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EAN : 9782889600236
50 pages
La Baconniere (17/04/2020)
4.38/5   4 notes
Résumé :
La Baconnière choisit d’inscrire dans son programme de revalorisation de son fonds patrimonial – comprenant, pour une large part, des livres qui ont jalonné l’histoire de la Suisse à l’intérieur de ses frontières comme au-delà, sur la scène européenne – la réédition d’un témoignage hors du commun susceptible d’éclairer d’un jour particulier cet interrègne (de juillet à septembre 1944) qui vit le gouvernement de la France occupée céder la place aux forces de la Libér... >Voir plus
Que lire après La fin du régime de VichyVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce témoignage de Walter STUKI, ambassadeur de Suisse en France de 1938 à 1945 éclaire 4 pans de l'histoire :
- le rôle des diplomates helvétiques à Vichy de 1940 à 1944.
- l'importance du port De Marseille et de sa liaison avec la Confédération pour ses approvisionnements.
- la fin du régime de Vichy (juin à aout 1944).
- la libération de la ville de Vichy fin aout, début septembre 1944.

Au fil de la guerre, la Grande Bretagne en 1940, les USA en 1942, et tous les pays en conflit avec le III Reich, rompent leurs relations avec l'Etat Français et laissent aux diplomates suisses le soin de défendre les intérêts de leurs ressortissants … en 1944 l'ambassade Suisse avait ainsi la charge de représenter la moitié de la population mondiale !

La Suisse ne dispose d'aucun accès maritime et ses approvisionnements, alimentaires notamment, transitaient essentiellement par Marseille. On devine les difficultés, notamment à partir de novembre 1942 et surtout du printemps 1944, pour faire circuler des trains entre la coté méditerranéenne et la confédération. Ce fut une priorité pour l'ambassade Suisse tout au long de la guerre et les équipes de Walter STUCKI durent habilement négocier avec les services français, les allemands, les résistants, puis les armées alliées qui avait d'autres urgences logistiques …

Walter Stucki, et le Nonce apostolique, sont les témoins privilégiés du départ du Maréchal Pétain vers Belfort puis l'Allemagne ; ils témoignent que ce fut un enlèvement mené par les SS sur ordre d'Hitler et ils révèlent ce que furent les exactions des ultras de la collaboration après l'assassinat de Philippe Henriot, lors de la fin du régime de Vichy.

Le repli des allemands et de leurs alliés (armée Vlassov) offrait Vichy aux résistants et à des bandes de pillards qui menaçaient de saigner la ville et d'exécuter les blessés allemands soignés dans les hôpitaux ; Walter Stucki avait, avant le départ de l'armée allemande, pris contact avec les FFL et FFI pour éviter tout débordement et la transition de l'équipe municipale se fit sans grande violence, l'ambassade espagnole fut protégée, la police passa sous contrôle de la nouvelle administration préfectorale.

Cette médiation, dans le contexte de la libération, valut à l'ambassadeur suisse et au nonce apostolique d'être élevé au rang de « citoyens d'honneur de Vichy » par la nouvelle équipe municipale.

Illustré par des photos et des facs similés de documents d'époque, ces « choses vues » révèlent des faits méconnus de la seconde guerre mondiale.
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Ce billet à été écrit un an en avance ‑puisque j'ai lu ce livre fin novembre 2021- pour participer au mois « les feuilles allemandes ». Walter Stucki était ambassadeur de la Suisse à Vichy pendant la guerre, il a fréquenté et beaucoup apprécié Pétain. En octobre 2021, des propos d'Éric Zemmour sur le régime de Vichy m'ont troublée et je n'étais visiblement pas la seule, puisque dans un podcast que j'écoute régulièrement : « le Nouvel Esprit Public » un participant a conseillé ce livre de mémoire de l'ambassadeur Suisse pour mieux comprendre la période. Si Walter Stucki est bien de langue allemande nulle part, on ne peut lire que ses mémoires ont été traduites, on peut supposer qu'il a lui même écrit ce livre dans les deux langues qu'il pratiquait couramment.

