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4,11

sur 364 notes
Je n'ai pas relu ce livre récemment (néanmoins, c'est en projet) mais je puis vous dire qu'à l'époque — il y a plus d'une dizaine d'années maintenant — il m'a laissé un souvenir fort et indélébile qui reste puissamment gravé en moi car j'y repense souvent.

Comme d'habitude avec l'auteur que j'apprécie tout particulièrement, nous avons affaire à un roman écrit tout en subtilité où il n'y a pas de bien ou de mal, malgré le fait qu'on sache très bien de quel côté se place Steinbeck dans l'éternel combat employeur-employé.

De mémoire, je crois que Mac, un syndicaliste qui a déjà pas mal d'heures de vol au compteur en qualité d'agitateur forme une nouvelle recrue du syndicat : Jim. La lutte ouvrière apparaît juste et salutaire au regard du traitement lamentable réservé aux salariés et saisonniers de tous poils.

Les deux syndicalistes essaient de s'infiltrer parmi des saisonniers de la cueillette de fruits en Californie dans les années 1930. Ils mettent tout en oeuvre pour faire germer les graines de la révolte parmi les pauvres bougres qui gagnent tout juste de quoi survivre, eux et leur famille, d'un travail ingrat et éreintant.

L'auteur décrit parfaitement la finesse sociale qu'il faut déployer dans les rapports humains pour tout d'abord " passer inaperçu " dans un groupe humain établi puis, par touches successives, " se faire bien voir du groupe " pour mieux tourner l'opinion publique à soi.

Ce qui m'a le plus passionnée dans ce roman, c'est l'espèce de tournant où, pour les syndicalistes, le but n'est plus l'amélioration des conditions de vie des pauvres bougres qui les entourent mais bien le message politique véhiculé jusqu'au fanatisme et d'où ce titre extrêmement à propos : en un combat douteux...

La violence des scènes est certes omniprésente mais plus encore que le physique, la violence des sentiments déployés est absolument prodigieuse entre les protagonistes. Selon moi, un grand moment de littérature.

Tous ceux qui, un jour, de près ou de loin, ont eu une ferveur communiste et ont tenté deux ou trois actions locales trouveront un fulgurant intérêt à ce rude mais puissant roman social. La morale de cet ouvrage pourrait être : " Pour qui oeuvre le syndicalisme ? " mais ce n'est là que mon avis douteux, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Dans "Un combat douteux" John Steinbeck, met en scène Mac militant activiste communiste et jim qui va apprendre ce qu'est le combat social auprès de Mac. Tous deux vont se rendre dans une vallée de Californie afin d'inciter les ouvriers agricoles qui subissent des baisses de salaire à faire grève. Si les conditions de travail sont dures, peu rémunérées et ne conviennent pas aux saisonniers ouvrier agricoles, ils ont en revanche besoin de travailler pour manger, il va donc falloir que Mac se trouve convaincant pour lever les foules et donner le goût de la révolte, ce qu'il fera !
La grève. Il la veut et une grève qui perdure, pas une qui s'arrête trop vite.
" une grève trop vite étouffée n'apprend pas aux ouvriers à s'organiser, à agir ensemble. Une grève qui dure est excellente. Nous voulons que les ouvriers découvrent combien ils sont forts lorsqu'ils s'entendent et agissent d'un seul bloc."
Mais il agit plus pour assouvir son idéologie, pour lutter contre le capitalisme que pour aider les ouvriers agricoles, ou encore par empathie. Alors est-ce un combat douteux ?
Que le collectif prime sur l'individu au détriment de l'aspect humain me gêne un peu. " je n'ai pas le temps de penser aux sentiments d'un seul homme dit Mac sèchement. J'ai trop à faire à m'occuper des foules. "
John Steinbeck, nous livre ici un roman documentaire, un roman qui s'assimile à un reportage, un roman que je suis contente d'avoir lu.
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C'est un livre de poche tout éclopé, qui m'est tombé entre les mains à l'occasion d'un déstockage organisé par la bibliothèque du lycée. Imprimé en 1972, son âge respectable fait de ce Folio Gallimard un véritable incunable. Quasi cinquantenaire, le gaillard, presque aussi vieux que moi en un mot, et j'espère pour ma part que je n'ai pas cet air fripé ni ce teint jaunâtre.

