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Antonio Tabucchi (1943-2012) acheva l'écriture de Pour Isabel peu de temps après celle de Requiem, en 1996. Les deux romans magnifiques se font écho. Tabucchi publia Requiem (en portugais) de son vivant en 1996 et donna des instructions afin que Pour Isabel paraisse après sa mort (2013) comme s'il voulait nous envoyer un petit signe lumineux depuis l'au-delà.
Requiem se compose de neuf chapitres qui correspondent aux neuf épisodes de la liturgie du requiem. Pour Isabel se compose également de neuf chapitres qui suivent les neuf cercles successifs du mandala. Un mandala est un dessin cosmique circulaire composé de neuf cercles de sagesse qui se resserrent progressivement autour de ce qui recherché.
Waclaw Slowacki alias Tadeus, personnage de Requiem est-ou était- un écrivain. Il prétend en plaisantant venir de Sirius, Constellation du Chien . Il cherche à établir les conditions exactes de la disparition d'Isabel, la femme aimée autrefois au Portugal, à l'époque de la dictature de Salazar. L'enquête débute à Lisbonne auprès de Monica une amie d'enfance qui suggère qu'Isabel est morte en prison mais la vieille nourrice la contredit en expliquant à Tadeus qu'elle s'est enfuie de la prison, sous une autre identité. Des rumeurs prétendent qu'elle était enceinte. Peut-être de Tadeus. L'enquête nous emmène alors à Macao, dans des grottes dédiées au poète Camoes avant de revenir en Europe dans les Alpes suisses chères à Hermann Hesse puis de finir en Italie en compagnie de Dante. En tout il y aura neuf témoins, hétéroclites.
Au début l'intrigue paraît réaliste et témoigne comme dans Pereira prétend des luttes clandestines , de la violente répression et des disparitions de jeunes gens non élucidées sous Salazar. le voyage dans le passé n'est cependant pas triste du tout, on écoute du jazz en buvant des cocktails élaborés par de bons barmen, du Porto blanc, de l'absinthe, breuvage interdit ; on pêche des grenouilles qu'on déguste à la provençale, de délicieux plats portugais ; on sourit aussi beaucoup. Très vite comme dans Nocturne indien, l'enquête sur Isabel a priori réaliste se double d'une quête intérieure à la fois spirituelle et poétique. Les lieux deviennent imprécis, les témoignages sont de plus en plus brouillés, opaques ou sibyllins comme dans un rêve éveillé . le narrateur s'avère être aussi insaisissable qu'Isabel. Il n'impressionne plus les pellicules polaroïds. le Temps s'efface. Des personnages romanesques apparaissent : Magda ou Xavier de Nocturne Indien, un prêtre et un lama extravagants, un poète européen vêtu de blanc comme un fantôme. On en arrive au dernier témoin du dernier cercle. Moment magnifique qui rappelle Dante retrouvant Béatrice.
« Il est temps de rentrer, dit-il, la recherche est terminée. Il s'accroupit et souffla sur le sable. le cercle s'annula ».
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Qui était Isabel ? Que lui est-il vraiment arrivé ?


Certains ont fait courir la rumeur de sa mort, de son suicide pour être exact… Mais, pour ses proches, Isabel n'était pas femme à renoncer d'elle-même à la vie. Dans un Portugal en pleine crise politique et identitaire, où il ne fait pas bon de ne pas adhérer au parti unique, les idées révolutionnaires d'Isabel ont pu lui attirer de gros ennuis… Trente ans après l'annonce de sa mort dans le journal, un homme va mener l'enquête, accumulant les témoignages de ceux qui ont connu, de près ou de loin, la jeune femme, afin de se rapprocher au maximum de la vérité… Ses pas le mèneront de Lisbonne à Macao, puis à Naples. Mais qui est-il ? Quelles sont ses véritables intentions et que s'apprête-t-il à découvrir ?


Tadeus est un narrateur pour le moins mystérieux, dont on ne sait rien, si ce n'est qu'il est écrivain. On ignore tout des motivations qui le poussent à mener cette enquête sur une histoire vieille de plusieurs décennies. Néanmoins, difficile de ne pas être pris d'intérêt face à cette étrange affaire. Les témoignages découlent les uns des autres, chacun permettant d'approcher le prochain témoin et ainsi d'enrichir l'histoire de nouveaux indices. le portrait d'Isabel se fait de plus en plus net, au fur et à mesure des révélations, sans pour autant apporter des réponses satisfaisantes aux questions du narrateur (et aux nôtres !).


