stupide, fade et superficielle. L'adolescente souffre de ce manque d'affection. Par l'entremise de sa cousine, elle est introduite dans un club de tennis réservé à la haute société. Là, elle rencontre Daphnée de Bronckhorst, de son âge et promise à un brillant avenir. C'est une future héritière, l'une des plus en vue au monde. Son père, le comte Maxence de Bronckhorst est un des hommes les plus riches de la planète. Son empire et sa fortune sont immenses. Entre les deux jeunes filles, c'est le coup de foudre. Si Axelle assume son homosexualité, il n'en est pas de même pour Daphnée, qui craint les réactions de sa famille. Elles tentent alors de vivre leur amour secrètement. Cet état est loin de satisfaire Axelle, passionnée et folle amoureuse de la belle comtesse. Cette dernière n'est pas en reste avec les sentiments qu'elle éprouve pour son amante mais le secret est une condition dont elle ne veut pas déroger. Héritière d'un empire financier qui dépasse l'entendement, son père n'a qu'une ambition, qu'elle lui succède et lui donne un héritier digne de son sang. ...
Je viens de terminer ce roman et j'en suis bouleversé. Je ne sais même pas si je serai capable d'écrire cette critique. Qualifié de roman lesbien, ce livre est avant tout une formidable histoire d'amour. C'est dommage de lui coller une simple étiquette, il mérite d'avantage. D'une plume magnifique, l'auteure nous peint le portrait d'un monde impitoyable, celui de l'argent, du pouvoir comme seule raison de d'exister, de procréer. Celui de la haute aristocratie, monde apparemment idéal, de rêve mais coincé dans ses convenances, son savoir-vivre, la sauvegarde des apparences, la transmission des titres et du patrimoine. C'est alors que les personnages se retrouvent obligés de vivre leur amour à l'ombre de leur cage dorée. Oui, ce n'est pas un simple roman lesbien mais c'est une belle histoire d'amour, avec des sentiments écorchés, touchante jusqu'aux larmes. Parfois, une pointe d'humour, due au caractère enjoué d'Axelle vous fera sourire. Vous ressentirez aussi de l'émotion, de l'émoi, de la colère, de la haine. Vous aurez parfois envie de donner un coup de pied rageur pour bousculer ce monde engoncé dans ses convenances. Vous aurez aussi envie de chérir les deux héroïnes, d'être rancuniers face aux géniteurs de celles-ci.
Et quelle belle écriture. Les mots se transforment en images, comme peu d'écrivain savent le faire. Les émotions vous iront droit au coeur. La plume se veut distinguée, parfois écorchée, inspirée sans doute par le vécu de l'auteure mais sans jamais tomber dans la banale thérapie. Les mots sont justes, le style est superbe, voir aristocratique. Les scènes d'amour sont écrites sans pudeur mais toujours avec classe, d'où transpire avant tout l'émotion amoureuse. Histoire d'amour, avec un grand A mais ne cherchez pas l'eau de rose. Dans ce monde, rien n'est finalement courtois. Par le biais de ce microcosme qu'est l'aristocratie, l'auteure nous transmet sans concession toute la difficulté à être différent, à revendiquer la normalisation d'un amour que certains considèrent comme une maladie, une déviance, un péché. Malheureusement, quand on écarte la loupe de ce petit monde, nous nous rendons compte qu'à grande échelle, l'intolérance, la bêtise, l'ignorance s'étendent aussi au reste du monde. Si je peux apporter une modeste conclusion, je pourrais vous dire que ce merveilleux roman nous apprend que le mensonge, l'ignorance et l'ambition sont les assassins du bonheur.
Je n'ai qu'un conseil à vous donner, lisez-le, vous en serez chamboulés, émus, bouleversés.
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Enfin, Paul, l’homosexualité ne relève pas d’une classe sociale. C’est une démarche individuelle, qui justement échappe au mimétisme. Elle réclame une sacrée dose de courage. Ce sont les seuls êtres dont on est certain qu’ils ont fait un choix. Toi comme moi, on ne s’est jamais posé de questions. Nous suivons le chemin tout tracé par nos parents. Savons-nous seulement qui nous sommes ?
-Dis donc, tu les encenses ou quoi ?
-Non, seulement d’un certain point de vue, je les admire. Ce ne doit pas être facile d’affronter l’intolérance due à l’imbécilité d’autrui.
Je suis lucide. L’argent et la sensibilité font rarement bon ménage. En règle générale, c’est au détriment de l’un que l’on façonne l’autre. C’est au mépris de l’autre que l’on s’enrichit.
Elle adjugeait aux femmes la liberté d’aborder tous les caprices sexuels sans s’estimer dépravées. Elle disait que les noirs amputaient l’envie des femmes en leur meurtrissant le corps, alors que pour les blanches, l’excision avait l’éducation pour scalpel.