En page de garde, le tampon du vieux lycée Pro, avec un numéro de téléphone qui ne possède encore que huit chiffres. Même un Folio, en un mot, peut être témoignage historique : le témoignage d'une époque où l'on faisait lire du Steinbeck dans un lycée professionnel. Et un Steinbeck qui met les pieds dans le plat, qui plus est, car on nage ici au coeur d'un conflit social, et le livre interroge rien moins que le sens de l'engagement politique ou syndical dans la lutte des classes. Là non plus, je ne suis pas certain que ces thématiques soient encore beaucoup abordées dans les programmes des lycées Pro d'aujourd'hui. A vrai dire, côté lycée général on ne fait guère mieux : dans le mien, on vient par exemple d'apprendre que toutes les options étaient supprimées à la rentrée prochaine : arts plastiques, musique, théâtre, arabe, italien, etc. le bazar coûte trop cher. C'est vrai que l'ouverture culturelle ça ne sert à rien, surtout dans les quartiers populaires, et les pauvres de demain que nous y formons n'auront certainement pas besoin de plus de trois cents mots de vocabulaire pour subir le terrorisme de leur chefaillon ou gérer leur abonnement Netflix.
Il est d'ailleurs curieux de constater comment certains sujets ont pu être évacués des programmes ces dernières années. La compétitivité au prisme de la macro-économie, l'innovation au service de la productivité et la croissance fabuleuse de la merveilleuse richesse globale, là oui, incontestablement, on se les tartine en long et en large, tant en histoire qu'en géographie. Pour l'histoire de la condition ouvrière, du travail des enfants ou de la conquête des droits sociaux, en revanche, on est prié de simplement citer en passant.
Hopopop objecte aussitôt le Château, pardon : le Ministère, avec son aplomb si délicieusement inébranlable : pas de caricature, Deleatur (rime riche) ! En Première, on vous donne bien la possibilité de faire une étude de documents sur Louise Michel, non ? Et en Terminale, sur le Front Populaire, exact ?
Ah ben oui, c'est vrai, ô Saint des Saints ministériels, où avais-je donc la tête ?

Bref lire ce Steinbeck aujourd'hui, c'est un peu débarquer sur Mars : car il faut bien avouer que ces ouvriers agricoles qui font grève pendant quatre cents pages pour leur conscience de classe et une augmentation de salaire ne sont pas très hype dans notre monde libéro-libéral corporate à tout crin. En plus Steinbeck ne leur donne pas l'absolution pour autant : jusqu'où, nous demande-t-il, leur combat est-il juste ? Et à partir de quel moment, la fin justifiant les moyens, ce combat ne risquerait-il pas de devenir douteux ?

Pour tout dire, on ne s'étonne pas un instant que des losers pareils sortent d'un tas de feuillets tout jaunis. Ils ne sont ni les entrepreneurs de leur vie ni les manageurs de leur réussite, et puis leur wording est désespérément premier degré. Ces gars-là, c'est rien qu'un ramassis de N - 10 en train de chougner qu'ils en ont marre d'être des premiers de corvée.
Sans blague, la dénonciation des inégalités, la grève, le débat collectif et tout ça, non mais what the fuck, et puis quoi encore ?
Bref, on l'aura compris : derrière une apparence vieillotte, rien de plus actuel que le sujet de ce livre.
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Californie, années 30. Mac, syndicaliste communiste expérimenté, forme Jim, une nouvelle recrue. Pour cela, rien de mieux que la pratique et l'apprentissage sur le tas. Les deux agitateurs en puissance se rendent donc dans une petite vallée où les patrons, propriétaires de vergers de pommiers, viennent de décider une baisse des salaires des saisonniers. Mac et Jim vont s'infiltrer parmi les ouvriers pour les pousser à déclencher une grève et obtenir de meilleures conditions de travail.

Mais qu'il est donc difficile de mobiliser une foule, constituée d'ouvriers miséreux et de leurs familles, qui n'auront rien à manger s'ils arrêtent le travail. Mac et Jim doivent donc trouver de quoi nourrir des dizaines de personnes, et de quoi les loger puisqu'ils risquent d'être expulsés de leurs campements dans les vergers. Ils doivent surtout les convaincre qu'ensemble, ils ont les moyens de lutter et de gagner. Les pommes peuvent leur servir d'otages, en quelque sorte, puisque si elles ne sont pas cueillies, elles ne pourront être vendues. Mais les patrons ont également des moyens de pression, notamment la possibilité de faire appel à des wagons entiers d'ouvriers autrement plus conciliants. le combat s'annonce ardu et musclé, à une époque où la violence est loin de n'être que verbale et où, de plus, les communistes (ces « agents à la solde » de l'ennemi soviétique) sont très (euphémisme) mal vus aux USA, y compris par certains ouvriers.