L'enquête se construit à la façon d'un mandala, fait de cercles concentriques indépendants mais qui se rejoignent en un point précis pour former un cercle plus petit, chaque information permettant de se rapprocher un peu plus de la vérité. « Pour Isabel » est un texte étrange et fascinant, à la limite de l'onirisme, qui abaisse les frontières du temps et de l'espace pour nous conduire dans son propre univers. La langue de l'auteur y est particulièrement riche et belle. Elle nous imprègne et nous pénètre et rend ce court roman difficile à lâcher !


Entres révélations surprenantes, conversations métaphysiques et raisonnements intimes, Antonio Tabucchi nous entraîne dans une enquête passionnante et énigmatique, sur fond d'histoire du Portugal. Un roman posthume qui donne envie de découvrir l'ensemble de l'oeuvre de l'auteur !
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Il vague distraitement abandonné, il est quelqu'un qui cherche.

Le narrateur, Tadeus Slowacki est celui qui cherche. Il enquête sur la disparition d'Isabel à Lisbonne durant le régime militaire de Salazar.
Ce roman est écrit comme un mandala qui traverse le temps et l'espace. Dans une tournure ésotérique et métaphysique.

Il se lit progressivement en 9 cercles qui sont autant de témoins ayant connu Isabel à des degrés divers selon les liens qui les unissaient.
Sans repère spatio-temporel et sans point cardinal, chaque cercle fait rapprocher en son centre la présence lumineuse d'Isabel.

Mais qu'est-ce qui existe vraiment ? Qu'est-ce qui est réel et ne l'est pas ? Que cherche le narrateur ?

Comme le disait Antonio Tabucchi dans un entretien en 2009 " Peut-être qu'au fond, notre vie n'est qu'une quête de nous-mêmes".
Ce roman écrit en 1996 sur plusieurs années est ici publié à titre posthume selon la volonté d'Antonio Tabucchi.

J'ai beaucoup aimé "Pour Isabel" qui peu à peu nous détache du visible et nous interroge sur notre réalité. le présent, le passé et le futur sont abolis dans un instant qui ne demande qu'a être cueilli.

J'ai fortement ressenti l'attachement de l'écrivain italien au Portugal et toute son admiration pour l'oeuvre de Fernando Pessoa dont il était traducteur.
J'ai retrouvé avec plaisir dans la lecture de ce livre la même sensibilité d'écriture et les mêmes questionnements sur la vie.

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Pour Isabel : Un mandala est le roman d'une quête, celle de la connaissance. Tadeus Slowacki, le narrateur du récit, est à la recherche d'Isabel Queiroz do Monte, disparue sous la dictature de Salazar il y a une trentaine d'années : qu'est-il advenu d'elle à la suite de son emprisonnement à Caxias, une prison politique du Portugal ? Il va de témoin en témoin, chacun l'orientant vers le suivant, susceptible d'en dire davantage, mais qu'apprenons-nous vraiment d'elle, lorsqu'il s'agit de taire, de protéger, de distinguer le vrai du faux, de faire la part des ouï-dire ? Publié à titre posthume selon la volonté de l'auteur et ramenant des personnages récurrents de son oeuvre (ce qui m'aurait échappé si je ne l'avais pas lu dans la Note sur Pour Isabel de Bernard Comment qui fait suite au texte), ce roman ravive mon envie de me replonger dans la prose élégante de cet écrivain engagé que je considère depuis longtemps comme l'un de mes préférés.
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Tabucchi, écrivain italien phare, souvent adapté au cinéma- notamment par Alain Corneau et son éblouissant Nocturne Indien- ne cesse de livrer des perles même après sa mort.

Illustration avec Pour Isabel, ce roman écrit sous forme de mandala écrit en 1996 exhumé après sa mort en 2012 et que Folio a ressorti pour ce début d'été 2017: un plaisir de redécouvrir sa voix singulière, et pleine de mystère qui ne peut se bouder

Pour Isabel est visiblement d'après l'éditeur un livre délibérément posthume puisque Tabucchi a expréssement voulu qu'on le publie après sa mort.