Contrairement à ce que j'avais espéré, ces mémoires ne permettent pas de mieux comprendre la personnalité de Pétain, elles n'apportent rien de nouveau pour quelqu'un comme moi qui me suis toujours intéressée à cette période. En revanche, je l'ai lu avec intérêt car cet ambassadeur fait revivre cette période avec un regard extérieur, témoin actif de ce moment tout en n'étant pas un acteur de la politique française. Voici donc à l'oeuvre la fameuse neutralité Suisse dont Walter Stucki est si fier.

L'auteur décrit la grande estime dont était entouré Pétain, autant par le personnel qui était proche de lui que par une très grande partie de la population française. Les images de foules l'acclamant sont dans toutes les mémoires. Mais ce que l'on sait moins, c'est combien cet homme a cru à toutes les turpitudes que les allemands lui ont fait avaler en les dissimulant plus ou moins sous des prétextes très grossiers et sans doute plus faciles à dénoncer aujourd'hui qu'à l'époque. Je n'avais jamais lu les deux lettres adressées à Pétain, l'une en 1941 l'autre en 1943 par Hitler et Ribbentrop, elles sont très intéressantes et permettent de mesurer l'asservissement de la France. La position des forces de l'occupation est très claire, c'est la France qui a déclaré la guerre, et qui doit supporter le poids des vainqueurs. de plus si des excès sont commis par les troupes d'occupation, ils ne sont que les justes réponses aux attentats terroristes et ne sont qu'une réplique dece que les troupes françaises ont fait subir aux allemands lorsque après la guerre 14⁄18 celles-ci ont occupé la Rhénanie.

En 1944 , Pétain veut suivre sa position première « faire don de sa personne à la France » et ne veut donc pas fuir Vichy, les Allemands l'y contraindront. C'est là son unique résistance, racontée dans les mémoires de cet ambassadeur. Personnellement, je ne vois pas en quoi cela serait une preuve de grandeur de Pétain.

Ce que l'on voit très bien dans cet ouvrage, c'est l'absence totale de marge de manoeuvre du chef de l'état français et si on est logique on ne comprend pas pourquoi il n'a pas démissionné dès que les allemands ont occupé la zone « libre ». Il n'était pas grand chose avant cette occupation, il n'est vraiment plus rien après. Stucki déteste Pierre Laval mais il a peu d'importance dans cet ouvrage car il est absent de Vichy dans les derniers moments de ce régime.

Stucki a joué un rôle actif dans ces derniers moments de guerre : il a tout fait pour éviter les règlements de comptes sanglants entre la résistance et les forces allemandes encore présentes et très bien armées. Ce n'est pas simple parce que du côté de la résistance il y a plusieurs factions les FFI rallié à De Gaulle et le FTP communistes. Ces hommes de l'ombre ont beaucoup souffert et ont du mal à rester dignes dans la victoire. du côté des allemands, les troupes peuvent être très proches de la gestapo et sont capables du pire . Tout le monde même à l'époque connaît le drame d'Oradour sur Glane. Il faut à tout prix éviter un autre village martyre. Il raconte comment, en tant que diplomate suisse, il discute avec les allemands aussi bien qu'avec des résistants et c'est très intéressants. Pendant ce temps c'est la fuite éperdue du côté des anciens partisans de Pétain, les ralliements de dernière heure vers les FFI ne sont pas très glorieux. Stucki est très sévère pour la milice créée pour lutter contre la résistance et qui a utilisé les mêmes procédés de terreur que le parti Nazi en Allemagne. Dans ce livre, on ne voit jamais Pétain désapprouver la conduite de cette milice coupable de tant d'horreurs. Certes, c'est Pierre Laval imposé à Pétain par les allemands qui créé cette milice mais Pétain ne s'y oppose pas. Pendant ces soubresauts de l'histoire Pétain veut toujours garder un semblant de légalité, c'est pitoyable.