« En un combat douteux » relate donc, quasi exclusivement au moyen de dialogues, un épisode de la sempiternelle lutte sociale entre ouvriers et patronat, en montrant bien les difficultés pour les deux syndicalistes à gagner la confiance des ouvriers et à les convaincre de mener la grève jusqu'au bout, dans l'intérêt de tous. Evidemment le combat est légitime, mais la solidarité est une chose fragile. Jusqu'où est-on prêt à aller, quels sacrifices individuels est-on capable d'accepter au profit de l'intérêt collectif ? C'est là tout l'intérêt du roman et la finesse de Steinbeck quand il jette dans la balance le fait que Mac semble au final davantage lutter pour imposer une idéologie politique (la lutte contre le capitalisme) que par le bien-être ou même la survie des ouvriers qu'il a menés à la grève et, in fine, dans un cul-de-sac. Ce syndicalisme fanatique met mal à l'aise. Mener une foule vers un objectif louable, c'est bien ; la manipuler dans un but caché et pas forcément dans l'intérêt immédiat de celle-ci, on commence à douter de la sincérité du combat.

Malgré des dialogues parfois un peu simplistes, « En un combat douteux » est un quasi-document à la fois politique, sociologique, psychologique et idéologique. du grand Steinbeck.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Jim Nolan est arrivé à un carrefour de sa vie.
« Je suis comme mort. Je n'ai plus de lien avec le passé. J'ai quitté ma chambre, abandonnant la semaine d'avance que j'avais payée. Je ne veux pas retourner en arrière. Je veux en finir. »
Il se rend au bureau du parti communiste local pour s'y inscrire et essayer de donner un sens à son existence en oeuvrant pour l'amélioration des conditions de travail du prolétariat américain. Il y rencontre Harry Nilson qui lui présente Mac. Avec ce dernier ils se rendent à bord d'un train de marchandises dans les plantations de pommiers de la vallée de Torgas en Californie, où les propriétaires ont baissé les salaires des ouvriers. Ils partent pour organiser la grève…
« En un combat douteux » écrit en 1936 préfigure « Les raisins de la colère » sorti en 1939. On y trouve les mêmes ingrédients, cette lutte sans merci que livrent la classe ouvrière, pour ne pas dire les indigents, ces travailleurs à la limite de l'esclavagisme, jetés sur les routes pour des contrats de saisonnier leur permettant à peine de survivre.
John Steinbeck décrit admirablement le courage de ces hommes et surtout l'extrême dureté de leur existence qui entretient en eux la hargne d'avancer. Ils sont les victimes de toutes les injustices d'un système américain ultra libérale. Mais ils ont en eux ces incroyables qualités de solidarité et d'humanité. Traités comme des animaux, ils sont tout le contraire, débordant d'altruisme et de bienveillance. Et surtout, le dénuement dans lequel ils se trouvent est le terreau fertile qui nourrit leur volonté de s'en sortir, ensembles.
Jim Nolan illustre parfaitement l'homme à la recherche d'un idéal, sa quête d'une raison de continuer à vivre, de donner du sens à sa vie, d'exister aux yeux d'une société impitoyable, d'émerger au milieu du troupeau. Il est le véritable héros de ce roman. La naïveté de sa jeunesse, son esprit cultivé donne une énergie incroyable à l'espoir qu'il place dans ses convictions.
« En un combat douteux » est sans conteste une oeuvre maîtresse dans la bibliographie de John Steinbeck, une histoire qu'il serait regrettable d'ignorer. A lire absolument !
Traduction d'Ed. Michel-Tyl.
Editions Gallimard, Folio, 381 pages.
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Ça y est ! Je peux faire du Steinbeck.
Mais non ! Je plaisante... Ça fait plusieurs jours que j'ai fini mon deux en trois, mais je vais me concentrer sur mon préféré : « des Souris et des Hommes ». C'est déjà pris ! Tant pis !
Là, on a de vrais prototypes, assez musclés, mais plutôt tendres. Ceux dont je suis, contre, tout contre, comme Sacha avec les femmes. de tels hommes, on apprend qu'il est dangereux de caresser trop fort une femme, même si c'est une souris. Et aussi, qu'on peut se faire euthanasier par quelqu'un qui nous aime beaucoup et plus que tout ce qu'on pourrait imaginer.
Moi, j'ai eu un rat, une fois. « Ratounet » qui s'appelait. Atteint de pneumonie aigüe, j'ai dû l'emmener chez le vétérinaire pour l'ultime remède. Tout le monde s'est moqué de moi. Pleurer un rat... non mais des fois ! Et même, hors épidémie... Non !... Les gens ne comprennent pas.
N'empêche que tant d'amour dans une si petite bête !!!
À la fin, j'ai eu du mal à quitter Lennie et en fermant le livre, j'ai repensé à mon rat.
Pourtant, quand les deux gaillards grimpèrent jusqu'en haut de la colline, il y avait bien longtemps que le suspens n'agissait plus. Et, pourtant...
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Après " les raisins de la colère" et "des souris et des hommes" celui-ci est mon troisième Steinbeck, mais pas le dernier. Pourquoi? parce que les sujets qu il aborde me tiennent à coeur (l Homme, et donc la femme, le capitalisme, la crise de 1929, "les petites gens", la campagne.....) ce livre parle de grève, motivée par un communiste qui cherche par tous les moyens à fédérer les travailleurs, cueilleurs de pommes pour l occasion, suite à une baisse des salaires annoncées par les riches propriétaires de la vallée. c est un texte moins "étincelant" que les deux autres cités plus haut, mais criant de vérité. le courage, la lâcheté, la peur, l obstination, l amitié, l obsession, l engagement sont les principaux sujets abordés sans concessions. une comédie humaine, terriblement humaine, comme sait les faire vivre John Steinbeck. Les salauds le sont ils vraiment? qu aurais je fait en pareille situation?
une bonne marche éclaircit les idées, aussi je file vers la "rue de la sardine".
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Qu'il est inconfortable de ne pouvoir sonder l'âme humaine pour y distinguer la franchise de la dissimulation, l'altruisme de l'égocentrisme, l'individualisme de l'esprit collectif…
Les motivations des autres sont toujours douteuses.


