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EAN : 9782366860412
1264 pages
L'astronome (01/06/2017)
5/5   1 notes
Résumé :
En nous retrouvant au Cercle chaque vendredi soir, Viktor, Klara, Maria et moi pensions trouver un espace de sérénité, loin d’une terrible crise politique : cette année-là, Eklendys était en effet au bord du chaos. Mais un jour, le Loup est entré dans notre bergerie, faisant basculer le destin de tous… en même temps que celui du pays. Car le colonel Leidkross a toujours agi ainsi : froidement, sans remords ni états d’âme.
De quoi exacerber les sentiments et l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
(Je me lance : c'est ma première critique !)

J'ai tellement aimé ce livre que j'aimerais partager mon coup de coeur sur ce site. Évidemment, ce n'est pas un éditeur connu, mais on peut se procurer le livre facilement sur Internet s'il ne se trouve pas dans votre librairie.
Mais alors, de quoi parle-t-il donc, ce livre formidable ? D'amitié dans l'épreuve, avec une humanité profonde et chaleureuse. Une amie me disait : "Ces amis dont le livre parle, j'ai aujourd'hui l'impression que ce sont mes amis." Et c'est vrai ! Au fil des (nombreuses) pages, ces personnages attachants m'ont tenu compagnie de façon étonnante, et aujourd'hui j'ai bien du mal à leur dire au revoir.
L'histoire se passe au milieu des années 70, dans un petit pays d'Europe du nord-est, en pleine crise politique : gouvernement discrédité, population au bord de l'insurrection... on est au bord de la guerre civile. Si bien qu'un petit cercle d'amis décide de se réunir chaque vendredi soir pour partager un moment de paix à l'abri du monde extérieur. Mais paradoxalement, du fait de relations communes, ils vont se retrouver mêlés, eux plus que les autres, aux bouleversements qui vont se produire. Car dans l'ombre, un certain colonel tire les ficelles pour s'emparer du pouvoir (même si ce n'est pas si simple que cela...).
De quoi mettre l'amitié des uns et des autres à rude épreuve, car naturellement des sentiments naissent au sein du petit groupe, ce qui ne va rien faciliter.
Au final, beaucoup d'émotion et d'humanité, et des moments de suspense qui font qu'on a du mal à s'arrêter de tourner les pages. Bref, même si c'est un gros livre (plus de 1200 pages !), il ne faut vraiment pas être effrayé, les chapitres sont très courts, le rythme est rapide et cela se lit très vite. Et aujourd'hui... j'ai même envie de le relire !
Il faut dire aussi que "Le Livre d'Amertume" (et non "Eklendys : le Livre d'Amertume" - erreur de Babelio ???) fait partie d'un cycle bien plus vaste sur ce petit pays nommé Eklendys. Mais visiblement il n'y a pas d'ordre pour commencer à s'y plonger. (Par exemple, je vais faire sur ce site une petite critique d'un autre volume du cycle, la "Saga de Relvinn", un roman très très court, que j'ai lu depuis : pas besoin d'avoir lu l'autre volume avant).
Pour conclure : vraiment une découverte, un livre très bien écrit et très bien construit. Je vous le conseille absolument !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
« Ce que l’on fait pour la première fois attire toujours autant que cela intimide, Tisza, quand on a un peu de plomb dans le crâne. Vous êtes parachutiste, et je pense qu’à votre deuxième saut vous avez réalisé toute la folie qui vous a grisé la première fois que vous vous êtes jeté dans le vide, après quoi vous avez pris l’habitude de ce genre d’exercice. Le meurtre – appelons les choses par leur nom, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit, même en cas de guerre –, n’est pas très différent du saut en parachute, à cette nuance près qu’il n’y a pas de griserie de la première fois, ou du moins pas dans le sens ordinaire. Il ne reste que la peur, énorme. Peu importe ce qui va suivre, la détonation assourdissante, l’odeur de la poudre, le sang qui jaillit ou la cervelle qui éclate, ce qui compte plus que tout est le moment où le doigt presse la détente. C’est un instant vertigineux.
