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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« La légende des pendragon » m'a emmenée très loin du quotidien. Une lecture recommandée pour sortir de la morosité hivernale mais également en accord avec l'atmosphère mêlée de joie et de mélancolie des fêtes de fin d'année. Ce roman, tout en étant déroutant et étrange, est vraiment un cadeau par sa richesse et l'utilisation subtile des effets des romans gothiques, une narration pleine de verve, un ton souvent comique.

Le personnage principal, János Bátky, érudit hongrois dont « la patrie d'adoption depuis de nombreuses années est l'Angleterre », va se trouver embarqué suite à l'invitation d'un comte gallois, dans une sombre histoire pleine de mystère qui va lui faire quitter l'ambiance feutrée et protectrice des bibliothèques. Tout en étant tourné vers le passé, il reste attentif aux travers de son entourage qu'il décrit avec humour sans oublier de se moquer aussi de lui-même avec lucidité.

L'érudition qui imprègne ce roman est celle de l'auteur. Présente tout au long de cette histoire rocambolesque elle s'y s'intègre discrètement.
Mine de rien le lecteur croise aussi bien Dante, Shakespeare, Casanova, Blake, Milton que Sherlock Holmes, Edgar Wallace ou des philosophes, savants et mystiques des XVIIe et XVIIIe siècles férus d'alchimie tels Robert Fludd et Lenglet de Fresnoy qui surgissent au détour des énigmes qui entourent la famille des nobles gallois, les Pendragon, chez lesquels séjourne János Bátky.

Et pourtant, nous avons aussi affaire à un roman d'aventures qui peut séduire tous les lecteurs. Cette lecture m'a rappelé entre autres, par la succession d'évènements et la multiplication des personnages, celle du roman picaresque de Jan Potocki « Manuscrit trouvé à Saragosse »

Que soient remerciées Chirimoya qui me l'a recommandé quand j'avais fait une liste d'auteurs hongrois et Pecosa qui a renforcé mon envie de le découvrir après avoir lu sa critique.
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Le très érudit Janos Batky, intellectuel hongrois féru entre autre de mystiques anglais du XVIIème siècle et qui vit dans l'ivresse des livres est un hôte charmant. Au cours d'une soirée mondaine, Owen Alastair John Pendragon of Llanvygan, comte de Gwynedd l'invite dans sa petite maison de campagne galloise. Batky quitte alors sans regret la bonne société londonienne pour le Pays de Galles, en compagnie de Maloney, un fanfaron irlandais qui commence toujours ses phrases par "Nous, dans le Connemara", et de Osborne Pendragon, le neveu du comte. Faisant fi des mises en garde et de la présence un peu inquiétante de l'élégante Eillen St. Claire, Janos Batky est puissamment attiré par la renommée de la magnifique collection de manuscrits du château et fasciné par le mystère qui entoure la lignée des Pendragon, dont la devise est "Je crois en la résurrection de la chair". De tous les Pendragon illustres qui ont marqué l'histoire de la Grande-Bretagne, c'est Asaph Christian qui l'intrigue le plus. Ce membre de la mystérieuse confrérie de la Rose-Croix est devenu au fil des siècles un des personnages du folklore gallois, le redouté Cavalier de Minuit, impitoyable justicier qui parcourt la lande. Les Pendragon ont-ils percé les mystères qui permettent d'allonger la vie humaine, "Physis phisei katei"?
Notre bibliophile qui dès sa première nuit à Llanvygan va vivre une aventure surnaturelle inexplicable sans se départir de son flegme -""Que le fantôme d'un vieil Anglais apparaisse la nuit dans un château ancien, rien de plus normal, la littérature nous y prépare."- va se trouver plongé dans le romanesque oublié des légendes celtiques, dans un passé ressuscité fait de ruines, de cryptes ensorcelées et de paysages nocturnes où les morts côtoient les vivants.


Merveilleux roman que cette Légende de Pendragon (1934) au charme suranné que l'on doit au grand Antal Szerb, auteur d'un essai sur la littérature hongroise et du très joli Voyageur et le clair de lune (Le Grand Meaulnes hongrois, si vous me permettez ce raccourci) qui fut assassiné au camp de travail de Balf en 1945. Là où des romanciers dénués de finesse nous assomment avec des histoires de francs-maçons diaboliques ourdissant des complots dans des intrigues indigestes, Szerb fait de cette histoire de Rose-Croix et de quête de la vie éternelle un roman subtil et drôle, rempli de références historiques et littéraires jamais pesantes et servi par une écriture au phrasé simple et élégant. Les mésaventures de Janos Batky au Pays de Galles -le savant hongrois changera de marotte "(...) les sciences naturelles avaient sur moi, après toutes les horreurs historiques que j'avais vécues, une influence aussi rafraîchissante qu'un voyage alpestre."- laissent entrevoir au lecteur ce que le fantastique offre de meilleur.
Dans le roman, Antal Szerb évoque la Confrérie des Rose-Croix (mentionnée chez Eco ou Jean Ray) en évitant le mysticisme de pacotille et les poncifs éculés qui entourent les sociétés secrètes. La grande érudition de l'infatigable rat de bibliothèque alliée à sa quête incessante de savoir nous ouvrent les portes d'une autre vérité.
Dans un contexte politique houleux où les manuels scolaires hongrois réhabilitent des écrivains de seconde zone douteux comme Jozef Nyiro, très apprécié de Goebbels, relisons Antal Szerb et laissons nous porter par son regard nostalgique et bienveillant sur le passé et par son amour de la littérature.
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Plantons le décor : Pays de Galles des années 30, des jeunes gens distingués et aventuriers comme on pouvait l'être au début du siècle, un comte qui semble cacher des choses, un cavalier solitaire dans les ténèbres, des obscurs ouvrages d'alchimie, des axolotl monstrueux, des "Je crois en la résurrection de la chair" écrits en majuscule et des escaliers en colimaçons qui mènent à des tombes secrètes, dans une intrigue faite de mystères à résoudre, de respirations qui s'arrêtent, d'élans romanesques et de culture savante... C'est complètement romantique. Et si ça avait été écrit au premier degré, c'aurait déjà été formidable tant l'écriture est superbe, le rythme soutenu, les personnages attachants et l'ensemble terriblement charmant dans sa distinction désuète et cultivée. Sauf que l'auteur a fait de ce roman une sorte de parodie joyeuse qui ne se prend pas au sérieux et qui donne une toute autre allure à l'histoire. Un journaliste du Guardian l'a parfaitement résumé : "à certains moments, c'est comme si Szerb se payait la tête du Da Vinci Code, soixante ans avant qu'il soit écrit". Bref, une chouette lecture qui fait voyager complètement ailleurs.
Lien : http://www.exploratology.com/
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