Car un combat peut être mené pour soi ou pour les autres, les autres étant alors une entité dont on fait éventuellement partie, puisqu'il s'agit ici plutôt de combat syndical.
Et quand bien même nous voulons servir une cause, nous dévouer corps et âme, n'est-ce pas pour notre bonne conscience, pour s'octroyer la satisfaction d'avoir fait le bien comme le suggère un certain philosophe (Kant ?)



Steinbeck prend pour sujet une grève des cueilleurs de pommes en Amérique. Une grève provoquée, appuyée par deux hommes du parti communiste.
Entre-t-on là dans des considérations politiques ? Non, plutôt sociologiques, psychologiques et philosophiques.
Qu'est-ce qui fait le succès d'une grève ou au contraire son échec ?


Ici, les cueilleurs de pommes ont un atout dans leur manche : les pommes doivent être cueillies avant qu'elles ne pourrissent.
Évidemment, la description de la violence, des deux côtés, permet de recadrer un peu les choses, à l'heure où, à la moindre grève des transports, à la moindre manifestation sur les routes, on entend dire que les gens sont « pris en otage ». Mais ceci est de l'ordre de l'inflation verbale que dénonçait déjà Romain Gary en 1969 dans « Chien blanc ».

A l'époque où Steinbeck situe l'action de son roman, on se battait à coups de fusil, on foutait le feu…
Mais le rapport de force est ailleurs.
Un patron, des ouvriers. Leur nombre devrait les donner gagnant.
Ce livre explore la notion d'intérêt collectif, subjective suivant les individus. Et il se penche sur l'apparition d'une entité dans un groupe d'individus : la foule.
La foule que l'on manipule, mais qui reste imprévisible.
La foule qui peut donc faire gagner ou perdre des combats, sans qu'il soit possible de tirer des leçons efficaces du combat puisque dans un prochain combat, la foule ne sera pas la même.
Alors une autre question doit être soulevée : jusqu'où peut-on aller pour servir une cause ?