Pour conclure sur le rôle de Pétain, ce livre ne permet pas de savoir si d'une façon ou d'une autre ce Maréchal de France a atténué les méfaits de l'occupation allemande sur le sol français. Mais on voit que l'homme a gardé sa lucidité jusqu'au bout et que ceux qui l'ont approché étaient séduits par sa personnalité. Mais on n'apprend rien dans ce livre sur le rôle de Pétain et des juifs.

Ces mémoires confirment, grâce à un témoignage direct, que les fins de régime sont peu glorieuses et que les guerres civiles engendrent des violences fondées sur la vengeance particulièrement atroces.
Lien : https://luocine.fr/?p=14217
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Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique

Le témoignage apporté par Walter Stucki est très facile à lire, les constructions sont fluides, simples et claires.
Le livre offre une alternance entre témoignages écrits et documents d'époque tels que des photos, des lettres ou des billets, et devient très instructif sur cette période.

Walter Stucki nous apporte un éclairage exclusif sur le rôle de la Suisse lors de la Seconde guerre mondiale et sur l'action des diplomates auprès du gouvernement français et de la puissance allemande. Avec ses témoignages, nous découvrons une nouvelle facette du conflit et surtout lors de sa fin avec son action ayant pour but d'éviter les bains de sang et d'assurer une cohésion pacifiste a minima entre les évènements et les protagonistes à Vichy.

Ce livre m'a énormément plu car j'ai découvert le rôle de la Suisse pendant ce conflit mondial que l'on croit à tort neutre et donc passive alors que ses diplomates avaient un réel rôle de médiateur et une volonté de protection des Etats et des peuples.
Etant d'une famille vichyssoise, le témoignage m'a particulièrement touché et m'a donné envie de questionner mes aïeux plus en détail sur cette période.

Le récit de Walter Stucki est précieux car il nous plonge au coeur de la fin du régime de Vichy en apporter un point de vue qui sort de l'antagonisme traditionnel entre la résistance et la collaboration ou entre les français et les allemands nazis.

Enfin, je trouve l'édition vraiment superbe avec la transcription de documents d'époque.
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Walter Stucki est ambassadeur de Suisse en France entre 1938 et 1945. Pendant 4 ans (1940 et 1944), il représentera la Suisse à Vichy sous le gouvernement de Pétain. Il y fréquente le personnel politique, diplomatique et à la fin du conflit, il a été chargé des intérêts de dix-sept pays.

Je suis fan de la première de couverture qui est simple (style enveloppe), mais très représentative avec ses quelques cachets historiques. « La fin du régime de Vichy » est facile à lire grâce à des constructions de phrases simples et claires, qui permettent d'être lu et découvert par le plus grand nombre. Ce témoignage de Walter Stucki rejoint ma collection de livres sur la Seconde Guerre mondiale.

Ce livre offre le témoignage de Walter Stucki avec des nombreuses iconographies d'archives, des lettres sous différents formats. Il offre un éclairage sur cette époque que peu connaissent. Au fil de la guerre, il s'est rapproché et a gagné la confiance du Maréchal Pétain dont il a pu observer et expliquer le déclin.

A travers ce témoignage, j'ai pu découvrir le rôle de la Suisse que j'ai toujours cru neutre pendant les conflits, c'est d'ailleurs ce que j'ai appris à l'école, à tort puisque les diplomates Suisse avaient un rôle de médiateur.

Je remercie Babelio et les éditions La Baconnière pour l'envoi de ce livre, lors de l'opération Masse Critique.
Lien : https://ohangelabdx.wordpres..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
(…) la légation de Suisse arriva en juin à Vichy. Elle était composée de son chef, d'un secrétaire, de l'attaché militaire et d'une dactylographe, « réquisitionnée », en cours de route à Bordeaux. A l'Hôtel des Ambassadeurs à Vichy, deux petites chambres nous furent attribuées. L'une servait de chambre à coucher, de salon et de bureau, car le hall de l'hôtel grouillait tellement d'espions de toute sorte qu'aucune conversation confidentielle ne pouvait y être tenue. Peu à peu, nous finîmes par arracher six chambres dans l'hôtel. Je reçus de plus de Berne un attaché et un peu de personnel de chancellerie.