« On prend conscience en une seconde du pouvoir de vie et de mort que l’on a sur un autre être humain, et du choix qui apparaît alors, bien au-delà des affaires de lois, de commettre un crime ou de rendre la justice. Rendre sa justice. Ce que la loi considère comme juste ne l’est peut-être pas aux yeux de celui qui va appuyer sur la détente. Le pouvoir de décider qui doit vivre et qui doit mourir : vous comprenez ce que cela sous-entend, n’est-ce pas ? C’est se mesurer avec Dieu, être Dieu. C’est en cela seulement que la plus grande peur devient la plus effrayante griserie, à cet instant précis, à la première fois. On est alors au bord du gouffre : c’est soit le pas en arrière, et l’échec face à soi-même, soit le pas en avant et la chute, la chute sans fin dans l’abîme sans fond. Vous comprenez, Tisza ? La deuxième fois, on tombe toujours, et encore la troisième fois, et ainsi de suite à chaque homme que l’on tuera. Il en naît parfois un sentiment de légèreté ; le vol est une chute qui ne rencontre jamais le sol... On s’habitue à tout, Tisza, à tout, même à tuer. »
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Tout autour d’elle, les livres semblaient dormir profondément, pareils à des soldats vêtus de cuir et d’or victimes d’un charme, alignés par sections sous le verre de leurs armoires où luisaient les reflets des appliques. Elle les éveillait tour à tour pour des durées variables, princesse sans sommeil aux pouvoirs de prince charmant, en soufflant doucement sur leur tranche pour en chasser la poussière ensorcelante et leur rendre la vie. Puis ils s’ouvraient à elle, leurs reliures âgées craquant comme des articulations encore engourdies, et lui racontaient leurs histoires avant de la laisser sur un silence qu’elle passait dans la méditation. Enfin, le cœur un peu triste, elle les rendait à leur catalepsie pour les protéger des outrages de la vieillesse, en les berçant de la promesse de les réveiller encore à l’avenir, et refermait sur eux leurs cercueils de bois et de verre.
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J’eus la chance d’arriver au moment où le soleil était descendu assez bas sur l’horizon, passant sous les nuages chargés de pluie, pour pouvoir baigner Borghavan de sa lumière blanche avant de disparaître. Les gouttes d’eau tombaient des arbres en scintillant, formant devant mes yeux un voile irisé où s’estompaient les contours. Montant de la ville en contrebas, les sons se perdaient en murmures confus. Il y avait dans l’air une luminosité mouillée propre à ravir les sens et tout faire oublier, mais elle ne dura pas longtemps : le soleil sombra enfin derrière l’horizon, et l’enchantement s’évanouit. Un vent froid revint par le nord-est, qui souleva le tapis des feuilles jaunies dans les allées, la pluie se fit plus drue et ses gouttes invisibles ; en quelques instants le monde s’abîma dans la nuit.
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Un sifflement strident retentit. Jaan s’arracha des bras de Maria, jeta ses sacs dans le wagon, et n’eut que le temps de sauter dans le train qui se mettait lentement en marche. Aussitôt, il alla ouvrir la fenêtre la plus proche. Maria fit quelques pas rapides sur le quai, réussissant à attraper sa main tendue. Cela ne pouvait pas se terminer ainsi ! Leurs doigts entrelacés durent pourtant se séparer, une dernière fois. Jaan se prit la tête à deux mains, pleurant comme un enfant. Maria étouffait de sanglots sur le quai. C’était un beau soir de septembre, le soleil se couchait sur la gare, embrasant le ciel. La vue de Maria se perdit dans un flou doré, elle ôta un instant ses lunettes et sécha ses larmes, mais la confusion demeura. Elle entendait le train qui s’éloignait, mais ne voyait plus rien. Plus rien du tout.
Dans le soleil couchant, ses yeux s’emplirent désespérément de lumière.
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Certes, un livre comme celui-ci aurait eu bien plus de mal à voir le jour avant le décès de Leidkross, mais je l’aurais entrepris malgré tout. Et si l’on ne se venge pas d’un mort, on peut au moins flétrir sa mémoire. Qu’on me pardonne donc d’avoir contre lui la rage des vaincus : le mal qu’il nous a fait ne se pourra jamais absoudre. (...) Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel : un temps pour se taire et un temps pour parler, un temps pour aimer et un temps pour haïr.
Et ce temps-là est venu.
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