Les questions et réflexions sont servies par de nombreux dialogues. Pourtant le style m'a semblé un peu lourd par moments. Justement à cause de ces dialogues, posés de manière très scolaire parfois (« a dit truc », « a répondu machin ») et donc pas très naturelle.





Si vous voulez vous laisser emporter…

« […]
Emporté par la foule qui nous traîne
Nous entraîne
Ecrasés l'un contre l'autre
Nous ne formons qu'un seul corps
Et le flot sans effort
Nous pousse, enchaînés l'un et l'autre
Et nous laisse tous deux
Epanouis, enivrés et heureux
[…] »

Extrait de « La foule », Edith Piaf :
https://www.youtube.com/watch?v=Fgn8gZHJZzA

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J'avais lu de Steinbeck, son célèbre Les raisins de la colère et même Des souris et des hommes ainsi d'autres moins connus… C'est à l'occasion d'une lecture commune que j'ai découvert En un combat douteux. Aux Etats-Unis, dans les années 30, juste après la grande dépression, les emplois sont très mal rémunérés. Mac et Jim, profitent de cette situation pour monter les ouvriers contre les patrons. Des grèves naissent et les tensions montent… J'ai découvert comment se passait les luttes ouvrières américaines afin que les travailleurs soient reconnus à leur juste valeur dans le travail. J'ai été un peu surprise de l'utilisation de certains faits pour amener les gens à s'opposer aux employeurs... qui donnent toute sa signification au titre. J'ai trouvé aussi les personnages froids, Steinbeck se détache d'eux en en faisant une peinture neutre et impartiale. Une période de l'Histoire que je découvre… cette chasse aux Sorcières contre le communisme, vu de l'intérieur. L'ambiance est assez rustre, sombre et impitoyable. le contexte est intéressant à découvrir mais ça ne restera pas mon meilleur Steinbeck.
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En rejoignant le parti communiste américain, Jim Nolan pense faire une différence. Il veut agir et mettre à profit sa colère face aux injustices. « Mon père luttait contre les patrons ; moi contre la faim surtout. Mais nous étions toujours battus. » (p. 31) Avec Mac, camarade communiste, il rejoint la vallée de Torgas : la période est à la cueillette des pommes, juste avant la récolte du coton. L'objectif de Mac et Jim est simple : pousser les travailleurs à se mettre en grève et à réclamer de meilleurs salaires, injustement diminués avant les embauches. « Nous savons que vous avez souffert. [...] C'est ce qui nous attend, nous, les petits. Nous travaillons pour que cela cesse. » (p. 193) Passé l'enthousiasme premier, il est difficile de maintenir l'exaltation et de mobiliser les hommes qui ont faim et qui craignent les représailles des propriétaires terriens et des forces de l'ordre. « Une grève trop vite étouffée n'apprend pas aux ouvriers à s'organiser, à agir ensemble. Une grève qui dure est excellente. Nous voulons que les ouvriers découvrent combien ils sont forts quand ils s'entendent et agissent d'un seul bloc. » (p. 40 & 41)

Mac, communiste aguerri, fait feu de tout bois pour attiser la colère des grévistes et faire durer le blocus. Il est prêt à consentir à de nombreuses pertes, y compris humaines, pour faire gagner la cause. Ce n'est pas cette grève qui compte, c'est l'avenir de tous les ouvrier·es, dans tous les champs et toutes les usines du pays. L'individu ne compte pas, pas plus que les intérêts particuliers : Mac voit grand, pour l'intérêt général. À ses côtés, Jim apprend le métier et ce que c'est qu'être un meneur de grève. Rapidement, le jeune homme dévoile des qualités précieuses et dépasse le maître. « Une foule, c'est merveilleux lorsque l'on peut se servir d'elle [...] Une fois lancée, elle est capable de tout. » (p. 342)

John Steinbeck savait si bien écrire la pauvreté et le mécontentement des ouvrier·es et dénoncer les manigances obscènes des propriétaires et des patrons, toujours prompts au paternalisme. « Nous savons tous que nous ne pouvons pas gagner d'argent si les travailleurs ne sont pas heureux. » (p. 269) Ce roman m'a happée pendant de longues heures : j'étais comme Jim, fiévreuse et exaltée à l'idée de participer à un mouvement supérieur, guidée par le sens du bien commun. Preuve que ce texte est une grande oeuvre, c'est que, même si le contexte change, le propos demeure très actuel.
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