En neuf chapitres, qui sont autant de cercles, de plus en plus resserrés, le narrateur – un certain Waclaw Slowacki, venu de Sirius – tourne autour d'Isabel, figure de femme, énigmatique, aimée et disparue pendant la dictature de Salazar.

Un livre d'une poésie infinie et d'une élégance rares, porté d'entrée à la fois exigeante qu'accessible à l'oeuvre d'un auteur phare du 20ème siècle.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Roman posthume de l'auteur et, à ce titre, l'on ne sait jamais si cette non-publication était volontaire, si l'auteur l'aurait publié ou l'aurait publié tel quel sans retouche.

La langue, j'ai la chance de le lire en V.O., et le style sont ceux auxquels Tabucchi nous a habitués, clairs, limpides, avec son amour pour le Portugal où il a vécu et pour l'Inde, à l'instar d'Herman Hesse.

Mais, il m'est resté un sentiment d'inachevé. Certes les cercles concentriques du mandala créent une unité, mais l'utilisation du je parfois pour des tiers parfois pour le narrateur embrouille quelque peu. Il manque des liants. Et l'onirisme dont l'auteur teinte son histoire m'a laissée de marbre. Donc, oui, j'ai aimé, mais ne referme pas ce livre avec l'enthousiasme que d'autres ouvrages avaient fait naître.
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Le bon avec les bibliothèques c'est que vous tombez sur des auteurs et des livres que vous n'auriez probablement jamais eu l'idée de lire... Des textes parfois un peu anciens que vous ne trouveriez pas forcément dans les rayons des librairies plus orientées à nous vendre les dernières nouveautés littéraires. C'est donc une belle trouvaille que ce roman, construit autour de différents niveaux de rencontres - en cercles concentriques comme un mandala - autour de différents personnages, qui permettent au protagoniste principal, tel un détective, de se rapprocher d'Isabel. Une quête à la fois humaine et spirituelle, mais organisée comme un roman policier d'un style un peu rétro, basé sur la psychologie, le dialogue et l'intuition. Parce que l'important c'est de chercher, peu importe qu'on trouve ou qu'on ne trouve pas.
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la recherche plusieurs années après d'une amie disparue, ceci sous forme de quête le héros va de témoins en témoins et le cercle se resserre de plus en plus pour un dénouement banal. Cependant le style est merveilleux et surtout pour l'ambiance (modiano) ou (l'ombre du vent). Un excellent moment pour un tout petit livre.
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Court roman de cet auteur italien qui s'est pris, dès son plus jeune âge, de passion pour le Portugal et ses auteurs, notamment Fernando Pessoa.
Ce court roman a été conçu comme un mandala: chacun des chapitres nous emmène, en une succession de cercles, vers le centre.
Au départ, Tadeus qui part, pour une raison inconnue à la recherche d'Isabel - femme énigmatique, disparue pendant la dictature de Salazar - et rencontre Monica... premier maillon qui le conduira plus loin dans sa recherche, vers un autre personnage qui, lui, lui donnera accès au suivant, etc.
D'une approche très concrète, par monts et par vaux, lors des cercles extérieurs, la recherche se fait plus de plus en plus mystérieuse et fantastique pour, au final, devenir presque complètement introspective.
J'ai été happée par la quête de Tadeus et complètement conquise par Tabucchi et l'incroyable ambiance qu'il parvient à distiller au fil des pages.
Deux bémols:
D'abord, j'aurais aimé que ce livre soit un peu plus long que ses 150 pages.
Ensuite, il s'agit d'un roman édité, selon les désirs de l'auteur, de façon posthume. Après recherche, il semble que ce livre forme une sorte de testament de l'auteur, regroupant quelques personnages de ses ouvrages précédents... ce qui me laisse à penser que je n'aurais, peut-être, pas dû commencer par celui-là.

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Romanzo postumo, abbozzato anni prima dalla sua scomparsa e ripreso poco prima dall' autore, Per Isabel non è per questo meno piacevole o meno ben fatto che gli altri scritti di Tabucchi. Tabucchi sa scrivere e le pagine in cui parte alla ricerca di Isabel, non sono altro che una Ricerca del tempo perduto ( ma molto più godibili!), in cui dubbi irrisolti della giovinezza s'intrecciano con considerazioni dell'età matura, in una perpetua ricerca di se stesso. Facili da leggere e intriganti, le pagine scorrono sinuose lasciando lievi solchi da rigolo leggeri.
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