Le roman s'ouvre sur une scène très tendue. Dès le lever, Zoé part en guerre contre son mari Ed et s'offusque du moindre de ses gestes. Ed encaisse, il ne dit rien, puis part travailler. Zoé en fait autant de son côté mais à la fin d'une réunion, deux policiers viennent lui apprendre que suite à un accident de la route, son mari est malheureusement décédé. Son monde bascule et elle n'est plus que l'ombre d'elle-même, rongée par le deuil et la culpabilité de l'avoir quitté sur des mots de colère et de reproche alors qu'elle l'aimait tant. Quelques temps plus tard, elle se blesse et perd connaissance. Quand elle se réveille, elle est de retour dans sa chambre d'enfance et sans savoir pourquoi ni comment, elle comprend vite qu'elle a remonté le temps jusqu'à son entrée à l'université, jusqu'à sa premier rencontre avec Ed.
À partir de là,
Clare Swatman nous invite à la découverte des moments-clés de leur histoire, les petites et grandes tranches de vie qui ont façonné leur profond attachement l'un envers l'autre. Ils n'avaient pas du tout la même vision de leur avenir, qu'il s'agisse du mariage, des enfants, de leur futur lieu de résidence,… et pourtant, d'emblée, ils étaient faits l'un pour l'autre. Devant leur complicité et leur amour naissants, difficile d'imaginer qu'ils en arrivent à un tel degré de rancoeur et de froideur… Mais l'auteur tire parfaitement son épingle du jeu et nous campe le portrait crédible d'un couple traversant les épreuves de la vie avec plus ou moins de réussite. On les voit s'aimer, se déchirer, se retrouver et replonger. On voit Zoé faire tout ce qu'elle peut pour changer le cours du temps, pour sauver Ed dans son présent, pour préserver leur amour malgré les disputes et les frustrations. Car Ed et Zoé veulent un bébé mais n'y arrivent pas. Les FIV leur coûtent très cher, en argent, en intimité et en harmonie, et l'on comprend progressivement comment leur couple a pu atteindre son point de rupture. On comprend également tout l'amour qui se déchaîne entre eux derrière les conflits. Ils forment un duo terriblement attachant ; on aimerait tant les voir trouver le bonheur, la paix.
L'intrigue en elle-même est assez convenue ; le dénouement est facile à entrevoir dès le départ. Pourtant, j'ai tourné les pages sans jamais m'ennuyer. J'ai aimé découvrir Zoé et Ed une journée par-ci, une journée par-là, au gré de leur longue vie commune. Je les ai admirés pour leur courage, leur volonté de rester ensemble envers et contre tout. Et j'ai souffert pour eux, souffert avec eux, chaque fois que Zoé se réveillait des mois, parfois des années après la « veille », en découvrant que ses efforts ne portaient pas toujours leurs fruits. J'ai cherché avec elle des points sur lesquels elle pourrait tenter d'influer pour déclencher l'effet papillon qui sauverait l'amour de sa vie, j'ai espéré que les choses s'arrangent pour elle, pour eux, chaque fois qu'elle s'endormait sans savoir si elle naviguerait encore dans leur passé ou devrait à nouveau se confronter à un présent dont elle ne veut plus. J'avais du mal à accepter qu'ils aient pu essuyer tant de tempêtes pour finalement s'écraser sans pitié sur un dernier écueil.
Aucun début d'explication ne nous est donné sur ces retours en arrière, mais la magie opère sans problème.
Clare Swatman nous offre un roman sans prétention, empreint d'une infinie tendresse. Elle parvient à merveille à saisir tout ce qui peut unir et désunir un couple. J'aurais peut-être aimé en apprendre davantage sur les personnages secondaires, mais cette attente ne m'a pas non plus empêchée d'apprécier ses réflexions sur l'amour, sur le travail de deuil et les ravages de l'infertilité au sein d'un couple où l'amour ne manquait pas. Je n'ai pas été jusqu'à vider une boîte de kleenex mais l'auteur est assurément parvenue à me toucher.
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