Lorsqu'en novembre 1942 nous fûmes chargés de la défense de nombreux intérêts étrangers, nous occupâmes aussi la villa Ica, située sur l'Allier, ancien siège de l'ambassade d'Amérique. En été 1944, le personnel de la légation, avec les familles, s'élevait à environ 30 personnes. On peut dire sans exagération que la légation de Suisse à Vichy, au contraire de bien d'autres missions étrangères, a beaucoup travaillé, avec grande application.
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A l'exception des représentants de la Grande-Bretagne et des Dominions, qui avaient abandonné le gouvernement français dès juin 1940 à Bordeaux, le Corps diplomatique avait été complet au début.

Mais, sur l'exigence des Allemands, les représentants des pays occupés par l'Allemagne, comme la Norvège, la Belgique, la Hollande, le Luxembourg durent bien vite se retirer. Après l'attaque allemande contre la Russie, les diplomates russes disparurent ; comme ce fut le cas des diplomates yougoslaves, après l'attaque contre la Yougoslavie. Un sort particulièrement triste fut réservé aux représentants des Etats baltes dont plusieurs vivaient loin de Vichy dans un état de grande misère.

Au commencement de 1944, le Corps diplomatique était réduit aux représentants des pays amis de l'Axe et des quelques pays neutres d'Europe et d'Amérique du Sud. La Suisse avait assumé la protection diplomatique des intérêts des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de dix-sept autres Etats. Elle représentait des Etats comprenant presque la moitié de la population du globe.
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L'activité toujours plus intense du « maquis » causait les plus graves perturbations dans le traffic des chemins de fer.

Comme on le sait, la Suisse dépendait alors entièrement, pour son ravitaillement, de la ligne Marseille-Genève. D'énormes masses de marchandises se trouvaient dans le port de Marseille et dans les gares de chemin de fer entre la Méditerranée et la frontière suisse.

Ce fut notre plus lourde et plus importante tâche d'assurer, dans toute la mesure possible, malgré les difficultes chaque jour croissantes, le transport de ces marchandises jusqu'en Suisse, ce qui nous obligea à d'innombrables interventions orales et écrites auprès des bureaux français et allemands. Nous recevions sans cesse de nos commissaires dans les ports méditerranéens d'une part, et de Suisse d'autre part, de pressants appels et d'insistantes demandes d'appui afin d'obtenir des décisions immédiates dans les cas urgents.
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La verdeur physique de cet homme presque nonagénaire était vraiment stupéfiante. J’ai participé à des défilés et à des revues de toutes sortes qui nous fatiguaient, nous simples spectateurs, et qu’il supportait, comme personnage principal actif, sans signe apparent de lassitude. Intellectuellement aussi, il était la plupart du temps d’une lucidité et d’une fraîcheur étonnante. Il pouvait être vraiment spirituel, et même mordant. En général il était, dans son comportement, plein de dignité, d’une affabilité mesurée, très séduisant. Vers la fin du régime, c’est-à-dire en était 1944 ‑il avec 88 ans- il tombait souvent dans une profonde mélancolie, même dans une certaine apathie, et ne s’en cachait pas lorsqu’il était en petit cercle. Son entourage le plus proche allait parfois jusqu’à lui éviter tout entretien. Par contre, il resta toujours extérieurement le vieillard robuste et digne .
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« D'après une communication de L., on a formé le plan, dans l'entourage de Maréchal, d'envoyer un émissaire secret au général Eisenhower et de lui prouver, en produisant tout un dossier, que le Maréchal est le « résistant » n°1 On lui soumettrait le programme suivant : (...) »
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